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Réflexion faite - Page 14

  • Vérité et Espérance/ Pâque Nouvelle, n° 98 (1er trimestre 2016): Qu'est-ce que la miséricorde ?

     

    mag_98-page-001 (2).jpgMonseigneur de Monléon:  qu'est-ce que la "miséricorde"?

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    La miséricorde n’est ni un vague sentiment de compassion à l’égard de la souffrance et de la misère des hommes, ni une fausse indulgence cherchant à faire table rase de l’injustice et du mal. La miséricorde est dans la volonté raisonnée et active de venir surmonter le mal physique et moral, d’imposer une limite au mal, le plus souvent en prenant sur soi, si possible, ce qui en est la cause, ou, à tout le moins, en écartant le mal, comme dans la parabole du Bon Samaritain. La miséricorde est, chez l’homme, la plus haute des vertus procédant de la charité ; elle est la clé de toutes les œuvres de Dieu.

    Nous pouvons constater deux grands types de présence du mal dans le monde actuel.

    C’est, d’une part, ce champ, malheureusement immense, du mal qui a pour origine la conduite humaine dévoyée, “ la perte des repères “ comme on dit, la conscience morale personnelle et collective qui n’exerce plus son rôle de poursuite du bien et laisse se déchaîner le mal.

    Mais c’est, d’autre part, un mal plus difficile à déceler et à identifier qui est précisément l’incapacité ou l’obscurcissement de l’intelligence et de la volonté à identifier le mal, à le désigner comme mal. La miséricorde est, sur ce point, la recherche de la vérité et le témoignage, miséricordieux et ferme, de ce qu’elle est. Quant à la conduite humaine égarée, source de tant de maux, le remède ne peut être que dans la repentance et le désir de se tourner à nouveau vers le bien. Mais par lui-même, l’homme laissé à ses seules forces ne le peut pas : il a besoin du secours de Dieu qui l’appelle inlassablement et avec grande tendresse à revenir à Lui. Il a besoin de la Miséricorde divine.

    La découverte de la miséricorde du Père, telle qu’elle se révèle dans la parabole de l’Enfant prodigue, permet de revenir vers lui avec confiance, de se repentir, de demander pardon dans la découverte et la reconnaissance de son amour patient et doux. (cf. 1 Co 13,4). La miséricorde est l’un des moteurs les plus forts pour aider les hommes à se détourner du mal, à lui imposer une limite, à réparer, à restaurer les injustices, les liens qui ont été bris Dans le pardon et la réconciliation, la miséricorde est une puissante limite au mal car elle l’empêche de proliférer, la haine appelant la haine, l’injustice, la violence la violence. Le pardon et la miséricorde brisent cet enchaînement en rétablissant la vérité, la justice, le droit et la bonté.

    La miséricorde de Dieu n’est limitée par rien, ni par l’ampleur et l’abîme du mal, ni par le nombre et la multitude des maux et des miséreux, ni par l’espace et le temps : “ Sa miséricorde s’étend d’âge en âge ”. Elle n’est limitée que par le refus de l’accueillir.

     

    Albert-Marie de Monléon, évêque ém. de Meaux (extrait du site « Eucharistie miséricordieuse »)

  • Vérité et Espérance/Pâque nouvelle, n° 98 (1er trimestre 2016):

    mag_98-page-001 (2).jpgRéforme liturgique: Mgr Bugnini se justifie, post mortem

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    Les notes enfin publiées de Mgr Annibale Bugnini sur son rôle central dans la réforme de la liturgie catholique nous donnent l’occasion de réfléchir profondément sur une histoire dans laquelle nous sommes encore engagés. Lu sur le site « France Catholique » :

    En juillet 1975 Mgr Annibale Bugnini, tout-puissant artisan de la réforme liturgique consécutive au Concile Vatican II, disparaissait soudain dans une trappe. Il n’en sortait, quelque temps plus tard, que pour aller occuper le poste peu envié de pro-nonce à Téhéran, pratiquement au moment où l’ayatollah Khomeiny prenait le pouvoir en Iran. Il n’allait pas tarder à succomber à la maladie, non sans s’être assuré que ses notes, déjà préparées pour l’édition, pourraient voir le jour en un livre qui le justifierait.

    Paru en italien en 1997, puis en anglais, ce livre attendait son édition française. Celle-ci sort aujourd’hui, et on ne peut s’empêcher de voir une coïncidence, pas forcément fortuite, avec la publication également tardive des Mémoires de Louis Bouyer. L’oratorien français, connu surtout par son grand livre Le Mystère pascal travailla avec Bugnini au sein du Consilium pour l’application de la Constitution conciliaire sur la Liturgie sacrée et il a laissé de lui un portrait terrible, l’accusant d’avoir trompé la confiance de Paul VI et œuvré de façon toute personnelle pour aboutir à une réforme bâclée et incohérente.

    Personnage controversé, par conséquent, et encore mal connu, il laisse une postérité mêlée : à côté d’admirateurs inconditionnels, il s’en trouve beaucoup pour l’accuser de tous les maux d’une réforme qui ne fait pas l’unanimité des catholiques. L’ouvrage que nous recensons ne constitue en aucune façon des Mémoires. Il se partage en deux : une partie historique intitulée « grandes étapes » qui donne une perspective cavalière sur les trente ans qui vont des premiers linéaments de l’idée de réforme liturgique (sous Pie XII) jusqu’à ce qu’il considère comme son aboutissement. Annibale Bugnini a été mêlé à toutes les phases de cette histoire, mais il lui manque le recul qui permettrait d’évaluer l’importance des différents tournants et de percevoir les faiblesses. Puis vient une partie plus descriptive où, pour chaque domaine de la réforme (missel, office divin, etc.), il récapitule les projets, délibérations et décisions prises. Puisé aux sources, cet ouvrage est évidemment un outil incomparable pour démêler l’écheveau des dix années intenses qui ont vu disparaître une cohérence séculaire et s’instaurer un rite en grande partie nouveau. On comprend mieux ce qui fit la force et la faiblesse du personnage. Sa force, c’est une puissance de travail impressionnante, capable de mettre en mouvement une formidable machine qui avança à marche forcée pendant ces années pour produire plus de textes que l’Église n’en avait jamais connus, c’est son entregent, sa capacité à s’entourer d’experts de compétence sans doute inégale, mais qui comptaient, malgré tout, parmi les plus capables de l’époque. 

    Sa faiblesse, c’est d’avoir été l’homme de son époque, c’est-à-dire d’avoir vu la réforme de l’Église comme un lifting destiné à assurer à celle-ci une crédibilité nouvelle dans le monde, sans voir que le problème n’était ni celui de la langue liturgique, ni de la compréhension des rites, mais celui de la vitalité spirituelle du peuple chrétien.

    L’effondrement qui a suivi marque bien qu’on a pris le problème à l’envers. Il fallait sans doute des ajustements, mais en braquant l’attention sur des modifications, toutes discutables et perfectibles, on a transformé la prière de l’Église en un immense chantier, quand ce n’était pas un champ de bataille. Quand le temps des folies fut passé, il ne restait plus qu’un ordinaire assez médiocre qui, sauf exceptions, ne répondait pas à l’attente d’un monde qui reste affamé de Dieu et demande aux chrétiens un art de la prière.

    Ce qu’il portait aussi, c’était une conception de la loi liturgique comme décision de l’autorité de l’Église qui publie des livres, fixe des normes et peut commander aujourd’hui ce qu’elle a interdit hier et réciproquement. à part quelques principes généraux, tout pouvait changer, selon les opportunités et, à partir du moment où c’était décidé, tout le monde devait suivre comme un seul homme. Paradoxalement cette perception de l’Église restait assez proche du Concile de Trente qui voyait l’Église comme une armée rangée en bataille. Mais la liturgie peut-elle changer au coup de sifflet ? Le label officiel ne transforme pas automatiquement des constructions élaborées par des commissions en véhicules autorisés de la prière de l’Église. L’histoire montre que les rites surgissent rarement ex nihilo, qu’ils ont été longtemps portés par une portion du Peuple de Dieu avant de devenir le bien de tous, le rôle de l’autorité étant de réguler le mouvement plus que de le précéder.

    Annibale Bugnini, La Réforme liturgique (1948-1975), Artège, 1036 pages, 39 e.

    Ref. sur le site France catholique : «  Mgr Bugnini se justifie » (12 février 2016)

    Dans une interview publiée en 1977 par la revue « Communio » (Cahier n° 6) le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI,  estimait déjà que  « malgré toutes ses qualités », le nouveau missel a été édité comme s’il était un ouvrage revu et corrigé par des professeurs, et non l’une des phases d’une évolution continue. Jamais, poursuit-il, chose semblable ne s’est produite : cela s’oppose à l’essence même de l’évolution de la liturgie. C’est ce seul fait qui a fait naître l’idée absurde que le concile de Trente et Pie V auraient eux-mêmes rédigé un missel il y a quatre cents ans » et Joseph Ratzinger de conclure : « la liturgie ne naît pas de décrets et l’une des faiblesses de la réforme liturgique postconciliaire réside sans aucun doute dans le zèle des professeurs qui, de leur bureau, mettent en oeuvre un travail qui nécessiterait une croissance vivante ». Dans cette critique transparaissent deux thèmes chers à Benoît XVI, trente ans plus tard : il faut promouvoir une « herméneutique » (du verbe grec"hermeneuein "expliquer) de la  continuité et une « réforme de la réforme » liturgique s’impose en ce sens. On l’attend toujours.

    JPS 

  • Vérité et Espérance/Pâque nouvelle, n° 98 (1er trimestre 2016): "Inscrire la laïcité dans la constitution belge, pour quoi faire?"

    mag_98-page-001 (2).jpgInscrire la laïcité dans la constitution belge, pour quoi faire ?

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    LA LAÏCITE: UN CONCEPT EQUIVOQUE

     

     L’irruption des violences islamistes jusqu’au sein même des sociétés occidentales sécularisées offre un prétexte aux descendants du siècle des « Lumières »  pour ressortir leurs vieilles lunes. Au sein des parlements belges, de Laurette Onkelinx à Denis Ducarme, en passant par Olivier Maingain, Patrick Dewael et autres représentants de la « gauche » philosophique, on réclame l’inscription de la laïcité de l’Etat dans la Constitution de la Belgique. Et, pour dissiper toute espèce d’illusion, les libéraux-réformateurs ont déposé aussi 24 propositions législatives détaillant le sens de leur combat, qui est loin de se limiter à un réflexe sécuritaire contre les fous d’Allah. En même temps, la « libre-pensée » militante a lancé un buzz médiatique pour tester la capacité de résistance du nouvel archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr De Kesel, réputé introverti et plutôt timide. Lors d’une interview publiée dans la presse néerlandophone, peu après son sacre, le prélat avait osé dire, à propos de l’euthanasie, que la clause de conscience compatible avec la législation permissive en matière éthique valait non seulement pour les personnes physiques mais aussi pour les personnes morales qu’elles génèrent : par exemple dans le réseau éducatif ou celui des soins de santé [1].Tollé dans les médias qui resservent aussitôt à leur public le « mantra » des faiseurs d’opinion : il faut inscrire la laïcité dans la constitution belge. En riposte, l’archevêque dénonce sur RTL une tentative de privatiser la religion. Mais de quoi s’agit-il, à la fin ?

    La notion même de laïcité (le mot dérive de laïc, non clerc, qui est d’origine ecclésiale) n’est pas univoque, ni en termes de sociologie, ni en termes de droit positif. La question se pose alors de savoir si une notion aussi imprécise, voire confuse, présente une vraie utilité opérationnelle pour les sciences humaines.

    L’article 1er de la constitution française de 1958 proclame que la France est un Etat laïc, sans définir ce qu’il entend par là.

    Rien n’est simple. Ainsi, le concept de laïcité n’est pas forcément synonyme de séparation des Eglises et de l’Etat. De ce point de vue même, la célèbre loi de 1905 expulsant l’Eglise de la sphère publique française n’a pas empêché la République d’entretenir des liens avec elle : loi sur les édifices publics mis à la disposition du culte (1907), rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège (1921), applicabilité du concordat de 1801 en Alsace-Moselle (1925), loi Debré sur les rapports entre l’Etat et les établissements scolaires privés (1959), accord avec le Saint-Siège sur la reconnaissance des diplômes délivrés par l’enseignement supérieur catholique (2008) etc.

    Ajoutant à la perplexité de l’observateur étranger, l’ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy, lors de sa réception paradoxale (pour le Chef d’un Etat séparé de l’Eglise) comme chanoine honoraire de l’archi-basilique du Latran à Rome (2007), avait appelé de ses vœux l’avènement d’une laïcité positive reconnaissant que les religions constituent un atout sociétal ![2]

    Les choses sont-elles plus claires en Belgique ? L’Etat belge n’est pas laïc en ce sens qu’il serait porteur de valeurs publiques transcendant les religions privées, ni obligatoirement agnostique devant le phénomène religieux : la laïcité est assimilée, par la loi, aux cultes reconnus, en tant que philosophie du « libre examen ». 

    Parler de séparation de l’Eglise et de l’Etat serait aussi inapproprié, si l’on entend par là qu’ils n’ont rien à voir ensemble. Les dispositions constitutionnelles et légales organisent plutôt une certaine indépendance dans le respect mutuel [3]. Et même un peu plus : à ce titre, on peut citer la rémunération par l’Etat des ministres des cultes reconnus et divers privilèges ou contraintes connexes ; la répression pénale propre aux désordres et outrages touchant à l’exercice ou aux objets du culte, à la personne de ses ministres ou à leur habit officiel ; l’organisation de préséances protocolaires ou diplomatiques; les honneurs civils et militaires rendus lors de certaines cérémonies religieuses officielles, comme le « Te Deum », mais aussi les poursuites pénales spécifiques contre les ministres du culte qui attaqueraient « directement » un acte de l’autorité publique ou célébreraient le mariage religieux des époux avant leur mariage civil.

    On comprend ainsi pourquoi la neutralité des pouvoirs publics n’est pas mentionnée comme telle dans la constitution, même si certains la déduisent de l’interdiction des discriminations et du principe d’égalité qui y sont inscrits. Face à la pluralité des religions, cette neutralité est, pour le moins, toute relative puisque l’Etat belge (et à sa suite les autres pouvoirs publics) soutient le libre développement des activités religieuses et apporte son aide et sa protection aux sept cultes (laïcité comprise) qu’il reconnaît, parmi lesquels – primus inter pares – le catholicisme romain. Il faut donc, à tout le moins, parler d’une neutralité « positive ». 

    Les traités internationaux ou supranationaux auxquels souscrivent la France ou la Belgique n’imposent aucun modèle à leurs relations avec les cultes. En Europe, comme ailleurs, le statut de ceux-ci varie.

    L’article 17 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne précise que :

    -  « L’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les Eglises et les associations ou communautés religieuses dans les Etats membres » ;

    - « L’Union respecte également le statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les organisations philosophiques et non confessionnelles » ;

    - « Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l’Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces Eglises et organisations ». 

    Il en résulte que :

    - de la laïcité de l’Etat (France) aux religions d’Etat (Danemark, Grèce, Norvège, Royaume-Uni), en passant par les régimes concordataires (du type espagnol, italien, polonais, portugais, allemand, alsacien-mosellan) ou sui generis (comme en Belgique ou en Irlande), l’Union européenne respecte et s’accommode des divers statuts conférés aux cultes par les droits nationaux de ses Etats membres ;

    - dans sa propre relation avec les cultes, l’Union est plus proche du modèle belge que de la laïcité républicaine à la française : celle-ci demeure une exception historiquement datée et sans doute appelée à évoluer.  

    ◊◊

     Quoi qu’il en soit des gloses sur la portée du concept de « laïcité » (considérée comme un postulat), l’enjeu fondamental demeure le même : l’Etat moderne doit-il demeurer sans religion, désormais agnostique, séparé, pluraliste ou neutre ? C’est la question du rapport de celui-ci à la Vérité. Quid est veritas ? demandait Pilate à Jésus.

    A cet égard, la philosophie des « Lumières », au XVIIIe siècle, posait déjà le problème de la conciliation de deux principes qu’elle énonçait : la souveraineté absolue de l’homme sur lui-même, dans ses pensées comme dans sa volonté (Kant) et la nécessité pour l’Etat que chaque citoyen ait une religion « qui lui fasse aimer ses devoirs » (Rousseau).

    Quels devoirs ? Eriger son jugement propre en loi universelle n’est possible que dans une société où nombre de valeurs sont partagées, sans quoi c’est l’anarchie. Il doit donc y avoir un « pacte moral », une profession de « foi » civile en quelque vérité inaltérable qui, en amont du droit positif, fonde le lien social sans lequel l’homme ne peut pas vivre. La question est alors de savoir comment et sur quelle base créer ce consensus éthique fondamental pour la vie en société.

    Sur ce point, une controverse (au sens de la disputatio médiévale) fut organisée, au théâtre Quirino à Rome le 21 septembre 2000, entre le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, et un professeur à l’Université romaine de la Sapienza, le philosophe Paolo Flores d’Arcais, pour explorer des voies de convergence possibles [4]. Au moment décisif du dialogue, le modérateur – Gad Lerner, journaliste à la  Repubblica – s’est demandé si des principes aussi fondamentaux que ceux du Décalogue ne pourraient pas être retenus comme base éthique commune, même par des athées (qui y souscriraient seulement « velut si [comme si] Deus daretur »). Mais cette proposition fut aussitôt rejetée par le philosophe laïc. 

    Ce dernier nia que certaines règles morales ou de droit naturel  puissent constituer des postulats, ou des acquis irréversibles, pour l’humanité : le contrat social est toujours relatif, contingent, renégociable. Ainsi, certains revendiquent-ils maintenant à l’ONU l’insertion de nouveaux « droits » (à l’avortement, à l’euthanasie, au choix du « genre » etc.) dans une Déclaration universelle des droits de l’homme vieille de 50 ans à peine (1948) ! Tout s’écoule, disait déjà le vieil Héraclite. Pareille impasse montre à quel point une définition véritablement universelle (« ubique, semper et ab omnibus ») des droits (et donc des devoirs) humains sans Dieu semble aléatoire.

    Et l’argument selon lequel une laïcité positive permettrait aux religions de contribuer à l’accession de la conscience collective de l’humanité au Souverain Bien paraît faible si tout socle transcendant (ou loi naturelle, comme vous voudrez) imprescriptible est a priori exclu de sa définition. En des temps pas si lointains n’avions nous pas déjà entendu parler d’une autre contribution « positive » : celle des religions à l’édification du socialisme marxiste . Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? « Nisi Dominus aedificaverit domum, in vanum laboraverunt qui aedificant eam » [5] : ceci vaut pour les sociétés comme pour les individus. 

    Pie XII et Benoît XVI ont parlé, dans un tout autre sens, d’une « saine » laïcité. Selon Pie XII (allocution du 23 mars 1958), s’inspirant peut-être (sans le dire) de la théorie classique des« deux glaives » [6], il s’agit de maintenir les deux pouvoirs (spirituel et temporel) « distincts mais aussi toujours unis, selon de justes principes ».  

    Quels principes ? Benoît XVI a déclaré dans une lettre au président du sénat italien (à l’occasion du congrès « liberté et laïcité » à Nursie, 14-16 octobre 2005) que « les droits fondamentaux représentent des valeurs antérieures à toute juridiction de l’Etat. Ils n’ont pas été créés par le législateur mais sont inscrits dans la nature même de la personne humaine et peuvent, par conséquent, renvoyer finalement au Créateur » [7].

    Bien que le pape ne précise pas davantage quels sont ces droits « fondamentaux », on peut raisonnablement penser qu’il se réfère ici aux principes du Décalogue, lequel énonce concrètement les devoirs et donc, corrélativement, les droits de l’homme révélés par le Seigneur Lui-même. 

    ~

    Somme toute, il en va de la laïcité comme des droits de l’homme sans Dieu : un concept dont le sens varie à ce point en est-il encore un ? Le poète Boileau (qui était aussi juriste de formation) disait déjà (art poétique, 1674) : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Si ce n’est pas le cas, mieux vaudrait y renoncer. 

    Jean-Paul Schyns

    ______ 

    [1] Pour être précis, le droit à « l’objection de conscience » n’est garanti qu’aux personnes qui ont une conscience morale. Les institutions n’ont pas cette conscience ontologique. Cela étant, les institutions fondées sur des convictions morales ou religieuses ont le droit de fonctionner conformément à leurs convictions. Ainsi, en l’espèce, ce n’est pas vraiment le droit à l’objection de conscience qui est en cause, mais la combinaison de deux droits fondamentaux : le droit d’association, et le droit à la liberté de religion.

    [2] En ce sens, depuis le vote de la Déclaration « Dignitatis humanae » (1965) par le concile Vatican II, l’Eglise n’a eu de cesse de faire abolir les dispositions constitutionnelles ou concordataires qui, en Europe ou ailleurs, conféraient au catholicisme le statut de religion d’Etat. A l’ancienne doctrine, qui « tolérait » l’expression publique des autres cultes, elle substitua celle de l’Eglise libre dans l’Etat libre favorisant le concert pluraliste des religions.

    [3] Non sans courir le risque d'induire, à cet égard, certaines apparences d’ambiguïté : on se souvient par exemple que, dans l’affaire de mœurs à charge du curé (à l’époque : 1992) de Kinkempois (Liège), un arrangement avait été pris pour que le coupable purge sa peine de privation de liberté dans une abbaye. Semblablement, la défunte commission interdiocésaine pour le traitement des plaintes pour abus sexuels commis dans l'exercice de relations pastorales  (sic) avait conclu avec le collège des procureurs généraux et le ministre de la justice (pouvoir exécutif) un agreement relatif à certaines modalités de traitement des informations que cette commission déciderait, sous sa propre responsabilité, de transmettre au parquet, restant sauve l'indépendance de ce dernier dans l’exercice des recherches et poursuites individuelles. Toutefois, comme le pouvoir judiciaire n’était pas lié par l’accord (dont le seul but était de faciliter les contacts entre la commission et le parquet, nullement de ressusciter une manière de privilège du for ecclésiastique), un magistrat instructeur n’a pas hésité à faire saisir brutalement tous les dossiers de la commission, dans les circonstances que l’on sait, humiliantes pour l’Eglise.

    [4] Le texte du débat est publié dans l’ouvrage  Est-ce que Dieu existe ? Dialogue sur la vérité, la foi et l’athéisme, paru en français aux éditions Payot (2006).

    [5] Psaume 127 : « Si le Seigneur ne bâtit pas la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent ».

    [6] Selon cette théorie, le pouvoir spirituel de l’Eglise, qui commande et ordonne le bien commun surnaturel, et le pouvoir temporel de la société civile, qui commande et ordonne le bien commun naturel, ne peuvent s’opposer : ils se complètent et doivent s’aider mutuellement, sachant que le pouvoir spirituel prime sur le pouvoir temporel (comme l’explique saint Thomas d’Aquin dans le De Regno). Les deux ont le même objet sous des modalités différentes : le bien des âmes.

    [7] Dans son testament spirituel « Mémoire et Identité » (Flammarion , 2005, p. 162) Jean-Paul II ne dit pas autre chose : « La loi établie par l’homme a des limites précises que l’on ne peut franchir. Ce sont les limites fixées par la loi naturelle, par laquelle c’est Dieu lui-même qui protège les biens fondamentaux de l’homme »

     

  • Vérité et Espérance/Pâque nouvelle, n° 98 (1er trimestre 2016): les Belges francophones plus religieux qu'on ne le croit ?

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    LES BELGES FRANCOPHONES PLUS RELIGIEUX QU'ON NE LE CROIT ?

    Lu sur le site du journal Le Soir du 28 janvier 2016. Extraits :

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    75% des francophones revendiquent une identité religieuse

    Les résultats de notre sondage Ipsos-ORELA-RTBF-Le Soir sur la religion surprennent. La religion se porte bien, merci. C’est sans doute le grand enseignement et la grosse surprise de notre sondage Ipsos-ORELA-RTBF-Le Soir, lancé dans le cadre du colloque « La religion dans la cité » ces 29 et 30 janvier à Flagey. On aurait pu s’attendre, dans le climat que l’on connaît – Etat islamique, terrorisme, tensions communautaires, crise migratoire – à un rejet massif du religieux et notamment de l’islam. Il n’en est rien. Tous les indicateurs sont au vert, même si, sur certains points, les Belges francophones se montrent divisés. Voici les premiers grands chiffres du sondage, effectué par téléphone auprès de 600 Belges francophones de 18 ans et plus (300 en Wallonie, 300 à Bruxelles) entre le 12 et le 20 janvier dernier.

    1. L’identité religieuse revendiquée

    Seule une personne sur quatre se dit athée, incroyant, agnostique ou indifférent. Tous les autres revendiquent donc si ce n’est une croyance (la question posée était « êtes-vous… » et non « croyez-vous… ») au moins une identité culturelle liée à une religion. Ainsi, nombreux sont les interrogés à privilégier l’identité de « catholique non pratiquant » (43 % de l’ensemble des personnes interrogées) à celle d’incroyant. Les « pratiquants » de toutes les religions restent néanmoins minoritaires.

    A noter : les musulmans ne représentent que 6 % de la population belge francophone. Mais ils sont nettement plus représentés à Bruxelles (23 %).

    1. La religion, davantage facteur de paix que de violence

    Les sondés ont été interrogés sur leur perception de la religion comme facteur de renforcement identitaire, de paix, de violence et de repli identitaire. On ne constate pas de condamnation massive de la religion. En effet, aucune majorité ne se dégage sur aucun de ses points pour décrier la religion. Même si ces questions divisent fortement. 

    Ainsi les personnes interrogées sont légèrement plus nombreuses à juger que la religion est un facteur de paix (46 % approuvent… même si 52 % ne sont pas d’accord) que de violence (43 % estiment que c’est le cas, contre 56 % qui rejettent cette idée). S’ils ne stigmatisent pas aveuglément, quatre personnes sur dix en ont tout de même globalement une perception plutôt négative. L’association du religieux à un repli identitaire est plus franchement contestée : six personnes sur dix rejettent cette idée et ils sont seulement 35 % à le penser. Une personne sur deux considère enfin que la religion est un facteur de renforcement identitaire, et une personne sur deux n’adhère pas à cette thèse… Mais il est difficile d’apprécier si ce constat est connoté positivement ou négativement.

    Sur ces questions, les réponses des musulmans interpellent. Ainsi, ils sont 93 % à affirmer que la religion est un facteur de paix, et de façon symétrique à récuser l’idée que la religion fournisse son lot de violences (à 94 %). A titre de comparaison, les catholiques se montrent nettement plus critiques par rapport aux croyances : ils sont ainsi 45 % à juger que oui, la religion peut être à l’origine de violences. Outre une réelle conviction que la religion – et la leur en l’occurrence – est bien un facteur de paix, on devine chez ces répondants comme un besoin de défendre le religieux et l’islam à l’heure où ils se sentent sans cesse stigmatisés.

    1. L’islam divise

    L’islam, religion intolérante ? 44 % le pensent… Mais 49 % affirment l’inverse. L’islam demeure cependant le courant religieux qui clive le plus et celui qui recueille le plus haut taux « d’intolérance » aux yeux des personnes interrogées. Le judaïsme et l’évangélisme n’incarnent cependant pas pour les Belges francophones des mouvements très ouverts. A contrario, le catholicisme remporte tous les suffrages. Considéré par 77 % des sondés comme tolérant, il est talonné par la laïcité avec 72 %. 

    Pour Jean-Philippe Schreiber, fondateur de l’Observatoire des Religions et de la Laïcité (ORELA), à l’origine de ce colloque, les résultats du sondage, s’ils sont nuancés, se révèlent globalement rassurants :« De manière générale, dans le contexte actuel, il est remarquable de noter qu’on ne stigmatise pas la religion de manière exacerbée. Nous ne sommes pas dans le conflit culturel : les données ne le montrent pas, en tout cas. Il semble au contraire que la tolérance à l’égard de la religion de l’autre soit importante, même si dans le même temps, on observe un besoin d’affirmer une identité. »

     

  • Dimanche 17 avril : Journée des Vocations "On n’attire personne par des incertitudes. Là où il y a des vocations, c’est quand il y a une image claire du prêtre."

    De Famille Chrétienne (Jean-Marie Dumont) :

    IMG_6715.jpg«  L’Église célèbre ce dimanche 17 avril la Journée mondiale de prière pour les vocations, notamment sacerdotales. Réaction du Père Michel Gitton, fondateur de la communauté Aïn Karem.

    D’année en année, l’Église appelle à prier pour les vocations. Cela sert-il à quelque chose ?

    Bien sûr ! C’est toute la question de la prière de demande. Jésus nous a demandé de prier et d’insister. Notre prière est indispensable, elle rend le monde plus perméable à la présence et à l’action de Dieu. Notre prière a pour effet d’ouvrir nos cœurs à son action. On doit toujours être assuré que notre prière aura de l’effet.

    L’image du prêtre a une nouvelle fois été ternie dans les médias ces dernières semaines. Prier pour les vocations, est-ce aussi prier pour les prêtres ?

    Prier pour les prêtres est une des grandes préoccupations de l’Église. Il y a des ordres religieux qui intègrent cette dimension dans leur programme de vie. Cela doit être le souci de chacun.

    Davantage aujourd’hui qu’avant ?

    Dans l’ambiance des années 1968, tout le côté pénitentiel et ascétique de la vie de prêtre a été jeté aux oubliettes. On a introduit un discours de facilité, consistant à dire que le prêtre est un homme comme les autres, qu’il a le droit comme tout le monde de s’épanouir, de se détendre. On a eu tendance à considérer le sacerdoce comme un rôle social au milieu des autres.

    Or, la vision conforme à l'essence du sacerdoce nous amène à voir dans le prêtre un homme donné, immolé, offrant sa vie aux autres par son dévouement et au Christ par son être. Ce faisant, des distances ont été prises par rapport aux règles de prudence et d’ascèse qui entouraient son ministère. Quand on abandonne cette vision mystique et sérieuse du sacerdoce, le passage à l’acte est rendu beaucoup plus facile quand des tentations se présentent.

    On n’attire personne par des incertitudes. Là où il y a des vocations, c’est quand il y a une image claire du prêtre.

    A-t-on retrouvé un équilibre plus juste dans cette prudence ?

    Je crois qu’on est sur la bonne voie. J’ai moi-même été ordonné dans la crise de l’après-68, au moment où on bazardait toutes ces règles de prudence, pas forcément avec l’intention de mal faire, mais pour abandonner le cadre qui avait cours jusqu’alors. La sagesse de l'Église amenait auparavant à garder certaines distances, par exemple au confessionnal, avec la fameuse grille qui séparait le pénitent du prêtre.

    On a développé une sorte de rousseauisme, partant de l’idée qu’aux purs tout est pur, que tout va bien si on n’a pas de mauvaises intentions. C’est oublier le péché originel. La prudence est la défense des faibles.

    [...]

    Comment expliquez-vous que certaines communautés ou séminaires « recrutent » et d’autres pas du tout ?

    Un jeune qui s’engage aujourd’hui ne veut pas s’engager dans quelque chose qui n’a pas de consistance. Si on commence par dire qu’il n’y aura bientôt plus de prêtres, et à expliquer que le prêtre ne doit pas être visible, qu’il n’y a pas d’autorité, c’est fichu. On n’attire personne par des incertitudes. Là où il y a des vocations, c’est quand il y a une image claire du prêtre et une volonté de construire. Je ne vois pas comment un jeune pourrait avoir envie de risquer sa vie pour quelque chose qui n’est pas clair et qui n’a pas d’avenir. Ce serait suicidaire.

    Ce qui est en jeu, c’est la paternité sacerdotale. Dans beaucoup de cas, on a préparé les hommes à être diaphanes, à mettre les autres en avant, à ne pas avoir d’autorité. On ne les a pas préparés à devoir s’affronter au monde. Or le prêtre est un père, un bâtisseur, qui doit lutter contre l’indifférence et aller de l’avant. Si on part de l’idée que le prêtre doit être en rotation permanente, le représentant local de l’évêque, sans aucun charisme personnel, on va dans le mur. »

  • 22 mars à Bruxelles…chez nous

    Le message d’Eric de Beukelaer, Curé-Doyen de Liège (rive gauche) :

    "Voici ce que j’écrivais au soir des attentats du Bataclan : « Nous le savons : la guerre contre le terrorisme n’épargne personne. Le monde est devenu un village et les conflits s’exportent. Ce soir, Paris saigne. Notre cœur aussi. D’autres attaques sont possibles, voire probables… Demain ou dans un mois. Aucune métropole européenne n’est à l’abri. Aucun lieu n’est totalement sécurisé. Aucun terrorisme ne peut être totalement contrôlé. Comment réagir ? Ne tombons pas dans le piège qui nous est tendu. Contre la terreur, ni peur, ni haine. Restons debout. Soyons citoyens. Ce soir, Paris saigne. Mais la ville-lumière se redressera. Soyons solidaires. Nous sommes Paris. »

    Ce matin, c’est chez nous. Les pensées, larmes et prières vont vers les victimes – encore inconnues – et leurs familles. Dans les rues de Liège, pour la première fois, je marche en regardant derrière moi. J’essaie de joindre un proche, qui habite la capitale. Réseaux saturés. Pourtant, au cœur du marasme et de la stupeur, le message reste le même : Contre la terreur – ni peur, ni haine. Restons debout. Soyons citoyens. La cible, c’est la démocratie. Ce sont nos libertés qui sont visées. Contre ceux qui veulent renvoyer l’humanité aux ténèbres, réagissons en criant notre amour de la lumière.

    Et pour les chrétiens, qui me lisent – encore ceci : Nous sommes entrés dans la semaine sainte, la semaine de la Croix, qui ouvre sur la Résurrection. En cette heure de Pâques sanglantes à Bruxelles – où, une fois de plus, c’est l’innocent qui est visé – soyons témoins d’Espérance."

    Ref. #Bruxelles… Chez nous 

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    Pensons-y en ce Triduum Pascal 

    Liège : votre Semaine Sainte 2016 à l’église du Saint-Sacrement

     

  • Le chant des offices de la liturgie liégeoise médiévale : une conférence de Marcel Pérès à l’église des Bénédictines au Boulevard d’Avroy le dimanche 14 février 2016 à 15h30

    sigle_bleu.jpgAcadémie  de  Chant  grégorien à Liège

    Secrétariat :  Jean-Paul Schyns,  Quai Churchill , 42/7  4020  Liège

    E-mail : academiedechantgregorienliege@proximus.be

    Tél. 04.344.10.89      Site :   http://www.gregorien.be

        

     

     Église de l’abbaye des Bénédictines de Liège

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    Boulevard d’Avroy, 54 

    Dimanche 14 février 2016 à 15h30 

    LE CHANT DES OFFICES DE LA LITURGIE LIÉGEOISE MÉDIEVALE

    Trinité, Fête-Dieu, Saint Lambert 

    CONFÉRENCE 

    donnée par  

    Marcel-Peres (1).jpgSt.Lambert ms 5.jpg 

    MARCEL PÉRÈS

     Directeur de l’Ensemble « Organum » et du CIRMA (Centre Itinérant de Recherche sur les Musiques Anciennes). 

    Les manuscrits présentés portent encore beaucoup d’éléments constitués au cours de la renaissance carolingienne et offrent de précieuses indications sur l’art de la scansion du plain-chant, comme le montrera aussi l’interprétation vocale d’extraits de ces manuscrits. 

     P.A.F : 10 € (à l’entrée)

    Renseignements et réservations : 04.344.10.89 (J.P. Schyns) ou 04. 223.77.20 (demander Sœur Petra)

    Voir aussi : 

    http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com/archive/2016/01/22/academie-de-chant-gregorien-a-liege-trois-sessions-et-deux-c-5748645.html

  • Ethique sociale: pourquoi nous nous intéressons à l'écologie

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    Cycle de conférences 2015-2016

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    ECOLOGIE INTÉGRALE 

     

     

     

     

    « Laudato si », l’encyclique du pape François sur la sauvegarde de la maison commune soulève enthousiasmes ou étonnements. Avec le cycle de conférences de cette année, nous nous efforcerons, sous l’impulsion de l’encyclique, de découvrir le lien profond créé par Dieu entre l’homme et son environnement : un lien que l’homme est appelé à utiliser, mais pas à contrarier

     

    POURQUOI NOUS NOUS INTÉRESSONS À L’ÉCOLOGIE 

    Synthèse de la conférence prononcée par

    Monseigneur Jean-Pierre DELVILLE

    Évêque de Liège 

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    Lors du lunch-débat organisé à l’

    Université de Liège, salle des Professeurs, le

    vendredi 11 décembre 2015

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    Le vendredi 11 décembre 2015, Mgr Jean-Pierre Delville,évêque de Liège était l’invité d’un lunch-débat organisé à l’Université de Liège par l’Union des étudiants catholiques de Liège et le Groupe éthique sociale, associés au forum de conférences Calpurnia. Le thème de son exposé portait sur les enjeux de l’encyclique « Laudato si » donnée à Rome par le pape François le 24 mai 2015. Dans son introduction à l’édition de la version française de cette lettre pontificale, Mgr Delville a écrit : « L’encyclique est une symphonie dans laquelle le pape réunit tous les aspects de la crise écologique en développant les thèmes du tragique et du mystique, des ombres et des lumières, des incohérences et de l’espérance dans notre monde et notre société. Il débouche ainsi sur la notion d’écologie intégrale ».

    La création : une symphonie… inachevée

     « Laudato si » est un « cri d’alarme » écologique. Mais, un peu comme dans la fameuse 5e symphonie de Beethoven, les notes dramatiques du débutse développent en un discours élaboré : ainsi l’encyclique est-elle une symphonie dans laquelle le pape François réunit tous les aspects de la crise écologique, en développant les thèmes du tragique et du mystique, des ombres et des lumières, des incohérences et de l’espérance, dans notre monde et notre société. Il débouche ainsi sur la notion nouvelle d’ « écologie intégrale » (chapitre 4), dans laquelle les différents aspects de l’écologie sont liés à toutes les dimensions de la viehumaine, et en particulier au sort des plus pauvres.

     

    Situer l’encyclique dans son contexte

    L’encyclique « Laudato si » doit être resituée dans le cadre des encycliques sociales des papes :

    -Immortale Dei (1885) de Léon XIII, sur la constitution chrétienne des États

    -Rerumnovarum (1891) de Léon XIII, sur la condition des ouvriers (associations, justice sociale)

    -Graves de communire (1901) de Léon XIII, sur la démocratie chrétienne

    -Quadragesimoanno (1931) de Pie XI, dans la crise de 1929

    -Mater et magistra (1961) de Jean XXIII, sur l’Église et la société

    -Gaudium et spes, de Vatican II, 1965 (dialogue avec société, justice, paix, famille)

    -Populorumprogressio de Paul VI, 1967, sur le développement des peuples.

    -Octogesimaadveniens de Paul VI au cardinal Roy, de 1971, sur  justice et responsabilité (entre autres sur les femmes, le développement)

    -Laboremexercens de Jean-Paul II (1981) sur le travail. S’agissant ducapitalisme, « la différence réside dans la manière de comprendre le droit de propriété : la tradition chrétienne n'a jamais soutenu ce droit comme un droit absolu et intangible. Au contraire, elle l'a toujours entendu dans le contexte plus vaste du droit commun de tous à utiliser les biens de la création entière : le droit à la propriété privée est subordonné à celui de l'usage commun, à la destination universelle des biens. »

    -Sollicitudoreisocialis, Jean-Paul II (1987), (sur le développement)

    -Centesimusannus, Jean-Paul II (1991) : Elle est une critique du néolibéralisme et de la conception du capital et du profit qui ne tient compte ni de l'homme ni des ressources de la terre.

    -Deus caritas est de Benoit XVI 2005, sur agapê-caritas.

    Le plan méthodologique : voir, juger, agir

    Le plan de l’encyclique peut être lu à la lumière du « voir-juger-agir » (*) .

    Le chapitre 1 (Ce qui se passe dans notre maison) donne à« voir » : il s’agit d’une analyse de la situation écologique du monde. 

    La notion de « juger » couvre trois chapitres : le chapitre 2 (L’évangile de la création), qui présente la tradition judéo-chrétienne sur le sujet de l’écologie, le chapitre 3 (La racine humaine de la crise écologique), qui cherche à identifier les causes du problème écologique et pointe à ce sujet la technologie, et le chapitre 4 (Une écologie intégrale), qui présente la thèse du pape : la nécessité d’une écologie globale, qui couvre tous les aspects de la vie humaine, car, écrit-il souvent, « tout est lié ».

    La notion d’ « agir »préside au chapitre 5 (Quelques lignes d’orientation d’action), qui insiste sur une action politique au niveau mondial, et au chapitre 6 (Education et spiritualité écologiques), qui propose des lignes d’action personnelles et une spiritualité qui motive cet engagement.

     

    Les sources d’inspiration

    Pour ce qui est des sources d’inspiration du texte, il est frappant de voir que le pape :

    • après avoir recueilli les réflexions de ses prédécesseurs et celles qu’il a émises récemment, s’inspire beaucoup de nombreuses déclarations d’épiscopats locaux: Japon, Canada, Brésil, Argentine, République Dominicaine, Mexique, Nouvelle-Zélande, Asie, Amérique Latine, etc. Il met ainsi en valeur le travail des Églises locales et manifeste que le sujet est travaillé depuis des années à la base ;
    • se réfère aussi au patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée, « chef » de l’Église orthodoxe, qui est un grand spécialiste de la question ;
    • utilise également les Déclarations des grands congrès internationaux sur le sujet (comme celle de Rio, de 1992) ;
    • se base sur un auteur qui lui tient à cœur et sur lequel il avait travaillé pour son doctorat : Romano Guardini (1885-1968) et son livre La fin des temps modernes.
    • s’inspire de la figure de saint François d’Assise, dont il a pris le nom en tant que pape et dont il valorise l’engagement pour une solidarité avec la nature, au point qu’il a pris comme titre de l’encyclique le début du Cantique des créatures de saint François : « Laudato si ». (« Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère Soleil, qui est le jour et par qui tu nous illumines »).

     

    Chapitre I : la crise écologique mesurée à ses répercussions sur la vie humaine

    La grande intuition qui traverse tout le document est que la crise écologique doit être mesurée à ses répercussions sur la vie humaine et en particulier sur la vie des plus pauvres. Ceux-ci sont les premières victimes de la situation actuelle : ils souffrent du manque d’eau, de la mauvaise gestion des ordures, des changements climatiques, des situations économiques dégradées, de la destruction des ressources naturelles au profit des monocultures (chapitre 1) :

    • le climat (§ 23) est un bien commun de tous et pour tous. Au niveau global, c’est un système complexe en relation avec beaucoup de conditions essentielles pour la vie humaine. Il existe un consensus scientifique très solide pour admettre que nous sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système climatique.
    • l’eau (§ 28) potable et pure représente une question de première importance, parce qu’elle est indispensable pour la vie humaine comme pour soutenir les écosystèmes terrestres et aquatiques.
    • les ressources de la terre (§ 32) sont aussi objet de déprédation à cause de la conception de l’économie ainsi que de l’activité commerciale et productive fondées sur l’immédiateté. La disparition de forêts et d’autres végétations implique en même temps la disparition d’espèces qui pourraient être à l’avenir des ressources extrêmement importantes non seulement pour l’alimentation, mais aussi pour la guérison de maladies et pour de multiples services.
    • la dégradation de la qualité de la vie (§ 43) sur la planète est inégalitaire (§ 48) : « tant l’expérience commune de la vie ordinaire que l’investigation scientifique démontrent que ce sont les pauvres qui souffrent davantage des plus graves effets de toutes les agressions environnementales ».

    Le monde est menacé de destruction par l’action humaine : c’est un jugement sévère que les historiens futurs risquent de faire sur les hommes du 21e siècle et l’on doit constater que les réactions sont faibles (§ 53)

    Chapitre II : l’évangile de la création

    Dans le chapitre II, le pape se base aussi sur une lecture renouvelée de la Bible et de l’action de Jésus, spécialement lorsque celui-ci part du respect vis-à-vis des oiseaux pour faire découvrir la dignité humaine.

    Après la création de l’être humain, il est dit (§ 65) que « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn1, 31). La Bible enseigne que chaque être humain est créé par amour, à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn1, 26).

    Ces récits suggèrent (§ 66) que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre. Selon la Bible, les trois relations ont été rompues, non seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur de nous. Cette rupture est le péché.

    Pour cette raison, il est significatif que l’harmonie que vivait saint François d’Assise avec toutes les créatures ait été interprétée comme une guérison de cette rupture. Saint Bonaventure disait que par la réconciliation universelle avec toutes les créatures, d’une certaine manière, François retournait à l’état d’innocence.

    Cette responsabilité vis-à-vis d’une terre qui est à Dieu implique (§ 68) que l’être humain, doué d’une intelligence, respecte les lois de la nature et les délicats équilibres entre les êtres de ce monde, parce que « lui commanda, eux furent créés, il les posa pour toujours et à jamais sous une loi qui jamais ne passera » (Ps 148, 5b-6).

    Dans le récit concernant Caïn et Abel nous voyons (§ 70) que la jalousie a conduit Caïn à commettre l’injustice extrême contre son frère. Ce qui a provoqué à son tour une rupture de la relation entre Caïn et Dieu, et entre Caïn et la terre, dont il a été exilé.

    Pour la tradition judéo-chrétienne, dire ‘‘création’’, c’est signifier plusque « nature », parce qu’il y a un rapport avec un projet de l’amour de Dieu dans lequel chaque créature a une valeur et une signification (§ 76). La nature s’entend d’habitude comme un système qui s’analyse, se comprend et se gère, mais la création peut seulement être comprise comme un don qui surgit de la main ouverte du Père de tous, comme une réalité illuminée par l’amourqui nous appelle à une communion universelle (§ 77).

    Si nous reconnaissons la valeur et la fragilité de la nature, et en même temps les capacités que le Créateur nous a octroyées, cela nous permet d’en finir aujourd’hui avec le mythe moderne du progrès matériel sans limite. Un monde fragile, avec un être humain à qui Dieu en confie le soin, interpelle notre intelligence pour reconnaître comment nous devrions orienter, cultiver et limiter notre pouvoir (§ 78).

    Quand nous prenons conscience du reflet de Dieu qui se trouve dans tout ce qui existe, le cœur expérimente le désir d’adorer le Seigneur pour toutes ses créatures -et avec elles- comme cela est exprimé dans la belle hymne de saint François d’Assise (§ 87) :

    « Loué sois-tu, mon Seigneur,

    avec toutes tes créatures, spécialement messire frère soleil,

    qui est le jour, et par lui tu nous illumines.

    Et il est beau et rayonnant avec grande splendeur,

    De toi, Très-Haut, il porte le signe.

    Loué sois-tu, mon Seigneur,

    Pour sœur lune et les étoiles,

    Dans le ciel tu les as formées,

    Claires, précieuses et belles. »

    S’en suit la notion de communion universelle (§ 89 et svts), d’où se déduit (saint Thomas d’Aquin) ladestination commune des biens (§ 93 et svts). 

    Qu’en est-il du regard de Jésus sur la création (§ 96 et svts) ?

    • Jésus reprend la foi biblique au Dieu créateur et met en relief un fait fondamental : Dieu est Père (cf. Mt 11, 25). « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit » (Mt 6, 26).
    • Jésus vivait en pleine harmonie avec la création (§ 98) et les autres s’en émerveillaient : « Quel est donc celui-ci pour que même la mer et les vents lui obéissent ? » (Mt 8, 27).
    • Le Prologue de l’Évangile de Jean (1, 1-18) montrel’activité créatrice du Christ comme Parole divine (Logos). Mais ce prologue surprend en affirmant que cetteParole « s’est faite chair» (Jn 1,14).« Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute pléni­tude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en fai­sant la paix par le sang de sa croix » (Col 1, 19-20). (§§ 99 et 100) 

    Chapitre III : la racine humaine de la crise écologique

    technologie :

    Cette réflexion se concentre sur le paradigme technocratiquedominantainsi que sur la place de l’être humain et de son action dans le monde.

    La techno-science, bien orientée, non seulement peut produire des choses réellement précieuses pour améliorer la qualité de vie de l’être humain mais aussi de la beauté, réalisant ainsi un saut vers une certaine plénitude proprement humaine (§ 101 à 103).

    Mais nous ne pouvons pas ignorer que l’énergie nucléaire, la biotechnologie, l’informa­tique, la connaissance de notre propre ADN et d’autres capacités que nous avons acquises, nous donnent un terrible pouvoir. Mieux, elles donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité et sur le monde entier (§ 104).

    On a tendance à croire « que tout accroissement de puissance est en soi ‘progrès’, un degré plus haut de sécurité, d’utilité, de bien-être, de force vitale, de plénitude des valeurs », comme si la réalité, le bien et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique lui-même (§ 105).

    Le problème fondamental est autre, encore plus profond : la manière dont l’humanité a, de fait, assumé la technologie et son développement avec un paradigme homogène et unidimensionnel (§ 106).

    On peut dire par conséquent qu’à l’origine de beaucoup de difficultés du monde actuel, il y a, avant tout, la tendance -pas toujours consciente- à faire de la méthodologie et des objectifs de la techno-science un paradigme de compréhension qui conditionne la vie des personnes et le fonctionnement de la société (§ 107).

    anthropocentrisme :

    L’anthropocentrisme moderne, paradoxalement, a fini par mettre la raison technique au-dessus de la réalité, parce que l’être humain « n’a plus le sentiment ni que la nature soit une norme valable, ni qu’elle lui offre un refuge vivant. Il la voit sans suppositions préalables, objectivement, sous la forme d’un espace et d’une matière pour une œuvre où l’on jette tout, peu importe ce qui en résultera » (§ 115).

    Il est nécessaire de préserver le travail. Nous y sommes appelés dès notre création. On ne doit donc pas chercher à ce que le progrès technologique remplace de plus en plus le travail humain, car ainsi l’humanité se dégraderait elle-même. Le travail est une nécessité, il fait partie du sens de la vie sur cette terre, chemin de maturation, de développement humain et de réalisation personnelle.Pour qu’il continue d’être possible de donner du travail, il est impérieux de promouvoir une économie qui favorise la diversité productive et la créativité entrepreneuriale (§ 124 et svts)

    S’agissant des innovations biologiques, l’intervention légitime est celle qui agit sur la nature « pour l’aider à s’épanouir dans sa ligne, celle de la création, celle voulue par Dieu » (§ 132 et svt)

      

    Chapitre 4 : écologie intégrale

    C’est ainsi que le papelance (§ 137) la notion d’écologie intégrale (chapitre 4) : le mot « intégral » est cher au magistère de l’Église depuis le début du 20esiècle et fait référence à la notion d’ « humanisme intégral » développée par le philosophe Jacques Maritain (1882-1973).« Tout est lié » …

    Ecologie environnementale, économique et sociale : 

    Si tout est lié, l’état des institutions d’une so­ciété a aussi des conséquences sur l’environnement et sur la qualité de vie humaine : « toute atteinte à la solidarité et à l’amitié civique provoque des dommages à l’environnement » (§ 142).

    Ecologie culturelle : 

    Il y a, avec le patrimoine naturel, un patri­moine historique, artistique et culturel, également menacé. Il fait partie de l’identité commune d’un lieu et il est une base pour construire une ville habitable (§ 143).

    Ecologie de la vie quotidienne :

    Pour parler d’un authentique développement, il faut s’assurer qu’une amélioration intégrale dans la qualité de vie humaine se réalise ; et cela implique d’analyser l’espace où vivent les personnes, leur vie quotidienne (§ 147)

    Le manque de logements est grave dans de nombreuses parties du monde, tant dans les zones rurales que dans les grandes villes, parce que souvent les budgets étatiques couvrent seulement une petite partie de la demande (§ 152).

     

    Chapitre 5 : lignes d’orientation et d’action

    Les situations d’injustice et d’exploitation sauvage des ressources naturelles nécessitent une intervention politique au niveau mondial.  C’est une constatation centrale (chapitre 5). 

    L’interdépendance nous oblige à penser à un monde unique, à un projet commun (§ 164)

    Il convient de mettre l’accent sur le Sommet Planète Terre, réuni en 1992 à Rio de Janeiro. Il y a été proclamé que « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable » (§ 167)

    Face à la possibilité d’une utilisation irresponsable des capacités humaines, planifier, coordonner, veiller, et sanctionner sont des fonctions impératives de chaque État (§ 177)

    La politique ne doit pas se soumettre à l’économie et celle-ci ne doit pas se soumettre aux diktats ni au paradigme d’efficacité de la technocratie. Aujourd’hui, en pensant au bien commun, nous avons impérieusement besoin que la politique et l’économie, en dialogue, se mettent résolument au service de la vie, spécialement de la vie humaine. Sauver les banques à tout prix, en faisant payer le prix à la population, sans la ferme décision de revoir et réformer le système dans son ensemble, réaffirmer une emprise absolue des finances qui n’a pas d’avenir et pourra seulement générer de nouvelles crises après une longue, coûteuse et apparente guérison (§ 189).

    Dans la ligne de ses prédécesseurs, le pape François fait appel, plus que jamais, à une autorité politique mondiale pour régler les questions de l’avenir de l’humanité (§ 175).

     

    Chapitre 6 : nos actions personnelles

    Beaucoup de choses doivent être réorientées, mais avant tout l’humanité a besoin de changer. La conscience d’une origine commune, d’une appartenance mutuelle et d’un avenir partagé par tous, est nécessaire (§202).

    Un changement dans les styles de vie pourrait réussir à exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social (§ 206).  

    Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde. Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que l’on peut constater, parce qu’elles suscitent sur cette terre un bien qui tend à se répandre toujours, parfois de façon invisible (§ 212).

    Cela n’empêche pas un engagement immédiat de chacun : c’est pourquoi le pape appelle chaque chrétien à une « conversion écologique » (§ 216). Il s’agit d’un engagement personnel que tous peuvent prendre et qui passe par les gestes de la vie quotidienne.

    Les individus isolés peuvent perdre leur capacité, ainsi que leur liberté pour surmonter la logique de la raison instrumentale, et finit par être à la merci d’un consumérisme sans éthique et sans dimension sociale ni environnementale (§ 219).

    Prière pour notre terre (§ 246)

    Dieu tout-puissant, qui es présent dans tout l’univers et dans la plus petite de tes créatures,

    Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,

    Répands sur nous la force de ton amour pour que nous protégions la vie et la beauté.

    Inonde-nous de paix, pour que nous vivions comme frères et sœurs,

    Sans causer de dommages à personne.

    Ô Dieu des pauvres,

    Aide-nous à secourir les abandonnés.

    C’est par la capacité du don de soi que l’on dépassera les menaces de la situation écologique et que l’on découvrira la joie et la paix dans une nouvelle relation de contemplation vis-à-vis du cosmos et de nos frères humains. Ainsi la symphonie dramatique devient-elle une « symphonie pastorale », qui se termine par une section apaisée et incite chaque lecteur à l’action et à l’espérance.

    _____________

    (*) Les textes magistériels ont élaboré la doctrine sociale de l'Église à partir de plusieurs éléments fondamentaux constitutifs. Née au XIXe siècle de l'affrontement entre le message évangélique et l'évolution des problèmes sociaux de l'époque, la doctrine sociale a maintenant une identité et une autonomie propres. Réflexion, surtout théologique, axée sur la juste intelligence de l'homme et de sa destinée à travers l'évolution de ses conditions de vie, cette doctrine a trois dimensions : théorique, historique et pratique.

    Sa méthodologie en trois temps (voir, juger, agir) lui permet d'analyser les causes de l'injustice sociale, en s'appuyant à la fois sur des bases philosophiques et théologiques et l'apport positif des sciences sociales. (note de l’Union) 

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  • A l'ULg le mercredi 13 janvier 2016 (18h00), lunch débat avec Drieu Godefridi: 'Laudato si' et les grands mythes du développement durable

     

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    dg1212.jpgDrieu GODEFRIDI est un manager, actuellement à la tête d'une entreprise européenne qu'il a créée il y a dix ans. Positionné comme philosophe libéral, il répondra à la question: un esprit libéral classique peut-il se retrouver dans les préconisations de l'encyclique "Laudato si' du pape François face à la crise écologique, une encyclique que d’aucuns considèrent moins en phase avec le modèle d’économie de marché défendu par Jean-Paul II (« Centesimus annus »)?

    La rencontre se tient à la salle des professeurs dans le bâtiment du Rectorat de l’Université de Liège, place du XX août, 7, 1er étage (accès par la grande entrée : parcours fléché).

     

    Participation aux frais : 10 € (à régler sur place) - 2 € pour les étudiants


    Inscription nécessaire au plus tard trois jours ouvrables à l’avance (9 janvier 2016) :
    soit par téléphone : 04 344 10 89
    soit par email : info@ethiquesociale.org
    soit sur le site internet : 
    www.ethiquesociale.org

    JPSC

  • Magazine "Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle": n° 97, hiver 2015

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) sort sa livraison d’hiver. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation (les articles mentionnés en bleu sont disponibles en ligne sur le blog de l’église du Saint-Sacrement: cliquez sur le titre de l’article).

    Au sommaire de ce numéro n° 97 (4e trimestre 2015) : 

    À la Nativité par l’Angélus

    Faut-il en finir avec le péché originel ?

    Lettre pastorale de l’évêque de Liège pour l’année jubilaire de la miséricorde

    Famille : le synode de la confusion

    Djihad : le choc de deux sociétés en crise 

    Fabrice Hadjadj : prendre le glaive pour étendre le royaume de l’amour

    Annie Laurent : l’islam est fragile

    La Belgique, base arrière du terrorisme islamique

    Cardinal Danneels : une biographie qui fait du bruit

    Succession de Mgr Léonard : la désignation de l’évêque de Bruges, Mgr De Kesel, réjouit le landerneau médiatique

    Monseigneur Léonard : adieu, Belgique

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    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

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