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Fête-Dieu Liège, juin 2025: homélie de l'évêque de Liège, S.E. Mgr Jean-Pierre Delville

Homélie Fête-Dieu

21 juin 2025

Liège, église du Saint-Sacrement

Jean-Pierre Delville, évêque de Liège

 

Chers Frères et Sœurs,

 

La fête du Saint-Sacrement a commencé grâce à une vision de sainte Julienne de Cornillon, qui voyait régulièrement dans le ciel la lune à laquelle il manquait une fraction. Elle se demandait ce que cela signifiait. Elle comprit un jour que la lune signifiait l’Église à laquelle il manquait une fête. La lune signifie l’Église parce qu’elle reçoit sa lumière du Christ, comme la lune reçoit la lumière du soleil.

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De plus la lune à laquelle il manque une fraction fait penser à l’hostie de laquelle le prêtre prélève un fragment pour le mettre dans le vin consacré ; l’hostie, c’est le pain rompu par le Christ pour nous donner la vie ; ce pain rompu, c’est le Corps du Christ, qui donne sa vie pour nous. C’est pourquoi sainte Julienne comprit que la fête manquant au calendrier liturgique, c’était la fête du Corps et du Sang du Christ.

 

Ainsi, nous aussi comme sainte Julienne, nous sommes invités à contempler le Christ dans son humanité pour découvrir sa divinité. Le Christ partage sa vie, comme il a partagé le pain à la dernière Cène. Ce partage pourrait donner l’impression de faiblesse, car le Christ annonce le don de sa vie, la venue de sa passion, le Corps brisé, le Sang versé.

 

Pourtant ce partage est une source de vie : comme le dit Jésus dans le Discours sur le pain de vie, « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui.... Comme je vis par le Père, celui qui me mange vivra par moi » (Jn. 6, 56.57).

 

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Comme l’écrit le pape Urbain IV, « ce pain n’est pas de même nature que le pain commun. On le prend, mais on ne le consume pas ; on le mange, mais il n’en reçoit point d’altération ; car il ne se transforme pas en celui qui l’a mangé ; mais, au contraire, si on l’a reçu dignement, il transforme celui qui l’a reçu et il le rend semblable à Lui ».

 

Donc notre communion au Corps du Christ nous transforme intérieurement et nous convertit. Comme dit le Lauda Sion, à la strophe 16, « Qu’un seul ou mille reçoivent ce pain, l’un y trouve autant que l’autre ; et, consommé, ce pain ne disparaît pas ».

 

Le pain partagé est donc le mystère d’un don sans mesure et d’une joie sans mesure ! C’est pourquoi sainte Julienne a eu l’inspiration qu’il fallait une fête pour célébrer ce Corps et ce Sang du Christ, partagé à toute l’humanité.

 

Ce mystère visible de tous comme la lune est visible de tous au même moment sur toute la terre ! Et ce soir, n’oubliez pas de regarder le ciel, vous verrez la lune à laquelle il manque un morceau, car nous, après la pleine lune du dimanche de la Trinité, deux mois après la pleine lune de Pâques, nous fêtons la fête du Saint-Sacrement, avec la lune à laquelle il manque une portion, une fraction, le pain rompu pour un monde nouveau.

 

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G-D: Karl Lessner, François-Xavier Cardinal Nguyen Van Thuan, József Cardinal Mindszenty.

 

Or ce fut la volonté de Jésus lui-même que de prolonger sa vie terrestre par un signe perpétuel. C’est le geste qu’il a fait à la dernière Cène, comme nous le raconte saint Paul dans sa 1ère lettre aux Corinthiens : « Le Seigneur Jésus, la nuit même où il fut livré, prit du pain et rendant grâces, le rompit et dit : prenez et mangez, ceci est mon corps, qui sera livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi » (1 Co. 11, 23-26).

 

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Le rayonnement clandestin de l'Eucharistie dans l'enfer des camps de déportation et des geôles totalitaires. Exposition de la Fête-Dieu, 15 juin au 15 juillet à l'église du Saint-Sacrement, Liège.

 

Donc Jésus, face à la souffrance et à la mort, partage le pain et le vin, en tant que son Corps et son Sang. Face à la fragilité de sa vie, à l’échec apparent de sa mission, face à la pauvreté des disciples qui vont se sentir abandonnés, Jésus ne baisse pas les bras, il ne tombe pas dans la déprime, encore moins dans la fuite.

 

Il partage cette nourriture essentielle d’un repas, que sont le pain et le vin, en disant qu’ils sont son Corps et son Sang. Ils représentent une vie fragile, une vie qui va être enlevée. Mais ils représentent en même temps un partage de cette vie et une démultiplication de ses effets : « faites ceci en mémoire de moi ».

 

Le Corps et le Sang du Christ, donnés en communion, nous associent aujourd’hui à sa vie, à sa mort et à sa résurrection. Notre pauvreté est dépassée nous sommes rassasiés ; nous recevons une vie nouvelle, par notre communion à la pauvreté du Christ.

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Dieu est dans ce partage de la pauvreté et nous communique sa divinité. Et c’est pourquoi, en abrégé, nous appelons « Fête-Dieu » la fête d’aujourd’hui.

 

Nous la célébrons ici dans cette église du Saint-Sacrement d’une manière particulièrement solennelle, dans la forme ancienne du rite romain, parce qu’elle nous permet de garder la richesse de la liturgie ancienne, dans la beauté de ses gestes, de ses mots et de ses chants, qui évoquent le mystère d’amour de Dieu qui se donne à nous.

 

Frères et Sœurs, dans la communion au Christ nous trouvons la vraie vie, et dans la communion à celui qui souffre, nous trouvons la vraie joie. Ainsi la communion au Christ débouche dans une communion en Église.

 

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Alors recevons avec foi le Corps du Christ qui nous est donné en communion et soyons des témoins de la vraie vie dans notre monde !

 

Amen ! Alléluia !

 

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