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Réflexion faite - Page 15

  • A la Nativité par l'Angélus

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    À LA NATIVITÉ PAR L’ANGÉLUS 

    Trois fois le jour, l’appel de l’angélus nous convie à la Nativité du Christ. Non seulement à la célébration de sa naissance dans le temps de notre histoire, mais aussi à l’accomplissement de sa naissance en nous-mêmes.

    La Sainte Vierge y est notre modèle, et la demande que nous lui adressons par la prière des Ave reçoit réponse assurément, de manière à nous conformer efficacement à elle, si nous la prions avec cœur.

    Cette simple prière renferme, comme nous allons le voir, un enseignement substantiel et sûr de vie spirituelle ; la place qui revient à Marie dans l’œuvre de notre salut y est indiquée par la sainte Ecriture, dont sont extraites en effet les trois invocations qui la composent.

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    ANGELUS DÓMINI NUNTIÁVIT MARÍÆ,

    ET CONCÉPIT DE SPÍRITU SANCTO.

    « L’Ange du Seigneur a porté l’annonce à Marie,

    et elle a conçu du Saint-Esprit. »

    ~

    AVE MARÍA... ― « Je vous salue, Marie... »

    ~

    Le Seigneur envoie son Ange. On se rappellera par ce premier verset que l’initiative de « ce qui est bon » vient indubitablement de Dieu. Ainsi en fut-il dès les origines : « Au commencement, Dieu... » (Gn, 1, 1) Tout bien procède de lui, et s’il nous arrive d’y coopérer, ce ne peut se faire qu’en vertu de sa grâce : sous sa motion, puis par elle. C’est Dieu qui nous a aimés en premier (Cf. 1 Jn 4, 10 [Vulg.]).

    Cette coopération, Dieu la veut : il associe en effet à l’œuvre maîtresse qu’est l’Incarnation une Fille des hommes, à laquelle il confie une place déterminante dans le mystère : le Christ, Verbe fait chair, l’Enfant de la crèche, sera « l’os de ses os et la chair de sa chair » (cf. Gn 2, 23).

    ~

    La volonté divine se fait connaître à elle non point directement, mais par l’intermédiaire d’une créature : l’Ange. Dieu peut certes communiquer directement avec l’âme de ses fidèles, mais dès avant qu’il ne vienne habiter parmi nous, il montre qu’il entend s’exprimer par la voix de ministres qu’il prépose à cette fin.

    Cette caractéristique s’observe à plusieurs reprises au moment charnière de l’histoire du salut : annonce à Zacharie (Lc 1, 11), à saint Joseph (Mt 1, 20), aux bergers de Bethléem (Lc 2, 9)... Elle était déjà de règle sous l’ancienne Alliance, où Dieu parle « par les prophètes » (Credo), et aux jours de la manifestation du Messie, quand « il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses » (Hb 1, 2). Puis, ce même Fils donne mission à ses Apôtres et à leurs successeurs de parler en son Nom : « Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé. » (Lc 10, 16)

    Si la Vierge choisie pour être Mère de Dieu écoute humblement l’Ange, qui sommes-nous donc, nous, pour prétendre avoir accès aux desseins du Très-Haut sans écouter ceux qu’il a établis « princes sur toute la terre » (Ps 44 [45], 17, texte que la Liturgie applique aux Apôtres Pierre et Paul et à leurs successeurs) ? Qui sommes-nous pour répandre exégèses, prêches et thèses hors de l’approbation de ceux qui ont reçu de lui mission de gouverner son troupeau ?

    ~

    Or, si le Seigneur a voulu que le Christ vînt au monde par Marie, c’est aussi par Marie qu’il viendra en nos cœurs : le Saint-Esprit a manifesté où va sa prédilection.

    La Vierge Marie est unique. Pas seulement l’unique qui puisse donner naissance au Christ ; mais, puisqu’elle est le pont par lequel la Divinité est entrée dans notre humanité, elle est pareillement le seul passage par lequel notre humanité puisse rejoindre la Divinité.

    Le Christ est le seul Médiateur : il l’est en qualité d’unique « Pontife des biens à venir » (He 9, 11). Or le Pontife (Ponti-fex) est celui qui « fait un pont ». Sans Pontife, point de pont : le Pontife est donc le Médiateur. Mais sa médiation même, c’est le pont qu’il fait. Voilà pourquoi le pont participe de son titre de Médiateur, sans être pour autant un autre médiateur. Il n’y a pas deux médiateurs. Marie est Médiatrice parce qu’elle est le Pont que ‘fait’ le Verbe-Pontife, par le choix qu’il fait d’elle en son Incarnation.

    La Médiatrice n’est pas juxtaposée au Médiateur comme le sont deux termes d’un binôme. La Mère du Christ et le Christ sont bien entendu deux personnes distinctes, mais il ne s’ensuit pas que la médiation de la Mère vienne se surajouter à la médiation du Fils : elle en est indissociable, tout de même que le titre de « Mère de Dieu » qui lui revient (Concile d’Ephèse) est inhérent à celui de « Verbe fait chair » porté par son Fils.

    ~

    Semblablement, le rôle de la Vierge Marie focalise notre foi sur l’action du Saint-Esprit : « et elle a conçu du Saint-Esprit. »

    Tout ce que fait Marie, elle le fait par le Saint-Esprit : sans doute est-elle dite bienheureuse d’avoir porté et nourri le Christ, mais Notre-Seigneur précise que c’est d’abord pour avoir écouté la parole de Dieu, et l’avoir gardée (cf. Lc 11, 27-28). Ce qu’avait du reste déjà proclamé sa cousine, Elisabeth : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 45).

    Notre Noël, sa maternité selon la chair, est le fruit de sa parfaite docilité à l’Esprit. Au temps de la Création, « l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux » (Gn 1, 2) ; au temps de l’Incarnation l’Esprit Saint vient sur Marie, la Puissance du Très-Haut la prend sous son ombre (cf. Lc 1, 35). Noël est le couronnement de sa docilité à l’Esprit.

    Une telle docilité une fois posée, toute action de Marie est action de l’Esprit : rien d’étonnant dès lors que l’Eglise reconnaisse en elle les traits ce cette action de l’Esprit. Le Christ lui-même associe intimement sa Mère au rôle du Saint-Esprit : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14, 18), dit-il à ses disciples, leur annonçant le don de l’Esprit après son retour au Père ; et au moment de mourir sur la Croix : « ...il dit au disciple : ‘Voici ta mère’ » (Jn 19, 27). Parce que par sa docilité elle est pleine de l’Esprit-Saint, elle remplit auprès de nous ce même et unique rôle, qui reste bien celui de l’Esprit.

    L’Esprit est le « Conseiller », elle est la « Mère du Bon Conseil » ; l’Esprit est le « Consolateur par excellence », elle, la « Consolatrice des affligés » ; lui, le « Défenseur », elle le « Secours des chrétiens ». Il « emplit de la grâce d’en-haut », elle est « Mère de la grâce divine » ; il « répand l’amour dans les cœurs », elle est la « Mère du bel amour » ; il « affermit les infirmités de notre corps », elle est le « Salut des infirmes », et ainsi de suite... Bref, tout ce qu’il accomplit, elle le met en œuvre, parce qu’elle est tout à lui. On ne peut trouver l’Esprit sans Marie, ni Marie sans l’Esprit. En tout cela, c’est l’Esprit qui opère, et toujours il opère par Marie. Tel est son choix.

    Si nous voulons que l’Esprit forme en nous le Christ, imitons la docilité de la Sainte Vierge, et demandons-lui de l’enfanter en nos cœurs. Noël historique, Noël liturgique, Noël à notre intime.

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    ECCE ANCÍLLA DÓMINI,

    FIAT MIHI SECÚNDUM VERBUM TUUM.

    « Voici la servante du Seigneur,

    qu’il me soit fait selon votre parole. »

    ~

    AVE MARÍA... ― « Je vous salue, Marie... »

    ~

    L’initiative vient de Dieu, mais Dieu veut associer réellement l’homme à son action : il ne force donc pas son assentiment, mais attend qu’il soit volontairement et librement consenti. La fête de Noël vient consacrer l’ouverture de la nouvelle Alliance ; or il ne peut y avoir alliance sans l’accord des parties. Le Testament aussi, si l’on se réfère à ce terme, ne devient effectif que par l’acceptation du légataire.

    Cela n’implique néanmoins en aucune façon l’égale condition des parties. La Vierge en a bien conscience, qui se déclare « servante du Seigneur ».

    Tirons-en une nécessaire mise au point pour notre mentalité ambiante, fille de toutes les émancipations : le maître mot qui veut s’imposer à chacun est qu’on revendique son droit à disposer de soi-même. Outre que pareil slogan nous livre à toutes les tyrannies bien au contraire de nous libérer ― à commencer par la nôtre propre ―, il fausse surtout la perception de notre rapport à Dieu.

    « Comme les yeux de l’esclave vers la main de son maître, comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, nos yeux sont levés vers le Seigneur notre Dieu » (Ps 122 [123], 2) ; « Voici la servante du Seigneur » (Lc 1, 38) : l’Ancien Testament et le Nouveau sont bien en harmonie. La dignité de fils adoptifs que nous offre notre Créateur, le beau titre de Père qu’il nous invite à lui donner, toute la tendresse dont il ne cesse de nous combler ne peuvent que nous faire rejeter avec horreur les manières de copinage dans nos relations avec lui ; davantage encore quelque revendication que ce soit. « Donne-moi la part qui me revient » (Lc 15, 12) : c’est ce que disait le fils prodigue à son père... au moment de sa perte !

    « Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis » (Jn 13, 13). Le Christ lui-même prie son Père à genoux : « S’étant mis à genoux, il priait en disant : ‘Père...’ » (Lc 22, 41-42). Saint Etienne (Ac 7, 60), saint Paul (Ac 20, 36) adoptent cette même attitude. Sainte Thérèse d’Avila, intime de Dieu s’il en est, ne se lasse pas de le nommer « sa Majesté ».

    ~

    En plus de ce profond respect pour le Seigneur, la réponse de la Vierge nous apprend la disponibilité : « Qu’il me soit fait ». Elle ne prend pas les rênes, elle laisse Dieu agir en elle. Cette disponibilité n’a rien d’un paresseux et présomptueux quiétisme : verset 38 du chapitre 1 en saint Luc : « Alors l’Ange la quitta. » ; verset 39 : « Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse. » Tout ce qu’il faut faire, elle le fait, promptement ; mais c’est la volonté du Seigneur qu’elle accomplit, jamais la sienne propre.

    Les vrais contemplatifs sont très actifs, à cette précision près,  que leur activité est celle de Dieu en eux. La même sainte Thérèse nous en est un exemple. Un chrétien plein de soi-même fait à rebours endosser à Dieu ses gesticulations personnelles qui n’ont rien de divin, répandant ainsi le scandale et contrecarrant l’œuvre du Salut.

    ~

    Enfin, c’est en respectant en pleine confiance la voie par lui choisie pour lui faire connaître sa volonté, que Notre-Dame se reconnaît au service du Seigneur, et accepte tout de lui. Car, remarquons-le bien, répondant à l’Ange elle ne dit pas : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ‘sa’ parole » mais « selon ‘votre’ parole ».

    Peut-être sommes nous prêts, quant à nous, à obéir à Dieu, mais nous renâclons à exécuter sa volonté sur la parole de ceux qu’il nous envoie...

    Si nous voulons que le Christ naisse en nous, et réaliser ainsi le Noël de notre être, il nous faut nous abandonner entièrement à ce que le Seigneur attend de nous ; mais, chaque fois que nous nous soustrayons à l’humble obéissance aux messagers par lesquels il s’adresse à nous, nous risquons immanquablement de suivre notre propre volonté croyant suivre la sienne, tenant ainsi en échec tous ses desseins sur nous.

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    ET VERBUM CARO FACTUM EST,

    ET HABITÁVIT IN NOBIS.

    « Et le Verbe s’est fait chair,

    et il a habité parmi nous. »

    ~

    AVE MARÍA... ― « Je vous salue, Marie... »

    ~

    Dans la réponse de la Vierge « qu’il me soit fait », le ‘il’ était impersonnel ; ici, le verbe reste le même, mais le sujet devient personnel par excellence : le Verbe de Dieu.

    Pour que Dieu naisse en nous bien réellement, il faut aussi que notre réponse à son appel reste indéterminée, de manière que la détermination devienne sienne et ne soit pas nôtre. Nous ne pouvons par nous-mêmes produire du divin : si nous lui laissons la place, Dieu le produit en nous. « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Lc 1, 49). Tout le Magnificat chante l’action du Seigneur. L’âme de Marie ― et la nôtre quand elle le met sur nos lèvres ― se contente d’exalter le Seigneur et d’exulter en Dieu, son Sauveur.

    Alors peut se produire le mystère le plus inconcevable : le Verbe se fait chair. Et l’Incarnation de la Personne divine dans le sein de Marie se prolonge dans l’Eglise et dans chacun de ses membres qui répète après elle, à son exemple et grâce à son intercession son fiat, par l’Esprit-Saint. Ainsi se forme le Corps mystique du Christ. « En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous » (Jn 14, 20).

    Comme notre vie changerait si nous prenions vraiment conscience que nous sommes des « théophores », des « porteurs de Dieu » ! Il nous arriverait alors ce que l’Alléluia chantera admirablement du vieillard Siméon, quand prendra fin le temps de Noël : « Le vieillard portait l’Enfant, mais c’est l’Enfant qui conduisait le vieillard » (Liturgie du 2 février).

    ~

    « Et habitavit in nobis. » Le grec signifie littéralement « et il a planté sa tente en nous. » Il s’installe, comme on prend possession d’un territoire. Pour un Oriental, planter sa tente, c’est marquer un lieu de son empreinte.

    Le verbe latin rend la même idée. Habitare ‘habiter’ dérive de habere « avoir », « posséder » ; il s’agit de la forme fréquentative (suffixe -itare), ‘avoir à répétition, continuellement’. Cette intronisation dans nos cœurs ne doit donc pas être seulement un événement ponctuel, sans lendemain. Le Christ vient habiter en nous, c’est-à-dire, y être de manière ‘habituelle’ (autre dérivé du même radical).

    La triple répétition journalière de l’Angélus, matin, midi et soir, offre, à qui le veut, d’actualiser cette présence du Christ. Ainsi pourra-t-on dire avec l’Apôtre : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Alors, Jésus simplement figuré dans la crèche deviendra bien réel dans un cœur de chair.

    ~

    Sa présence s’opère de trois manières : tout d’abord par la grâce de Dieu qui veut nous donner les moyens de notre sanctification avant même que nous y soyons pour quelque chose ; ensuite, par la demande de secours que nous lui adressons par l’intercession de Marie, que nous associons à cette demande ; enfin, par la mise en conformité de notre vie avec la volonté du Père : car on ne peut répéter sincèrement ces mots : « qu’il me soit fait selon votre parole », et en même temps continuer à s’endurcir dans des comportements qui lui sont contraires.

    Le verset final et l’oraison qui clôturent l’Angélus en résument toute la doctrine. Puisse cette vénérable dévotion nous acheminer peu à peu à transformer en Noël notre vie !

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    ORA PRO NOBIS, SANCTA DEI GENETRIX,

    UT DIGNI EFFICIÁMUR PROMISSIÓNIBUS CHRISTI.

    « Priez pour nous, sainte Mère de Dieu,

    afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ. »

    ORÉMUS. ― GRÁTIAM TUAM, QUǼSUMUS, DÓMINE, MÉNTIBUS NOSTRIS INFÚNDE : UT QUI, ANGELO NUNTIÁNTE, CHRISTI FÍLII TUI INCARNATIÓNEM COGNÓVIMUS ; PER PASSIÓNEM EIUS ET CRUCEM AD RESURRECTIÓNIS GLÓRIAM PERDUCÁMUR. PER EÚNDEM CHRISTUM DÓMINUM NOSTRUM. AMEN.

    « Prions. ― Répandez, s’il vous plaît, Seigneur, votre grâce en nos cœurs, afin qu’ayant connu par l’annonce de l’Ange, l’Incarnation du Christ, votre Fils, nous soyons conduits par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de sa résurrection. Par le même Christ, notre Seigneur. Amen. »

     

    Jean-Baptiste Thibaux

  • Faut-il en finir avec le péché originel ?

    verité et esperance n° 97406.jpgFAUT-IL EN FINIR AVEC LE PÉCHÉ ORIGINEL ? 

    Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère (Ps. 50, 7). Quelle est donc cette malédiction collective appelée « péché originel » ? Pourquoi et comment sommes-nous contaminés – dès la conception ! – par le péché qu’un autre a commis au nom de l’humanité au commencement du monde ? Si Dieu est bon, pourquoi a-t-il soumis Adam à l’épreuve de la tentation ? Ne savait-il pas d’avance qu’il tomberait, et nous avec lui ? Pourquoi, comme l’écrit saint Paul, sommes-nous « vendus au pouvoir du péché ? Vraiment, ce que je fais, je ne le comprends pas [...] puisque je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas. Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le péché qui habite en moi. »[1] Si nous élargissons ce thème aux sources même du mal, on pourrait se demander – avec les païens antiques – si deux principes divins opposés ne gouvernent pas l’homme : le bien et le mal, indissolublement liés à la racine de l’être... 

    Au milieu de l’été dernier a paru un essai consacré à la vaste et épineuse question du péché originel.9782873566654.jpg Cette exploration théologique et pastorale (sous-titre de l’ouvrage) a retenu notre attention pour trois raisons : l’ambition théologique, la clarté des arguments et la simplicité de lecture. Son auteur, Michel Salamolard, est un prêtre suisse, incardiné dans le diocèse de Sion.           

    Le péché originel est-il un dogme ou bien peut-on en discuter librement ? L’auteur distingue trois types de vérités chrétiennes, par ordre décroissant :

    1. le dogme, c’est-à-dire les vérités sûres et permanentes (les articles du Credo et les vérités définies solennellement par le magistère : Immaculée Conception, Assomption de la Vierge Marie) ;
    2. la doctrine commune, qui sont des « affirmations plus ou moins pertinentes, reflet d’une culture et d’une époque, utiles pendant un temps plus ou moins long, jusqu’à ce que des nécessités ou des urgences pastorales exigent de les réviser »[2], ces doctrines ne sont pas irréformables, à moins d’être explicitement déclarées comme telle par le magistère ;
    3. les opinions théologiques qui relèvent de la réflexion personnelle et sont proposées à l’Eglise ; elles sont recevables – et criticables – dans leur diversité (par ex. la théologie de la libération, la théologie féministe, la théologie scolastique...), mais n’ont évidemment aucun caractère contraignant.

    Dans quelle catégorie l’auteur situe-t-il le péché originel ? « Le péché originel fut d’abord une opinion théologique élaborée et défendue par le grand saint Augustin (354-430), mais pour l’essentiel, cette opinion est entrée dans l’enseignement officiel de l’Eglise catholique romaine (pas dans celui des Eglises orthodoxes)[3]. » L’auteur situe prudemment – mais clairement – le péché originel dans la doctrine commune de l’Eglise. Mais le péché originel semble aujourd’hui faire problème : l’annonce de l’évangile – une bonne nouvelle ! – n’est-elle pas plombée d’avance par la mauvaise nouvelle d’un « péché originel » dont nous serions tous les héritiers sans en être nullement coupables ni responsables ? A cette question est liée une autre, lancinante : d’où vient le mal ? L’auteur se propose d’ouvrir des pistes de réflexions, de « toucher » cette doctrine, non pour la rejeter, mais pour la sonder et mieux la comprendre... Voyons ce qu’il en est.

    Des Pères latins au Catéchisme

    L’exploration débute par l’histoire. Dans l’Église latine, la notion de péché originel s’est développée à partir d’une réflexion de S. Augustin commentant S. Cyprien de Carthage (200-258). La question débattue était celle de la pratique du baptême des nouveau-nés. Selon Cyprien, « le nouveau-né avait besoin du baptême pour la rémission non de ses propres péchés, mais de celui d’Adam, dont il héritait comme tout un chacun. Augustin adopta ce point de vue, le développa, le justifia et le défendit avec toujours plus de vigueur, de rigueur et d’ardeur dans sa longue lutte contre ceux qui tenaient une autre opinion et un autre langage »[4].

    Précédant Cyprien de quelques décennies, Tertullien (v. 160-v. 225) propose une vision moins fataliste du péché originel ; comme dans la tradition orientale, il souligne davantage la liberté et la responsabilité de l’homme ; la dynamique de Dieu et du salut n’est pas interrompue, mais relancée par la « chute ».

    En occident, saint Augustin a écrasé de son autorité les développements ultérieurs de la doctrine du péché originel, jusqu’à considérer que le motif principal de l’Incarnation est le pardon des péchés. Ce que l’auteur reproche à Augustin, c’est d’avoir trop nourri sa théologie de ses propres expériences de pécheur d’avant sa conversion (jeunesse tumultueuse, concubinage pendant quinze ans, enfant naturel, fréquentation des hérétiques, des astrologues...), et ainsi d’avoir noirci la nature humaine et durci l’Ecriture, là où elle n’est pas si claire ; « là où elle laisse planer une part de mystère, Augustin a voulu faire toute la lumière avec sa doctrine du péché originel »[5]. Augustin fut ainsi conduit à estimer que les bébés morts sans baptême allaient en enfer, que l’humanité se divise entre prédestinés (en petit nombre) et damnés (en grand nombre), que la propagation du péché d’Adam se fait par l’union charnelle de l’homme et de la femme, que l’humanité est une « masse de boue »...

    Heureusement, la doctrine personnelle d’Augustin n’est pas devenue totalement celle de l’Eglise catholique ; elle en a retenu des éléments importants mais en a rejeté d’autres. C’est d’abord le concile de Carthage (418) puis celui d’Orange (529) qui vont intégrer ces éléments augustiniens dans la doctrine commune de l’Eglise. Le concile de Trente formulera la réception du « péché originel » dans un décret dogmatique de 1546 qui peut être résumé comme suit : le premier homme, Adam, a transgressé le commandement de Dieu, il a immédiatement perdu la sainteté et encouru la colère et l’indignation de Dieu, et ensuite la mort. Ce péché d’Adam s’est transmis à sa descendance et à tout le genre humain. Cette vision de la chute et du salut a été relayée par le Catéchisme de l’Eglise catholique (396-409) : « La doctrine du péché originel est pour ainsi dire le « revers » de la Bonne Nouvelle que Jésus est le Sauveur de tous les hommes, que tous ont besoin du salut, et que le salut est offert à tous par le Christ ».[6] Plus récemment, le pape Benoît XVI a réaffirmé clairement : « Si la conscience du dogme du péché originel a mûri dans la foi de l’Église, c’est qu’il est indissociable d’un autre dogme, celui du salut et de la liberté dans le Christ. On ne devrait donc jamais parler du péché d’Adam et de l’humanité hors du contexte du salut, c’est-à-dire sans les inclure dans le cadre de la justification dans le Christ ».[7]

    Des pépins dans la pomme 

    L’auteur relève cependant les éléments de cette doctrine qui lui font problème : difficile accord avec nos sciences naturelles (exista-t-il au « paradis terrestre » une super-humanité, dispensée de travail, de souffrance, de mort ?) ; créationnisme naïf et irrationnel ; fabrication de mythes (âge d’or, temps métahistorique, monde préternaturel...[8]) ; discutable cohérence théologique (Dieu est la seule Origine, son Oeuvre est unique et inscrite dans le temps : création et rédemption sont orientées vers une alliance éternelle avec Lui). En résumé, écrit Michel Salamolard, « ce qui se propage depuis l’Origine, c’est l’amour infini et surabondant de Dieu, vainqueur par avance de tous les obstacles ».[9] A l’appui de sa thèse, l’auteur propose un long développement des chapitres 2 et 3 du livre de la Genèse ainsi qu’un commentaire serré de Romains 5, 12-21. L’origine du mal se trouverait ainsi logée dans le coeur de l’homme ; il proviendrait de deux sources, la Loi et le désir illimité de l’homme, qui est en lui comme la marque de la ressemblance divine. Le péché et la mort viendraient de ce combat intérieur, de cette dialectique de notre désir infini et de nos limites : « La confrontation entre ce désir et la Loi, tous deux venant de Dieu, sera donc rude, permanente, impitoyable. Le résultat en sera souvent, très souvent, le péché. Ce dernier conduit à la mort, pas seulement physique, mais aussi spirituelle : c’est une rupture avec le Dieu vivant ».[10]

    Comment intégrer dans cette vision humaniste, le dogme de l’Immaculée Conception selon lequel, « la bienheureuse Vierge Marie [...] a été préservée intacte de toute souillure du péché originel » ? La réponse de l’auteur est désarmante : « Toute personne humaine, à cause de son âme créée [pure] par Dieu, participe de la dignité et du « privilège » de l’Immaculée Conception de Marie. La transmission d’un péché originel devient impensable »[11]. Nous sommes donc tous de conception immaculée ! L’auteur concède cependant que « la commune immaculée conception atteint en Marie une perfection vraiment singulière »[12]... En conséquence, la Vierge Marie aurait connu, elle aussi, une évolution spirituelle, « un développement de sa sainteté durant son parcours terrestre qui [...], de perfection en perfection, se réalisera à l’Assomption »[13], sachant toutefois que ce dogme « n’implique pas que seule la Vierge est entrée corps et âme dans la gloire de la résurrection, mais que pour elle, cela s’est réalisé non seulement de manière certaine, mais encore de façon unique et éminente ». Ainsi d’autres saints personnages auraient déjà bénéficié de l’Assomption ? L’auteur pense-t-il à Hénok ? à Élie ?...[14]

    Glissant subtilement d’une proposition à l’autre, l’auteur fait appel au « progrès de nos connaissances pour éclairer une meilleure lecture des textes qui plaide clairement contre la doctrine classique, fondée sur une interprétation erronée »... Mais, se ressaisissant, il tempère aussitôt son propos : « Conclure ainsi ne signifie pas jeter la doctrine classique par-dessus bord, mais nous oblige plutôt à la scruter à nouveau, afin de mettre en lumière la vérité qui se cherchait, qui était visée à travers des formulations imparfaites ou dépassées »... [15]

    La « doctrine classique » : Écriture et Tradition 

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    Justement, que propose cette doctrine classique ? Le Catéchisme de l’ Église catholique (396-409) affirme que le péché originel affecte la nature humaine par propagation, c’est un péché « contracté » et non pas « commis », un état et non un acte. C’est pourquoi l’Église baptise aussi les bébés et les enfants, car le baptême « efface le péché originel et retourne l’homme vers Dieu. Mais les conséquences pour la nature, affaiblie et inclinée au mal, persistent dans l’homme et l’appellent au combat spirituel ».

    La doctrine classique affirme aussi clairement que l’origine du mal ne se trouve nullement dans l’homme, mais dans le monde invisible qui précède l’existence de l’homme. Le mal trouve sa source dans celui que Jésus a appelé très précisément « le père du mensonge », Satan. Lorsque Dieu a révélé à ses anges son projet d’amour (à savoir : toute la création, toutes les créatures sont invitées à partager la vie divine sous la guidance du Fils éternel), une partie de ces créatures spirituelles a refusé le projet divin, a refusé de s’incliner devant les êtres inférieurs, charnels, matériels, en particulier devant la femme par qui le Fils devait prendre chair, la Vierge Marie. « Non serviam ! Nous ne servirons pas ce projet, ce Dieu ! Nous détruirons cette création et ces créatures ! » Ainsi le Démon est aussi, comme le dit Jésus, « homicide dès le commencement » (Jn 8, 44)[16].

    Les références bibliques sont claires, nombreuses, irréfutables, entre autres Ez. 28,11-19 ; Is. 14, 12-17; Ap.12, 7-12. Il faut aussi citer en entier les passages suivants :

    « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience ceux qui prennent parti pour lui » (Sg 2, 24) ;

    « Nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes » (Eph 6, 12) ;

    « Depuis le commencement, le diable est pécheur. C’est pour détruire les oeuvres du diable que le Fils de Dieu s’est manifesté » (1 Jn 3, 8)...

    Cette chute des anges, entraînant la chute de l’homme, est solidement attestée par l’Écriture et la Tradition, mais est complètement ignorée par l’auteur : il se contente d’en affirmer le caractère... apocryphe (sic !) dans une brève note en bas de page ! C’est du coup tout son subtil et sympathique édifice qui devient bancal.

    Qu’en disent les saints et les mystiques ?

    La première cible de l’ange déchu sera évidemment Adam. Comment notre ancêtre commun aurait-il été capable de surmonter la tentation qui avait fait chuter avant lui les plus élevées des créatures célestes : être « comme des dieux » ? Mieux que les théologiens, les saints et les mystiques ont trouvé les mots pour exprimer l’indicible. 

    « Avant le péché originel, Adam et Ève étaient fort différents de ce que nous, misérables humains, sommes à présents ; mais à cause de l’usage qu’ils firent du fruit défendu, ils reçurent un devenir formel et temporel, et tout ce qui en eux était spirituel se mua en chair, matière, instrumentalité et réceptivité. Auparavant ils étaient un en Dieu, et leur volonté ne faisait qu’une avec celle de Dieu ; désormais, ils sont divisés en leur volonté propre, qui est égoïsme, concupiscence, impureté. En cueillant le fruit défendu, l’homme se détourna de Dieu, son Créateur, et ce fut comme s’il usurpait le pouvoir de créer. Dans l’être humain, toutes les forces, les actions et les qualités, et leurs relations entre elles et avec la nature entière, sombrèrent au niveau de la matière, dans l’ordre corporel, et empruntèrent toutes sortes de formes et d’expressions. A l’origine, l’homme avait été établi par Dieu maître de toute la création, désormais tout se trouvait en lui rabaissé au niveau de la nature, il était comme un seigneur que ses esclaves eussent soumis et lié, et il devait à présent lutter et combattre contre ces esclaves. Je ne suis guère capable d'exprimer ces choses : c’est comme si l’homme avait possédé en Dieu l’origine et le centre de toutes choses, et comme s’il les avait ramenées à soi, si bien que ces choses étaient devenues ses maîtres.

J’ai vu l’intérieur de l’homme, tous ses organes, comme l'image de toutes les créatures et de leurs relations entre elles ; il récapitule en lui toutes choses, des astres jusqu’aux plus petits animaux, comme si ceux-ci étaient par la chute de l’homme tombés eux-mêmes dans le corporel et le périssable. Tout ceci s’harmonisait en l’homme, mais il brisa cette harmonie et dut désormais travailler, lutter et souffrir à cause de sa faute. Je ne peux exprimer cela plus clairement, car je suis moi-même un membre de l'humanité déchue ».[17]

    Cette ressemblance dans le péché, transmise par Adam, la voici exprimée dans la Genèse : « Adam engendra un fils à sa ressemblance et selon son image ; il l’appela du nom de Seth »[18]. Et aussi : « Les desseins de l’homme sont mauvais dès son enfance ».[19]

    Sainte Hildegarde, docteur de l’Eglise, exprime les mêmes réalités en commentant la présence d’Eve dans le corps d’Adam : « Adam, encore innocent, portait dans son corps toute la multitude du genre humain remplie de lumière selon le plan de Dieu ».[20]

    Selon le texte hébreu, Adam a été créé « dans » l’image de Dieu[21], moulé dans la forme du Fils éternel, et « comme » sa ressemblance ; ainsi il récapitulait toute la création en lui-même, et il a entraîné celle-ci dans sa chute. L’homme devait être le prince de ce monde, mais Satan lui a ravi ce titre. Après la trahison d’Adam, le Fils de Dieu est chargé de recréer, par l’Incarnation et la souffrance, cette image et cette ressemblance défigurée par le péché[22]. On peut même affirmer que le péché originel est une faute heureuse (felix culpa ! chante la vigile pascale) puisque par l’Incarnation et la Rédemption, « l’homme, ainsi libéré, brille en Dieu, et Dieu en l’homme, l’homme ayant une affinité avec Dieu et ayant dans le ciel un éclat plus brillant que celui qu’il avait auparavant. Ce qui ne se serait pas produit si ce même Fils de Dieu n’avait pas revêtu la chair. [...] Après la chute de l’homme, de nombreuses vertus se sont dressées, resplendissantes, dans le ciel, comme l’humilité [...] pour relever l’homme »[23].

    Et si... ?

    Sans le péché originel quels auraient été les rapports entre Dieu et les hommes ? La question peut paraître oiseuse, mais les Pères de l’Eglise en ont débattu. Les quarante jours qui unissent la Résurrection à l’Ascension nous proposent une clef : cette mystérieuse présence/absence du Christ ressuscité parmi ses disciples illustre peut-être le type de relation que le Verbe aurait partagé avec les hommes ; ce corps du Christ, à la fois touchable et immatériel, visible et glorieux, ce temps suspendu entre durée et immédiateté, cette abolition de l’espace à l’intérieur même de l’espace... ouvre des perspectives lumineuses sur notre futur état de bienheureux... En se qualifiant - avant sa Passion et sa Résurrection ! - de « Pain vivant descendu du ciel », le Christ laisse comprendre quelque chose de sa nature divine : de toute éternité, il est notre Pain, notre nourriture. Pour les générations de baptisés, sa Présence réelle dans l’Eucharistie actualise l’immersion de l’Invisible dans le visible, de la Transcendance dans l’immanence... Dans l’Hostie, c’est non seulement le Christ ressuscité qui nous visite et nous nourrit, c’est aussi tout le cosmos qui est présent, tous les anges et tous les saints qui vibrent en nous de la vie divine. Nous n’avons pas fini de méditer sur l’extraordinaire richesse du Corps eucharistique et du Corps mystique !

    Les Pères grecs

    Revenons à notre problème initial et élargissons les perspectives. S’agissant du péché originel, peut-on réconcilier la recherche moderne et la tradition ? la sensibilité individualiste et les textes sacrés ? Oui, à condition de considérer toute l’Écriture sainte et toute la Tradition ; à condition de n’écarter aucun texte « gênant », à condition de renoncer à choisir dans le dépôt de la foi les seuls éléments qui confortent une thèse plutôt qu’une autre.

    Nous avons mentionné plus haut l’opinion des Pères latins, et singulièrement Augustin. Voyons ce que disent les Pères grecs. Selon eux, le Fils de Dieu s’est fait homme pour deux raisons principales : nous faire connaître l’amour de Dieu et nous rendre participants de la nature divine.

    Irénée, né en orient et mort en Gaule (en 170), exprime bien cette vision optimiste : « Telle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme et le Fils de Dieu Fils de l’homme : c’est pour que l’homme, en se mélangeant au Verbe et en recevant ainsi la filiation adoptive, devienne fils de Dieu. [...] Le Verbe de Dieu [...] à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’il est ».

    Clément d’Alexandrie (IIIe siècle) abonde dans ce sens : « Le Verbe de Dieu est devenu homme, afin que tu apprennes encore par un homme comment un homme peut devenir Dieu ».

    Athanase (IVe siècle) développe : « Le Verbe s’est lui-même fait homme pour que nous soyons faits Dieu ; et lui-même s’est rendu visible par son corps pour que nous ayons une idée du Père invisible ; et il a supporté lui-même les outrages des hommes pour que nous ayons part à l’incorruptibilité ».

    Enfin, Grégoire de Nysse, son contemporain : « Nous lui sommes semblables, si nous confessons que lui s’est fait semblable à nous, pour que, étant devenu tel que nous sommes, il nous fasse tel qu’il est ».[24]

    Vers une doctrine plus optimiste ?

    Le Catéchisme de l’Église catholique, qui n’ignore évidemment pas sa propre tradition grecque, énumère (457-460) les quatre motifs pour lesquels le Verbe s’est fait chair, mais il les propose dans un ordre croissant qui laisse entendre que tout débute à la « chute ». 1) le Verbe vient nous sauver en nous réconciliant avec Dieu ; 2) pour que nous connaissions ainsi l’amour de Dieu ; 3) pour que le Christ soit notre modèle de sainteté ; 4) pour nous rendre participants de la nature divine.

    Avec le temps, l’Église latine a surtout développé les motifs 1 et 3 (l’homme est tombé dans le péché et le Christ lui montre la voie du salut), tandis que l’Église de tradition grecque a développé les motifs 2 et 4 (Dieu veut faire connaître son amour à l’homme et le rendre participant à sa nature divine).

    Ne serait-il pas possible de rééquilibrer la tradition latine en infléchissant la doctrine du péché originel dans un sens plus dynamique et plus optimiste ? L’histoire de l’humanité et du salut pourrait alors être résumée comme suit : de toute éternité, Dieu veut faire connaître son amour et le partager : aux anges, à l’homme et à toute créature ; Il veut nous rendre participants à sa nature divine. Ce projet est refusé par une partie du monde angélique ; en conséquence, « Satan fut jeté sur la terre et ses anges avec lui[25] ». Depuis lors, il tente d’entraver la réalisation du projet divin ; c’est le mystère du Mal, le mystère d’Iniquité. Il y réussit en partie par la chute d’Adam qui entraîne l’humanité dans le clair-obscur. Mais le Fils de Dieu descend jusqu’à nous en prenant notre chair désormais mortelle : il se fait Fils de l’homme ; subissant la loi du péché, le Sauveur vient nous tirer de la mort et du péché, il vient nous enseigner par sa Personne la nouvelle feuille de route qui conduit au Père ; durant sa vie terrestre, il efface les effets morbides du péché originel et du péché personnel (guérisons de l’âme et du corps, exorcismes, résurrections) et partage même sa propre puissance avec « ceux qui croient »[26]. Ainsi la victoire de Satan est vaincue ; Jésus-Christ retourne contre l’Ennemi ses propres armes : il endosse péché et malédiction, il endure la souffrance, traverse la mort et ressuscite ! Puis il « descend aux enfers » libérer les justes qui l’ont précédé, car nul ne peut aller au Père sans passer par le Fils (Jn 14, 6). Selon le mot de Tertullien, la chute n’a pas empêché le dessein de Dieu, elle l’a relancé de plus belle !

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    Certes, le Mal est entré dans l’histoire, mais le Bien aussi, et le Bien a vaincu ! Certes, le Mal est une force puissante, mais elle est subordonnée à l’Amour. L’Amour est plus fort que la mort, le Bien est plus fort que le Mal ! Nous sommes tous vainqueurs dans l’armée du Messie !

    Si le destin de l’homme et du monde était lié au combat sans merci deux forces antagonistes équivalentes, nous serions les plus malheureuses des créatures ! Notre raison même y perdrait pied : comment le néant pourrait-il produire de l’être ? Or, non seulement le Christ victorieux nous apprend que Dieu peut faire surgir le bien, même du mal (felix culpa !), mais il tranche aussi le noeud étrangleur de la dialectique perverse du bien et du mal comme principe du progrès : « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Courage, je suis vainqueur du monde ».[27]

                Le péché originel : garde-fou contre l’inhumain 

    Nous emprunterons une première conclusion au philosophe français Robert Redecker[28]. « L’idée de péché originel - le plus puissant garde-fou contre l'inhumain que la sagesse ait pu inventer - exprime à merveille à la fois la persistance de cette condition et la finitude à laquelle l'homme est vouée par essence. Le péché originel pose une limite, un mur, laissant entendre que passer de l’autre côté de ce mur revient à sortir de l’humain, à verser dans l’inhumanité, à transformer l'homme en autre chose, ni un ange ni une bête mais un monstre. Dans la mesure où notre modernité tardive cherche à construire un homme nouveau, hors-sol et hors-nature (ce dont témoigne la faveur de la théorie du genre), régénérable à volonté, interminablement réparable, la réponse est oui [le péché originel est pertinent]. Effacer les limitations - dont, également la vieillesse et la mort, sur lesquelles le péché originel insiste - équivaut à travailler à l'effacement de la condition humaine. »

    « Théologiquement correct »... 

    Quant à l’ouvrage qui nous a servi de ligne de conduite, on ne peut qu’en recommander la lecture ; les tâtonnements, les esquives, les orientations théologiques de l’auteur sont paradoxalement marqués par un grand souci de sincérité et de quête de la vérité, en tout cas telle que nos contemporains pourraient la comprendre et l’accepter. Il foisonne de citations bibliques, de formules heureuses, de profonde sympathie pour le lecteur ; Michel Salamolard nous prend doucement la main et nous entraîne pas à pas dans un univers miséricordieux, optimiste et...  « théologiquement correct », pour paraphraser une expression ironique bien connue. C’est à la fois le mérite et la limite de cet ouvrage ; pas plus que les bons sentiments ne font la miséricorde, les pensées généreuses ne font une authentique théologie chrétienne.

                                                                                Pierre René Mélon

    [1] Rom. 7, 15-20.

    [2] Salamolard, M., En finir avec le « péché originel » ?, éd. Fidélité, 2015, p. 14.

    [3] Ouvrage cité, p. 22.

    [4] Ouvrage cité, p. 40.

    [5] Ouvrage cité, p. 43.

    [6] Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 389.

    [7] Angelus de la fête de l’Immaculée Conception (8 décembre 2008).

    [8] Sont ici écartées sans ménagement (« elles échappent totalement à toute vérification scientifique » - et pour cause...) les réflexions pourtant intéressantes de Bernard Pottier, Gaston Fessard et Mgr André Léonard. Dans Le libre arbitre (1, XII, 24), saint Augustin évoque déjà la possibilité, aux effluves platoniciennes, d’une vie antérieure au péché : « Avant son union à notre corps, l’âme n’a-t-elle pas vécu une autre vie, n’a-t-elle pas vécu autrefois avec sagesse. C’est une grande question, un grand mystère qu’il faudra examiner en son lieu ».

    [9] En finir avec le péché originel ?, p. 70.

    [10] Ouvrage cité, p. 162.

    [11] Ouvrage cité, pp. 252-253.

    [12] Ouvrage cité, p. 254.

    [13] Ouvrage cité, p. 255.

    [14] Hénok : Gn 5, 24 ; Élie : 2 Rois 2, 11.

    [15] Ouvrage cité, p. 167.

    [16] « Père du mensonge », car le diable insulte le Père, qui engendre la Vérité ; « Homicide dès le commencement », car le diable insulte le Saint-Esprit qui donne la vie, comme le proclame le Credo; l’attaque contre Adam est aussi dirigée contre le Fils, image parfaite du Père (Jn 1, 18).

    [17] Bse Anne-Catherine Emmerich, Les mystères de l’ancienne Alliance, Téqui, pp. 37-38.

    [18] Genèse 5, 3.

    [19] Genèse 8, 21.

    [20] Ste Hildegarde de Bingen, Scivias, Cerf, 2011, II, 10 (p. 43).

    [21] Pour donner plus de poids à sa thèse qui nie la « chute » et l’existence d’un Adam parfait au paradis terrestre (en dépit de Dieu qui vit que cela était « très bon »), Michel Salamolard avance que, selon le texte hébreu, Adam a été créé « vers » l’image de Dieu, c’est-à-dire dans un état perfectible. On ne peut pourtant pas confondre le bêt (dans) et le lamed (vers, pour) : b-tsalmenou (« dans notre image »), Gn 1, 26.

    [22] Grégoire de Nysse dit que « l’homme a perdu ses ailes », ou que l’image de Dieu en l’homme est « comme une pièce de fer qui peut rouiller ».

    [23] Scivias, II, 31 (p. 61).

    [24] Pour ce florilège de citations, M. Salamolard, p. 25.

    [25] Apocalypse 12, 9.

    [26] Marc 16, 17-18.

    [27] Jn 15, 5 et Jn 16, 33.

    [28] Sur le site www.lefigaro.com

  • Famille: le synode de la confusion

    verité et esperance n° 97406.jpgFAMILLE : LE SYNODE DE LA CONFUSION

     

     Quel bilan tirer, en effet, aujourd’hui des  deux synodes réunis  à Rome par le pape du 5 au 19 octobre 2014 et du 4 au 25 octobre 2015 ? Réponse de Thibaud Collin dans le journal « La Croix » du 3 novembre 2015 :   

    « Il me semble pertinent de les remettre dans la perspective de l’intention du pape qui les a convoqués.1310gender1.jpg Si on suit attentivement ses déclarations et ses choix depuis plus de deux ans, il semble clair que l’objectif premier était de susciter un débat dans toute l’Eglise afin de l’amener à vivre une « conversion pastorale ».

    Soucieux que l’Eglise se mette en situation d’ « hôpital de campagne », le Saint-Père souhaite lever certains obstacles rendant incompréhensible et même scandaleuse aux yeux de nombre de nos contemporains la morale de l’Eglise sur la sexualité et le mariage. Reprenant de facto l’agenda du cardinal Martini exposé en 1999 au synode sur l’Europe, il cherche comment dénouer certains « nœuds disciplinaires». Plutôt qu’une Eglise comme celle de saint Jean-Paul II apparaissant édicter des lois inaccessibles et donc contre-productives et mortifères, il souhaite promouvoir une Eglise en phase avec l’âge du care (le « prendre soin » en pleine expansion dans les sociétés occidentales postmodernes), c’est-à-dire une Eglise proche de la vulnérabilité des personnes, de leurs échecs et de leurs tortueux itinéraires biographiques. Bref, une Eglise proche et tendre (le pape a lui-même parlé de « révolution de la tendresse »), et non plus une Eglise hautaine et culpabilisante. D’où le désir de se mettre à l’école de «la pédagogie divine » et de viser « l’intégration » de tous ceux qui se sentent rejetés par un discours vu comme moralisateur et excluant.

    A l’aune de ce défi, il est normal que la discussion se soit focalisée sur l’accès des fidèles divorcés et remariés civilement, tant cette question cristallise les enjeux cités. Ce sujet s’est imposé comme central non pas parce qu’il serait la marotte des médias mais par la volonté même du pape qui dès le retour des JMJ de Rio (été 2013) a lancé le débat, puis a demandé au cardinal Kasper, célèbre opposant à saint Jean-Paul II et à Benoit XVI sur le sujet, d’ouvrir la réflexion et de poser la problématique au consistoire de février 2014.

    Or force est de constater que les trois  numéros du texte final consacrés à ce point (n° 84, 85 et 86) ne concluent pas la controverse. Et pour cause… ces numéros étant issus du cercle linguistique germanique dans lequel les cardinaux Kasper et Müller se trouvaient. Or leurs deux positions étant contradictoires, ils n’ont pu arriver à un consensus dans la formulation qu’en gommant tout ce qui les opposait. Le résultat est que le texte, approuvé par les pères synodaux à une voix de majorité, peut être lu selon deux herméneutiques opposées, celle de la rupture avec le magistère antérieur ou bien celle de la continuité. Un signe d’une telle indétermination est que les trois textes servant de référence (FC 84, CEC 1735 et Déclaration du 24 juin 2002 du Conseil pontifical pour les textes législatifs) sont cités de manières tellement lacunaires qu’ils peuvent autoriser soit une interprétation légitimant le statu quo ante (avec l’idée qu’un texte doit être compris selon sa logique propre et son contexte), soit une interprétation légitimant la nouveauté « pastorale » (avec l’idée que le silence volontaire ou l’omission vaut mise à l’écart). 

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    Loin d’être une troisième voie, ce texte peut donc être vu comme la réponse du synode à la question du pape François, réponse sous forme de « retour à l’envoyeur »; comme si le synode avait refusé de conseiller le pape en se déterminant dans un sens ou dans un autre. D’où la grande confusion actuelle due aux  interprétations contradictoires de ces passages du texte. On pourrait objecter que le texte constitue bien une troisième voie, la solution du for interne et du cas par cas, discerné lors d’un accompagnement pastoral. Mais à lire de près le texte, on constate qu’il n’en est rien [1]. Par exemple, un prêtre pourrait-il légitimement, dans certains cas, donner l’absolution à un fidèle qui demeurerait dans une situation maritale objectivement contradictoire avec le sacrement de mariage? Si tel est le cas, on a du mal à voir en quoi cela ne présupposerait pas une remise en cause de facto de la doctrine de l’indissolubilité et de Familiaris consortio (n°84… lu dans son intégralité).

    On dit souvent que le pape François a mis l’Eglise en Exercices spirituels, notamment avec ces deux synodes. Le père Bergoglio avait développé dans un article paru en 1990 une méditation très riche sur « l’unité dans la diversité » et le sens du conflit à partir des Exercices spirituels et des Constitutions de la Compagnie de Jésus. Je cite: « Dans le « mouvement »  de l’esprit, il y a des tensions diverses… mais, et je veux affirmer ici ce qui est important, la résolution de ces tensions ne s’obtient ni par une synthèse (qui annulerait la vigueur des polarités particulières précédentes) ni par l’affirmation de l’une de ces multiples polarités et la destruction des autres, ni par le privilège accordé à une ou deux de ces tensions polaires au détriment des autres. Si nous examinons attentivement notre expérience intérieure, nous voyons que les tensions se résolvent sur un plan supérieur, en maintenant, dans l’harmonie nouvellement atteinte, la virtualité des diverses particularités. » [2]

    Attendons donc que le pape nous indique, peut-être dans une exhortation apostolique, quel est ce niveau supérieur dans lequel les très fortes tensions engendrées par les deux synodes vont pouvoir se résoudre. »

    _____________

    [1] Sur ce point, voir l’entretien qu’Aline Lizotte a donné au Figaro : http://www.lefigaro.fr/vox/religion/2015/10/26/31004-20151026ARTFIG00282-synode-l-eglise-catholique-devient-elle-protestante.php?redirect_premium

    Voir aussi l’excellente analyse approfondie de ces mêmes trois paragraphes par le père dominicain Thomas Michelet:http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1351170?fr=y

    [2] « Conformément à cette espérance… » Espérance, institutions et politique, Parole et silence, 2014, p. 37. Il reprend la même idée dans l’exhortation Evangelii gaudium, n°228

    Philosophe et écrivain français, agrégé de philosophie, Thibaud Collin  travaille sur des questions de philosophie morale et politique. Il enseigne  à Paris, au Collège Stanislas et fait aussi partie du corps professoral2 de l'institut d'études anthropologiques  « Philanthropos » (Fribourg) dirigé par Fabrice Hadjadj. (JPS)

  • L'islam est fragile


    verité et esperance n° 97406.jpgAnnie Laurent : L’Islam est fragile 

    Sur le site « Aleteia », Annie Laurent répond aux questions de Sylvain Dorient. Elle décrit l’islam contemporain comme une religion en proie à une crise profonde, qui pourrait remettre en cause jusqu’à son existence (2 décembre 2015)

     

     

    Annie-LAURENT-ecrivain.jpg« Aleteia : L’islam est actuellement associé à une série d’événements désastreux : terrorisme, disparition des chrétiens d’Orient, etc. Comment l’expliquez-vous ?

    Annie Laurent : L’islam connaît en ce moment une profonde remise en cause. Les musulmans ont accès à Internet partout dans le monde, même en Arabie saoudite ; ils voient d’autres formes de pensées, d’autres façons d’appréhender la religion. Une partie d’entre eux vivent dans des pays dont les racines sont chrétiennes, et cela se traduit naturellement par des interrogations sur leurs propres racines. Certains notamment sont agacés par la prétention de l’islam à régir leur vie avec des règles arbitraires. Chaque année, au Maroc, des jeunes gens mangent dans des squares en plein ramadan, bravant l’interdit religieux. Ils sont d’ailleurs régulièrement arrêtés par la police.

    Pourtant, dans de nombreux pays, comme l’Irak, l’Arabie saoudite ou le Pakistan, l’islam se fait-il plus rigoureux, et volontiers violent. Le voyez-vous vraiment comme en déclin ?

    La violence est un signe de faiblesse ! Je ne dis pas que l’islam va s’effondrer demain, mais qu’il va s’effondrer, inexorablement, et que cela occasionnera de grandes souffrances pour les musulmans et pour ceux qui vivent à leur contact. Cela prendra des décennies, et se traduira par des chocs terribles ! L’une des forces de l’islam, c’est qu’il prend en charge tout l’être humain. C’est une religion très encadrée, dans laquelle la conscience n’est pas interpellée. Chaque personne qui sortira de ce cadre connaîtra une profonde crise existentielle.

    Ne pourrait-on pas imaginer un « Concile Vatican II de l’islam » ?

    2884344459.jpgPlusieurs choses s’y opposent. Il manque d’abord à l’islam une structure faisant autorité sur l’ensemble des musulmans. Depuis la fin du Califat en 1924, il n’y a plus de Commandeur des croyants. Mais plus fondamentalement, la nature même du Coran fait obstacle à son évolution. Il s’agit d’un texte qui vient de Dieu Lui-même qui est incréé ! Dieu dit qu’Il a donné un Coran en arabe, qui est la copie d’un livre gardé auprès de Dieu. Personne n’a le droit d’y toucher. Or, ce texte immuable contient des commandements incompatibles avec la paix et la liberté.

    Pourtant, certains intellectuels musulmans osent interroger leur foi…

    Il y a une émulsion intéressante du côté de ce qu’on appelle « les nouveaux penseurs de l’islam ». Je
     pense à Abdelmajid Charfi, auteur de L’islam entre message et Histoire. Un autre tunisien, Mohammed Charfi, tenait une chaire sous Ben Ali, il a écrit Islam et liberté. Mais ils sont souvent mal reçus ! Contrairement à ce que l’on imagine souvent, ils ont encore plus de mal à s’exprimer depuis le Printemps arabe. Le destin de ces intellectuels, comme Nasr Abou-zeid, qui a été banni comme apostat et a dû fuir aux Pays-Bas, ne me rend pas optimiste sur la possibilité d’une transition « en douceur » de l’islam.

    Vous pensez donc que nous allons vers des temps difficiles…bookofdeath.jpg

    Les musulmans, les premiers, vont vivre des dissensions terribles et de grandes souffrances. Tous les ingrédients de la violence sont là ! Il y a un texte qui la légitime pour affronter les infidèles et qui ne souffre aucune controverse, en plus d’un contexte géopolitique pour le moins compliqué. Je crois que l’islam va imploser et que ce sera violent. En tant que chrétiens, nous avons pour responsabilité de venir en aide aux musulmans qui souhaitent sortir de leur religion. »

    Annie Laurent est écrivain, journaliste et spécialiste du Moyen-Orient. Titulaire d’une maîtrise en Droit international, elle a obtenue un doctorat d’État en sciences politiques pour sa thèse sur « Le Liban et son voisinage ». Elle est, entre autres livres, l’auteur de «  L’islam peut-il rendre l’homme heureux ? », aux éditions Artège. Le pape Benoît XVI l’a nommée experte au synode spécial des évêques pour le Moyen-Orient qui s’est tenu à Rome en octobre 2010. Elle a fondé un site consacré aux rapports du christianisme avec l’islam : « association Clarifier »

  • Monseigneur Léonard: adieu, Belgique


    verité et esperance n° 97406.jpgMonseigneur Léonard : adieu, Belgique

    Dans "La Libre Belgique" du lundi 7 décembre , le journaliste Christian Laporte a retenu ce passage de l'homélie prononcée par Mgr Léonard lors des messes célébrées ce week-end des 5 et 6 décembre à l’occasion de la fin de son mandat d’archevêque-primat de Belgique :

     

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     « Mes frères et mes sœurs, mes fils et filles très chers, après le 13 décembre, ne comptez plus trop me voir en Belgique. Je tourne la page de 25 ans d’épiscopat dans notre petit pays, 25 ans de bonheur. Et là où je serai bientôt en France, si Dieu le veut, chapelain auxiliaire au Sanctuaire de Notre-Dame du Laus, sanctuaire voué à la miséricorde divine et au sacrement de la réconciliation, et vicaire dominical dans la paroisse où j’habiterai et dans les paroisses avoisinantes, ne pensez pas me retrouver facilement, si tant est que cela en vaille la peine, car je serai bien occupé par mes tâches pastorales, par la prière, la lecture et l’écriture, aussi longtemps que cela sera possible. Mais nous resterons en communion par la prière et l’amitié, des réalités qui ne passent jamais, en attendant de nous retrouver dans ces cieux nouveaux et cette terre nouvelle auxquels le temps de l’Avent nous fait aspirer avec tant d’ardeur : « Oh oui, viens, Seigneur Jésus ! » Oui, viens, et le plus tôt sera le mieux ! Alléluia ! »

    Mais notre archevêque a dit aussi bien d'autres choses. Nous en reproduisons ci-dessous deux autres extraits significatifs de son homélie :

     

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    La douce miséricorde du Seigneur

    […] Dans mes homélies, je ne parle pour ainsi dire jamais de moi-même, car cela n’aurait que peu d’intérêt. Mais aujourd’hui permettez-moi une confidence. Tous mes contacts avec vous, vos familles et vos divers milieux de vie m’ont comblé. Mais les moments les plus précieux de mon ministère, ce furent, à mes yeux, mes rencontres avec les prisonniers, détenus pour de lourdes peines, mais touchés par l’amour du Seigneur. Ce furent les nombreuses journées d’accueil, de partage et de prière avec les personnes séparées, divorcées ou remariées, toujours vécues dans une parfaite fidélité à l’enseignement de l’Église et dans la douce miséricorde du Seigneur pour chacun de nous. Ce furent les très nombreuses eucharisties où des femmes blessées par l’épreuve d’une fausse couche ou par le drame de l’avortement ont retrouvé, grâce à Jésus ressuscité, la ferme espérance de pouvoir un jour accueillir, enfin, cet enfant qu’elles n’ont jamais vu, qu’elles n’ont pas pu ou voulu accueillir en ce monde, mais qu’elles embrasseront pour l’éternité. Ce furent les nombreux contacts avec des chrétiens s’occupant des plus pauvres de notre société, les personnes sans revenus ou sans logement, les vieillards abandonnés, les réfugiés et les sans-papiers. Ce furent les nombreuses occasions où il me fut donné de rendre courage et espoir à des prêtres, à des diacres, à des séminaristes, à des consacrés, à des laïcs de toute condition, en leur donnant et leur redonnant ma pleine confiance, même s’il y avait de lourds échecs, voire même des fautes dans leur parcours. Car un homme, une femme, un jeune, a toujours le droit de se convertir, le droit d’avoir une nouvelle chance. Mais une personne ne peut fleurir à nouveau que par la confiance que nous lui accordons. La confiance opère plus de miracles que les coups de bâton ou les suspicions […] 

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    De nombreuses vocations

    Depuis 2011, en visitant les paroisses, je vous ai distribué à des dizaines de milliers d’exemplaires une prière pour toutes les vocations et missions dont notre Église a besoin. Votre prière a été efficace. Je ne cite que l’exemple des futurs prêtres. Quand je suis arrivé en 2010, j’eus la joie de faire la connaissance des 4 séminaristes que comptait alors le diocèse. Un beau cadeau, car ils sont devenus maintenant de bons prêtres. Aujourd’hui nos séminaristes diocésains sont au nombre de 55. Cela m’a coûté peu d’efforts. Il m’a suffi de m’ouvrir, avec vous, aux réalités nouvelles qui touchent particulièrement les jeunes chrétiens d’aujourd’hui. Parmi eux, 18 relèvent de la filière traditionnelle de notre diocèse, celle, en français, du Séminaire Notre-Dame d’Espérance, les cours étant suivis au Séminaire de Namur, et l’autre, en néerlandais, du Séminaire Jean XXIII de Leuven. Ensuite, nous en avons 2 séminaristes diocésains appartenant à la Communauté de l’Emmanuel. Nous en avons 20 au Séminaire diocésain « Redemptoris Mater » de Limelette, avec des jeunes qui ont mûri leur vocation dans des communautés néocatéchuménales. Nous comptons enfin 15 séminaristes diocésains appartenant à la Fraternité des Saints Apôtres, que j’ai créée en 2013. Cette Fraternité nous a déjà donné 6 prêtres dont 5 s’investissent dans deux paroisses de Bruxelles, la petite paroisse populaire de Saint-Joseph à Uccle-Homborch et la paroisse plus prestigieuse de Sainte-Catherine au centre de Bruxelles. Des paroisses dont l’élan missionnaire rejoint celui de tant de paroisses de Bruxelles et du Brabant wallon qui brillent par leur vitalité, grâce aux paroissiens belges, mais grâce aussi à l’apport multiculturel de frères et sœurs chrétiens venus d’ailleurs. Ce dynamisme de tant de paroisses m’a beaucoup impressionné. Et je tiens à vous en féliciter et, avec vous, j’en rends grâce au Seigneur. »

     

    + André LÉONARD 5 & 6 décembre 2015

  • Une homélie du pape Benoît XVI pour la nuit de Noël

     

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    Chers frères et soeurs,

    La lecture tirée de la Lettre de Saint Paul Apôtre à Tite, que nous venons d’écouter, commence solennellement par la parole « apparuit », qui revient aussi de nouveau dans la lecture de la Messe de l’aurore : apparuit – « il est apparu ». C’est une parole programmatique par laquelle l’Église, d’une manière synthétique, veut exprimer l’essence de Noël. Dans le passé, les hommes avaient parlé et créé, de multiples manières, des images humaines de Dieu. Dieu lui-même avait parlé sous des formes diverses (cf. He 1, 1 : lecture de la Messe du jour). Mais, quelque chose de plus s’est produit maintenant : Il est apparu. Il s’est montré. Il est sorti de la lumière inaccessible dans laquelle il demeure. Lui-même est venu au milieu de nous. C’était pour l’Église antique la grande joie de Noël : Dieu est apparu. Il n’est plus seulement une idée, non pas seulement quelque chose à deviner à partir des paroles. Il est « apparu ». Mais demandons-nous maintenant : comment est-Il apparu ? Qui est-Il vraiment ? La lecture de la Messe de l’aurore dit à ce sujet : « Apparurent la bonté de Dieu (…) et son amour pour les hommes » (Tt 3, 4). Pour les hommes de l’époque préchrétienne, qui face aux horreurs et aux contradictions du monde craignaient que Dieu aussi ne fût pas totalement bon, mais pouvait sans doute être aussi cruel et arbitraire, c’était une vraie « épiphanie », la grande lumière qui nous est apparue : Dieu est pure bonté. Aujourd’hui aussi, des personnes qui ne réussissent plus à reconnaître Dieu dans la foi, se demandent si l’ultime puissance qui fonde et porte le monde, est vraiment bonne, ou si le mal n’est pas aussi puissant et originaire que le bien et le beau, que nous rencontrons à des moments lumineux dans notre cosmos. « Apparurent la bonté de Dieu (…) et son amour pour les hommes » : c’est une certitude nouvelle et consolante qui nous est donnée à Noël.

    Dans les trois messes de Noël, la liturgie cite un passage tiré du Livre du Prophète Isaïe, qui décrit encore plus concrètement l’épiphanie qui s’est produite à Noël : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin » (Is 9, 5s). Par ces paroles, nous ne savons pas si le prophète a pensé à un enfant quelconque né en son temps historique. Cela semble pourtant impossible. Ce texte est l’unique de l’Ancien Testament dans lequel il est dit d’un enfant, d’un être humain : son nom sera Dieu-Fort, Père-à-jamais. Nous sommes en présence d’une vision qui va beaucoup plus au-delà du moment historique vers ce qui est mystérieux, placé dans le futur. Un enfant, dans toute sa faiblesse, est Dieu-Fort. Un enfant, dans toute son indigence et sa dépendance, est Père-à-jamais. Et « la paix sera sans fin ». Le prophète en avait parlé auparavant comme d’« une grande lumière » et au sujet de la paix venant de Lui, il avait affirmé que le bâton de l’oppresseur, toutes les chaussures de soldat qui piétinaient bruyamment sur le sol, tout manteau roulé dans le sang seraient dévorés par le feu (cf. Is 9, 1.3-4).

    Dieu est apparu – comme un enfant. Par cela même il s’oppose à toute violence et apporte un message qui est la paix. En ce moment où le monde est continuellement menacé par la violence en de nombreux endroits et de diverses manières ; où il y a toujours encore des bâtons de l’oppresseur et des manteaux roulés dans le sang, nous crions vers le Seigneur : Toi, le Dieu-Fort, tu es apparu comme un enfant et tu t’es montré à nous comme Celui qui nous aime et Celui par lequel l’amour vaincra. Et Tu nous as fait comprendre qu’avec Toi nous devons être des artisans de paix. Nous aimons Ton être-enfant, Ta non-violence, mais nous souffrons du fait que la violence persiste dans le monde, c’est pourquoi nous te prions aussi : montre Ta puissance, ô Dieu. En notre temps, dans notre monde, fais que les bâtons de l’oppresseur, les manteaux roulés dans le sang et les chausseurs bruyantes des soldats soient brûlées, qu’ainsi Ta paix triomphe dans notre monde.

    Noël est une épiphanie – la manifestation de Dieu et de sa grande lumière dans un enfant qui est né pour nous. Né dans l’étable de Bethléem, non pas dans les palais des rois. Quand, en 1223, François d’Assise célébra Noël à Greccio avec un bœuf et un âne et une mangeoire pleine de foin, une nouvelle dimension du mystère de Noël a été rendue visible. François d’Assise a appelé Noël « la fête des fêtes » – plus que toutes les autres solennités – et il l’a célébré avec « une prévenance indicible » (2 Celano, 199 : Fonti Francescane, 787). Avec une profonde dévotion, il embrassait les images du petit enfant et balbutiait des paroles de tendresse à la manière des enfants, nous raconte Thomas de Celano (ibid.). Pour l’Église antique, la fête des fêtes était Pâques : dans la résurrection, le Christ avait ouvert les portes de la mort et il avait ainsi changé radicalement le monde : il avait créé en Dieu même une place pour l’homme. Eh bien, François n’a pas changé, il n’a pas voulu changer cette hiérarchie objective des fêtes, toute la structure de la foi centrée sur le mystère pascal. Toutefois, par lui et par sa façon de croire, quelque chose de nouveau s’est produit : François a découvert avec une profondeur toute nouvelle l’humanité de Jésus. Cet être-homme de la part de Dieu, lui a été rendu évident au maximum au moment où le Fils de Dieu, né de la Vierge Marie, fut enveloppé de langes et fut couché dans une mangeoire. La résurrection suppose l’incarnation. Le Fils de Dieu comme un enfant, comme un vrai fils d’homme – cela toucha profondément le cœur du Saint d’Assise, transformant la foi en amour. « Apparurent la bonté de Dieu (…) et son amour pour les hommes » : cette phrase de saint Paul acquérait ainsi une profondeur toute nouvelle. Dans l’enfant dans l’étable de Bethleem, on peut, pour ainsi dire, toucher Dieu et le caresser. Ainsi, l’année liturgique a reçu un second centre dans une fête qui est, avant tout, une fête du cœur.

    Tout ceci n’a rien d’un sentimentalisme. Dans la nouvelle expérience de la réalité de l’humanité de Jésus se révèle justement le grand mystère de la foi. François aimait Jésus, le petit enfant, parce que, dans ce fait d’être enfant, l’humilité de Dieu se rendait évidente. Dieu est devenu pauvre. Son Fils est né dans la pauvreté d’une étable. Dans l’enfant Jésus, Dieu s’est fait dépendant, ayant besoin de l’amour de personnes humaines, en condition de demander leur – notre – amour. Aujourd’hui Noël est devenu une fête commerciale, dont les scintillements éblouissants cachent le mystère de l’humilité de Dieu, et celle-ci nous invite à l’humilité et à la simplicité. Prions le Seigneur de nous aider à traverser du regard les façades étincelantes de ce temps pour trouver derrière elles l’enfant dans l’étable de Bethléem, pour découvrir ainsi la vraie joie et la vraie lumière.

    Sur la mangeoire qui était entre le bœuf et l’âne, François faisait célébrer la sainte Eucharistie (cf. 1 Celano, 85 : Fonti, 469). Par la suite, sur cette mangeoire un autel fut construit, afin que là où un temps les animaux avaient mangé le foin, maintenant les hommes puissent recevoir, pour le salut de l’âme et du corps, la chair de l’Agneau immaculé Jésus Christ, comme raconte Celano (cf. 1 Celano, 87 : Fonti, 471). Dans la sainte nuit de Greccio, François comme diacre avait personnellement chanté d’une voix sonore l’Évangile de Noël. Grâce aux splendides cantiques de Noël des Frères, la célébration semblait tout un tressaillement de joie (cf. 1 Celano, 85 et 86 : Fonti, 469 et 470). Justement la rencontre avec l’humilité de Dieu se transforme en joie : sa bonté crée la vraie fête.

    Celui qui aujourd’hui veut entrer dans l’église de la Nativité de Jésus à Bethléem découvre que le portail, qui un temps était haut de cinq mètres et demi et à travers lequel les empereurs et les califes entraient dans l’édifice, a été en grande partie muré. Est demeurée seulement une ouverture basse d’un mètre et demi. L’intention était probablement de mieux protéger l’église contre d’éventuels assauts, mais surtout d’éviter qu’on entre à cheval dans la maison de Dieu. Celui qui désire entrer dans le lieu de la naissance de Jésus, doit se baisser. Il me semble qu’en cela se manifeste une vérité plus profonde, par laquelle nous voulons nous laisser toucher en cette sainte Nuit : si nous voulons trouver le Dieu apparu comme un enfant, alors nous devons descendre du cheval de notre raison « libérale ». Nous devons déposer nos fausses certitudes, notre orgueil intellectuel, qui nous empêche de percevoir la proximité de Dieu. Nous devons suivre le chemin intérieur de saint François – le chemin vers cette extrême simplicité extérieure et intérieure qui rend le cœur capable de voir. Nous devons nous baisser, aller spirituellement, pour ainsi dire, à pied, pour pouvoir entrer à travers le portail de la foi et rencontrer le Dieu qui est différent de nos préjugés et de nos opinions : le Dieu qui se cache dans l’humilité d’un enfant qui vient de naître. Célébrons ainsi la liturgie de cette sainte Nuit et renonçons à nous fixer sur ce qui est matériel, mesurable et touchable. Laissons-nous simplifier par ce Dieu qui se manifeste au cœur devenu simple. Et prions en ce moment avant tout pour que tous ceux qui doivent vivre Noël dans la pauvreté, dans la souffrance, dans la condition de migrants, afin que leur apparaisse un rayon de la bonté de Dieu ; afin que les touche, ainsi que nous, cette bonté que Dieu, par la naissance de son Fils dans l’étable, a voulu porter dans le monde. Amen.

     (Basilique Vaticane , 24 décembre 2011)

  • Le Credo, expliqué par Monseigneur Léonard

    23785009511_50f6ec1592.jpg«  […] nous faisons mémoire au terme du temps de l’Avent de la naissance de Jésus, il y a une vingtaine de siècles, c’est parce que cette première venue est pour nous la garantie de sa nouvelle venue dans la gloire. Tout ce temps liturgique est tourné vers l’avant, en latin, la parousie en grec, le nouvel avènement dans la gloire de Jésus à la fin de l’histoire et à la fin de ce monde. Et nous osons espérer fermement que cette nouvelle venue aura lieu, puisque la première a eu lieu. Les espérances d’Israël ont été exaucées par le premier avènement de Jésus dans l’humilité et dans l’humiliation, et l’espérance du nouveau peuple de l’alliance, à savoir l’Eglise, sera elle aussi espérée par la nouvelle venue de Jésus, cette fois, dans la gloire. Lors du premier avènement, il a été jugé et condamné par les hommes. Quand il viendra de nouveau dans la gloire, c’est lui qui jugera les vivants et les morts avec justice et avec miséricorde. 

    L’évangile qui vient d’être proclamé m’impressionnait beaucoup dans mon enfance, parce que, quand j’avais sept ou huit ans, je ne connaissais pas encore l’histoire de l’Empire romain, je ne connaissais pas la situation religieuse ni politique de la Terre sainte, n’empêche, j’étais impressionné par la précision de la date: la quinzième année du règne de Tibère-César. Et je pressentais que c’était important, que nous étions marqués dans notre foi par un événement repérable dans l’histoire. La foi chrétienne n’a rien à voir avec une mythologie intemporelle, elle est liée à un événement historique daté, alors que Ponce Pilate était gouverneur de Judée, Hérode tétrarque de Galilée, Philippe tétrarque d’Iturie, à ce moment-là, la parole de Dieu a fondu à la verticale sur Jean-Baptiste, fils de Zacharie. Autrement dit, la parole de Dieu est entrée dans l’histoire humaine. L’amour de Dieu s’est infiltré au coeur de l’histoire et finalement, au coeur de chaque homme. La Parole de Dieu fut adressée par Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et ensuite, l’évangile relate la prédication de Jean-Baptiste en y voyant l’accomplissement de l’oracle d’Isaïe. Une voix crie dans le désert. Préparez la route du Seigneur, rendez droits ses sentiers.

    Je voudrais profiter ce cet évangile à quelques jours de Noël pour insister sur cet aspect de la foi, à savoir que la foi chrétienne n’est pas seulement un cri du coeur, une aspiration du coeur humain qui aurait projeté devant elle un événement illusoire. Notre foi nous a été, si je puis dire, arrachée, extorquée par un événement qui s’est imposé à nous historiquement. Et cela est infiniment précieux.

    Nous allons dans un instant proclamer la foi de Nicée-Constantinople, foi qui a été rédigée par les pères de deux conciles: Nicée en 325, Constantinople en 381 et dans ce texte du credo, il y a des envolées extraordinaires, qui dépassent notre capacité de comprendre. Nous affirmons d’abord notre foi en Dieu, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible, mais aussi de l’univers invisible, des anges, des archanges, des séraphins. Et puis nous parlons de Jésus comme étant notre seul Seigneur. A l’époque, quand ce texte a été rédigé, on avait derrière soi quelques siècles de l’Empire romain, où il avait fallu, si on n’était pas solide dans la foi, offrir de l’encens devant une statue de l'empereur romain qui se faisait considérer comme un dieu présent sur la terre, qui se faisait traiter donc de Kyrios, de seigneur. Et on dit dans le credo: “en un seul Seigneur, Fils unique de Dieu, né du père avant tous les siècles”. Car il a fallu résister aux hérésies qui voulaient simplifier notre foi, la mettre à mesure humaine, en disant que Jésus n’était pas vraiment Dieu. Il est un homme sublime, exceptionnel dont Dieu a fait son porte-parole, mais il est une créature. Il a fallu se battre grâce au courage d'Athanase d'Alexandrie pour dire non il est Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu engendré de toute éternité au sein de la Trinité et pas comme nous, créés dans le temps, et de même nature, en substance, que le Père, et par Lui, tout a été fait. Alors, devant de telles envolées métaphysiques, on pourrait se demander si ce n’est pas un rêve ou du délire. Mais aussitôt après vient la vie historique de Jésus, conçu de l’Esprit-Saint, né de la Vierge Marie et qui a souffert sa Passion sous Ponce Pilate. La mention de Ponce Pilate dans le credo est très précieuse, même si, paraît-il, en Allemagne, quand quelqu’un arrive comme un cheveu dans la soupe, on dit “il arrive comme Ponce Pilate dans le credo”. Mais la venue de Ponce Pilate dans le credo, autant un personnage falot, lâche, elle est très précieuse. Elle atteste que nous ne sommes pas dans un mythe, une projection psychologique, mais nous sommes dans un événement historique. Et après cette nouvelle garantie recommence une nouvelle envolée: il fut mis au tombeau, mais le troisième jour, il ressuscita d’entre les morts conformément aux écritures. Il est assis à le droite du Père. Au même moment que Dieu, car il est Dieu tout autant que le Père. Et il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin. Le credo de Nicée reprend ce que Daniel avait dit dans la vision du chapitre sept qui a tellement inspiré Jésus dans sa mission humaine: son règne n’aura pas de fin. Et puis nous proclamons notre foi dans l’Esprit-Saint. Et nous y croyons, dans l’Esprit-Saint, parce que Jésus nous en a parlé, nous a promis de l’envoyer. Et ici aussi, il nous a fallu résister aux hérétiques qu’on appelait des Pneumatomaques, ça veut dire en grec ceux qui se battent contre l’Esprit-Saint, qui considèrent que l’Esprit-Saint n’est pas vraiment Dieu, au contraire du Christ. Pour ces hérétiques, l’Esprit-Saint est un souffle anonyme, une respiration, mais pas vraiment quelqu’un, il n’est pas vraiment Dieu, Seigneur qui donne la vie. Il est un principe vital anonyme qui nous habite, qui nous inspire. Alors, il a fallu résister aux Pneumatomaques et dire non, l’Esprit-Saint, il est Seigneur et il donne la vie. Il procède du Père et du Fils ou, selon les Grecs, du Père par le Fils, mais cela revient pratiquement au même. Il procède du Père et du Fils et, avec le Père et le Fils, il reçoit, s’il vous plaît, même adoration et même gloire. Nous le vénérons et nous l’adorons tout autant que le Père et le Fils. Et après cette envolée, on poursuit avec le mystère de l’Eglise: je crois en l’Eglise, une. Rappelez-vous le filet qui est rempli de poissons (Luc, ch. 5) au point que les filets menacent de se déchirer. La pêche miraculeuse (Jean, ch. 21), et malgré la grande quantité de poissons, dit Jean, le filet ne se déchira pas. L’Eglise a beau être multiple, le filet comptait 153 gros poissons. Toutes les cultures, toutes les races, toutes les langues, et il ne se déchire pas. L’Eglise est une dans sa diversité, sainte, pas par elle-même, mais par le sein de Dieu, Jésus, qui est sa tête. Par l’Esprit-Saint, qui est son âme, par la Sainte Vierge Marie, qui est son coeur, par la Tradition sainte, qui vient des apôtres, par l’Ecriture sainte, qui éclaire le chemin dans cette vie et par le très saint Sacrement de l’Eucharistie qui est sa nourriture et le principe de sa vie. En ce sens, l’Eglise est sainte, même si elle est composée des pécheurs que nous sommes. Mais heureusement, elle produit aussi à travers l’histoire des saints et des saintes en grand nombre. Et après cela, après le mystère de l’Eglise, le baptême pour la rémission des péchés, et on termine avec une nouvelle envolée de foi et d’espérance: je crois en la résurrection des morts, je crois que Dieu recréera nos corps qui, ici-bas, sur cette terre, vont inévitablement vers la dissolution, la putréfaction ou la crémation et les cendres. Je crois en la recréation de nos corps, en la résurrection des corps et à la vie éternelle, amen.

    Alors, devant un texte bourré à craquer de foi en des réalités qui sont pour une bonne part invisibles, nous n’avons pas vu la création du ciel, ni de la terre, nous n’avons pas vu l’Esprit-Saint, on n’a pas vu la résurrection du Seigneur, on n’a pas vu encore la vie éternelle qui nous attend. Et heureusement, au milieu de tout cela, il y a Ponce Pilate, et la référence à l’histoire. Il y a l’an quinze, du règne de Tibère-César, il y a le procurateur de la Judée, à l’époque, et les différents tétrarques, et les grands prêtres de l’époque. Nous ne sommes pas dans le rêve, nous ne sommes pas dans l’imagination, nous ne sommes pas dans la mythologie, nous ne sommes pas dans la psychanalyse freudienne, nous sommes dans un événement historique qui s’impose à nous et qui est riche de sens et qui nous fait vivre pour toute cette vie et qui va faire vivre l’histoire humaine jusqu’à son accomplissement”.

    Extrait de l’homélie de Mgr Léonard lors de sa messe d'au revoir (suivant la forme extraordinaire du rite romain) à la Paroisse des Minimes à Bruxelles, le dimanche 20 décembre.

  • Nouveau à Liège : une formation pour « Panser la Société » avec Alliance Vita et l’Institut Européen de Bioéthique

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    Pour ne pas en rester au constat d’une société blessée, qui se désagrège faute de repères vitaux, chacun a besoin de prendre sa place dans la construction d’une nouvelle culture de vie. Que faire alors ?

    Avec le concours de l’Institut Européen de Bioéthique (Bruxelles), nous  accueillerons prochainement à Liège quatre soirées de formation de l’ « Université de la Vie » sur le thème « Panser la société ».

    Ces formations s’adressent de préférence à des personnes actives ou désireuses de s’investir dans les soins, l’écoute et l’accueil de la souffrance physique ou psycho-sociale. Tous les secteurs de la bioéthique sont ici concernés : procréation, maternité, fragilité sociétale, fin de vie.

    C’est organisé depuis Paris par l’association

    « Alliance Vita » (http://www.alliancevita.org/2015/06/agir ),

    en visio-conférence simultanée. Liège sera parmi les 113 villes françaises et européennes interconnectées aux mêmes jours et heures par grand écran interposé : pour nous, les quatre séances se tiendront à l’ « Espace Prémontrés », rue des Prémontrés, 40, salle Beaurepart (entrée par la cour). 

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    - le lundi 11 janvier 2016, de 20h15 à 22h30 : l’ancrage personnel dans l’action ;

    - le lundi 18 janvier 2016, de 20h15 à 22h30 : l’action humanitaire auprès des plus fragiles ;

    - le lundi 25 janvier 2016, de 20h15 à 22h30 : l’action politique pour le droit et la justice ;

    - le lundi  1er février 2016, de 20h15 à 22h30 : l’action globale pour une culture de la vie.

    Les intervenants d'Alliance VITA - François-Xavier Pérès, Tugdual Derville, Caroline Roux, Henri de Soos, Valérie Boulanger, Blanche Streb et le docteur Xavier Mirabel - seront accompagnés cette année de 4 fondateurs d’œuvres destinées aux personnes fragiles et de 5 grands experts qui apporteront leur éclairage.  

    La qualité du panel des intervenants et la participation des témoins réunis à Liège nous offriront un moment d’échange et de dialogue pour prolonger ensemble la réflexion.

    Que faire pour s’inscrire ?

    Soit  remplir vous-même le formulaire sur le site http://www.universitedelavie.fr

    Soit communiquer directement vos coordonnées complètes (nom, adresse, téléphone, adresse e-mail) à l'adresse suivante : willemaers.yves@gmail.com 

    ou téléphoner à la coordination locale (04.344.10.89 ou 087.22.54.76) pour que nous puissions procéder à votre inscription : en ce cas, le paiement de celle-ci sera perçu sur place, à l’entrée  de la première conférence.

    Pour participer à ce cycle de formation, l’inscription est obligatoire. Trois tarifs vous sont proposés 

    tarif normal : 30€ pour les 4 soirées

    tarif couple : 25 € pour les 4 soirées

    tarif réduit : 15€ pour les 4 soirées (tarif réservé aux étudiants sur présentation de leur carte les jours de l’événement)

     N'attendez pas ! Inscrivez-vous dès à présent et invitez vos amis. 

    Pour tous renseignements : tel. 087.22.54.76 ou 04.344.10.89 

    Yves Willemaers

    Coordonnateur-Liège

  • Lettre de Mgr Jean-Pierre Delville pour l’année jubilaire de la miséricorde

     LETTRE PASTORALE DE L'EVEQUE DE LIEGE
    POUR L'ANNEE JUBILAIRE DE LA MISERICORDE 

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    Cher Frères et Soeurs,

    Sans-titre-12.jpgÀ partir de ce 8 décembre, le pape François nous invite à célébrer un jubilé de la miséricorde. Un jubilé, d’après la Bible, cela se célèbre tous les 50 ans. Mais le pape François a décidé de ne pas attendre l’année 2050 ! Pourquoi ? C’est qu’il veut nous partager une intuition qui lui tient à coeur : la miséricorde !

    Qu’est-ce que la miséricorde ? Quand on s’écrie : « Miséricorde ! », cela signifie qu’on demande pitié dans une situation désespérée. On pourrait en déduire que l’année de la miséricorde se limite à considérer des cas désespérés… Est-ce bien ce que veut le pape ?

    Non, certainement pas ! Qu’est-ce qui caractérise alors la miséricorde par rapport à l’amour en général ? C’est que la miséricorde concerne toujours une personne fragile ; c’est une démarche d’amour pour la personne faible. Le mot « miséri-corde » évoque le coeur sensible à la misère. Dans la Bible la miséricorde a trois destinataires : la personne souffrante ; celle qui cherche l’amitié ; et celle qui est dans la faute. Suivant ces trois cas, on pourrait traduire miséricorde par compassion, amour fidèle, et clémence ou pitié.

    Cette triple approche est complémentaire : la première insiste sur la dimension instantanée et sur le sentiment vécu concrètement et physiquement ; la seconde insiste sur la dimension historique et sur la relation qui se construit dans le temps et la fidélité ; la troisième insiste sur l’amour qui est clément face aux situations irrégulières ou difficiles. Dès lors la « miséricorde » doit être comprise à la fois comme un sentiment instantané, un amour dans la durée, une clémence face aux irrégularités et aux ruptures.

    Pour participer à l’année de la miséricorde, le pape nous propose de passer par une porte sainte. En effet, dans chaque diocèse, certaines églises sont désignées comme sanctuaire du jubilé et dans chacune on trouvera une porte sainte. Dans notre diocèse neuf églises sont désignées comme sanctuaires du jubilé : la cathédrale et S.-Denis à Liège, la cathédrale de Malmedy, les sanctuaires mariaux de Banneux et Moresnet, la grotte du Petit-Lourdes à Bassenge, l’église Notre-Dame de la Miséricorde (ou des récollets) à Verviers, la collégiale de Huy et l’église décanale de Saint-Vith.

    Une porte est faite pour entrer et pour sortir. Commençons par entrer ! Rencontrons Dieu qui nous attend dans ce lieu. Découvrons sa miséricorde envers nous. « Il se sent responsable, c’est-à-dire qu’il veut notre bien et il veut nous voir heureux, remplis de joie et de paix », nous dit le pape François (Misericordiae Vultus, 9). C’est une source de joie en effet de se savoir aimé par quelqu’un. C’est une source de joie pour nous de nous savoir aimés par Dieu lui-même, dans nos souffrances, dans notre besoin d’affection et même dans nos fautes. Présentons-lui notre faiblesse, demandons-lui son pardon, recevons son amour en communiant au corps de son fils Jésus, pour qu’il nous réconcilie avec lui, avec les autres et avec nous-mêmes. Nous vivrons ainsi l’indulgence du jubilé, la libération de nos fautes et de leurs conséquences, nous aurons la conscience purifiée qui nous ouvre la voie de la vie éternelle.

    Et ensuite, sortons par la porte et parcourons le monde. « Soyez miséricordieux comme le Père est miséricordieux » (Lc 6,36), nous dit Jésus et nous rappelle le pape François. Pour celui-ci, la miséricorde est une clé du renouvellement du monde, car elle nous pousse à aimer au-delà des conventions et des habitudes. C’est aimer quelqu’un même s’il est dans une situation irrégulière ou mal vue, dans une situation de douleur ou de faiblesse. Cela demande une audace. Cet amour invite au pardon et à la réconciliation. C’est pourquoi dans l’année du jubilé, d’après la Bible, il faut remettre les dettes et libérer les esclaves. C’est un programme qui est toujours d’actualité. Il y a des gens qui sont prisonniers de leurs dettes ou de leurs faiblesses. Il y a dans le monde des milliers de personnes qui sont esclaves, c’est-à-dire victimes : esclaves de l’injustice, victimes de la guerre, victimes des changements climatiques, victimes de violences sexuelles, victimes de mépris racistes, victimes de la drogue, victimes de la richesse, victimes de la recherche du plaisir immédiat, victimes de l’ignorance, victimes de l’absence de spiritualité. Le Seigneur nous invite à aimer jusqu’à agir pour libérer l’esclave et pour remettre les dettes qu’on nous doit. Ce sont des oeuvres de miséricorde, des engagements concrets que nous sommes invités à prendre pour rendre le monde meilleur et ouvrir la porte à l’action de Dieu dans notre monde. En agissant dans le sens de la miséricorde, nous ouvrons à Dieu la porte sainte du monde, la porte sainte de tous les cœurs

    humains. Épaulons le pape François dans la mission de miséricorde qu’il propose à tous !

    Je vous invite donc à vous associer à l’ouverture du jubilé dans notre diocèse. Celle-ci aura lieu par l’ouverture de la porte sainte : le 13 décembre à la cathédrale de Liège, et le 20 décembre dans les églises jubilaires. Un petit livret du pèlerin est à votre disposition dans ces sanctuaires et à Siloë. Soyez donc des pèlerins du jubilé de la miséricorde. Vous avez un an pour faire la démarche ; différents rendez-vous spirituels vous seront proposés ; n’attendez pas le dernier moment pour y participer !

     

    Liège, ce 8 décembre 2015

    Votre évêque

    + Jean-Pierre Delville

  • Ecologie intégrale : un nouveau cycle de lunchs débats ouvert à l’Ulg par l’union des étudiants catholiques de Liège, avec le groupe « Ethique sociale » et le forum de conférences « Calpurnia »

    IMG_6916.JPGL’Union des étudiants catholiques de Liège ouvre avec le groupe éthique sociale et le forum de conférences « Calpurnia », un nouveau cycle (2015-2016) de lunchs débats intitulé « ECOLOGIE INTEGRALE ».  Ce cycle propose, à l’Université de Liège, cinq conférences sur les thèmes de réflexion soulevés par l'encyclique « Laudato si'» (« Loué sois-tu ») publiée par le pape François le 18 juin dernier. Le titre du cycle est tiré du 4e chapitre de la lettre encyclique.

    Pourquoi s’intéresser à l’écologie ? La première rencontre du cycle tentera d’y répondre en dégageant les lignes de force de l’encyclique. Elle sera animée par Monseigneur Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, le vendredi 11 décembre à 18h00, à la salle des professeurs, dans le bâtiment du Rectorat de l’Université de Liège, place du XX août, 7, 1er étage (accès par la grande entrée : parcours fléché).

    Participation aux frais : 10 € (à régler sur place) - 2 € pour les étudiants

    Inscription nécessaire au plus tard trois jours ouvrables à l’avance(8 décembre 2015) :

    soit par téléphone : 04 344 10 89

    soit par email : uniondesetudiantscatholiqueliege@skynet.be

    soit sur le site internet :http://www.ethiquesociale.org/conference/382/

    La rencontre suivante, « Laudato si et les grands mythes du développement durable », aura lieu le mercredi 13 janvier 2016 (18h00). Le sujet sera développé par Drieu Godefridi, essayiste, titulaire d’un doctorat en philosophie (Paris IV-Sorbonne), masters en droit et philosophie (UCL) et d’un DEA en droit fiscal (ULB).Viendront ensuite : «  Economie et environnement : les limites du pouvoir »; « L’écologie intégrale de saint Benoît : les abbayes bénédictines, jardiniers de la création et phare de culture » et « La crise écologique dans la vision de l’être humain ».

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