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Lettre de Mgr Jean-Pierre Delville pour l’année jubilaire de la miséricorde

 LETTRE PASTORALE DE L'EVEQUE DE LIEGE
POUR L'ANNEE JUBILAIRE DE LA MISERICORDE 

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Cher Frères et Soeurs,

Sans-titre-12.jpgÀ partir de ce 8 décembre, le pape François nous invite à célébrer un jubilé de la miséricorde. Un jubilé, d’après la Bible, cela se célèbre tous les 50 ans. Mais le pape François a décidé de ne pas attendre l’année 2050 ! Pourquoi ? C’est qu’il veut nous partager une intuition qui lui tient à coeur : la miséricorde !

Qu’est-ce que la miséricorde ? Quand on s’écrie : « Miséricorde ! », cela signifie qu’on demande pitié dans une situation désespérée. On pourrait en déduire que l’année de la miséricorde se limite à considérer des cas désespérés… Est-ce bien ce que veut le pape ?

Non, certainement pas ! Qu’est-ce qui caractérise alors la miséricorde par rapport à l’amour en général ? C’est que la miséricorde concerne toujours une personne fragile ; c’est une démarche d’amour pour la personne faible. Le mot « miséri-corde » évoque le coeur sensible à la misère. Dans la Bible la miséricorde a trois destinataires : la personne souffrante ; celle qui cherche l’amitié ; et celle qui est dans la faute. Suivant ces trois cas, on pourrait traduire miséricorde par compassion, amour fidèle, et clémence ou pitié.

Cette triple approche est complémentaire : la première insiste sur la dimension instantanée et sur le sentiment vécu concrètement et physiquement ; la seconde insiste sur la dimension historique et sur la relation qui se construit dans le temps et la fidélité ; la troisième insiste sur l’amour qui est clément face aux situations irrégulières ou difficiles. Dès lors la « miséricorde » doit être comprise à la fois comme un sentiment instantané, un amour dans la durée, une clémence face aux irrégularités et aux ruptures.

Pour participer à l’année de la miséricorde, le pape nous propose de passer par une porte sainte. En effet, dans chaque diocèse, certaines églises sont désignées comme sanctuaire du jubilé et dans chacune on trouvera une porte sainte. Dans notre diocèse neuf églises sont désignées comme sanctuaires du jubilé : la cathédrale et S.-Denis à Liège, la cathédrale de Malmedy, les sanctuaires mariaux de Banneux et Moresnet, la grotte du Petit-Lourdes à Bassenge, l’église Notre-Dame de la Miséricorde (ou des récollets) à Verviers, la collégiale de Huy et l’église décanale de Saint-Vith.

Une porte est faite pour entrer et pour sortir. Commençons par entrer ! Rencontrons Dieu qui nous attend dans ce lieu. Découvrons sa miséricorde envers nous. « Il se sent responsable, c’est-à-dire qu’il veut notre bien et il veut nous voir heureux, remplis de joie et de paix », nous dit le pape François (Misericordiae Vultus, 9). C’est une source de joie en effet de se savoir aimé par quelqu’un. C’est une source de joie pour nous de nous savoir aimés par Dieu lui-même, dans nos souffrances, dans notre besoin d’affection et même dans nos fautes. Présentons-lui notre faiblesse, demandons-lui son pardon, recevons son amour en communiant au corps de son fils Jésus, pour qu’il nous réconcilie avec lui, avec les autres et avec nous-mêmes. Nous vivrons ainsi l’indulgence du jubilé, la libération de nos fautes et de leurs conséquences, nous aurons la conscience purifiée qui nous ouvre la voie de la vie éternelle.

Et ensuite, sortons par la porte et parcourons le monde. « Soyez miséricordieux comme le Père est miséricordieux » (Lc 6,36), nous dit Jésus et nous rappelle le pape François. Pour celui-ci, la miséricorde est une clé du renouvellement du monde, car elle nous pousse à aimer au-delà des conventions et des habitudes. C’est aimer quelqu’un même s’il est dans une situation irrégulière ou mal vue, dans une situation de douleur ou de faiblesse. Cela demande une audace. Cet amour invite au pardon et à la réconciliation. C’est pourquoi dans l’année du jubilé, d’après la Bible, il faut remettre les dettes et libérer les esclaves. C’est un programme qui est toujours d’actualité. Il y a des gens qui sont prisonniers de leurs dettes ou de leurs faiblesses. Il y a dans le monde des milliers de personnes qui sont esclaves, c’est-à-dire victimes : esclaves de l’injustice, victimes de la guerre, victimes des changements climatiques, victimes de violences sexuelles, victimes de mépris racistes, victimes de la drogue, victimes de la richesse, victimes de la recherche du plaisir immédiat, victimes de l’ignorance, victimes de l’absence de spiritualité. Le Seigneur nous invite à aimer jusqu’à agir pour libérer l’esclave et pour remettre les dettes qu’on nous doit. Ce sont des oeuvres de miséricorde, des engagements concrets que nous sommes invités à prendre pour rendre le monde meilleur et ouvrir la porte à l’action de Dieu dans notre monde. En agissant dans le sens de la miséricorde, nous ouvrons à Dieu la porte sainte du monde, la porte sainte de tous les cœurs

humains. Épaulons le pape François dans la mission de miséricorde qu’il propose à tous !

Je vous invite donc à vous associer à l’ouverture du jubilé dans notre diocèse. Celle-ci aura lieu par l’ouverture de la porte sainte : le 13 décembre à la cathédrale de Liège, et le 20 décembre dans les églises jubilaires. Un petit livret du pèlerin est à votre disposition dans ces sanctuaires et à Siloë. Soyez donc des pèlerins du jubilé de la miséricorde. Vous avez un an pour faire la démarche ; différents rendez-vous spirituels vous seront proposés ; n’attendez pas le dernier moment pour y participer !

 

Liège, ce 8 décembre 2015

Votre évêque

+ Jean-Pierre Delville

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