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Réflexion faite - Page 29

  • Mgr Mazurkiewicz à l'Ulg: la religion, la politique, la neutralité et la laïcité.

    LA LAÏCITÉ DANS LE CADRE DE L’UNION EUROPÉENNE

     

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    Le mardi 28 février dernier, Mgr Piotr Mazurkiewicz (1), secrétaire général de la COMECE (Commission des Episcopats de la Communauté Européenne) (2), était l’invité d’un lunch-débat organisé à l’Université de Liège par l’Union des étudiants catholiques liégeois (3) et le Groupe éthique sociale, associés au forum de conférences Calpurnia. Le thème de la communication que Mgr Mazurkiewicz a prononcée, à titre personnel, portait sur la laïcité dans l’Union européenne (4). Ce thème s’inscrit dans le cadre d’un cycle de rencontres « Neutralité ou pluralisme : dialogue entre religions et philosophies non confessionnelles »

    Voici la transcription de l’exposé (les intertitres sont de notre fait) :

    La Comece n’est pas un lobbie auprès de l’Union européenne 

    En tant que représentants de l’Eglise auprès des Communautés européennes, je peux dire que nous ne faisons pas de lobbying, dans ce sens que, si on parle de lobbying, on pense immédiatement à des intérêts matériels ou à des organismes qui se battent pour des intérêts particuliers avec des stratégies plus ou moins transparentes. Tandis que, représentant l’Eglise catholique, ce que nous sommes est clair et transparent. Dans la pratique, c’est un service que nous rendons en vue du bien commun ; on essaie de travailler sur la qualité éthique de la vie politique, en nous référant à notre vision de la personne humaine, et de l’éthique, pour servir l’Europe dans cette perspective du bien commun qui est le nôtre.

    Je vais me référer à l’Union Européenne, mais pas  trop, et surtout partager mon expérience concernant la religion, la politique, la neutralité, la laïcité.

    Je suis Polonais, en Belgique depuis 4 ans, je me sens bien ici, mais aussi mon expérience personnelle me fait percevoir les choses de façon différente (de la façon dont on la perçoit ici).

    Spécificité culturelle de l’Europe

    L’Europe, je pense que ce n’est pas un continent au sens géographique mais bien « un appendice occidental de l’Asie » (Valéry). On peut regarder l’Europe comme espace géographique, mais surtout relié à un espace culturel. Quand on pense à l’Europe, nous pensons à un « continent de la culture » différent de l’Asie et des autres continents de par sa culture spécifique. Une grande différence qui n’est pas un motif à développer un complexe de supériorité. Si on regarde de quoi il s’agit, on pense à une histoire marquée par les trois villes : Athènes, Rome, Jérusalem, on pense à la philosophie grecque, au droit romain, à la foi et à la morale judéo-chrétienne.

    Quel est l’axe de cette culture ? Qu’est ce qui fait la différence avec les autres continents ? C’est la conception personnaliste de l’homme installée dans la culture européenne par le christianisme avec des valeurs comme l’inviolabilité de la personne humaine, le mariage monogamique (union d’un homme et d’une femme, en lien avec le monothéisme), la  laïcité de l’Etat (distinction entre ce qui relève de Dieu et de César), la démocratie au sens substantiel (basée sur l’égalité des hommes devant Dieu), la « réserve eschatologique ». Cette dernière signifie que nous, comme chrétiens, n’attendons pas tout de la politique laquelle n’est pas capable de nous sauver ou de créer le royaume de Dieu sur la terre. On s’engage dans la vie politique avec cette réserve eschatologique, en n’attendant pas de la politique qu’elle soit l’achèvement de notre vie car celui-ci ne se fera que dans un au-delà de la politique. Cela nous fait rejeter les utopies.

    Si  l’on regarde cette vision personnaliste de l’être humain, on voit que tout ce qui était avant la chrétienté, la culture proto-européenne (romaine et grecque), n’aurait pu, sans l’apport chrétien, déboucher sur cette Europe que nous évoquons. On peut le comprendre facilement en nous livrant à cet exercice du penseur italien Giovanni Sartori qui essaie d’imaginer comment, nous levant d’un lit athénien de l’Antiquité, on répondrait à la question de savoir quel régime politique est en vigueur : si l’on est un citoyen, on répondra que c’est la démocratie, mais si l’on se lève du lit d’un esclave on considérera que c’est un régime totalitaire puisqu’on y traite des humains comme des choses.

    Quand on considère les immigrés chez nous aujourd’hui, même s’ils n’ont pas les droits des autres citoyens, on a pourtant l’exigence de les traiter comme des personnes. Cette exigence a été introduite par le christianisme.

    Entre le XIe et le XVIIe siècle, la « res publica christiana », la « christianitas » et l’Europe sont des notions équivalentes, notamment aux yeux de ceux qui nous regardent de l’extérieur, des arabes par exemple. Cela a changé à partir du 18e s. Cela ne veut pas dire que l’Europe n’existe que par le christianisme mais elle lui est redevable de beaucoup.

    Aujourd’hui l’anthropologie de l’Europe est-elle toujours chrétienne ?

    Aujourd’hui, l’Europe est-elle toujours chrétienne ? Si l’on se réfère à un texte fondamental dans la réflexion de l’Eglise, « Ecclesia in Europa », on y voit Jean-Paul II affirmer que l’on a l’impression, dans l’Europe contemporaine, d’une apostasie silencieuse de la part de l’homme comblé comme si Dieu n’existait pas. Benoît XVI, de son côté, évoque « une haine pathologique de l’Occident envers soi même ». Ainsi, aujourd’hui, on a tendance à exclure la chrétienté non seulement de la vie politique et sociale mais aussi de l’histoire et de la mémoire. C’est la portée de tout le débat relatif au préambule du traité constitutionnel  dela Communauté Européenne.On ne parlait pourtant que de racines, de la réalité historique, mais la décision qui l’emporta fut de rejeter cela.

    Je suis frappé, lorsqu’on évoque l’Europe sur le plan culturel, par deux faits, notamment. L’un est toujours débattu actuellement dans le cadre du programme de recherche scientifique dans l’Union Européenne, même si ce n’est pas encore décidé, à savoir cette question à l’ordre du jour « peut-on remplacer les tests sur les animaux par des tests sur les embryons humains ?». C’est une rupture avec la pensée anthropologique traditionnelle où l’on considérait qu’il y a un gouffre ontologique entre les animaux et les êtres humains.

    Le deuxième est la question de l’euthanasie. Dans sa lettre aux personnes âgées, au sujet de l’euthanasie, Jean-Paul II il disait que le simple fait que d’évoquer cette question -simplement que la perspective de l’euthanasie soit possible- constitue une chose horrible.

    Aujourd’hui, on évoque bien sûr la crise financière etc, mais il faut prendre en compte, prioritairement, la crise anthropologique avec cette question : comment traite-t-on la personne humaine, les autres et donc nous-mêmes ?

    La liberté religieuse a-t-elle pour objet de privatiser la religion ?

    Dans ce cadre entre également la question de la présence de la chrétienté dans l’espace politique, public. Dans certains pays, en Belgique notamment mais aussi ailleurs, certains problèmes sont d’actualité : ainsi, les signes religieux (dans les écoles, ou la croix au parlement polonais, etc.) posent problème. Il s’agit de la question de  la neutralité. L’Etat, ou l’Union Européenne, devrait rester neutre. Ce débat a eu lieu, dans les années 70, aux USA au sujet de l’espace public.

    On a tendance à regarder la religion comme quelque chose de privé. La liberté religieuse est comprise comme quelque chose qui est offert à la personne pour son espace privé, comme prier chez soi ou aller à l’église. La question est de savoir si on garantit bien la liberté religieuse aux gens lorsqu’on confine la religion dans l’espace privé et qu’on leur interdit d’entrer avec leur religion dans l’espace public.

    Ici, il faut dire qu’en Europe on a différentes traditions de « neutralisation de l’espace public » ; ainsi cela a été réalisé, en France, il y a plus de cent ans et, à présent, tout le monde, catholiques et évêques compris, est habitué à vivre dans ce pays avec un espace évacué par la religion.

    Pour nous, Polonais, et c’est une expérience de ma génération, cette conception de la religion vue comme une affaire privée correspond à ce qui nous était garanti à la fin du communisme comme liberté religieuse. Chacun pouvait être croyant si les autres ne le savaient pas. J’ai été ordonné prêtre, en 1988, à la fin du communisme, et il était très intéressant de vivre au début de cette nouvelle période. Ainsi, la tradition que les prêtres visitent les paroissiens après Noël était bien établie ; dans le centre de Varsovie, je travaillais dans une paroisse où l’église était entourée par les bâtiments officiels utilisés à l’époque du communisme et j’ai pu constater que les gens assistaient aux offices mais pas dans leurs paroisses pour ne pas être repérés.

    Lors d’un voyage en Pologne, Jean-Paul II a évoqué cette question de la présence du religieux dans l’espace public ; il disait notamment que la religion est affaire privée dans ce sens que nous ne pouvons pas être remplacés par une autre personne concernant les choix que nous faisons. Pour être religieux, pour être croyant, nous devons faire des choix personnels, privés. Personne ne peut le faire à notre place, mais quand cette décision est prise, cela a des conséquences publiques car, avec ma foi, je rentre dans l’espace public et, partout où je suis, je suis une personne croyante. Le communisme attendait de nous que nous nous comportions dans l’espace public comme des non croyants. Il nous imposait un comportement schizophrénique : une éthique dans la vie privée, une autre dans la vie publique. Le pape a souligné que cela condamnait les catholiques à vivre dans un ghetto.

    Aujourd’hui, il faut détruire les ghettos et permettre au croyant de vivre libre dans l’espace public, d’y entrer avec sa foi et d’exprimer ce qu’il est.

    Il est vrai qu’en ce moment, nous ne sommes pas les seuls, qu’il faut respecter les autres et donc trouver des formes d’expression qui les respectent. Tous ensemble, chrétiens, juifs, musulmans, non croyants, nous devons chercher comment nous exprimer librement tout en respectant les autres. L’Etat doit garantir à chaque groupe de citoyens les mêmes droits sans privilégier l’un ou l’autre.

    Ce qui est neutre, laïc, sécularisé est-il impartial ?

    Il y  a une conception erronée lorsqu’on considère que ce qui est neutre, laïc, sécularisé, est « impartial ». Lorsque quelqu’un dit « je ne crois pas en Dieu », est-ce une affirmation neutre ? Non c’est un choix religieux.

    Lorsqu’un groupe (lié avec Richard Dawkins) met des affiches sur les bus en Grande-Bretagne avec l’inscription « Dieu n’existe pas », c’est bien sûr un acte religieux.

    S’il n’y a pas de signe religieux dans cette salle, est-ce neutre ? Si j’apposais un signe de croix sur le mur, pour chacun ce serait un acte religieux. Si quelqu’un l’enlevait, ce serait tout autant un acte religieux. Si l’on croit en Dieu ou si l’on n’y croit pas, c’est un acte religieux. Ainsi, lors d’un débat entre l’archevêque Nichols et Richard Dawkins, ce dernier a déclaré : « je ne peux pas dire que Dieu n’existe pas, je ne suis pas sûr, je crois qu’il n’existe pas ». Cela constitue donc une prise de position religieuse.

    Cette question soulevée par le concept de neutralité dans le temps présent est assez cruciale dans certaines régions d’Europe en raison de tendances sécularistes où l’on essaie d’évacuer la religion de l’espace public. Cela soulève la question de l’impartialité mais, d’autre part, cela semble infaisable parce que la religion revient. L’Europe est une exception dans ce sens que le pourcentage de croyants dans le monde augmente, de même que le nombre de vocations, à l’exception de l’Europe. Avec des réalités très différentes d’un pays à l’autre d’ailleurs.

    Ainsi, 65% de Français se déclarent catholiques mais seule une toute petite minorité pratique ;la République Tchèquevient elle en tête des pays déchristianisés ;la Suèdeest un pays très sécularisé où la religion n’exerce pas d’influence sur la vie publique et pourtant la plupart des gens sont baptisés et fréquentent l’église luthérienne aux grands moments de la vie, mais cela n’a aucun retentissement dans l’espace public. La religion est par nature est un acte public, appelé à une dimension sociale, et quand on essaie de l’enfermer dans l’espace privé, cela pose problème. Il suffit de voir ce qui se passe avec l’Islam.

    Lorsqu’on évoque cela avec des fonctionnaires européens dans le cadre de la politique extérieure, ils reconnaissent que, quand on ignore ce qu’est la religion, on ne peut rien comprendre par exemple à ce qui se passe en Egypte. Il faut donc avoir des notions religieuses. On doit aussi savoir ce dont il s’agit quand on évoque les persécutions religieuses si l’on veut défendre les droits de l’homme.

    La religion comme facteur fondamental de la création de l’espace public

    La religion continue de jouer un rôle important dans nos sociétés. On le voit bien avec cette notion de « laïcité positive ». Le concept ancien de laïcité ne cadre pas avec la situation actuelle.

    Il suffit d’évoquer les musulmans qui occupent la rue pour y prier. On constate aussi que, dans le ministère des affaires étrangères français, on a créé un « pôle religions ». Les Français poussent à considérer la religion comme un facteur important dans la politique. D’autre part, il y a cet article 17 dans le traité de l’UE qui, pour la 1ère fois, a mentionné la religion et les Eglises, dans un contexte de dialogue avec l’Union. Ainsi, les institutions sont obligées par l’UE d’être en dialogue avec les Eglises. Il est donc contradictoire de vouloir expulser la religion de l’espace public et, d’autre part, essayer d’organiser un dialogue entre les institutions et les religions. On peut évoquer, à titre anecdotique, ces débats àla Cour des droits de l’homme à Strasbourg concernant l’interdiction des signes religieux.

    Pourtant, sur les drapeaux de l’Europe, la croix est très présente au point qu’on avait songé à la mettre sur le drapeau européen ! Même chose pour l’euro : chaque pays pouvait introduire ses symboles mais il était interdit d’y faire figurer des symboles religieux (sauf le pape pour l’euro au Vatican). Or, sur la monnaie slovaque, on a quand même fait figurer la double croix, après avoir consulté la population par un referendum à ce sujet ; à Bruxelles, on  priait pourtant les diplomates slovaques de changer cela en catimini.

    Et en Grande-Bretagne, comment dissocier la reine comme tête de l’Eglise (anglicane en Angleterre, presbytérienne en Ecosse !) de la reine comme tête de l’Etat ? Faut-il également supprimer la mention FD (« fidei defensor ») ? Et en Belgique ? La religion joue un rôle important au fondement de cet état au point que plus ce pays se sécularise plus il se fragilise parce que ce qui réunissait les Belges, c’était la religion. Beaucoup de questions comme on le voit...

    Si on regarde la réalité contemporaine, il faut dire que cette problématique provient aussi d’une réflexion « in abstracto », d’une pensée déconnectée du réel où l’on élabore des concepts détachés de l’histoire, en oubliant qui nous sommes.

    L’exemple de la question de la croix et de la première décision prise par un juge qui ne prenait pas en compte ce qui se passe en Italie est éloquent. Il faut tenir compte de la réalité concrète, de notre tradition, de nos coutumes, de notre histoire, de notre perception du monde. Ainsi, la croix est absente en France dans la vie publique mais elle est très présente en Italie. Il faut tenir compte des réalités culturelles et historiques pour ne pas organiser une révolution contre nous-mêmes. 

    « Siamo parte di te »

    Cette problématique est également liée avec la présence de l’islam en Europe où deux options différentes se présentent pour les chrétiens : ou avec l’islam contre les sécularistes pour protéger la liberté religieuse, - mais, alors, il faudrait autoriser toutes les habitudes qui ne sont pas les  nôtres, même celles qui sont parfois contraires aux droits humains -, ou faire une alliance avec les sécularistes contre l’islam en acceptant de diminuer la présence religieuse dans l’espace public pour diminuer celle de l’islam - ce qui amène à renoncer à la présence de symboles religieux chrétiens simplement pour faire reculer l’islam.

    Ce sont de mauvaises réponses. Elles ne sont pas dignes de notre héritage. Elles ne considèrent pas la réalité de notre culture ou de notre histoire. La religion a créé notre culture avec tous ces éléments qui sont précieux pour les sécularistes : la liberté humaine, la dignité humaine, la différence entre l’état et la religion, etc.

    Si on prend la Charte des droits fondamentaux etla Convention des droits de l’homme européenne, lorsqu’on parle des valeurs, on évoque ce qui est nôtre, nos valeurs. Ce n’est pas dit ouvertement mais c’est très clair. Sans la chrétienté, les sécularistes ne professeraient pas ces valeurs.

    Beaucoup de personnes comprennent bien qu’il est très risqué de séparer ces valeurs de la réalité religieuse. Pour le séculariste, est-il égal de vivre à l’ombre des clochers ou à celle des minarets ? N’y aurait-il aucune différence ? On peut trouver la solution si on considère que la chrétienté est cet acteur qui a construit notre culture, notre civilisation, et ne peut pas être considéré comme un danger pour cette culture.

    Cela me fait penser à cette phrase qui m’a interpellé à Rome, lorsque je visitais le forum : « siamo parte di te ». Jean-Paul II a dit à Prague, cet endroit le plus sécularisé, en 1990 : « Remarquons combien serait appauvrie l’admirable beauté de cette ville à cent tours s’il y manquait la silhouette de la cathédrale et des milliers d’autres bijoux de la culture chrétienne. Combien serait appauvrie la vie spirituelle, morale et culturelle de cette nation si était exclu ou oublié ce qui était, est et sera inspiré par la foi chrétienne. Si l’on réussissait à vous rendre sourds et aveugles à ces valeurs, au Christ, à l’Eglise, à la Bible, vous deviendriez des étrangers dans votre propre culture.

    Vous perdriez la sensibilité et la clef pour comprendre de si nombreuses valeurs de la philosophie, de la littérature, de la musique, de l’architecture, des arts plastiques, et de tout le domaine de l’esprit de votre propre nation mais aussi de toute la tradition européenne. »  Siamo parte di te !

    Pour tous renseignements ou s'inscrire aux lunch-débats:

     tél. 04.344.10.89 ou info@ethiquesociale.org

     

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      (1) Monseigneur Piotr Mazurkiewicz est secrétaire général de la COMECE depuis  2008. Né en 1960, il a été ordonné prêtre en 1988 et incardiné dans l’archidiocèse de Varsovie. Il y est professeur à l'Université Cardinal Stefan Wyszynski (UKSW) où il occupe la Chaire d'Ethique politique et sociale du Département d'Etudes Historiques et sociales. Il est également membre du Conseil de la Recherche de l'Institut de Science politique de l'Académie des Sciences de Pologne, membre du Conseil d'Administration de la Société européenne de recherche en éthique « Societas Ethica ».

    Le Père Mazurkiewicz est spécialiste des questions européennes, de philosophie politique, de la doctrine sociale de l'Eglise et d'éthique politique et sociale. En 1996, il a soutenu une thèse de Doctorat sur le thème «l'Eglise dans une société ouverte. Débat sur la présence de l'Eglise dans la société polonaise durant la période de transformation» au sein du Département des Etudes ecclésiastiques, historiques et sociales de l'Académie de théologie catholique de Varsovie. En 2002, il a soutenu sa thèse d'habilitation sur «l'Européanisation de l'Europe. L'identité culturelle de l'Europe dans le contexte du processus d'intégration» à l'Institut d'Etudes politiques de l'Académie des Sciences de Pologne.

     (2) La Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (COMECE)  est composée d'évêques délégués par les conférences épiscopales des Etats membres de l'Union européenne et possède un Secrétariat permanent à Bruxelles. Elle a pour objet :d’accompagner et analyser le processus politique de l’Union européenne ; d’informer et conscientiser l'Eglise sur les développements de la législation et des politiques européennes ; de maintenir un dialogue régulier avec les Institutions de l'Union (Commission européenne, Conseil de l'Union européenne et Parlement européen) à travers la rencontre annuelle des principaux responsables religieux, des Séminaires de Dialogue et de multiples conférences et en prenant part aux consultations organisées par la Commission européenne ; d’encourager la réflexion, basée sur l'enseignement social de l'Eglise, sur les défis posés par la construction d'une Europe unie.

    Dans les relations entretenues par l’Eglise catholique avec l’Union européenne, il convient de distinguer le rôle de la COMECE  de celui du Saint-Siège, lequel est un sujet souverain de droit international public et dispose, à ce titre, d’une Représentation permanente auprès de l’Union.

    (3) L’Union des Etudiants Catholiques de Liège est membre de l’asbl « Sursum Corda » vouée à la sauvegarde de l’église du Saint-Sacrement, aux activités de laquelle l' "Union" est étroitement liée.

    (4) S’agissant des relations entre  institutions européennes et Eglises, communautés associations religieuses ou organisations philosophiques, l’article 17 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne précise que : 

    - « L’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les Eglises et les associations ou communautés religieuses dans les Etats membres » ;

    -« L’Union respecte également le statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les organisations philosophiques et non confessionnelles » ;

    -« Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l’Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces Eglises et organisations ».

  • Réflexion faite

    DIEU EST-IL A L’IMAGE DE L’HOMME ?

    QUELQUES RÉFLEXIONS... 

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    « Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu. » Cette boutade du Sottisier (XXXII), qui ne la connaît ? Ce serait toutefois faire preuve de beaucoup de légèreté, et d’ignorance, que de s’en tenir à un mot d’esprit en cette matière, qui mérite un peu plus d’attention.

    Certes, dans tout ce qui nous est dit de Dieu, les expressions ne manquent pas où il apparaît semblable à ce que nous sommes. L’est-il ? A-t-on le droit d’en parler de la sorte ?

    Pour avoir atteint à une conception assez pure de l’Etre, Parménide déjà en était arrivé à préconiser de n’en rien dire, sinon que « l’Etre est » ... 

    Que l’homme imagine Dieu à son aune, le peut-il éviter, dès lors que toute appréhension se fait selon le mode de celui qui appréhende ?

    Qu’il y ait danger d’abus à imaginer Dieu, la chose est indéniable, puisque le caractère sensible de l’image n’est pas directement compatible avec un être que les sens ne peuvent nullement percevoir.

    Qu’il faille donc user de prudence dans les représentations que nous nous faisons de Dieu, et particulièrement quand nous lui attribuons nos façons d’être, de penser et d’agir, cela va — ou devrait aller — de soi. 

    Qu’il soit possible de parler de Dieu en termes humains, à quelles conditions, en vertu de quoi, et dans quelle mesure, c’est ce que nous allons tâcher d’examiner. 

     Quand nous entendons l’Ecriture sainte évoquer les sentiments de Dieu, il nous faut toujours avoir à l’esprit que c’est en termes finis que nous est dit l’Infini. Qui viendrait à le perdre de vue s’exposerait aux plus graves méprises.

     « Dire de Dieu ce qu'il est nous est impossible. » (S. Jean Damascène, La Foi orth., 1, 4) Notre condition d’êtres finis ne nous permet d’avoir de l’Etre infini qu’une connaissance par négation de l’imperfection que nous décelons en nous, car Dieu seul peut avoir une connaissance positive de lui-même. Comprendre Dieu, en effet, cela suppose d’avoir en partage son immensité, ce qui revient à être lui. Même dans la vision, Dieu peut être saisi mais non pas compris. (Cf. S. Thomas, Comp. II, 9, 21.)

    Néanmoins, étant créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance, nous avons reçu de lui comme une aptitude à accéder quelque peu aux manifestations de son être, par notre raison ; plus amplement aussi, par la révélation qu’il nous fait de lui-même. Il faut bien toutefois que ce soit en nos mots qu’il se révèle à nous, et nos mots ne s’appliquent jamais à lui que par analogie.

    L’analogie est le lien de proportion existant entre des réalités qui demeurent diverses  entre elles par leur essence (au point d’appartenir parfois à des ordres différents de l’être) : ce lien va légitimer le recours à une même appellation pour désigner ces réalités, sans aucunement les mettre sur le même pied. 

    C’est en s’appuyant sur ce principe d’analogie que les philosophes, même païens — un Aristote par exemple — ont pu élaborer comme une ébauche des perfections de Dieu. Ebauche minimale, car il s’agit ici d’une simple connaissance humaine formulée en termes humains.

    Dieu seul est en mesure d’enrichir cette ébauche, en se révélant à nous, comme il l’a fait progressivement, jusqu’à l’Avènement de son Verbe parmi nous.

    Le Verbe fait chair établit comme un pont entre l’infini de Dieu et le fini de l’homme : par sa nature divine, sa personne à la fois humaine et divine a de Dieu une connaissance parfaite ; mais pour nous en communiquer quelque chose que nous puissions entendre, c’est encore en langage humain qu’il traduit ce qu’il nous apprend de Dieu. Cette fois, il s’agit d’une connaissance divine, mais toujours formulée en termes humains.

    Alors, non content de nous parler de lui-même, du Père, et de l’Esprit, en nos termes, donc forcément analogiques, il s’est mis dans notre bouche, Verbe réel, en pleine vérité, et tout entier, sous les espèces du sacrement de l’Eucharistie.

    Ainsi ne peut-on entendre vraiment avec justesse le verbe de l’Ecriture que par la vertu de cette Présence réelle du Verbe agissant en nous. 

    Confirmée par l’ordonnance même de la liturgie de la messe — où ce n’est pas par hasard que l’un puis l’autre verbe nous sont donnés — cette considération devrait nous remplir à la fois de modestie, de défiance pour nous-mêmes, et de retenue, quand nous ouvrons la bouche pour parler de Dieu. 

    Remarquons que la traduction du divin en langage humain, même quand elle est faite par le Christ-Dieu, ne comble pas le fossé entre l’Infini et le fini : le pont établi par le Christ (Pontifex) enjambe le fossé, mais ne le comble pas.

    Prenons le vocable de Père attribué à Dieu : bien que ce terme soit en rapport certain avec la paternité désignée par ce mot ici bas, « la définition de ce qui est dit de la créature n’est pas la définition de ce qui est dit de Dieu. » (S. Thomas, Comp. I, 27) Saint Albert le Grand dit quelque part que Dieu contient « noyé dans l’infini » le principe de nos définitions. 

     

    Ne nous étonnons pas non plus de rencontrer dans l’Ecriture, et principalement dans l’Ancien Testament, bon nombre d’expressions nettement anthropomorphiques. Il serait puéril d’imaginer que l’écrivain sacré les ait entendues au sens propre. « Quand l’Ecriture parle du bras de Dieu, le sens littéral n’est pas qu’il y aurait en Dieu un membre corporel de cette sorte, mais bien ce qui est signifié par ce membre, à savoir sa puissance opérative. » (S. Thomas, S. Th. 1, q. 1, art. 10, 3).

     Dans les cas de cette sorte, il est évident qu’on se trouve devant ce que les exégètes appellent le sens littéral métaphorique (cf., par exemple, s. Thomas, Sur l’ép. aux Gal., 4e leçon, 7). Et qu’on ne vienne pas prétendre qu’il s’agit là d’une invention de l’Eglise pour sauver la crédibilité de la Bible : comment donc les rédacteurs de l’Ancien Testament — inspirés par Dieu — auraient-ils pu entendre au sens propre ces expressions, alors que par ailleurs ils se montrent constamment si jaloux d’interdire toute représentation de Dieu ? Nous ne croyons pas que le Cygne de Cambrai  et l’Aigle de Meaux soient de vrais oiseaux ; ne croyons pas non plus que les autres le croient ! 

     Dieu entre-t-il donc en colère contre l’homme, pour rester courroucé jusqu’à ce que le sacrifice du Christ l’apaise ?

     Laissons répondre saint Augustin : « Quand on dit de Dieu qu’il change de volonté, qu’il entre en fureur, par exemple, contre ceux qu’il regardait avec complaisance, ce sont les hommes qui changent et non Dieu, et ce n’est que par leur souffrance qu’ils le trouvent changé. » (La Cité de Dieu, 22, 2, trad. L. Moreau.)

    Dieu est en effet immuable.

    Et il est un. Si l’on distingue à juste titre, en raison même du fonctionnement de l’intelligence humaine, plusieurs perfections divines, « il est manifeste que toutes ces perfections en Dieu sont tout un quant à la réalité. » (S. Thomas, Comp. I, 22) Cela se déduit incontestablement de l’une de ces perfections mêmes : la simplicité

    Miséricorde et justice, amour et courroux, et ainsi des autres, sont les termes humains qu’à la suite de l’Ecriture nous attribuons, par analogie, à l’unique perfection de Dieu.

    Comme le disaient les Anciens, le même soleil, sans cesser de dispenser ses rayons bienfaisants, fait fondre la cire et durcir la boue. Si notre cœur est de bonne cire, l’amour de Dieu le fera fondre en lui : voilà la miséricorde ; s’il est de boue, il s’endurcira au contraire, et d’autant plus que ce même amour divin le pénétrera davantage : voilà la justice.

    S. Augustin le dit encore d’une autre manière « L’épreuve est un feu : te trouve-t-il or ? il évacue tes scories ; te trouve-t-il paille ? il te transforme en cendre. (Serm. 81, 7)

    Etant donc exposé au feu de l’amour que Dieu lui porte, l’homme peut sans doute appeler cet amour « colère » en ce sens que son rayonnement détruit en lui tout le mal qui le ronge. Mais c’est amoureusement.

    Que le pécheur prenne donc bien garde de s’identifier à son mal. Par une sincère pénitence, qu’il s’en remette plutôt au Christ, qui, chargé de tous nos maux, s’est approché de ce feu d’amour pour qu’en lui soit détruit tout péché. Et comme c’est bien réellement qu’il a porté nos péchés, c’est bien réellement aussi qu’en sa chair, son cœur et son âme, il en a souffert la destruction, au feu de cet amour du Père, à cause de nous.

    Sans la contrition, notre mal resterait nous, et ce serait nous alors qui brûlerions, dans l’Amour, mais non pas d’amour, ce qui nous serait insupportable, pour notre malheur éternel.

    Puisque le Christ a fait déjà tout le chemin pour nous conduire au bonheur éternel, ne le suivrons-nous pas, « par sa Passion et par sa Croix, jusqu’en la gloire de sa Résurrection » ?

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    J.-B. T.

     

  • Un débat à l’université de Liège, le mardi 28 février 2012 à 18h00 :

    « La laïcité dans le cadre des institutions de l’Union européenne »

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    Dans le cadre de son cycle de rencontres 2011-2012 « neutralité ou pluralisme », l’Union des Etudiants catholiques de Liège (Cercle « Ethique sociale ») organise un lunch-débat  sur le thème « La laïcité dans le cadre des institutions de l’Union européenne ».

    Qu’est-ce que la laïcité ? En quel sens les institutions publiques peuvent-elles ou doivent-elles être laïques ? A l'heure du pluralisme et du sécularisme, l'Eglise n'a-t-elle plus rien à leur dire, ni à la société civile? Ces pouvoirs sont-ils à ce point séparés?Qu’en est-il de la laïcité dans le droit positif et la pratique de l’Union européenne et de ses Etats membres ?

    C’est Monseigneur Piotr Mazurkiewicz (photo), Secrétaire général de la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE) qui a été invité à débattre de ces questions avec le public. Mgr Mazurkiewicz est aussi professeur ordinaire d’Ethique politique à la faculté  des Sciences politiques de l’Université de Varsovie. La rencontre aura lieu en présence de Mgr Jousten, évêque de Liège,

     le mardi 28 février 2012 à 18h00, au bâtiment du Rectorat de l’Université de Liège, Place du XX août, 7, 1er étage: salle des professeurs (accès par la grande entrée de l'immeuble) .

     Horaire : apéritif à 18h00 ; exposé suivi du lunch-débat : de 18h15 à 20h00. P.A.F : 10 €  (à régler sur place). Inscription à l’avance par tel 04.344.10.89 ou e-mail info@ethiquesociale.org

     

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    Dans la perspective de ces échanges, voici quelques réflexions sur la notion de laïcité telle qu’elle s’est développée au cours des siècles et qui est loin de faire l’unanimité même au sein de l’Europe, la moindre des difficultés n’étant pas celle de savoir de quoi l’on parle exactement :

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    La notion de laïcité (le mot dérive de laïc, non clerc, qui est d’origine ecclésiale) n’est, en effet, pas univoque, ni en termes de sociologie, ni en termes de droit positif. La question se pose alors de savoir si une notion aussi imprécise, voire confuse, présente une vraie utilité opérationnelle pour les sciences humaines.

    Le terme laicus est utilisé dans le vocabulaire des églises chrétiennes dès l'Antiquité tardive pour désigner toute personne de la communauté qui n’est ni clerc, ni religieux; c'est-à-dire profane en matière de théologie : λαϊκός, laikos, « commun, du peuple, laos », par opposition à κληρικός, klerikos, clerc.[

    Par ailleurs, le concept de laïcité, en tant que distinction du pouvoir ecclésiastique et du pouvoir séculier, est aussi ancien que le christianisme, même s’il ne s'exprime pas d'emblée dans le champ lexical du laïcat.

    « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » dit Jésus aux princes des prêtres et aux scribes (Lc 20, 20-26 ;  Mc 12, 13-17 et Mt 22, 15-22) . C'est le point de confrontation proprement dit entre le christianisme et l'Empire romain: L'Etat tolérait parfaitement les religions privées, à la condition toutefois qu'elles reconnaissent le culte de l'Etat lui-même,  Les chrétiens refusent cette « totalité fusionnelle » des pouvoirs, qui est de règle dans la cité antique.

    Mais il faut se garder de tout anachronisme : il s’agit d’une distinction plus que d’une séparation au sens laïciste. Pie XII, dans une allocution du 23 mars 1958,  parlait encore d’une « saine » laïcité s’inspirant (sans le dire) de la théorie catholique classique des « deux glaives » : il s’agit, disait le Saint-Père,  de maintenir les deux pouvoirs (spirituel et temporel) « distincts mais aussi toujours unis, selon de justes principes ».  Selon cette théorie, le pouvoir spirituel de l’Eglise, qui commande et ordonne le bien commun surnaturel, et le pouvoir temporel de la société civile, qui commande et ordonne le bien commun naturel, ne peuvent s’opposer : ils se complètent et doivent s’aider mutuellement, sachant que le pouvoir spirituel prime sur le pouvoir temporel (comme l’explique saint Thomas d’Aquin dans le De Regno). Les deux ont le même objet sous des modalités différentes : le bien des âmes.

    En revanche, issu de l’esprit des Lumières du XVIIIe siècle, le concept moderne de laïcité a un tout autre sens, selon lequel l’Etat, séparé de l’Eglise, serait porteur de valeurs publiques transcendant les religions, renvoyées à la sphère privée. Comme le note Benoît XVI (dans "Le sel de la terre". Flammarion/Cerf, 1997)  « ce qui est négatif, là, c'est que la modernité entraîne avec soi la réduction de la religion au subjectif -et rend ainsi de nouveau un caractère absolu à l'Etat ».

    D'une part, explique Joseph Ratzinger, « le christianisme n'a jamais voulu se considérer comme religion d'Etat, du moins dans ses commencements, mais se distinguer de l'Etat. Il était prêt à prier pour les empereurs, mais non à leur offrir des sacrifices ». D'autre part, « il a toujours officiellement tenu à ne pas être un sentiment subjectif -"le sentiment est tout" dit Faust- mais il voulait être une Vérité propagée au coeur de l'opinion publique, qui lui donne des critères de valeur et qui, dans une certaine mesure, engage aussi l'Etat et les puissants de ce monde. Je crois qu'en ce sens le développement de la modernité apporte un côté négatif: le retour de la subjectivité ».

    Qu’en est-il de la laïcité dans le droit positif des pays européens et de l’Union qui les lient aujourd’hui ?

    De la laïcité de l’Etat affirmée, non sans ambiguïtés, comme principe identitaire (France*, Portugal **) aux pays professant une (ou plusieurs) religions d’Etat (Danemark, Grèce, Norvège, Royaume-Uni), en passant par les régimes concordataires (du type espagnol, italien, polonais, allemand et même portugais ou alsacien-mosellan) et les situations sui generis (comme en Belgique *** ou en Irlande), l’Union européenne respecte et s’accommode des divers statuts conférés aux cultes par les droits nationaux de ses Etats membres.

    Reflet de cette diversité, l’article 17 du « traité sur le fonctionnement de l’Union européenne » (Lisbonne 2009) énonce que : 

    - « L’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les Eglises et les associations ou communautés religieuses dans les Etats membres » ;

    -« L’Union respecte également le statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les organisations philosophiques et non confessionnelles » ;

    -« Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l’Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces Eglises et organisations ».

    En France, certains esprits se sont élevés contre l’alinéa 3 de cet article 17, estimant qu’il accordait aux Églises des privilèges incompatibles avec une constitution « laïque ».

    A contrario, d’autres en Europe ont regretté que dans le préambule du « traité de l’Union » tel qu’il a aussi été adopté à Lisbonne (et avant celui-ci, dans le projet avorté de constitution européenne) aucune référence explicite ne soit faite à l’héritage chrétien des pays membres. L’un des considérants se borne en effet à évoquer les « héritages culturels, religieux et humanistes de l'Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs universelles que constituent les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, ainsi que la liberté, la démocratie, l'égalité et l'État de droit ».

    Quoi qu’il en soit, à la différence de  l’article 17 du traité « sur le fonctionnement de l’Union », le considérant précité du préambule du « traité de l’Union » ne constitue pas une disposition de droit positif.

    ________

    (*) l’article 1er de la constitution française de 1958 proclame que la France est un Etat laïc, sans définir ce qu’il entend par là. Et à cet égard, rien n’est simple. Ainsi, le concept de laïcité n’est pas forcément synonyme de séparation des Eglises et de l’Etat. De ce point de vue même, la célèbre loi de 1905 expulsant l’Eglise de la sphère publique française n’a pas empêchéla République d’entretenir des liens avec elle : loi sur les édifices publics mis à la disposition du culte (1907), rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège (1921), applicabilité du concordat de 1801 en Alsace-Moselle (1925), loi Debré sur les rapports entre l’Etat et les établissements scolaires privés (1959), accord avec le Saint-Siège sur la reconnaissance des diplômes délivrés par l’enseignement supérieur catholique (2008) etc.

    Ajoutant à la perplexité de l’observateur étranger, l’actuel président de la Républiquefrançaise, lors de sa réception paradoxale ( pour le Chef d’un Etat séparé de l’Eglise) comme chanoine honoraire de l’archi-basilique du Latran à Rome (2007), a appelé de ses vœux l’avènement d’une laïcité positive reconnaissant que les religions constituent un atout sociétal. Là encore l’éclairage des Lumières s’en trouve singulièrement biaisé. 

    (**) L’article 41, paragraphe 4 de la constitution portugaise de 1976 votée à la faveur de la « révolution des œillets », établit que l’État est  « laïc » mais le nouveau concordat établi en 2004 avec le Saint-Siège « garantit le caractère exceptionnel des relations entre le Portugal et l’Église catholique sans que rien n’entre en contradiction avec l’ordre juridique portugais », ce qui éloigne la laïcité portugaise de celle des Lumières.

    (***) L’Etat belge n’est pas laïc en ce sens qu’il serait porteur d’une éthique « citoyenne » transcendant les convictions individuelles, ni obligatoirement agnostique devant le phénomène religieux : la laïcité est assimilée, par la loi, aux cultes reconnus, en tant que philosophie du « libre examen ». 

    Parler de séparation de l’Eglise et de l’Etat serait aussi inapproprié, si l’on entend par là qu’ils n’ont rien à voir ensemble. Les dispositions constitutionnelles et légales organisent plutôt une certaine indépendance dans le respect mutuel. Et même un peu plus : à ce titre, on peut citer, la rémunération par l’Etat des ministres des cultes reconnus et divers privilèges ou contraintes connexes, la répression pénale propre aux désordres et outrages touchant à l’exercice ou aux objets du culte, à la personne de ses ministres ou à leur habit officiel ; l’organisation de préséances protocolaires ou diplomatiques; les honneurs civils et militaires rendus lors de certaines cérémonies religieuses officielles, comme le « Te Deum », mais aussi les poursuites pénales spécifiques contre les ministres du culte qui attaqueraient « directement » un acte de l’autorité publique ou célébreraient le mariage religieux des époux avant leur mariage civil.

    On comprend ainsi pourquoi la neutralité des pouvoirs publics n’est, pas plus que la laïcité, mentionnée comme telle dans la constitution, même si certains la déduisent de l’interdiction des discriminations et du principe d’égalité qui y sont inscrits. Face à la pluralité des religions, cette neutralité est, pour le moins, toute relative puisque l’Etat (et à sa suite les autres pouvoirs publics) soutient le libre développement des activités religieuses et apporte son aide et sa protection aux sept cultes (laïcité comprise) qu’il reconnaît, parmi lesquels – primus inter pares – le catholicisme romain. Il faut donc, à tout le moins, parler d’une neutralité « positive ».  

  • L’esprit d’enfance

    Une Parole dans la nuit 

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    C’est Benoît XVI qui l’a prononcée lors de la messe de la nuit de Noël 2011 :

    454755-pape-benoit-xvi.jpg« Celui qui aujourd’hui veut entrer dans l’église de la Nativité de Jésus à Bethléem découvre que le portail, qui un temps était haut de cinq mètres et demi et à travers lequel les empereurs et les califes entraient dans l’édifice, a été en grande partie muré. Est demeurée seulement une ouverture basse d’un mètre et demi. L’intention était probablement de mieux protéger l’église contre d’éventuels assauts, mais surtout d’éviter qu’on entre à cheval dans la maison de Dieu. Celui qui désire entrer dans le lieu de la naissance de Jésus, doit se baisser. Il me semble qu’en cela se manifeste une vérité plus profonde, par laquelle nous voulons nous laisser toucher en cette sainte Nuit : si nous voulons trouver le Dieu apparu comme un enfant, alors nous devons descendre du cheval de notre raison « libérale ». Nous devons déposer nos fausses certitudes, notre orgueil intellectuel, qui nous empêche de percevoir la proximité de Dieu. Nous devons suivre le chemin intérieur de saint François – le chemin vers cette extrême simplicité extérieure et intérieure qui rend le cœur capable de voir. Nous devons nous baisser, aller spirituellement, pour ainsi dire, à pied, pour pouvoir entrer à travers le portail de la foi et rencontrer le Dieu qui est différent de nos préjugés et de nos opinions : le Dieu qui se cache dans l’humilité d’un enfant qui vient de naître."

     Une parole qui vaut pour chacun d’entre nous qui cherchons, tant bien que mal, le visage de Dieu. Mais pour le trouver, il faut constamment purifier notre regard, sur Lui comme sur les autres. « Amen, je vous le dis, si vous ne faites pas demi-tour pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez jamais dans le royaume des cieux. (Mt.18-3) »

     Toute l’homélie du pape sur l’excellent site http://chiesa.espresso.repubblica.it/

     

  • Noël 2011 : Hodie Christus natus est

    MÉDITER NOËL AVEC LES PÈRES 

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    Voici un beau texte du pape saint Léon le Grand (440-461) : on y voit mis en relief plusieurs points importants pour notre instruction.

    Le saint pape commence par rappeler la transcendance de Dieu et le rien que nous sommes ; la foi, conditionnée par une humilité véritable ; la possibilité pourtant d’accéder à une certaine connaissance de l’œuvre divine, grâce à l’Evangile et aux prophètes.

    Il nous fait comprendre que la Sainte Ecriture développe son efficacité en nos cœurs par la voix de l’Eglise ; que, bien davantage qu’une assemblée festive, la liturgie est la réalité de la vie du Christ rendue présente aux fidèles, d’année en année, au cours des siècles. « Que n’étais-je là avec mes Francs ! » s’écriait Charlemagne : eh bien, vous y êtes.

    Il établit l’autorité des pasteurs sur cette fonction liturgique qui les fait actualiser, réellement, pour les fidèles, la vie du Christ. Cette actualisation ne peut se réaliser que par leur fidélité à transmettre, en effaçant leur moi, les paroles proférées de la part de Dieu, qu’ils ont reçues de bouche à cœur, par tradition apostolique. Insertion légitime dans la lignée apostolique et fidélité au dépôt de la foi : toutes deux indispensables à l’aujourd’hui du Christ.

    On peut comprendre dès lors que le chrétien soit un alter Christus : oui, nous sommes un ‘autre Christ’ : le Saint-Esprit, qui transcende le temps, opère pour nous maintenant, par l’Eglise, ce qu’il a opéré autrefois, par Marie.

    D’où le besoin où nous sommes de ne pas nous séparer de la volonté de Dieu. Nulle paix pour nous sans cela. Qui n’aime pas ce que Dieu aime, et cherche à se complaire autrement, est en porte-à-faux par rapport à son être Christ, et se coupe par le fait même de tout accès à la paix.

    C’est le mystère liturgique évoqué plus haut qui nous permet donc d’adorer bien réellement comme Enfant dans l’humilité de la crèche celui qui siège maintenant dans la gloire à la droite du Père.

    Inséparable de sa nature humaine, visible, est sa nature divine, invisible, mais immuable évidemment.

    L’Ecriture, dans l’un et l’autre Testament en fait foi, clairement ; à condition de ne pas la lire en s’abandonnant aux conjectures chimériques dont on se persuade ! Le peuple élu lui-même en est tombé dans l’aveuglement, au point de ne pas reconnaître ce qu’il proclame lui-même en relisant les textes sacrés.

    C’est donc aussi aux nations, dont nous sommes, qu’a été révélé par la grâce miséricordieuse de Dieu le mystère de l’Incarnation. Le Fils de Dieu par nature a fait de nous des fils de Dieu par adoption : c’est en faisant comme lui la volonté du Père, c’est en l’imitant en toute chose que nous aurons part avec lui à son héritage.

    J.-B. T 

    Sermon de saint Léon, Pape

    Sermon 29

    Sur la Nativité du Seigneur 9

     

    Chapitre 1

     

    La grandeur de l’œuvre divine, mes bien-aimés,

    dépasse bien évidemment et surpasse de beaucoup

    la capacité de l’éloquence humaine :

    et la difficulté d’en parler

    provient justement d’où procède la raison de ne pas se taire.

     Car dans le Christ Jésus, Fils de Dieu,

    ce n’est pas seulement à l’essence divine,

    mais aussi à la nature humaine,

    que se rapporte ce qui a été dit par le prophète :

    Sa génération, qui en fera le récit (Is 53, 8) ? 

    En effet,

    que l’une et l’autre substance se soient réunies en une seule personne,

    à moins que la foi ne le croie,

    la parole ne l’explique pas. 

    Et voilà pourquoi jamais matière ne manque à la louange,

    car jamais n’y suffit l’abondance de celui qui loue.

      

    Réjouissons-nous donc de n’être pas à la hauteur

    d’exposer un si grand mystère de miséricorde ;

    et tandis que nous ne sommes pas en mesure

    d’expliquer la profondeur de notre salut,

    sentons qu’il est bon pour nous d’être dépassés.

     

    Personne en effet n’approche plus de la connaissance de la vérité,

    que celui qui comprend

    que dans les choses divines,

    supposé même qu’il fasse beaucoup de progrès,

    il lui reste toujours de quoi chercher.

     

    En effet,

    celui qui prétend être parvenu à ce à quoi il tend

    ne trouve pas ce qu’il cherche,

    mais échoue dans sa recherche.

     

    Or, pour que nous ne soyons pas troublés

    par les limites de notre insuffisance,

    les paroles de l’Evangile et des prophètes viennent à notre secours.

    Par elles, nous sommes enflammés et instruits

     de telle sorte que, quant à nous, la nativité du Seigneur,

    en laquelle le Verbe s’est fait chair (Jn I, 14),

    il ne nous semble pas tant la remémorer comme passée,

    que la contempler comme présente.

     

    En effet,

    ce que l’Ange a annoncé aux bergers

    qui veillaient à la garde de leurs troupeaux,

    nous aussi avons été comblés de l’entendre.

    Et voilà pourquoi nous sommes à la tête des ouailles du Seigneur :

    c’est que les paroles proférées de la part de Dieu,

    nous les conservons dans l’oreille du cœur,

    comme on le dit encore en la fête d’aujourd’hui :

    Je vous annonce en bonne nouvelle une grande joie,

    qui sera pour tout le peuple :

    aujourd’hui vous est né un Sauveur,

    qui est le Christ Seigneur,

    dans la cité de David (Lc 2, 10).

     

     En couronnement de cette annonce

    vient se joindre l’allégresse d’anges innombrables,

    afin qu’en soit plus excellent

    un témoignage appuyé de la multitude de l’armée céleste.

    D’une seule voix, ils disaient en l’honneur de Dieu :

    Gloire à Dieu dans les hauteurs,

    et sur terre, paix aux hommes de bonne volonté (Lc 2, 14).

     

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    C’est donc une gloire de Dieu

    que la petite enfance du Christ nouveau-né d’une mère vierge ;

    et la restauration du genre humain

    est à juste titre ramenée à la louange de son auteur.

    Car l’ange Gabriel lui-même,

    envoyé par Dieu,

    avait aussi dit à la bienheureuse Marie :

    L’Esprit saint viendra sur vous,

    et la puissance du Très-Haut

    vous prendra sous son ombre :

    et c’est pourquoi aussi,

    l’Être saint qui naîtra de vous

    sera appelé Fils de Dieu (Lc 1, 35).

      

    Or la paix accordée sur terre

    est celle qui produit des hommes de bonne volonté.

    En effet, cet Esprit,

    par l’opération duquel le Christ

    naît des entrailles de sa Mère immaculée,

    c’est par lui

    que le chrétien renaît du sein de la sainte Eglise.

    Pour ce dernier, la vraie paix,

    c’est de ne pas se séparer de la volonté de Dieu,

    et de ne se complaire qu’en les seules choses que Dieu aime.

     

     

    Chapitre 2

     

    Célébrant donc, mes bien-aimés,

    l’anniversaire de la naissance du Seigneur

    ― jour d’élection entre tous les jours des temps passés ―,

    bien que soit révolu le déroulement des actions corporelles,

    tel qu’il avait été disposé d’avance dans le dessein de Dieu,

    et bien que toute l’humilité du Rédempteur

    ait été transportée dans la gloire de la majesté du Père,

    afin qu’au nom de Jésus

    tout genou fléchisse,

    au ciel, sur terre et aux enfers,

    et que toute langue proclame

    que le Seigneur Jésus

    est dans la gloire de Dieu le Père (Phil 2, 10, 11),

    nous ne cessons pourtant pas d’adorer l’Enfant même

    de la Vierge qui nous apporte le salut.

    Et cette indissoluble unité du Verbe et de la chair,

    ce n’est pas moins au creux de la crèche

    que nous la recevons,

    que siégeant sur le trône de la souveraineté du Père.  

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    Immuable en effet est la Divinité :

    quoiqu’elle retînt à l’intérieur de soi-même son éclat et sa puissance,

    ce n’est pas pour autant toutefois qu’elle ne fut pas présente

    dans ce nouveau-né,

    sous prétexte qu’elle ne paraissait pas au regard humain.

     

    Ainsi,

    par ses origines singulières d’homme véritable,

    on allait le reconnaître né,

    celui qui était le Seigneur et le fils du roi David.

    C’est lui qui chante en effet dans une inspiration prophétique :

    Le Seigneur a dit à mon Seigneur :

    Siège à ma droite (Ps 109, 1).

    Par ce témoignage,

    ainsi que le rapporte l’Evangile,

    a été réfutée l’impiété des Juifs.

     

    En effet,

     

    Jésus demandant aux Juifs

    de qui ils disaient que le Christ était le fils,

    ils avaient répondu :

    de David.

    Le Seigneur, leur reprochant aussitôt leur aveuglement, dit :

    Comment donc David, mû par l’Esprit, l’appelle-t-il Seigneur,

    quand il dit :Le Seigneur a dit à mon Seigneur :

    Siège à ma droite (Mt 22, 43) ?

     

    Vous vous êtes coupé la voie d’intelligence, ô Juifs,

    et tandis que vous ne considérez que la seule nature de la chair,

    vous vous êtes privés de toute lumière de vérité.

     

    En effet,

     

    attendant le fils de David de sa seule souche corporelle,

    selon les conjectures chimériques dont vous êtes persuadés,

    tandis que vous avez mis votre espoir en un homme sans plus,

    vous avez rejeté Dieu, Fils de Dieu.

    Ainsi,

    ce qu’il nous est glorieux, à nous, de proclamer,

    pour vous,

    cela ne peut vous servir de rien.

     

    Car nous aussi,

    quand on nous demande de qui le Christ est le fils,

    nous proclamons par la voix de l’Apôtre

    qu’il est né de la race de David selon la chair (Rom 1, 2).

    Aussi sommes-nous instruits à son sujet

    au début de la prédication de l’Evangile,

    quand nous lisons :

    Livre de la généralogie de Jesus-Christ,

    fils de David (Mt 1, 1). 

     

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    Mais voici pourquoi nous nous démarquons de votre impiété :

    c’est que celui que nous savons né homme,

    de la postérité de David,

    celui-là,

    selon que le Verbe s’est fait chair (Jn I, 14),

    nous le croyons Dieu coéternel à Dieu le Père.

    Ainsi donc,

    si tu étais à la hauteur, ô Israël, de la dignité de ton nom,

    et si tu parcourais les révélations des prophètes

    d’un cœur sans aveuglement,

    Isaïe te découvrirait la vérité de l’Evangile,

    et ce n’est pas sourd que tu l’entendrais dire

    par inspiration divine :

    Voici qu’une vierge concevra,

    et mettra au monde un fils,

    et il sera nommé Emmanuel,

    ce qui veut dire Dieu-avec-nous (Is 7, 14 ; Mt 1, 23).

     

    Et si tu ne le voyais pas dans la si grande précision du nom sacré,

    du moins aurais-tu appris à le connaître dans la parole de David,

    pour ne pas nier,

    contre le témoignage du Nouveau Testament et de l’Ancien,

    Jésus-Christ, fils de David,

    que tu ne reconnais pas pour Seigneur de David.

     

    Chapitre 3

     

    Voilà pourquoi, mes bien-aimés,

    vu que,

    par la grâce ineffable de Dieu,

    l’Eglise des fidèles des nations a obtenu

    ce que la Synagogue des Juifs

    jugeant d’après la chair 

    n’a pas mérité,

    selon ce que dit David :

    Le Seigneur a fait connaître son salut :

    en présence des nations,

    il a révélé sa justice. (Ps 92, 2) ;

    et selon ce que prêche Isaïe :

    Le peuple qui était assis dans les ténèbres

    a vu une grande lumière ;

    sur ceux qui habitaient

    dans la région de l’ombre de la mort,

    une lumière s’est levée, pour eux (Is 9, 2) ;

     

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    et encore :

    Les nations qui ne vous connaissaient pas

    vous invoqueront,

    et les peuples qui vous ignoraient

    se réfugieront auprès de vous (Is. 55, 5) :

             tressaillons d’allégresse au jour de notre salut, et,

    élevés par la Nouvelle Alliance à partager le sort

    de celui à qui le Père dit par le prophète :

    Tu es mon Fils,

    moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.

    Demande-moi,

    et je te donnerai les nations pour héritage,

    et pour domaine les confins de la terre (Ps 2, 7),

    glorifions-nous de la miséricorde de celui qui nous prend en adoption.

    Car,

    comme le dit l’Apôtre :

    Vous n’avez pas reçu un esprit d’esclaves

    pour retourner à la crainte,

    mais vous avez reçu un esprit de fils d’adotion,

    dans lequel nous crions : Abba, Père ! (Rom 8, 15).

     

    Il est juste en effet, et convenable,

    que la volonté du Père

    qui fait un legs

    soit accomplie par ses fils d’adoption ;

    et, selon ce que dit l’Apôtre :

    Si nous souffrons avec lui,

    avec lui aussi nous serons glorifiés (Ibid. 17),

    que partagent l’humilité du Christ,

    ceux qui vont partager l’héritage de sa gloire (cf. Rom 8, 3).

     

    fondation_st_paul_2011.jpg  

    Que le Seigneur soit honoré en sa petite enfance,

    et qu’on ne tienne pas pour injure à sa Divinité

    sa naissance et sa croissance corporelles :

    car à sa nature immuable,

    notre nature n’ajoute, ni ne retire rien.

    Mais celui qui

    dans une condition semblable à la chair de péché

    a daigné partager la forme humaine

    demeure égal au Père

    dans l’unité de la Divinité.

    C’est avec lui,

    et avec le Saint-Esprit,

    qu’il vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.

     

    (Traduction par nos soins)

  • Sursum Corda: le rapport annuel 2011

     

    L’EGLISE DU SAINT SACREMENT A LIEGE A BESOIN DE VOUS ! 

    Saint-Sacrement Liège.jpg

    Voici bientôt 8 ans, notre asbl « Sursum Corda » a choisi de relever un défi auquel l’évêché de Liège se refusait à faire face : sauver, au cœur de la Ville du Saint-Sacrement, l’église qui est spécialement dédiée à l’adoration eucharistique.

    Ce bel édifice classé du XVIIIe siècle, nous avons d’abord payé son rachat (300.000 € ) à l’association diocésaine qui l’avait mis en vente au plus offrant. Ensuite, nous avons entrepris de mettre en œuvre l’objectif convenu : organiser et pérenniser l’affectation de l’église au triple service du culte, de la culture et de la conservation du patrimoine religieux liégeois. Pareil engagement (un peu à rebours de la désacralisation ambiante) a peut-être –qui sait ?- quelque chose de prophétique.

    Veuillez trouver, ci-après, le point de la situation depuis notre précédent rapport (février 2010)

    Célébrer et transmettre  la foi

     

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous 

    Désormais, l’église du Saint-Sacrement figure à l’annuaire de l’évêché de Liège – au titre d’ « oratoire non reconnu » (il n’émarge pas aux subsides alloués au culte), même si deux prêtres diocésains (les abbés Jean Schoonbroodt et Claude Germeau)  y sont affectés part-time.

    Vivre  des sacrements

    Les messes dominicales et fêtes d’obligation

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousLes horaires mentionnés dans l’annuaire précité demeurent inchangés : 10h (missel de 1962) et 11h15 (missel de 1970). Au total, une fréquentation moyenne de 120 à 140 fidèles par dimanche. Les grandes célébrations festives (qui attirent, selon les cas, de 200 à 500 personnes) ne sont pas comprises dans cette statistique.

    Le service de l’autel : acolytat, lectorat, chorale et orgue

    Une nouvelle équipe de 4 à 5 jeunes gens s’est mise au service de la messe dominicalel'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous de 11h15 et le lectorat y est pris en charge par M. R. Parmentier ; celle de 10h peut compter aussi sur le dévouement de deux adultes, MM. G. Lahaye et J. Braive.La partie musicale de la messe dominicale de 10h est prise en charge par P. Wilwerth (orgue) et la schola grégorienne (10 membres). M.-O. Houziaux (orgue) rend le même service à la messe de 11h15 où le kyriale grégorien est maintenant assuré par un ou deux chantres.

     Le triduum pascal

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousLes offices de la semaine sainte ont été célébrés en 2010 (pour la première fois) et en 2011. Du dimanche des Rameaux à celui de Pâques, ils ont réuni chaque année, additionnés au fil des jours saints, aux alentours de 500 participants, dont 150 le Vendredi-Saint : beaucoup de piété  et de ferveur, en particulier lors du chemin de Croix (conduit par l’abbé Germeau et l’abbé Arimont).

     Les confessions, l’office des heures et l’adoration du Saint-Sacrement

    Chaque mardi, de 17h00 à 19h00, avec les abbés J. Schoonbroodt et Cl. Germeau, l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousune vingtaine de fidèles de tous âges et origines perpétuent la vocation priante de cet oratoire : vêpres grégoriennes, adoration, chapelet et bénédiction du saint-sacrement. Les confessions s’échelonnent durant ce temps.

    Cette pratique, qui s'inscrit dans la continuité de la vocation spécifique de l'église, gagnerait à être largement promue dans les lieux de culte du centre-ville. 

     Les  premières communions, mariages et enterrements

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousLa fidélisation du public fréquentant l’église explique que de telles célébrations soient plus souvent demandées (et obtenues). À terme, la pratique religieuse multiforme qui s’y développe pourrait raisonnablement entraîner une demande d’évaluation du statut canonique de ce lieu de culte.

    Les messes festives organisées en 2010 et 2011

    Solennité de l’Épiphanie

    La Solennité de l’Épiphanie 2010 (procession suivie de la messe selon le missel de 1962) a été célébrée le 9 janvier par l’abbé Claude Germeau avec le concours de la « Schola Leodiensis » dirigée par Michel Jaspar dans un excellent programme : la messe basse de Gabriel Fauré pour chœur, solistes et orgue et six motets polyphoniques (Mendelssohn, Poulenc, Kodály, Poulenc, Britten et Lauridsen) pour le temps de Noël. À l’orgue, Mutien-Omer Houziaux, titulaire ém. à la cathédrale de Liège. La manifestation s’est terminée par le partage de la galette des rois.

    En 2011, la même « fête des rois » s’est déroulée le samedi 8 janvier. La messe (missel de 1962) a été célébrée par l’abbé Jean-Pierre Herman, chapelain aux sanctuaires de Beauraing, avec le concoursl'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous de la « Capella Verviensis » (dir. J.-M. Allepaerts). Le programme des chants alternait la polyphonie de la très belle messe « Ô magnum mysterium » de Tomas-Luis da Vittoria (1548-1611) et six chorals ou motets anciens traditionnels. Le propre grégorien était assuré par la schola du Saint-Sacrement.  Dans sa prédication, l’abbé Herman a rappelé les origines de cette fête et plaidé vigoureusement pour une nouvelle prise de conscience de sa signification, sur le thème : « Avons-nous tous le même Dieu ? » (texte disponible sur demande ou à consulter sur ce blog)

    Messes de clôture des cours de l’Académie de Chant grégorien

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous

     Le samedi 8 mai 2010, près de 300 fidèles se sont retrouvés avec les 30 élèves de l’académie de chant grégorien à Liège, leurs professeurs : Stéphan Junker et Gérald Messiaen, Erna Verlinden (soprano solo), Patrick Wilwerth (orgue) pour la messe du 5e dimanche après Pâques chantée à l’issue du cycle de cours 2009-2010. Celle-ci était célébrée (missel de 1962) par l’abbé Jean-Pierre Delville, professeur à la faculté de théologie de l’UCL, qu’assistaient les abbés J.Schoonbroodt (diacre) et Germeau (sous-diacre) : une liturgie imprégnée de la joie pascale, perceptible aussi dans la prédication de l’abbé Delville sur le thème de l’introït « Vocem iucunditatis annuntiate » (texte disponible sur demande ou à consulter sur c blog

    Et le samedi 21 mai dernier, c’est l’abbé Jean-Pierre Herman, chapelain aux sanctuaires de Beauraing, qui a célébré, selon l’ordo de 1962, la messe de clôture du cycle 2010-2011. Pour la circonstance, aux trente élèves du cours (dir. Stéphan Junker), se sont joints quelques solistes : Erna Verlinden (soprano solo), Patricia Moulan (alto solo) et Luc Schyns (tenor solo) ainsi que l’excellent  Gregoriaans Choor Leuven sous la direction de Frans Mariman. Au programme des chants : le propre grégorien du 4e dimanche après Pâques, pour le kyriale des mélodies ambrosiennes et bénéventines, un organum tropé, une diaphonie d’origine hongroise et un motet classique.

    Célébrations de la Fête-Dieu

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousLa célébration festive de la présence réelle du Christ sous les espèces eucharistiques est née en 1246 à Liège, sous l’impulsion de Julienne de Cornillon et Ėve de Saint-Martin. Elle fut étendue au monde entier en 1264 et la procession qui l’accompagne vit le jour en 1318. Mais à Liège, cette procession s’est éteinte dans les années 1970. Un comité de fidèles a vu le jour en 2010, pour la faire revivre dans le quartier Avroy-Jardin botanique.

    Le 5 juin 2010, près de 500 fidèles y ont  pris part ainsi qu’à la messe dont elle procède. Celle-ci futl'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous célébrée selon l’ usus antiquior, dans l’église du Saint-Sacrement, par Mgr Michel Dangoisse (doyen du chapitre cathédral de Namur) avec les abbés Herman (diacre) et Germeau (sous-diacre). Le regretté Chanoine Dangoisse (décédé le 22 août 2010) y prononça  un de ces sermons vibrants et chaleureux dont il avait le secret (texte disponible sur demande ou sur ce blog. La cérémonie a bénéficié de la très belle prestation de la schola de la Maîtrise de Verviers (dir. J.-M. Allepaerts) et d’ Erna Verlinden (soprano solo). Au programme, la « Missa secundi toni » de Roland de Lassus, le motet « Adoramus te » de Palestrina, un « Tantum ergo » composé par J.-M. Allepaerts et le propre grégorien de la fête attribué à saint Thomas d’Aquin. L’harmonie Saint-Georges de Montzen, les organisateurs de la procession de Vottem, le recteur du sanctuaire de Tancrémont, la paroisse de Grand-Halleux ainsi qu’un généreux mécène ont aussi apporté un aide substantielle à la réussite de la manifestation, de même qu’à son « deuxième retour » en 2011.

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousL’opération fut, en effet, réitérée le samedi 25 juin 2011. La Solennité se déroula à nouveau selon la forme extraordinaire, dans une église du Saint-Sacrement archicomble (les 400 sièges disponibles n’ont pas suffit). Le célébrant fut cette fois le P. Jos Vanderbruggen o.praem.(prieuré de Tancrémont)  avec un diacre (abbé J.-P. Herman) et un sous-diacre (abbé C. Germeau). Le sermon a été prononcé par l’abbé Herman. Le texte est, comme d’habitude,  disponible sur simple demande ou en consultant ce blog . La qualité de la liturgie fut aussi mise en valeur pal'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousr la participation de la Schola Sainte-Cécile (dir. Henri Adam de Villiers) de la paroisse Saint-Eugène (Paris 9e) qui interpréta, outre le propre grégorien, la messe à 4 voix mixtes « ad maiorem Dei gloriam » d’André Campra, maître de chapelle de Louis XV, ainsi que des motets du XVIIe siècle français et liégeois. Comme l’année précédente la procession du Saint-Sacrement se déroula dans le Quartier d’Avroy. L’autorité ecclésiastique avait, cette fois, marqué son accord sur la manifestation, qui réunit cette année encore plusieurs centaines de participants.

     Former et transmettre

    Retraites de carême 2010 et 2011

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousL’abbé Cl. Germeau a prêché à l’église du Saint-Sacrement, le 20 mars 2010, une journée de retraite de carême pour 40 personnes, sur le thème « Face aux dérives actuelles, qu’en est-il de Jésus-Christ aujourd’hui ? » et le 26 mars 2011 il a réitéré cette récollection, toujours pour une quarantaine de retraitants, afin de répondre à la question : « Quels sont l’avenir et la force du Christianisme ? ». L’abbé Germeau était accompagné par l’abbé Arimont, qui a confessé les pénitents et s’est associé à la conduite des moments d’adoration eucharistique .

    Conférence et messe de rentrée de l’Union des étudiants catholiques de Liège

    Le samedi 25 septembre 2010, l’Union des étudiants catholiques de Liège, en collaboration avec l’asbll'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous Sursum Corda, a réuni 200 personnes dans l’église du Saint-Sacrement pour une conférence de rentrée sur « La pensée théologique de Benoît XVI  »: un exposé magistral de l’abbé Éric Iborra (le texte de cette conférence est disponible sur demande et accessible aussi sur ce blog. Spécialiste de l’œuvre de Joseph Ratzinger, dont il a traduit en français de nombreuses publications, le Père Iborra  dispense à l’école cathédrale de Paris, au collège des Bernardins, un cours consacré à la pensée du Saint-Père, cours dont il fait aussi bénéficier les paroissiens de l’église Saint-Eugène (Paris 9e) où il est vicaire. La conférence fut suivie de la « Messe du Saint-Esprit », célébrée selon le missel de 1962 par l’abbé Iborra (officiant), l’abbé Herman (diacre) et l’abbé Germeau (sous-diacre), avec aussi le concours très apprécié de l’Ensemble vocal « Praeludium », de la Schola grégorienne du Saint-Sacrement et de deux solistes  (Erna Verlinden , soprano, Patricia Moulan, alto). Au programme : le plain-chant de la messe et des œuvres polyphoniques de compositeurs liégeois : Pierre Bonhomme (XVIe s.) et Henry Du Mont (XVIIe s.).

    Conférence et veillée pour la vie naissante

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousLe 27 novembre 2010, à la demande et en union avec le pape Benoît XVI, une veillée de prière pour la vie naissante a été organisée à l’église du Saint-Sacrement par les jeunes du mouvement « Génération pour la vie » et l’Union des étudiants catholiques de Liège. Elle a réuni une bonne soixantaine de personnes, sous la présidence de l’abbé Cl. Germeau (Foyer des jeunes de Herstal).La cérémonie fut précédée d’une conférence intitulée « L’Onu nuit gravement à la vie »donnée par Mme Anne-Marie Libert, professeur au Séminaire de Namur et collaboratrice de Mgr Michel Schooyans, consulteur du conseil pontifical pour la famille (texte disponible sur demande et publié sur ce blog).

    Publications

    Vérité et Espérance 3000 : un périodique de réinformation religieuse.l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous

    La disparition de l’animateur de « Vérité & Espérance 3000 », le regretté Mgr Michel Dangoisse († le 22 août 2010), a posé aux responsables de ce périodique trimestriel la question cruciale de sa succession, qu’ils ne pouvaient assumer. Pour reprendre la revue, ils se sont adressés à notre association, avec laquelle le chanoine Dangoisse collaborait fréquemment et « Sursum Corda » a accepté de rendre ce service. Depuis mars 2011, « Vérité & Espérance 3000 » s’est ajouté aux initiatives gérées par l’asbl « Sursum Corda », tout en conservant sa spécificité. Le secrétariat de la revue a été confié à deux de nos administrateurs : MM. Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye. Outre l’éditorial et les annonces, chaque numéro (16 pp. A4 couleurs) comporte une sélection commentée de nouvelles religieuses provenant de Belgique, de Rome et du monde, une rubrique consacrée aux médias et une réflexion plus approfondie sur un thème d’actualité. Mais ce service rendu ne règle pas, en soi, la question du financement de l’impression (tirage 3.500 exemplaires) et de l’expédition de la revue, dont le coût annuel (4 livraisons) s’élève à près de 10.000 €. Comme par le passé, la diffusion de « Vérité & Espérance 3000 » ne fera pas l’objet d’un système d’abonnements. Elle restera donc totalement tributaire de la générosité des lecteurs et des dons qu’ils voudront bien nous adresser. Les premières réactions du lectorat nous encouragent à poursuivre l’expérience. (Vérité et Espérance, Vinâve d’île, 20/64 compte IBAN BE58.0016.3718.3679 BIC GEBABEBB). Spécimen envoyé sur simple demande.

    Deux livres sur la doctrine et la morale catholiques

    « Sursum Corda » a participé activement à la diffusion de deux ouvrages édités avec le concours de l’un de ses membres fondateurs, l’Union des étudiants catholiques de Liège :

     → Les actes de la conférence sur la pensée sociale de Benoît XVI dans l’encyclique « Caritas inl'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous Veritate », donnée le 29 octobre 2009 à la salle académique de l’Ulg, à l’initiative du Cercle Gustave Thibon et du Groupe Ethique Sociale, par Herman Van Rompuy, ancien premier ministre belge et actuel président du Conseil européen, Rocco Buttiglione, vice président de la Chambre des députés d’Italie et Mgr Michel Schooyans, professeur émérite à l’U.C.L., membre de l’Académie pontificale des sciences sociales et consulteur du Conseil pontifical pour la famille Ces actes ont été publiés (mars 2010) aux éditions « Fidélité » sous le titre « Un développement humain intégral. La pensée sociale de Benoît XVI dans l’Encyclique Caritas in Veritate ». Diffusion librairie. Prix 6 €. pour une commande directe via « Sursum Corda » (courriel sursumcorda@skynet.be  ou tél. 04.344.10.89).

     → Un essai critique des mœurs contemporaines (bioéthique, spiritualité, scientisme et informatique)l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous publié en septembre 2010 aux éditions Mols par Mutien-Omer Houziaux, ancien maître de conférence à l’Ulg, sous le titre « A contretemps. Regards politiquement incorrects ». Préface de †Mgr Michel Dangoisse. Diffusion en librairie. Prix de faveur 20 € pour une commande directe : soit par tél. au secrétariat de « sursum corda » 04.344.10.89 ou courriel sursumcorda@skynet.be, soit par tél. M.O. Houziaux 04.380.16.72 ou courriel mutien-omer.houziaux@ulg.ac.be

    Blog internet

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous

    La consultation sur internet du blog électronique d’information de l’église du Saint-Sacrement http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com a considérablement augmenté : de 3.359 visites en 2008, elle est passée à 12.401 en 2009 et à 23.807 en 2010. Le chiffre pour le premier semestre 2011 est de 14.901 visites. L’association recherche un gestionnaire bénévole qui puisse optimiser l’attrait du blog par l’insertion de vidéo-reportages, albums-photos et enregistrements sonores mais à ce jour nos appels sont restés vains.

    Pour une culture chrétienne

     l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous 

    Voici le calendrier des manifestations et activités culturelles organisées au Saint-Sacrement depuis notre rapport de février 2010 :

    Samedi 8 mai 2010 : clôture du cycle des cours 2009-2010 de l’académie de chant grégorien à Liège

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous

    Depuis bientôt 8 ans, l’église du Saint-Sacrement accueille les cours organisés à Liège (deux samedis après-midi par mois de novembre à mai) par l’Académie de Chant grégorien (informations sur demande ou consulter le site http://www.gregorien.be ). La section liégeoise est pilotée par Stéphan Junker (professeur au conservatoire de Verviers), Gérald Messiaen (Chœur grégorien de Louvain), Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye (secrétariat).

    Le samedi 8 mai 2010, devant une centaine d’auditeurs réunis à l’église voisine de l’abbaye de la Paix Notre-Dame, les 30 élèves du cycle 2009-2010 ont illustré (avec le concours d’Erna Verlinden, soprano solo) « les métamorphoses du plain-chant » au cours des siècles et au gré des fonctions liturgiques. Des pièces de musique baroque (Campra, Charpentier, Geoffroy) interprétées par Stéphan Junker (baryton) et Patrick Wilwerth (orgue) ont aussi agrémenté le programme, qui précédait la messe du Ve dimanche après Pâques, chantée au Saint-Sacrement (supra, p.3 et 4). Manifestation organisée avec le concours de l’asbl « Liège les Orgues ».

    Dimanche 20 juin 2010 : fête de la musique

     À l’occasion de la fête de la musique 2010, le « Centre de Recherches et de Rencontres » (ancien couvent des Visitandines en Outre-Meuse) organisait, au temple protestant du Quai l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousMarcellis, une présentation de la musique des cultes. Pour le culte catholique, c’est le chant grégorien qui avait été retenu et ce sont les « grégorianistes » de l’église du Saint-Sacrement qui l’ont interprété avec des pièces montrant la variété fonctionnelle de son écriture. Les commentaires étaient assurés par Gérald Messiaen.

    Mercredi 25 août 2010 : promenade d’orgues

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousÀ l’initiative de la Ville de Liège et avec le concours de l’asbl « Art et Orgue en Wallonie », quatre organistes de talent (Geneviève Chapelier, Joëlle Sauvenière, Pierre Thimus et Éric Mairlot) ont  fait partager leur passion à une soixantaine de promeneurs dans un itinéraire musical allant de l’église du Saint-Sacrement à la Salle Philharmonique, en passant par la Collégiale Saint-Jacques et la Cathédrale Saint-Paul.

     

    Samedi 11 et dimanche 12 septembre 2010 : 22e Journées du patrimoine en Wallonie

    Ces journées avaient pour thème « les métiers du patrimoine ». Au Saint-Sacrement, ce furent les professions d’architecte (avec une exposition et un vidéorama sur le projet de restauratil'église du saint-sacrement à liège a besoin de vouson de la façade de l’église, confié à Alain Crèvecoeur et Louis Schockert), de tailleur de pierre (avec une démonstration du maître artisan Philippe Dewart) et d’organiste (avec un récital de Geneviève Chapelier évoquant trois aspects de son métier : l’orgue dans la liturgie, en concert et à l’école). De cinq à six cents visites se sont échelonnées le samedi et le dimanche, de 14h30 à 18h.

    Dimanche 21 novembre 2010 : fête de sainte Cécile

    À l’initiative du violoncelliste Octavian Morea, un concert fut donné à 16h 00, en l’honneur de la sainte patronne des musiciens, avec des œuvres de J. Rosenmüller, P. Pueri, J.H. Kapsberger, P.F. Böddecker, H. Purcell, B. de Boismortier, P. Nardini, par Bénédicte Minguet (voix et violoncelle), Agnès Tamignaux, Esther Hendrickx (théorbe et guitare baroque), le quatuor à cordes « Mons Capra » d’Eupen et J. Fleu (orgue)

    Samedi 4 décembre 2010 : ouverture du cycle des cours 2010-2011 de l’académie de chant grégorien à Liège

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousL’Académie de chant grégorien a rouvert ses portes au Saint-Sacrement le 4 décembre 2010, pour une trentaine d’inscrits : douze samedis après-midi (15h-17h30) par mois (de décembre à mai), deux professeurs:St. Junker (photo) et G. Messiaen, un thème : « à la découverte des couleurs régionales du plain-chant (VIe-XIIe s. : vieux romain, gallican, ambrosien bénéventin) et une option « technique et travail de la voix (4h. supplémentaires à fixer avec le professeur).

    Samedi 18 décembre 2010 : concert de Noël

    Avec un programme de christmas  carols, de noëls anciens  et de compositionsl'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous liégeoises à (re)découvrir, ce « Noël à travers les âges » a réuni, pour le public du Saint-Sacrement, l’Ensemble « Praeludium » (photo) et le guitariste classique Pascal Tonnaer, sous la direction de Patrick Wilwerth. Ce dernier fit également chanter l’orgue dont il est titulaire. L’Ensemble « Praeludium » compte une quinzaine de chanteurs issus des académies de musique de la région liégeoise (répétitions au Saint-Sacrement, tous les mercredis à 19h30).

    Dimanche 27 février 2011 : musiciens en herbe

    Comme chaque année, les petits et grands élèves de l’école de musique de Jupille ont donné au Saint-Sacrement une audition durant l’après-midi pour leurs professeurs, parents et amis très attentifs.

    Samedi 21 mai 2011 : concert de clôture des cours 2010-2011 de l’académie de chant grégorien à Liège

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousLe samedi 21 mai, l’académie de chant grégorien à Liège fêtait sa 9e année d’existence par le concert (chez les Bénédictines) et la messe (au Saint-Sacrement) clôturant son cycle annuel 2010-2011. Pour la circonstance, le Gregoriaans Koor Leuven (photo) dirigé par Frans Mariman (un des meilleurs spécialistes belges de la sémiologie grégorienne) s’est joint aux trente élèves de l’Académie pour offrir au public un panorama musical alternant les grandes monodies de l’âge d’or du chant grégorien et la variété des plain- chants régionaux, sans oublier le déchant et la diaphonie qui apparurent dès la fin du IXe siècle. Aux dires de tous, l’une des meilleures prestations des élèves, dont le mérite revient aussi à leur chef, Stéphan Junker et la belle voix de soliste d’un « ancien » venue les épauler : celle de Luc Schyns, membre de la schola du Saint-Sacrement.

    Dimanches 29 mai et 5 juin 2011 : « Fête de l’orgue » et  « Journée des églises ouvertes »

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousL’église du Saint-Sacrement a participé le 29 mai au circuit de la 2e fête de l’orgue à Liège (avec un programme de musique ethnique défendu par S.Jovic et G. Krahfort) et le 5 juin à l’opération « églises ouvertes » qui vise à créer un réseau d’églises menant des actions pour rendre leur atmosphère chaleureuse et accueillante. Le thème du concert « Orgue, Polyphonie et Plain Chant » présenté dans ce cadre a réuni l’Ensemble vocal « Praeludium » (polyphonies anciennes et modernes), l’Ensemble « Una Voce » (dir. Stéphan Junker) composé d’élèves ou anciens élèves de l’académie de chant grégorien (plain-chant et diaphonie) et l’organiste Patrick Wilwerth (œuvres de J.-S. Bach et de compositeurs liégeois).

    Jeudi 25 août 2011 : balade « Diversité des lieux de culte »

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousDans le cadre du 8e festival de promenade organisé du 19 au 28 août par l’échevinat du tourisme de la ville de Liège, un circuit illustrant la diversité des lieux de culte a été programmé pour le jeudi 25 août : départ à l’église du Saint-Sacrement (10h) d’une ballade de trois heures, à la découverte de lieux parfois méconnus, pour comparer, analyser et comprendre leur spiritualité et leurs spécificités.

    Samedi 10 et dimanche 11 septembre 2011 : 23e Journées du patrimoine en Wallonie

    Ces Journées étaient dédiées au thème « Des pierres et des lettres ».

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousDans ce cadre, l’église du  Saint-Sacrement a présenté une exposition sur le chant grégorien : « Mille ans d’écriture neumatique ». Réalisée sous l’égide du Conseil général du Département de la Sarthe, à l’occasion du millénaire de l’abbaye de Solesmes, cette exposition itinérante consiste en 11 panneaux de reproductions en quadrichromie retraçant l’histoire du chant grégorien, assortis de commentaires et dépliants explicatifs. L’exposition a été complétée par quelques beaux livres liturgiques liégeois anciens et deux animations musicales : orgue (P. Moulan, samedi à 16h.), motets classiques et orgue (I. André, P. Moulan, L. Aussems, dimanche à 16h) : un joli succès avec plus de 500 visiteurs !

    Jeudi 15 septembre 2011 : Mille ans d’histoire de la musique occidentale

    Sous le titre « Mille ans  d’histoire de la musique occidentale », la Société littéraire de Liège  (fondéel'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous en 1779 par le prince-évêque François-Charles de Velbrück) et l’asbl « Sursum Corda » ont organisé ensemble à l’église du Saint-Sacrement, le jeudi 15 septembre 2011 à 20h00, un concert de chants grégoriens interprétés par l’Ensemble vocal féminin « Caliomène » (dir. Inès Gonzalès), une formation professionnelle issue du prestigieux chœur grégorien de Paris (concert commenté par Marie Fallon). 160 auditeurs ont assisté au concert intitulé : un millénaire d’histoire de la musique occidentale ». L’enregistrement du concert est disponible sur  CD (sur simple demande à « Sursum Corda » : prix 8 euros)

    Samedi 12 novembre 2011 : ouverture du cycle des cours 2011-2012 de l’académie de chant grégorien à Liège

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousCe cycle annuel, dont c’est la 8e édition dans les locaux de l'église du Saint-Sacrement ,  sousla direction de Stéphan Junker  (professeur au conservatoire de Verviers, photo), aura pour thème : « Les quatre saisons du plain-chant » en douze leçons : de 15h à 17h30, les samedis 12/11/11, 26/11/11, 10/12/11, 14/1/12, 28/1/12, 11/2/12, 3/3/12, 17/3/12, 31/3/12, 28/4/12, 5/5/12 et le jeudi soir (générale) 10/5/12. La journée festive de clôture est prévue le samedi 12 mai 2012.   En option,  on peut  également s’ inscrire à un travail supplémentaire de la voix. Un séminaire d’initiation à la lecture des neumes et à la fonction liturgique du chant grégorien est également prévu. Enfin, la possibilité sera offerte d’inscrire des enfants et jeunes adolescents à un cycle d’apprentissage qui leur soit spécialement dédié. Vous pouvez déjà diffuser le message autour de vous ! Les  dépliants  et les formulaires pour s’inscrire  seront disponibles sous peu. N'hésitez pas à nous en demander si vous connaissez des personnes susceptibles d'être intéressées. En consultant sur le web la référence musiq'academie vous pourrez aussi entendre une émission sur le chant grégorien et l’académie, présentée le 10 septembre sur le 3e programme de la RTBF, avec le concours de trois de nos amis : Gérald Messiaen (professeur de l’académie à Liège et Louvain-la-Neuve et Alicia Scarcez (spécialiste de la musique médiévale à l’université et membre de l’académie).

    Pour la sauvegarde du patrimoine religieux

     

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous

    Le patrimoine immobilier du Saint-Sacrement se compose de l’église, édifice classé du XVIIIe siècle, et de deux bâtiments annexes : un ensemble dont l’entretien et la restauration nous incombent, en tant que propriétaire. Les dispositions prises en ce sens au cours de l’exercice écoulé son les suivantes :

    Réhabilitation et entretien des locaux annexes

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousUn contrat d’occupation précaire de la petite habitation attenant à la façade (côté parking) a été conclu avec la personne affectée à la maintenance de l’église et de ses annexes, à charge pour elle de remettre ce logis en état. La pose de nouveaux châssis à la porte et aux fenêtres donnant sur la cour voisine (servitudes de passage et de vue), qui était exclue de la convention, a été réalisée aux seuls frais de l’asbl.

    Le toit des locaux situés à l’arrière de l’édifice (côté nord) a été réparé, de même que les corniches longeant ce bâtiment. Une seconde chambre a été aménagée au deuxième étage. Les travaux de re-plafonnage et de peintures de la salle du premier (suite aux problèmes d’étanchéité) sont terminés. Le système électrique a été renforcé.

    Dossier de restauration de l'église

    Travaux d'urgence

    Le SPW (ministère de la Région wallonne) a autorisé la pose de fissuromètres dans le transept, le carottage du sol au niveau des affaissements constatés et la dépose d'une pierre de taille de la corniche extérieure (située à l'angle du transept et de la nef) qui menaçait de tomber. Tous ces travaux ont été effectués au cours de l'exercice 2010. Soixante pourcents des frais exposés devraient être remboursés à "Sursum Corda" par la Région wallonne.

    Etudes préalables à la restauration de la façade de l'église

    Le comité d'accompagnement de la restauration globale de l'église, qui réunit le maître d'oeuvre (asbll'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous "Sursum Corda"), les auteurs de projets (architectes A. Crevecoeur et L. Schokert-Atelier Nord), la Commission des Monuments et Sites, la Ville de Liège (service de l'urbanisme) et le Service Public de Wallonie (SPW, direction du Patrimoine) s'est réuni le 13 octobre 2010 et le 21 avril 2011. Il résulte de ses délibérations que préalablement au dépôt d'une demande de certificat de patrimoine portant sur la restauration de la façade (cahier des charges en cours d'élaboration par les architectes), la Région wallonne exige qu'il soit procédé à deux études: l'une porte sur la stabilité du bâtiment, l'autre sur les décors sculptés de la façade à restaurer (les bas reliefs représentant saint Jean à Patmos et la légende de saint Augustin ainsi que le fronton triangulaire comportant les armoiries polychromes du prince-évêque Charles d'Oultremont). Les cahiers des charges afférents à ces études ont été établis et les propositions d'adjudication des marchés transmises pour accord au SPW (ministère de la Région wallonne) qui devrait couvrir soixante pourcents (23.400 €) du coût total (39.000 €). Le solde (15.600 €) demeure à nos charges.

    financement du budget annuel

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous

     Les dépenses

    Le budget annuel des dépenses de l’asbl « Sursum corda »  s’élève  à quelque 25.000 € dont 21.000 € sont requis par la couverture des charges annuelles (10.000 €  pour le chauffage, l’éclairage et les assurances, 11.000 € pour l’entretien et la maintenance des bâtiments, toitures comprises) et 4.000€  à imputer sur le fonds de réserve destiné à couvrir notre quote-part dans l’exécution du plan de restauration de l’église.

    l'église du saint-sacrement à liège a besoin de vousLa mise en œuvre de ce plan commencera par la réhabilitation complète de la belle façade XVIIIe, qui en a bien besoin : les études préalables ont déjà fait l’objet d’une proposition d' adjudication (cfr.chapitre sauvegarde du patrimoine ci-dessus) et le coût de sa restauration elle-même s’élèvera certainement à plus de 150.000 €  (60.000 € à nos charges et 90.000 à charge de la Région wallonne), études préalables non comprises. Actuellement, notre réserve pour ce faire s’élève à 40.000 € : c’est dire que notre effort annuel pour l’alimenter doit se poursuivre. 

    Les recettes

    Les prévisions de recettes pour équilibrer le budget annuel de 25.000 €  incluent un appel aux dons à concurrence de 15.000 € (11.000 € affectés aux dépenses ordinaires + 4.000 € pour alimenter le fonds de restauration du bâtiment).

    Appel aux amis et bienfaiteurs

    Cette année notre appel s’adresse encore à tous nos amis et sympathisants (anciensl'église du saint-sacrement à liège a besoin de vous et nouveau venant rejoindre la liste des contributeurs). Si 300 d'entre eux acceptent de donner (en moyenne) 50 € (à verser au compte IBAN : BE58 0003 2522 9579  BIC : BPOTBEB1 de l’asbl « Sursum corda » à Liège) nos comptes pourront, cette fois encore, se présenter en équilibre. Naturellement, chacun donne selon ses moyens et l’ « obole de la veuve » a aussi sa valeur : la plus précieuse, celle de son cœur.

    Veuillez cependant considérer que les seules ressources dont dispose notre œuvre émanent de la générosité de nos amis en bienfaiteurs (collectes dominicales, dons annuels et cotisations, recettes de concerts) :l’association n’émarge à aucun subside cultuel des pouvoirs publics ou religieux. L’avenir de ce beau projet dépend donc de votre bienveillante fidélité !

    Abbé Jean SCHOONBROODT, Président

    Patrick WILWERTH, Vice-Président

    Anne-Marie BENOIT, Administrateur-Trésorier

    Jean-Paul SCHYNS, Administrateur-Secrétaire

    Compte IBAN BE58 0003 2522 9579  BIC BPOTBEB1 

    E-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Web : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com

     

     

     

     

     

     

     

     

  • "Religio depopulata"

     

    LE DESERT DE LA FOI ?

     Face à la désertification des lieux de la foi dans nos contrées, trois solutions sont possibles : la plus radicale consiste à les démolir ou à les réaffecter à des fonctions purement séculières : c’est la tentation d’une Eglise malade qui désespère de guérir. Ceux qui n’ont pas  "laissé toute espérance", comme Dante au seuil du troisième Chant de l’Enfer,  choisissent de doubler le sanctuaire d’un parvis des gentils pour accueillir des activités culturelles en harmonie avec le culte proprement dit. Ce ne peut être qu’une pierre d’attente, celle du jour où nos diocèses en crise s’ouvriront enfin, sans réticence, à l’œuvre missionnaire des pays ou des congrégations nouvelles qui ont reçu la grâce qui leur a été retirée.   

    C’est un peu en ce sens que, voici bientôt 8 ans, l’ asbl « Sursum Corda » a choisi, avec l’aide de trois cents amis, de relever un défi auquel l’évêché de Liège se refusait à faire face : sauver, au cœur de la Ville du Saint-Sacrement, l’église qui est spécialement dédiée à l’adoration eucharistique. Ce bel édifice classé du XVIIIe siècle, l’asbl a d’abord du payer son rachat (300.000 €) à l’association diocésaine qui l’avait mis en vente au plus offrant. Ensuite, elle a entrepris de mettre en œuvre l’objectif convenu : organiser et pérenniser l’affectation de l’église au triple service du culte, de la culture et de la conservation du patrimoine religieux liégeois. Pareil engagement (un peu à rebours de la désacralisation ambiante) a peut-être –qui sait ?- quelque chose de prophétique pour répondre aux problèmes que posent les considérations publiées ci-après :

    La Wallonie s’interroge :

     que faire du patrimoine immobilier d’une Eglise désertée ?

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    « Depuis les années conciliaires, on a observé (de l’aveu même du cardinal Danneels) un « lent déclin » de la pratique religieuse en Belgique. Avec la disparition des générations éduquées avant 1960, ce déclin se solde aujourd’hui par un véritable effondrement général, dont témoigne matériellement la désertification du patrimoine religieux immobilier : églises, chapelles, couvents,  monastères et  autres bâtiments à vocation ecclésiale.

     Faillite sous bénéfice d’inventaire 

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    Parmi les 2.800 biens classés en Wallonie, plus de 700  sont destinés à l'exercice d'un culte, avec les répercussions financières que l'on sait sur les pouvoirs publics tant régionaux que locaux.  De plus, 380 églises sont classées comme monuments et 200 chapelles bénéficient de la même protection.  Parmi ces 380 églises protégées, 38 sont  reprises sur la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie.

    A côté de ces monuments faisant l'objet d'une mesure de protection, s'ajoutent les édifices non classés, afférents aussi au culte catholique, qui se chiffrent à plus de 1.900 en Wallonie.

    Alors, les pouvoirs publics concernés, tant par l’obligation que leur fait la loi de se porter au secours des fabriques d’église en difficultés financières et de conserver le patrimoine immobilier de ces dernières que par celle de subvenir à la restauration des biens classés, font leurs comptes.

    D’une part, le Ministre de tutelle des pouvoirs locaux, Paul Furlan (PS) estime nécessaire une réforme de la loi sur les fabriques d’églises pour « rationaliser » les dépenses publiques obligatoires relatives à l’entretien et à la conservation des lieux de culte.

    D’autre part, Isabelle Simonis, Présidente du groupe socialiste au Parlement wallon, vient de déposer, avec le député wallon Daniel Senesael, bourgmestre socialiste d’Estampuis, une proposition de décret visant à réaliser un cadastre des monuments classés affectés à l'exercice d'un culte en Région wallonne. Le but : disposer d'une photographie de la situation existante et d'une base objective nécessaire à toute décision raisonnée, tant en termes de restauration que de réaffectation à d'autres fonctions, comme du logement, des locaux pour associations ou des activités culturelles. De son côté, l’Union des villes et communes plaide pour une simplification de la procédure de désaffectation tout en maintenant l’obligation de la double décision, civile et religieuse et sans remettre en cause l'opportunité d'octroi des subsides, qui est acquise, s'agissant de monuments classés.

    Quelle est la réaction des milieux d’Eglise face à cette double initiative politique ?

     La tentation d’une Eglise sécularisée 

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    Selon le député Senesael « il n'y a pas encore eu de concertation officielle avec les autorités cléricales » mais il précise en avoir discuté avec l'évêque de Tournai « qui ne verrait pas d'inconvénient au projet à condition que cela se fasse en bonne intelligence et concertation", précise le député. Mgr Harpigny est aussi l’un  des trois évêques membres du comité épiscopal pour les relations avec les pouvoirs publics,

    Qu’en pense Mgr Jousten, l’autre évêque « wallon » membre de ce comité épiscopal ? Réponse peut-être le 22 octobre : l’évêché de Liège organise ce jour-là, dans l’ «Espace Prémontrés » (autrement dit, l’évêché), un colloque intitulé « un logement pour tous ». Son objet est de réfléchir, notamment, sur la réaffectation sociale des biens d’église « dans un contexte économique et social où le fossé entre riches et pauvres se creuse et où la difficulté de se loger décemment s’accroît » car « l’Eglise ne peut rester indifférente. En effet, elle dispose de bâtiments inoccupés et il en va donc de sa crédibilité dans l’annonce libératrice de l’Evangile de s’impliquer pour contribuer, en collaboration avec d’autres, à relever le défi du logement ».

    C’est déjà mieux que d’avoir la velléité de  revendre des biens à usage cultuel ou ecclésial pour les transformer en restaurant, friterie, boîte de nuit ou  mosquée. Comme le note Paul Vaute dans la « Gazette de Liège » du 24 septembre, « ces dévoiements de finalités et de symboles heurtent le sens commun, comme le feraient d’éventuelles tentatives de reconvertir une (ex-)synagogue en ashram ou une (ex-)maison du peuple en casino »

     Une pierre d’attente pour l’avenir ? 

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    Mais le logement est-il la réponse adéquate ou la seule alternative ? Dans le commentaire précité, Paul Vaute, constate que si « les croyants désertent d’eux-mêmes les maisons du Seigneur, quitte ensuite à verser une larme quand on en prononce la fermeture définitive ou le retour à la collectivité qui leur cherchera un nouvel usage, l’attachement au patrimoine, on peut fort heureusement faire, en de nombreux endroits, barrage aux désaffectations pour cause de défection des fidèles (…) : là où la communauté chrétienne est trop clairsemée pour justifier la charge financière publique engendrée par l’édifice, la piste d’une fonction mixte, ecclésiale pour une partie et culturelle ou sociale pour une autre, doit sans doute être encouragée ». Dans un esprit conforme à la destination principale du bâtiment, ajouterions nous, et sans qu’il soit dès lors question de le désacraliser. C’est la voie dans laquelle certains responsables de lieux de culte se sont déjà engagés et elle mériterait certainement d’être approfondie.

     « Aperite portas » 

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    église du saint-sacrement

    Il  est enfin une autre réponse, beaucoup plus fondamentale, pour réinvestir les lieux de la foi : celle d’une évangélisation dégagée de la mentalité de l’enfouissement répandue dans les milieux cléricaux : si cette nouvelle évangélisation dont on parle est autre chose qu’un slogan ou un rêve  bureaucratique, nos évêques devraient ouvrir toutes grandes leurs portes aux missionnaires issus des communautés nouvelles ou des pays dans lesquels  la foi catholique est épanouie et où «la  moisson est abondante ». Or, trop souvent, ces derniers trouvent, dans les structures de nos diocèses, mines circonspectes, accueil parcimonieux voire portes closes, pour des raisons « culturelles » ou « pastorales » qui en cachent d’autres. Là se trouve peut-être la cause première de la désertification dont on se plaint.

    Nous avons également publié cette note sur le blog « Belgicatho », ici : La Wallonie s’interroge : que faire du patrimoine immobilier d’une Eglise désertée ? et sur le même sujet ont peut aussi lire la réflexion de Paul Vaute dans la « Gazette de Liège » du 24 septembre : Lalibre.be - Un besoin d'églises

      Rien n'est irréversible:

    Un paradoxe exemplaire

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    Dom Gérard 

    Hormis Dieu, rien n’est irréversible : à cet égard, nous voudrions, pour clore notre propos, l’illustrer encore par cette histoire exemplaire :

     24 août 1970 : Un moine bénédictin arrive en mobylette, son barda sur le porte-bagages, à la petite chapelle de Bédoin, vouée à sainte Madeleine, dans le Vaucluse. Au pied du mont Ventoux. Que vient-il faire ici ? A l'heure des renouveaux et des changements, il entend continuer sa vie monastique, tout simplement, et, avec la bénédiction de son Père abbé, faire “l‘expérience de la tradition” : prière, silence, travail manuel, office en latin, liturgie traditionnelle. De quoi demain sera-t-il fait ? “C'est l'affaire du Bon Dieu” répond le Père Gérard, futur abbé de l’abbaye Sainte Madeleine du Barroux,

     27 août 1970 : Un premier postulant se présente à la porte de La Madeleine : “Mon Père, je veux être moine. — Ici, c'est impossible ! Je n'ai rien pour vous accueillir.” Mais le jeune homme insiste...

     1971 : La vie monastique s'organise. Résolument. Le petit prieuré en ruine est restauré. Dieu envoie des vocations. Il sont bientôt onze moines.

     Janvier 1977 : La communauté grandit toujours. On couche dans des caravanes et des cabanes de chantier : La Madeleine devient trop petite. Il va falloir bâtir.

     20 septembre 1978 : Un terrain de trente hectares est acquis entre le Ventoux et les Dentelles de Montmirail, sur la commune du Barroux. Le site est beau et sauvage. Mais construire coûte cher ! Dom Gérard sillonne donc la France pour quêter. Un grand courant de générosité est suscité. Des milliers de dons, parfois bien modestes, permettent aux moines de mener à bien leur projet audacieux.

     1979 : Quatre jeunes filles se sont regroupées autour de Mère Élisabeth, moniale bénédictine. A la suite des moines de Bédoin, elles veulent faire, elles aussi, “l‘expérience de la tradition”. Après avoir déménagé en différents lieux, elles pourront trouver à leur tour un terrain dans la commune du Barroux et donner naissance à la future Abbaye Notre-Dame de l'Annonciation.

     21 mars 1980 : Pose de la première pierre, sur laquelle est gravée la devise du monastère : Pax in lumine “Paix dans la lumière”.

     2 juillet 1989 : Le cardinal Mayer confère la bénédiction abbatiale au fondateur, Dom Gérard

     25 janvier 1999: L’abbaye compte maintenant plus de soixante moines, et elle commence à devenir trop petite. Va-t-il falloir songer à essaimer ?

     21 novembre 2002 : Mgr Descubes, alors évêque d'Agen, ayant donné son accord, et tandis que les moines sont presque soixante-dix, huit d'entre eux partent fonder en Lot-et-Garonne le Monastère Sainte-Marie de la Garde à Saint-Pierre-de-Clairac. Une nouvelle aventure commence... 

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    Dom Louis-Marie

    Dans le récent numéro (230, octobre 2011) du mensuel « La Nef », le nouveau Père Abbé du Barroux, Dom Louis-Marie, interrogé sur ce nouvel essaimage à Saint-Pierre de Clairac, répond à Christophe Geffroy :

    N’est-ce pas paradoxal de construire un nouveau monastère, quand tant d’anciennes abbayes semblent vides, voire abandonnées ?

     TRP Dom Louis-Marie – L’idéal aurait été pour nous de trouver une abbaye déjà construite. C’est pourquoi, avant de lancer les travaux, j’ai écrit à un évêque pour lui demander si nous pouvions reprendre une abbaye qui venait d’être entièrement restaurée. Mais ça n’a été ni possible ni souhaitable pour le diocèse. Il ne faut pas oublier que pour fonder dans un diocèse, il faut absolument l’autorisation de l’évêque. Cet accueil, après une longue recherche et de multiples déconvenues, nous l’avions trouvé dans le diocèse d’Agen (…)

    Votre abbaye recrute, au point que vous avez été obligé de fonder ailleurs en 2002 ; là aussi, vous êtes à contre-courant car on parle partout de la « crise » des vocations : avez-vous une « recette » ?

      -Non. Pas de recette. La recette, c’est Dieu, donc ce n’est pas une recette qu’on pourrait sortir du tiroir. La seule chose qui compte pour nous est d’être fidèle à notre vocation, d’y croire, de l’aimer, de vivre dans la piété filiale. Cela dit, les jeunes, c’est évident, cherchent la radicalité que le Saint-Père a rappelée lors des JMJ dans son discours aux religieuses. Ils ont besoin de structures claires et nettes, et non pas d’une recherche indéfinie d’identité en perpétuelle mutation. Ils veulent de véritables maîtres d’oraison et de vie. Et puis nous avons eu le charisme de Dom Gérard, qui a attiré beaucoup de jeunes, et puis, vous le savez bien : les jeunes attirent les jeunes (…).

     À propos de « crise » des vocations, n’est-elle pas due, tout simplement, à la diminution du nombre de catholiques pratiquants ? La « solution » n’est-elle donc pas dans la nouvelle évangélisation, notamment de la famille ?

     Je crois que pour la nouvelle évangélisation, il vaut mieux suivre l’exemple du Saint-Père aux JMJ. Il s’est adressé d’abord à de jeunes religieuses, à des séminaristes et enfin à des universitaires puis, pour finir, aux jeunes du monde entier. Tout renouveau de l’Église commence par la réforme du clergé et des religieux. Le Saint-Père a exhorté les jeunes religieuses à la radicalité dans la foi, radicalité dans l’attachement au Christ, à l’Église et à leur mission. C’est valable pour les évêques, les prêtres, les diacres. Si l’on veut toucher les familles, il faut renouveler le clergé et les religieux, leur redonner le sens de la radicalité. Il est vrai toutefois que la reconstruction de la famille, si possible nombreuse, est elle aussi une priorité et pour la société, et pour l’éclosion normale des vocations (…) 

     

     

     « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit car sans moi, a dit Jésus, vous ne pouvez rien faire. . » (St Jean, 15, 5)

  • Liège: à propos de la fête de saint Lambert et du jubilé épiscopal

    LE CHRIST EN NOS PASTEURS

    ET LA VERTU D’OBÉISSANCE

    08b St Lambert.jpg Le 3juin 2011 a marqué pour Liège le 10eme anniversaire de l'installation de son 91e évêque, Mgr Aloys Jousten, dont le jubilé épiscopal fut célébré à la cathédrale Saint-Paul le samedi 17 septembre, en la fête de saint Lambert, patron de la cité et du diocèse. Une belle occasion de méditer sur le thème qu'un de nos amis développe ci-après:

    Comme chaque année, au mois de septembre, nous avons fêté dans la joie saint Lambert, patron du diocèse et de la ville de Liège et chanté sa messe solennelle à l’église du Saint-Sacrement (Liège) comme à l’église Saint-Lambert(Verviers) : selon la forme extraordinaire du rite romain et en grégorien « more leodiense ».

     Nous connaissons la vie de notre Saint par la relation qu'en a laissée sur le vif un de ses contemporains, puis d’autres après lui ; l’existence même de Liège, née de la présence de son corps qui y repose aujourd’hui encore, lui rend au surplus un pertinent témoignage. Bien campé dans l’histoire – ce qui importe ici, nous le verrons – il est aussi pour nous plus qu’un personnage historique.

    Car saint Lambert est évêque, autrement dit « pontife ». Et pontife veut dire : celui qui fait un pont. Le pont entre Dieu et nous.

     Or saint Paul dit bien qu’il n’y a qu’un seul pontife, Jésus-Christ. Saint Lambert, c’est donc notre Jésus-Christ. Il est par participation notre Jésus, Dieu-fait-homme, dont la vie a commencé au Oui de la Vierge Marie, il y a un peu plus de deux mille ans ; lui dont la vie aussi a été de « faire la volonté du Père », en se rendant « obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ».

     

     L’Église est le Corps du Christ. Corps mystique du Christ, l’Église est physique, on peut la toucher. Elle n’existe d’ailleurs que par le toucher physique qui de proche en proche nous relie à Jésus, Dieu-fait-homme.

    Saint Lambert est pontife parce que saint Théodard lui a imposé les mains : saint Théodard, parce que saint Remacle ; saint Remacle, parce que saint Amand, et ainsi de suite, de mains en mains, par contact physique, jusqu’à l’un des Douze, touchés de Jésus-Christ.

     « Qui vous écoute, m’écoute ».La crédibilité de l’Église tient en cette parole, fondement aussi de la distinction entre l’Église enseignée et l’Église enseignante. Il n’est, qui autorise à s’en prévaloir, qu’une succession apostolique ininterrompue et physique, en communion avec le siège de Pierre, d’évêque en évêque. « Nul ne s’attribue lui-même cette charge ».

    L’Église n’est pas auto-proclamée comme sont tous ceux qui courent sans avoir été envoyés. Dans l’Église, et dans l’Église seule, le mandat du Christ est palpable, traçable, contrôlable, de mains en mains.

    Remarquons bien que si une paire de mains sales se glisse dans la série, Jésus passe par elles tout autant que par les propres. De façon moins lumineuse, oui, mais tout autant : ce n’est pas la vertu de l’ homme qui donne le Christ, c’est le Christ qui se donne par l’homme. Il est le trésor porté dans des « vases d’argile », comme dit saint Paul.

    Le Christ s’est donné à nous par Henri de Gueldre, évêque scandaleux du treizième siècle, sans qu’on le voie briller en lui. C’est le même Christ, le même trésor, quel que soit le vase. Quelle que soit la vase…

    Nous ne vénérons pas nos pasteurs pour l’argile dont ils sont faits, nous les vénérons pour ce qu’ils portent, le trésor : le Christ. Le vase est précieux par ce qu’il contient.

    Si l’on rejette le vase parce qu’il est vaseux, on rejette en même temps le contenu précieux. Ce contenu précieux, le Christ, qui, lui, n’a pas refusé de se laisser porter dans ce vase vaseux. Quelle leçon pour nous qui faisons les difficiles !

    Nous pouvons aimer l’Église de tout cœur, car elle est sainte. Toute argileuse sans doute, elle est sainte. Que l’homme ne s’en attribue pas la sainteté, lui qui barbouille son trésor lumineux d’une grasse couche d’argile ! Qu’il se laisse plutôt rendre transparent à sa lumière, comme le fit saint Lambert.

    Que l’homme n’en nie pas non plus la sainteté, lui qui a tant besoin de lumière. Qu’il accepte plutôt qu’elle lui soit donnée dans ces vases d’argile, pétris de la même pâte que lui. Il n’est pas juste que l’argile fasse reproche à l’argile. "Ôte d’abord la poutre…"

     

    Qu’il importe de prononcer le "Oui" de notre obéissance ! Par motif surnaturel de foi, d’espérance et de charité.

    De foi en cette parole « Qui vous écoute m’écoute » ; d’espérance en cette autre : »Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » ; de charité enfin, et surtout, car l’amour de Dieu consiste à embrasser toutes ses voies : »J’aime le Père, et selon que m’en a donné ordre le Père, c’est ainsi que j’agis. »

    « Dieu, personne ne l’a jamais vu : le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a manifesté ». De la façon qu’il a voulue, selon les moyens qu’il a voulus.

    Nous ne pouvons connaître le Père, et sa volonté, que par le Fils ; nous ne pouvons agir selon la volonté du Père qu’en nous conformant à la parole de son Fils : en écoutant ceux qu’il nous a dit d’écouter.

    Suivre le Bon Pasteur, c’est suivre les pasteurs qu’il a institués et fait instituer.

    Parce qu’elle s’adresse au Christ, cette obéissance par motif surnaturel de foi, d’espérance et de charité  comporte en soi l’antidote à toute dérive où peuvent se laisser entraîner ces pasteurs, qui, bien qu’assis « sur la chaire » du nouveau « Moïse », restent néanmoins des vases d’argile : elle a pour pierre de touche la Révélation contenue dans l’ Écriture etla Tradition.

    En tout état de cause cependant, quand, à Antioche, Paul « résiste en face » à Pierre « parce qu’il était répréhensible » et qu’il « ne marchait pas droit selon la vérité de l’Évangile », ce n’est pas pour se soustraire à sa juridiction, mais bien au contraire pour y faire appel. Il réclame le jugement de Pierre, qui, selon le beau mot de saint Grégoire « se rangea à s’accorder à son frère inférieur, de sorte que là encore il marchait en tête : dans la mesure où lui qui était le premier au sommet de l’apostolat, fut premier aussi en humilité » (In Ezech. I. II, Hom. VI, § 9.)

    Ainsi se règlent à la gloire de Dieu et pour une plus grande sainteté de ses enfants les différends qui peuvent surgir entre ceux dont le cœur n’a d’autre attache que le Christ Vérité. Rien de bon ne se fait dans l’Église que par l’obéissance respectueuse de l’unité. L’unité du diocèse, c’est l’évêque. L’unité des évêques, c’est le successeur de Pierre, l’unité de tous, c’est le Oui au Père, par le Christ Vérité, en conformité à l’action du Saint-Esprit.

     

     Par le Oui de Notre-Dame, Dieu s’est fait homme.

    Puissance de l’obéissance à la volonté du Père ! Jésus fut dans le corps de Notre-Dame ; il fut dans ses bras, dans sa maison ; sur les chemins d’une terre que des pieds foulent encore aujourd’hui ; surla Croix.« Femme, voici ton fils ».

    Jésus n’est dès lors plus seulement lui, Jésus, mais saint Jean, et les autres. Pas seulement eux, mais ceux qu’ils ont lavés dans le sang de l’Agneau, de proche en proche, par contact physique ininterrompu.

    Tous nous avons été baptisés, par tel qui a été baptisé, et ainsi de suite, sans une seule déchirure, par contact physique ininterrompu, jusqu’aux Apôtres, jusqu’àla Croix, par la grâce dela Résurrection.

    Telle est la grâce que nous avons reçue, qui met notre main au contact de la main du Christ.

     

    Ce courant de grâce ne peut passer que par le Oui de l’obéissance, qui fait de la personne ce qu’elle est dans le dessein de Dieu.

    Saint Lambert, ramené à son essentiel, est un Oui. Retirez son Oui qui est l’actualisation du Oui de Notre-Dame…et qu’en est-il de nous ?

    Et nous, que faisons-nous de cet Oui arrivé jusqu’à nous ? arrivé par son sang jusqu’à nous ? Allons-nous dire un Non ? Nous avons reçula Vie. Jésus. Jésus Dieu. Nous avonsla Vie entre les mains. Que faisons-nous ?

    Passe encore que nous ayons les mains sales. C’est bien assez que nous ayons les mains sales, n’y ajoutons pas encore le Non. Le Non d’orgueil, d’égoïsme, d’incrédulité, d’indifférence, de défiance…Le Non mortel. Recueillons et transmettons - «  je vous donne ce que j’ai moi-même reçu »- : la Vie rayonnera dans notre argile. Ce n’est pas nous qui ferons cela, notre médiocrité ne doit pas nous arrêter. Jésus rayonnera. D’autant plus que notre vase d’argile s’identifiera davantage, par la grâce de Dieu, au trésor qu’il porte par cette même grâce de Dieu.

     

    Saint Lambert s’est identifié à Jésus. On le voit bien en lisant le vieux manuscrit qui raconte sa vie. On le voit tout au long des pages de sa vie. Prenons la dernière. Des assassins sont là –toute une bande- pour le tuer. Ils encerclent le lieu où il se trouve avec deux de ses neveux et quelques compagnons. L’attaque est déclenchée. Lisons le manuscrit, aux vers 364 et suivants :

     Alors la compagnie, et les gens de maison,

    et les neveux aussi dont nous avons parlé,

    saisissent leur épée et vaillamment résistent :

    ils ont tant le dessus qu’ils les boutent dehors.

    Ainsi donc le combat fait rage, et les amis de Lambert ont le dessus. Mais que va faire l’évêque ? Saint Lambert n’est pas homme de trempe moins valeureuse que ses fidèles compagnons : il est de noble lignage : on lui sait une certaine expérience militaire et il lui en faut plus que cette poignée de gredins pour être impressionné, fussent-ils armés de pied en cap.

     Vers 367 et suivants : 

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     Alors le Saint de Dieu, d’un cœur plein de vigueur,

    prend des armes de guerre et commence à en être,

    tout comme s’il allait se mêler au combat ;

    puis, il repasse en soi l’enseignement du Christ,

    -        qu’un homme desservant les autels consacrés

    n’avait pas à porter sur soi cette ferraille

    ni tout cet armement ; qu’il ne devait plus craindre

    ceux qui tuent les corps mais qui par aucun trait ne peuvent réussir

    à supprimer une âme;

    il laisse alors tomber ses armes sur le sol

    et fait voir son regret de les avoir saisies

    alors qu’il était là comme soldat du Christ.

    Voyez-vous le vase d’argile qui devient vase de lumière ? qui se fait transparent à la lumière ? Plutôt que de sauver sa vie, il la donne. En donnant sa vie, il gagne la Vie. Pour lui, pour ses amis, pour nous. Il laisse rayonner le beau jour du Christ dans sa splendeur.

    Dans ses yeux il n’y a plus que l’amour. Lui-même n’est plus qu’amour. Il donne sa vie et tout ce qui était en elle mort devient Vie.

    Saint Lambert recommande donc à ses neveux, dont la conduite n’avait pas été irréprochable, de faire saintement pénitence, puis il reste seul, prosterné devant la croix, où il sera bientôt transpercé d’un coup de lance.

     

    Au fond, c’est tout simple d’être un Saint : il suffit de dire Oui.

    Ce Oui, on n’a même pas à l’inventer, il suffit de répéter celui dela Vierge Marie. C’est le même. A tout bien considérer, on ne le répète pas, plutôt, on le prolonge.

    Le Corps mystique de Jésus se forme alors dans nos cœurs aussi sûrement que son Corps physique dans le sein de Marie pour le salut du monde. Par ce Oui unique d’obéissance, qui laisse jaillirla Vie.

    Saint Lambert s’est donc identifié à Jésus. Au Bon Pasteur. Comme Jésus, sa vie, il la donne. Et son sang uni à celui de Jésus féconde encore notre terre liégeoise. Le sang de Jésus est un sang donné. Le sang de Lambert est un sang donné.

    Notre sang aussi doit être un sang donné. Il importe peu qu’il soit donné en coulant hors de nos veines ou dans nos veines, mais il importe qu’il soit donné.

    Car un sang de chrétien est un sang donné. D’avance. Définitivement. Donné au Père. Voilà pourquoi le chrétien est un martyr quand les circonstances l’exigent. La façon de donner son sang change alors, mais le sang était déjà donné.

    L’Église est le corps dont le Christ est la tête. Il n’y a qu’un même sang dans la tête et dans le corps. Dans chacun des membres du corps, c’est le même sang. Un sang donné.

    Le sang donné par le Christ sur la croix nous a été donné, il n’a pas été versé dans le vide, il a été donné. Il nous a été donné. Il est devenu nôtre.

    Mais ce sang ne nous vient pas immédiatement de la Tête.

    Il nous vient par le Corps, c'est-à-dire par l’Eglise. A nous qui lisons ces lignes, par l’un des douze, lequel ? je ne sais, Dieu le sait ; puis de pasteur en pasteur, par Amand, Remacle, Théodard, Lambert. Puis d’Ubert en Floribert, en passant ensuite par Etienne, Notger, Wazon…et par Henri-le-scandaleux- par des saints, des moins saints, des pas saints- par des pauvres pécheurs toujours, des pauvres pécheurs lumineux parfois ; plus récemment enfin par nos contemporains Louis-Joseph, Guillaume-Marie, Albert, et jusqu’à notre Aloys : c’est le sang de Jésus qui est en nous.

    Sang qu’eux tous à la suite ont bien ou mal donné, sang qu’ils ont donné tant bien que mal, mais sang toujours donné.

    Que serait-il de nous sans eux tous ? Que serait-il de nous, si un seul parmi eux avait manqué ?

    Que serait-il de nous si notre lignage s’arrêtait à l’un de ces auto-proclamés qui prétendent un jour donner ce qu’ils n’ont pas reçu, servir l’Evangile du Christ, en lâchant la main dans laquelle il a été remis ? Qui prétendent sauver l’Eglise –on ne sauve pas l’Eglise, c’est en elle qu’on est sauvé !- en s’arrachant à elle ?

    Que serait-il de nous si notre lignage s’arrêtait à l’un de ces auto-proclamés qui, butant contre l’argile du vase, ont perdu le trésor ?

    Le trésor, il est toujours, ici et maintenant, dans le pasteur auquel l’Eglise donne ce nom qui dit tour : l’Ordinaire.

     

    Alors, soyons-en bien conscients : saint Lambert, notre vieux manuscrit nous dit ce qu’il a été, nous dit ce qu’il a fait ; son corps, conservé dans notre cathédrale nous dit qu’on l’a aimé, prié, vénéré, de génération en génération depuis treize fois cent ans, ce n’est pas rien.

    Son souvenir est bien présent dans nos cœurs : nous savons par la foi que, admis auprès du Père, il veille sur nous, l intercède pour nous. Nous célébrons sa solennité, c’est notre Lambert glorieux, lui

     En qui le Chœur des cieux trouve à se réjouir

    De se savoir augmenté d’un pareil compagnon

     

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    Mais Aloys, notre évêque, notre Ordinaire, c’est Lambert, vivant au milieu de nous : en Aloys, c’est Lambert qu’il faut voir, c’est l’ Apôtre, c’est Jésus, « Emmanuel : Dieu-parmi-nous. »

    Que c’est beau, un évêque, quand on le regarde pour ce qu’il est vraiment.

    Il l’est par la grâce du Oui de la Vierge Marie. Oui continué par Lui, comme un enfant répète le mot de sa Mère, comme il peut.

    Que nos prières et notre filiale affection, vraie, lui obtiennent de manifester toujours plus lumineusement ce Oui confié à ses mains d’homme

     

    à propos de la fête de saint lambert à liège

    Seigneur Dieu, Pasteur et guide de tous les fidèles, regardez avec bienveillance votre serviteur Aloys, que vous avez placé comme pasteur sur le siège de saint Lambert. Accordez-lui d’aider, par la parole et par d’exemple, au bien de ceux dont il est le chef, et de parvenir avec le troupeau qui lui est confié à la vie éternelle. Amen

     JBT

     

  • Un nouveau dogme

     

      L'INFAILLIBILITE DES MEDIAS ?

     

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    Dans la récente livraison (40e année, n°1) de la Revue « Pâque Nouvelle » on peut lire,paque%203.jpg entre autres, trois intéressantes réflexions (Jacques Naedts , Olivier Bonnewijn, Bruno Jacobs) sur la relation du corps à l’être et à sa destinée et deux exposés sur la vision de l’au-delà dans l’ancien puis le nouveau Testament (J. Ries).

     On trouvera par ailleurs une évocation de l’aoôtre des « petits riens, l’abbé Edouard Froidure (J.-M. Derzelle) ainsi qu’un article sur la procréation médicalement assistée (C. Brochier).

     Une réflexion d’actualité sur  les médias (Marion Guében-Baugniet) a particulièrement attiré notre attention. Nous la reproduisons in extenso ci-après :

     

    "Le livre Lumière du Monde - entretiens de Peter Seewald avec Benoît XVI a fait un tabac : déjà vendu près d’un million d’exemplaires, il a suscité beaucoup de réactions dans la presse ! A partir de celles-ci et de façon plus générale, il est instructif de relever les tendances actuelles des médias et les motivations qui les sous-tendent.

    Comment les médias répercutent-ils les textes et paroles du Magistère ? Que penser par exemple de leur interprétation (concernant l’incontournable préservatif) :Benoît XVI vient d’ouvrir une brèche ?

    « Ouvrir une brèche » postule qu’il y a un mur, une muraille. La position de l'Église est donc posée erronément comme celle d’une forteresse. Et d’autre part, le présentateur postule que la vérité, c’est lui qui la détient et donc que le pape commence enfin à faire le premier pas vers la vérité en s’alignant sur l’opinion du moment. Voilà qui illustre bien la réalité pratique dans laquelle nous nous trouvons maintenant : le Magistère n’est plus au Vatican, il est sur les ondes. Au point que si le Pape ou un évêque émet un propos tranchant un peu sur le consensus inconsistant qui tient lieu de morale aujourd’hui, la presse, la TV, la radio clament péremptoirement : « Il a dérapé ! » Et le public finit par faire et croire sien ce qu’on n’arrête pas de lui inculquer. Si bien que la position de l'Église sera attaquée tant qu’elle n’aura pas rejoint le relativisme actuel.

    P1060678x_t_800.jpgEn parlant de « brèche » on semblait mettre une bonne note au pape parce qu’il se rapprochait de l’opinion commune !Si tant est qu’il s’en rapproche car là encore, il faut bien interpréter ses propos. Dans certains cas précis, l’utilisation du préservatif peut constituer un premier pas vers une décision d’inspiration plus morale, un pas qui commence à tenir compte de l’autre, mais ce premier pas, ce n’est pas depuis la brèche de l'Église. C’est un premier pas depuis le plancher. Il s’adresse à des gens (prostituées et autres) qui n’ont pas encore accédé à un réel comportement moral. C’est une pierre d’attente. Une petite pierre. Nous ne sommes pas encore dans cette véritable humanisation de la sexualité prônée par le Pape.

    Priorité des mentalités glissantes sur la vérité évangélique

    Qui donc à part l'Église tient publiquement un discours sur la qualité humaine de la vie amoureuse et sexuelle ? Les médias ne cherchent pas la vérité mais à grignoter la position de l'Eglise dans un rapport de force… qui habituellement aboutit à la ridiculiser sans vraiment analyser ce que dit le pape. Et là il devrait y avoir une morale minimale du monde médiatique qui consisterait à lire les textes et à les transmettre exactement comme ils sont dits. On ne recherche pas le sens du texte mais à créer un événement scandaleux. Oserait-on faire pareil au sujet des textes de l’Islam ?

    D’autre part, nous risquons de tomber dans le piège du changement perpétuel : nous sommes tous façonnés par une information qui change chaque jour. Immergés dans un immédiat paillettes, insoucieux de vérité, nous devenons addictifs aux nouveautés et aux choses qui se démodent. Peu importe si ce qui est nouveau est bon ou mauvais, ce qui importe c’est qu’il soit nouveau. Or si la vérité sur le plan moral tient compte des mentalités et des évolutions, elle n’est pas déterminée par elles. Ce sont les vérités de l'Évangile qui doivent éclairer les mentalités et non l’inverse. Ou alors que serait-il encore besoin de suivre cet Évangile si les mentalités suffisaient ! Or ce n’est pas « ce qui se fait » qui doit dicter la vérité à ce qui devrait se faire.

    Contradictions et paradoxes

    Il est délicat de développer une parole de Vérité dans un monde qui ne croit plus à la Vérité, à un public qui considère le discours chrétien à la limite comme des vues dangereuses mais qui, très paradoxalement, a soif de ces paroles chrétiennes. Paradoxe : les gens sont créés pour accueillir la parole chrétienne, mais pas formés à l'écouter. Actuellement c’est le monde médiatique qui est devenu la référence passe-partout, épousant et anticipant les pentes laxistes, évitant au public tout travail d’information personnelle et d’approfondissement, comme s'il jouissait de l’infaillibilité non seulement sur la foi, les mœurs mais sur tous les sujets… Et c’est sur fond de vide.

    Ce que pourrait dire l'Église désormais sera jugé à l’aune des vues des médias, ultra-dogmatiques encore que soumises aux fluctuations du moment. Nous grandissons tous sous la houlette du Magistère médiatique. Avec une force de pénétration très grande et diffuse les médias forment l'opinion. Nous sommes dans un univers qui n’a plus le sens des limites. C’est pour cela, comme l’a déjà fait remarquer Mgr Tony Anatrella, psychanalyste spécialisé en psychiatrie sociale, qu’on parle beaucoup de personnalités éclatées, voire liquides qui s’identifient à tout ce qui existe mais sans plus avoir aucune consistance intérieure. En fait de morale sexuelle, le désir de l’instant ne peut être une référence pour orienter et assumer sa sexualité. Au contraire, l’homme doit se référer à des valeurs supérieures à lui, celles qui humanisent la sexualité : le don, l’engagement, la fidélité... Certains hommes de médias semblent enfermés dans l’idée infantile de savoir si le préservatif est permis ou défendu. Ce qui d’ailleurs dénote une culpabilité sourde vis-à-vis de la sexualité médiatique.

    Comment se fait-il que l’Église « ne passe pas » dans certains médias  ?

    La cause en est profonde. Elle se situe bien au-delà des dysfonctionnements de la communication.Le-Choc.png La mission de l'Église est de se faire le vecteur du message du Christ, d'une vérité d’un autre ordre que la vérité du monde. Dans la mesure où ces deux s'opposent, il y aura toujours, au moins pour une part, une opposition entre la logique du monde et celle l'Évangile qui est celle, qu’on le veuille ou non, de la porte étroite. Lorsque Jésus enseigne, il ne cherche pas à faire l’unanimité. Il est venu déranger au nom de son Père pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. Il leur dit : Soyez dans le monde sans être du monde.

    La morale laïque a été pendant près d’un siècle – voire même jusqu’il y a cinquante ans – à peu près la même que la morale chrétienne. Les choses ont changé. Aujourd’hui en fait de morale, seule l'Église catholique a une parole publique qui est revêtue d’un certain courage et même d’un courage parfois héroïque. Il lui serait tellement plus commode de se compromettre avec le monde alors que des évêques risquent d’être traduits en justice dans l’exercice d’un enseignement en adéquation avec leur foi. Quant aux religions non chrétiennes, on est plus prudent lorsqu'il s'agit d’interviewer leurs représentants sur les sujets dits « sensibles » (dont, entre autres, l’homosexualité) alors que, soit dit en passant, bien souvent elles sont beaucoup plus sévères. De la qualité amoureuse des relations et de la morale sexuelle, le monde des médias se soucie peu. En revanche, il est le premier à souhaiter le mariage… pour les prêtres et les homosexuels, alors que les lois ne cessent de favoriser le divorce et de proposer des ersatz de mariage (tels le PACS, etc.) aux couples hétérosexuels. Ce qui intéresse, c'est la logique de la transgression. Au fond, le message de l'Église, hors le très petit nombre, qui le respecte ? … Alors pourquoi s’obstiner à titiller ce message ? Peut-être parce que c’est le seul qui témoigne d’une certaine grandeur, d’une certaine noblesse et c’est à son ombre qu’on retrouve quelque dignité humaine en en parlant. Les éducateurs chrétiens expérimentent qu’intuitivement, les consciences savent où est la vérité. Mais pour partie seulement, car d’autre part ils constatent aussi qu’elles sont brouillées… pourtant elles attendent de l'Église une certaine autorité avec un langage universel.

    On est aujourd’hui confronté au pluralisme tellement obligatoire qu’il est devenu pensée unique, et mène droit au relativisme : toutes les religions se valent, alibi commode pour n’en approfondir aucune. Une pensée unique très flottante, évolutive, on le verra bien de façon éclatante en bioéthique dans les années à venir.

    Le pape : point de référence ?

    Oui. Car on reconnaît en lui une certaine excellence personnelle d’abord et une excellence de sa fonction. Mais le pape ne doit pas être  seul. Dans chaque pays, il faut aussi les évêques et leurs prêtres, et parmi les chrétiens : des intellectuels, des scientifiques, des politiciens, des chefs d’entreprise, des enseignants, des responsables et animateurs de mouvements, et cetera. Ce n’est pas tout de pointer d’un doigt lucide les positions sournoisement hostiles des médias  occidentaux à l’adresse de l'Église catholique. Encore faudrait-il ne pas leur laisser toute la place. A de rares exceptions près, il y a aujourd’hui trop peu d’orateurs, de grands penseurs chrétiens. Et s’ils existent potentiellement, peut-être n’ont-ils pas toujours le courage de se démarquer de cette « pensée unique ». D’autant plus que, s’ils sont laïcs, afficher leur foi chrétienne pourrait nuire à la carrière d’aucuns… Il leur manque cette liberté de ton et c’est très dommage. Même certains membres du clergé subissent un peu comme par osmose l’influence du ton ambiant ou n’osent pas toujours livrer le fond de leurs convictions.

    Sans doute y a-t-il une prudence spirituelle et humaine à observer. Un discernement psychologique aussi, sous peine parfois d’être contre-productif. Cela dit, nous sommes dans une période où les choses doivent se dire nettement et s’argumenter comme essaie de faire le Saint Père. Ensuite, que certains médias déforment, c’est leur problème mais au moins les choses sont dites universellement.

    Vatican II a souligné le fait que la sanctification du temporel revient aux laïcs chrétiens. Le temps n’est plus où l’on pouvait tout attendre d’un clergé fourni sur mesure... Toute la communauté chrétienne est concernée par la mission. Aux laïcs donc d’adopter des professions ou des activités leur permettant visiblement de prendre la défense de l'Évangile, de le vivre et d’en témoigner. Et ce n’est pas un mince défi ! Aujourd’hui où, comme jamais auparavant, la barque de Pierre doit ramer à contre-courant de l’inversion de beaucoup de valeurs, de l’absence de sens et du laxisme ambiants, sa mission est particulièrement ingrate et périlleuse. Et pourtant… il revient aussi à ceux qui se veulent ses disciples de louer le Seigneur pour toutes ces grandes avancées de l’humanité, pour tant de belles et charitables réalisations, d’actes d’amour salvateurs, qui ont jalonné notre Histoire et continuent aujourd’hui de la marquer, grâce à des hommes, des femmes et même des enfants qui ont puisé toute leur audace à la source de leur foi. Oui, il est aussi des chrétiens heureux ! Et – Dieu merci ! – quelques journalistes convaincus pour le répercuter. Une pensée de gratitude ici à France Catholique, La Croix, Famille Chrétienne, R.N.D., L’Homme Nouveau, etc.

    Et tout particulièrement dans nos pages un vibrant merci à feu notre cher Mgr Michel Dangoisse, toujours prêt aussi à monter au bon créneau dans L.L.B. et L’Avenir.

    Et le point de vue de Peter Seewald, journaliste non-conformiste ? 

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    Pour terminer revenons-en un instant au co-auteur de Lumière du monde. Seewald est né en 1954 dans une famille catholique, aux confins de la Bavière et de l’Autriche. Dans les années 1968, le jeune Seewald est séduit par le gauchisme révolutionnaire. Il signe sa « sortie d'Église » en 1973. Puis, peu à peu, il s’interroge. « Non sans méfiance, j’entrais parfois dans une église… ». Et … « un jour, j’ai compris que les idéaux de ma jeunesse, je les retrouvais tous dans le message du Christ. Il suffit de lire l’Évangile. Les réponses y sont beaucoup plus radicales que celles du Manifeste de Marx.» Puis, au fil de ses rencontres avec Benoît XVI, l’ancien journaliste du Spiegel et du Bild, qui avait quitté l’Église, y est revenu. Le pape et son interviewer partagent une même interrogation : où va notre société ? où prend-elle ses racines ?

    C’est donc à partir de ce questionnement essentiel que s’est développée la relation, professionnelle et personnelle, entre le pape et le journaliste. Le tout dans un climat de confiance : « Le pape ne s’est jamais récusé devant aucune de mes questions. Parfois, j’hésitais, je sentais le poids de sa charge. Mais finalement, j’ai posé toutes mes questions, sur toutes les affaires, même scandaleuses. »

    Pour obtenir ces six heures d’interview échelonnées sur une semaine, Peter Seewald est revenu trois fois à la charge. Qu’il a eu raison ! Il est rare de lire un aperçu aussi lumineux de la société occidentale. Avec toute sa pénétrante subtilité, le Pape la décrypte, parfois avec tristesse, plus souvent avec confiance, lucide et ferme mais toujours charitable et porté à l’ouverture. De bout en bout, un chrétien !

    Et du coup, on comprend la réaction énergique de Peter Seewald à l’intention de ses confrères journalistes, notamment ceux qui ont réduit son livre d’entretiens avec Benoît XVI à la question du préservatif : « Lorsqu’on « étroitise » tellement une question, cela montre une crise du journalisme qui n’est plus capable de discerner l’essentiel et de le faire partager à ses lecteurs.»

    Et le journaliste de confier : « Pour moi, Benoît XVI est plus qu’un grand penseur intellectuel : un maître spirituel. Et un homme profondément humble et bon qu’il est important de connaître « en version originale ».

    Marion Guében-Baugniet

     

     

     

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  • Témoignage

     

    LE CARÊME DE NICOLAS

    23 ans, étudiant en droit aux Facultés de Namur

     

    108_a96246e959a1ec60530444e3aa69ed08.jpgPour moi, le Carême est l'occasion de me défaire des choses inutiles qui encombrent ma vie de tous les jours. Le Carême, c'est choisir quelques comportements qui m'éloignent quotidiennement de Dieu, mais que je fais sans vraiment m'en rendre comtpe, et tenter de les erradiquer. Pour ce faire, l'Eglise propose trois voies pour choisir nos petits 'sacrifices'.  

     Premièrement, il y a le partage. Cette voie consiste simplement à mettre une place pour les autres dans ma vie. Personnellement, j'ai choisi de m'ouvrir un peu plus aux autres, de les écouter vraiment et de retenir ma langue lorsqu'il est question de les critiquer ou d'être médisant. Concrètement, j'ai choisi de voir en priorité ce qu'il y a de bon dans toutes les personnes que je croise et que je côtoie et non plus de me méfier des autres en les jaugeant du premier regard.

    Deuxièmement, il y a le jeûne. Personnellement, je n'approche pas le jeûne cetteimagesCAHX87FX.jpg année via sa facette alimentaire. En tous cas, pas dans un premier temps. Pour des raisons de santé, je ne peux pratiquer un jeûne à l'état pur. Mais j'ai fait le voeu de m'abstenir de viande les mercredis et les vendredis afin de me rappeler le sacrifice du Christ ainsi que de jeûner de manière progressive afin de faire une petite place bien physique en moi pour Dieu. C'est-à-dire que, progressivement, je vais éviter de boire du café, ensuite de manger du chocolat, toutes ces choses qui ne sont pas nécessaires et qui nous procurent du plaisir. Certains diront que c'est du masochisme, j'aurais envie de leur répondre que ce n'est que de l'ascèse. En effet, lorsque l'on s'abstient de manger du chocolat pendant trois semaines, par exemple, on se rend compte du réel plaisir qu'il nous procure lorsqu'on en mange enfin. Je veux pointer là un gros problème dans notre société: la surconsommation. On a plus le goût de rien. On a toujours trop. En gros, ce ''jeûne alimentaire'' comme je l'appelle, me permet de me ''désintoxiquer'' de cette surabondance. Mais le plus important, c'est qu'il m'aide à partager la condition de ces personnes qui n'ont pas la chance d'avoir accès à cette surabondance.

    imagesCAT7PJ3S.jpgTroisièmement, et pour finir, il y a la prière. J'ai choisi de tout simplement consacrer un peu plus de temps à la prière quotidienne et de donner quelques minutes supplémentaires à l'adoration au moins une fois par semaine lorsque mon planning me le permet.

    Finalement, le Carême, pour moi, c'est ''simplement'' exacerber les qualités que Dieu nous demande de revêtir toujours et en tout lieu et pour lesquelles Jésus est l'exemple par exellence qu'Il nous demande de suivre. Mais au-delà de cet aspect, il y a également cette ouverture vers l'altérité, vers cette universalité qu'est l'Eglise.

    En effet, Dieu nous donne une Eglise faite de tant d'affinités, et j'ai tendance à n'approfondir qu'une seule d'entre elles. Alors, ma grande résolution finale, cette cerise sur le gâteau qu'est le Carême, c'est tout simplement d'être présent PARTOUT où le Seigneur me demande d'être, même et surtout (puisque le Carême c'est cette exacerbation dont je parlais) dans ces endroits de l'Eglise que je ne connais pas assez bien et vers lesquelles je ne vais pas spécialement spontanément.

     

     Lu sur le blog de notre confrère BELGICATHO

     

     RECONCILIATION, PRIERE ET SILENCE

     A L'EGLISE DU SAINT-SACREMENT

    (Boulevard d'Avroy, 132 à Liège)

     

     

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    Tous les mardis de 17h00 à 19h00

    Confessions

    un prêtre à votre disposition de 17h00 à 18h45

    Adoration

    17h00 vêpres  grégoriennes, suivie de la méditation de l'évangile du jour

    18h00 chapelet suivi des litanies du Sacré-Coeur

    18h45, bénédiction du Saint-Sacrement suivie de l'angélus.