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  • Le Père Zanotti-Sorkine répond aux questions de La Libre

    Témoins

    Interview du Père Zanotti-Sorkine

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    Par Dorian de Meeûs

     

    Sur le site de la Libre.be :

    Il y a dix ans à Marseille, en haut de La Canebière, l’église Saint Vincent de Paul, dite "des Réformés", était menacée de fermeture, car très peu fréquentée. L’évêque tente une dernière chance et en confie la charge au père Michel-Marie Zanotti-Sorkine (55 ans). Rapidement, dans ce quartier où les catholiques sont minoritaires, l’église est archi-pleine tous les dimanches. Plus de 1.000 baptêmes seront célébrés en dix ans dont 262 baptêmes d’adultes au cours des fêtes pascales. Depuis plusieurs semaines, trois prêtres de la Fraternité des Saints Apôtres – inspirée par le Père Zanotti-Sorkine - sont installés à l’Eglise Sainte-Catherine de Bruxelles.

    Entretien avec un prêtre médiatisé, voire encombrant pour certains...

    Vous êtes un ancien chanteur de cabaret. Comment s’est faite cette transition ?

    Tout naturellement. Je portais en moi depuis l'enfance le désir de la prêtrise, mais avec la volonté de rejoindre ceux qui étaient éloignés de la foi. Pendant une dizaine d'années, j'ai chanté tous les soirs de cabarets en pianos-bars la poésie française, j'ai vu les amours se faire et se défaire, la misère morale mais aussi la beauté intrinsèque de l'homme cachée dans des lieux d'enfer. Ce furent des années magnifiques où le Christ m'apprit que chaque être, quels que soient ses choix, son histoire, ses déviances, reste son enfant et continue mystérieusement d'être habité par son amour.

    Pourquoi avez-vous abandonné l’ordre des Dominicains, puis celui des Franciscains ?

    Je n'ai rien à reprocher à ces deux familles religieuses. Je les ai quittées pour des raisons diverses. Permettez-moi de penser qu'il me fallait en partir. Personne ne maitrise le cours de sa propre existence. Sans doute était-ce nécessaire que j'exprime d'une manière plus personnelle ce que je portais en moi d'idéal apostolique. Quelle est votre recette pour attirer les fidèles à la messe ? Les églises se rempliront si elles ouvrent leurs portes douze heures par jour, afin que l'on y perçoive avec ses sens la présence du Christ et de sa mère, que le silence y soit respecté pour permettre à l'âme de rejoindre l'amour qui est Dieu, que la liturgie eucharistique ne soit ni plate ni insipide ni bavarde, qu'elle soit célébrée sans pompe excessive mais avec soin et beauté. Il faut que le prêtre soit présent dans son église plusieurs heures par jour, qu'il n'ait rien du fonctionnaire, qu'il reçoive sans rendez-vous, qu'il parcoure les rues de son quartier et de la ville, parlant avec les uns et les autres…

    Et en soutane, comme vous ?

    Si possible en soutane ou en clergyman pour donner une chance à ceux qui ne pratiquent pas de voir un prêtre, de le reconnaître et de lui parler. Le prêtre ne doit pas être un homme de structure, de plans, dans lesquels les personnes se doivent absolument d'entrer, que l'on sente en lui qu'il n'est qu'un intendant des mystères de Dieu, un gérant et non le propriétaire des richesses divines.

    Malgré votre succès pastoral et en librairie, vous êtes fortement critiqué au sein de l’Eglise. Jugé encombrant et trop médiatique, comment percevez-vous ces critiques ?

    Ces critiques viennent en effet de l'intérieur de l'Eglise et dans la plupart des cas, de personnes qui ne m'ont jamais rencontré et qui fondent leur jugement sur leur propre sensibilité religieuse ou à partir de "on-dit". Comment voulez-vous alors que je les considère ? Je les laisse courir. Ce qui m'intéresse, c'est la foule des petits et des humbles qui ont besoin de Dieu et qui eux ne vous jugent pas parce qu'ils ne sont jamais idéologiques.

    Votre site internet est très impressionnant. Vous comprenez que vos détracteurs dénoncent ce côté bling-bling ?

    Très franchement, je n'ai pas l'impression que mon site soit bling-bling ! Il contient tout au plus des centaines d'homélies et quelque articles de presse... mais dites-moi, puisque nous en sommes à cette question, le prêtre doit-il rester dans son coin, effacé, couleur gris muraille, loin de la modernité, adepte du minima dans tout ce qu'il propose ? Je ne le crois pas. Nous sommes les représentants d'un Christ solaire et rayonnant qui, avant de monter sur la croix, a été suivi par des milliers de personnes à qui il a adressé sa parole de feu ! Et nous devons l'imiter... avant l'incontournable croix !

    Il est de notoriété publique que vos relations avec votre archevêque, Mgr Pontier, étaient mauvaises. Est-ce là la raison de votre départ de Marseille ?

    Rien de plus faux. Mes relations avec Mgr Pontier sont excellentes. Je dois notamment à Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef au journal de La Croix, d'avoir insinué dans un de ses articles que je n’obéissais pas à mon évêque ! Cette dame que j’entends cependant respecter, elle non plus, ne m'a jamais rencontré ! Je constate encore que c'est de "l'intérieur" que le mal s'accomplit et se répand, et c'est ainsi que les chrétiens se divisent et que l'évangélisation piétine. Mais là encore, je passe sous les aboiements qui ne gênent en rien l'œuvre de Dieu…

    Même en Belgique, l’ordination des 3 prêtres qui suivent votre courant est perçue par certains comme une mauvaise nouvelle. Envisagez-vous de venir vous installer en Belgique ?

    Je demande à tous ceux qui formulent des critiques à leur sujet d'avoir la bonté d'aller les rencontrer et de se rendre compte de ce qu'ils sont, et de ce qu'ils font. De passage à Bruxelles pour une journée la semaine dernière, je suis allé les visiter, et j'ai été émerveillé de voir à quel point ils étaient déjà insérés dans le tissu social de leur quartier et combien les commerçants les apprécient et les entourent d'une grande gentillesse. Par pitié, arrêtons de critiquer, de détruire, de juger gravement des personnes qui ont donné leur vie au Christ ! La Belgique est-elle si riche en vocations pour ne pas se réjouir de l'arrivée de ces jeunes frères qui ont pour idéal de vie de rejoindre ceux qui se sont éloignés, ceux qui, bien que baptisés, ne pratiquent plus ? Un prêtre de plus dans une ville, ça vaut de l'or ! Alors plusieurs, quel don ! Réjouissons-nous ! Et surtout ne jugeons pas sur l'apparence, sur leur soutane, sur leur liturgie qui n'est rien d'autre que catholique ! L’amour de la différence si souvent prôné par les uns et les autres doit aussi se manifester au sein même de l'église où toutes les sensibilités sont les bienvenues.

    A vos yeux, un prêtre doit-il aujourd’hui être médiatique et visible, à l’instar des évangélistes américains ?

    Uniquement ceux qui doivent l'être. Le but n'est pas d'être médiatique mais de travailler ardemment jusqu'à susciter l’intérêt du grand nombre et son questionnement. "Allez de toutes les nations, faites des disciples !" Quant à être visible, c'est vital ! Un prêtre doit être reconnaissable. Le dernier des athées doit pouvoir lui cracher dessus ou lui parler. Il n'est pas l'homme d'un sérail, de sa petite chapelle, fut-elle ardente et sympathique.

    Vous dénoncez les artistes qui s’attaquent au Christ et vous appelez les chrétiens à s’indigner face à cela. Les religions ne doivent-elles pas accepter les critiques, comme elles dénoncent parfois elles-mêmes certains comportements humains ou évolutions sociétales ?

    Vous faites sans doute allusion au spectacle de Monsieur Castellucci qui eut lieu à Paris au Châtelet il y a quelques années et où l'un des protagonistes jetait des excréments sur le visage du Christ ! Tout en sauvegardant une saine liberté d'expression, je ne crois pas qu'il soit bon de rire de tout ou encore de porter atteinte à certaines réalités qui, pour des êtres, sont sacrées. Et il est bon que de temps en temps, instinctivement, le sang monte au visage face à l'insulte. A l'heure la plus tragique de l’expansion du SIDA dans les années 80, je me souviens qu'un mot d'ordre avait été donné : il était alors interdit de se moquer de ce fléau et des personnes atteintes. Je partage ce point de vue. Il y a des réalités intouchables : la souffrance des êtres, et les croyances les plus sacrées. Quant aux artistes, qu'ils écoutent encore ce que François Mauriac disaient d'eux : « l'artiste est celui qui sauve le monde de la douleur en lui donnant les formes les plus belles de l’amour. »

    Le pape François appelle les prêtres à éviter de faire "comme on a toujours fait", c’est pourtant ce que vous faites en restant très traditionnaliste, non ?

    Pourquoi me rangez-vous dans une catégorie ? Je suis un homme et un ami du Christ et cela suffit. Depuis deux mille ans, les prêtres célèbrent l'eucharistie et accordent le pardon de Dieu, depuis deux mille ans, ils cherchent à aimer avec démesure tous les êtres qu'ils rencontrent, à commencer par les plus abjects, depuis deux mille ans, ils tiennent à ne juger personne, depuis deux mille ans, ils cherchent des voies nouvelles pour annoncer l'évangile, et à ce sujet, je fais ce que je peux avec mes livres et mes chansons. Le drame c'est que si vous sortez des sentiers battus comme je le fais là, on vous accuse de mettre le système en péril, de sortir de l'institution, de ne plus faire corps avec l'establishment, d'exprimer librement ce que vous portez en vous. Et si vous êtes complètement « dedans », on vous accuse d'être ringard ! Il faudrait tout de même se mettre d'accord ! Et par rapport au pape ? Je reçois la pensée du pape comme une invitation à sortir de nos plans pastoraux souvent dépassés. Regardez par exemple, pour le baptême : tout le monde est obligé de faire deux à trois ans de préparation pour le recevoir, alors qu'il faudrait faire du sur-mesure, en tenant compte de ce que sont les personnes ! Nous absolutisons les moyens. Sur ce point, le pape François, lorsqu'il était archevêque de Buenos Aires, avait réglé la question en simplifiant au maximum la procédure ! En ce sens, il faut entrer dans des perspectives nouvelles et abandonner nos systèmes étroits et caducs.

    Quelles sont vos relations avec les musulmans ? Est-ce vrai que vous avez baptisé des musulmans ?

    J'ai trouvé chez mes frères musulmans que je croisais tous les jours dans les cafés et dans la rue une gentillesse et un accueil que je n'ai pas toujours trouvés dans le monde chrétien. Ils m'ont toujours respecté et considéré comme un serviteur de Dieu. L’amitié était au rendez-vous. Et, en effet, j'ai baptisé plusieurs d'entre eux tout simplement parce qu'ils désiraient être immergés dans sa grâce !

    Entretien : Dorian de Meeûs"

  • « La vérité sans la charité peut parfois tuer, la charité sans la vérité conduit à l’erreur ».

    Témoins

    Interview de Monseigneur Léonard

     

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    à propos du Synode "extraordinaire" sur la famille :

     

    De Marie Malzac (I.MEDIA) et Antoine Pasquier sur le site de Famille Chrétienne :

    Mgr Léonard : « Les pères synodaux veulent tenir proximité pastorale et rectitude doctrinale »

    Au terme des travaux du Synode des évêques sur la famille en petits groupes linguistiques, Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles (Belgique), rappelle que « tout l’art de la pastorale » est de « relier » charité et vérité.

    Comment se sont déroulés les travaux en petits groupes ?

    Dans mon groupe, tout s’est passé très fraternellement, même lorsque il y avait des désaccords sur l’un ou l’autre point, cela se réglait à l’amiable. Je rédigeais les propositions d’amendements ; si quelque chose ne plaisait pas, je modifiais, en tenant compte de l’avis de chacun, sur le modèle du compromis « à la belge ». Cela s’est donc bien passé, mais je mets quand même un petit bémol, car l’actualité nous a contraints à accorder plus de temps que nous ne l’eussions souhaité à certains thèmes, relevés avec insistance dans la presse, alors que nous aurions préféré développer positivement d’autres choses et faire des amendements sur d’autres chapitres. Le temps étant extrêmement limité, il a fallu se concentrer sur les sujets qui fâchent à la suite de la diffusion tout à fait normale et légitime du document intermédiaire. C’est un instrument de travail et certaines expressions donnaient lieu à des interprétations qui n’étaient pas approuvées par la majorité des pères synodaux.

    Pas de changement de doctrine, mais quelle évolution de l’enseignement pastoral de l’Église ?

    Il faut insister sur l’accompagnement. Sur la question de l’accès aux sacrements des couples divorcés remariés, il ne faut pas les laisser sur un slogan « Interdit de communier » mais les aider à comprendre l’importance, par exemple, de la communion spirituelle. La grâce va au-delà de la communion sacramentelle. Le Seigneur serait-il prisonnier de ses sacrements ? De manière générale, beaucoup sont attachés à la discipline en vigueur dans l’Église mais souhaitent des interprétations de la doctrine dans le sens d’une vision plus positive. On peut vivre la discipline actuelle, étroitement liée aux aspects doctrinaux, de façon beaucoup plus chaleureuse qu’un simple « niet ». La miséricorde de Dieu ne peut pas justifier tous les états de vie comme s’ils étaient équivalents, mais elle rejoint chacun.



    Pensez-vous que le synode se soit trop focalisé sur certains sujets au détriment d’autres ?

    La place prise par certains sujets a été démesurée. D’autres questions auraient dû être traitées prioritairement. Quelques-unes l’ont été dans les cercles mineurs. Ainsi, certains ont proposé une lecture plus positive d’Humanae vitae, non pas pour en diminuer l’impact mais pour mieux faire comprendre cette encyclique. Nous voyons, cinquante ans après sa publication par Paul VI, comment la déconnexion entre procréation et sexualité est pleine de risques. Le cœur de l’encyclique ne formule pas d’abord un interdit, mais rappelle le lien entre l’union spirituelle et charnelle des époux et l’ouverture au don de la vie. Mais on aurait également pu s’attarder davantage sur la nécessité du développement de la préparation au mariage. Beaucoup s’engagent avec une conscience très faible de ce que cela signifie. L’Église porte en cela une grande responsabilité. Un autre point important, c’est le « service après-vente », c’est-à-dire l’accompagnement des époux après le mariage.

    Le lien entre charité et vérité a été une des questions soulevées par le synode. La charité découle-t-elle de la vérité ou devance-t-elle la vérité ?

    Je privilégierais la seconde attitude. On ne peut pas arriver vers les personnes en commençant par leur exposer ce que dit l’Église. Il faut d’abord être proche. Même dans nos rapports quotidiens, nous ne pouvons dire une vérité difficile à une autre personne que si un climat pour la rencontre a été instauré. Pastoralement, c’est aussi comme cela qu’il faut procéder. Rencontrer les gens, leur donner des occasions de dialogue, d’écoute mutuelle puis, ensuite, leur dire les choses exigeantes. La vérité sans la charité peut parfois tuer, la charité sans la vérité conduit à l’erreur. Tout l’art de la pastorale est de relier les deux. Mais s’il faut donner un ordre de priorité dans la démarche, je pense qu’il convient de commencer par la charité qui ouvre le cœur pour semer dans ce cœur une parole, même très exigeante.

    Des catholiques fidèles à l’enseignement de l’Église sont inquiets de l’issue de ce synode. Ils craignent qu’une brèche soit ouverte. Que leur diriez-vous ?

    Je ne crains pas trop cela. En fréquentant les quelque deux cent confrères du synode, je suis frappé par le bon sens, la piété et la solidité dans leur foi. Je ne pense pas que l’on s’achemine vers des dérives. Le sensus fidei va prévaloir. En Occident, les évêques ont très peur de décourager les personnes en manquant d’ouverture. Dans d’autres épiscopats, comme en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, on affirme au contraire que c’est rendre service aux fidèles que de tenir un langage clair. Un des enjeux principaux du synode est de tenir ensemble amour et vérité, avoir une proximité pastorale et en même temps une rectitude et une fidélité sur le plan doctrinal. Tous les pères synodaux veulent cela, avec des dièses ou des bémols. Je crois que l’unité se fera.

    Marie Malzac (I.MEDIA) et Antoine Pasquier

     

  • La Revue « Vérité & Espérance-Pâque Nouvelle » : livraison d’automne

    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l’église du Saint-Sacrement à Liège) sort sa livraison d’automne. Tiré à 4.000 exemplaires dans une mise en page renouvelée, le magazine parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation (les titres en bleu sont disponibles en ligne: cliquez sur le titre). Au sommaire de ce numéro d’octobre 2014 :

    SOMMAIRE n° 92 (3e trimestre 2014) 

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    Le départ du Père Zanotti-Sorkine devient une affaire

    Quand Scalfari remet le couvert avec le pape François

    Annie Laurent : les chrétiens d’Irak ne sont pas une minorité comme les autres

    Le pape François visite la Corée et tance les évêques

    Bruxelles : l’église Sainte-Catherine reprise par des prêtres « controversés »

    A peine 14 nouveaux prêtres cette année en Belgique

    Ethique familiale et sexuelle : le manifeste de l’évêque d’Anvers 

     

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    Pour l’ordination des femmes ?

    « Vous pouvez nous tuer ; nous nuire, non »

    Tu amasseras des charbons de feu sur sa tête…

    la pastorale de l'enfouissement a-t-elle vécu ? 

     

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien sont reçus au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

     

     

    DECOUVRIR

    L'EGLISE DU SAINT-SACREMENT A LIEGE

    Boulevard d'Avroy, 132 

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    LES JOURS ET HEURES D'OUVERTURE

     Messes dominicales: tous les dimanches et fêtes de précepte,10h00 en latin (abbé Jean Schoonbroodt,  missel de 1962), choeur grégorien et orgue ; 11h15 en français (abbé Claude Germeau, missel de 1970), orgue et violoncelle.

    Confessions et adoration eucharistique: tous les mardis de 17h00 à 19h00 (17h00, vêpres grégoriennes suivies d'un temps de méditation; 18h00, chapelet suivi des litanies du Sacré-Coeur; 18h45, bénédiction du Saint-Sacrement suivie de l'angélus.

    Visites guidées (groupes de 5 personnes minimum): tél. asbl "Sursum Corda" 04.344.10.89, courriel sursumcorda@skynet.be

  • A peine 14 nouveaux prêtres cette année en Belgique

     

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    A peine 14 nouveaux prêtres cette année en Belgique

    Selon "La Libre" (avec Belga)

    1248130556_ID6623927_eglise2_H38NCF_0 (1).JPG « La Belgique compte cette année à peine quatorze nouveaux prêtres dont la moitié sont d'origine étrangère, selon un tour d'horizon réalisé par l'Agence Belga. L'évêché de Namur remporte la palme avec 7 ordinations suivi par l'archidiocèse de Malines-Bruxelles qui en totalise six. L'évêché de Gand ferme la marche avec une seule ordination. Aucune n'aura lieu dans les évêchés de Bruges, Hasselt, Anvers, Liège et Tournai. A Namur, trois des nouveaux prêtres sont Belges tandis que les autres viennent du Paraguay, du Brésil, d'Italie et du Bénin et cinq d'entre eux appartiennent, en outre, aux nouveaux mouvements religieux comme le Chemin Néocatéchuménal et la Fraternité de Tibériade.

    Concernant l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, trois des nouveaux prêtres sont d'origine belge tandis que les trois autres sont étrangers. Trois de ces nouveaux prêtres - dont deux étrangers - sont, par ailleurs, membres de la Fraternité des Saints Apôtres érigée le 7 avril 2013 par Mgr Léonard. Ils rejoindront ensuite deux paroisses bruxelloises.

    Le manque de prêtres est toutefois de plus en plus criant en Belgique. Certains évêchés comme Malines-Bruxelles font appel depuis plusieurs années à des prêtres étrangers alors que d'autres y sont fermement opposés. Les prêtres d'origine étrangère ne connaissent en effet souvent pas les habitudes pastorales locales et les expériences avec des prêtres étrangers ne se sont pas toujours révélées heureuses.

    Des fédérations de paroisses ont été érigées voici quelques années pour répondre au manque de vocations mais à l'heure actuelle toutes les fédérations ne disposent pas de leur propre prêtre. » (22.08.2014) 

    Notre point de vue

    Que ce soit en Belgique, en France ou  ailleurs, la situation de l’Europe aposà peine 14205.jpgtate est loin de refléter la réalité globale.

    Ensuite, c’est souvent la mentalité des évêques de ces pays qui doit aussi changer , abandonner les a priori et les exclusives : combien de fois n’avons-nous pas entendu, un peu partout dans nos régions : non,  pas les Frères de  X car leur théologie ne me convient pas ; non, pas la Communauté Y, car elle est inassimilable dans mon presbyterium ; non, dans mon diocèse, pas de prêtres de ce pays dont la mentalité est « arriérée »; non, pas tel candidat à la prêtrise car son piétisme n’est pas conforme à l’esprit du concile etc.

    Un peu moins d’idéologie, un peu plus d’ouverture pour faire l’unité dans la diversité : voilà ce qu’on attend d’un vrai pasteur. Posons-nous la question de savoir pourquoi cela marche dans le diocèse de Mgr Rey ou dans ceux qui recueillent les fruits de l’action de Mgr Léonard et pas ailleurs ?

    Il faut vouloir et former des prêtres, comme dit le titre d’un livre déjà ancien du Père Manaranche, et abandonner les mentalités contraceptives qui, ouvertement ou non, estiment que la figure sacrale du prêtre célibataire, mis à part pour Dieu et éduqué dans un séminaire est dépassée ; que tôt ou tard, la fonction presbytérale  sera conférée à des membres élus par le Peuple de Dieu, dont « la base » pourvoira elle-même à ses besoins, en concluant: ne sommes-nous pas l’Eglise ?

    V&E

     Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle, n° 92, 3e trimestre 2014

     

  • Bruxelles : l'église Sainte-Catherine reprise par des prêtres « controversés »

      

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    Bruxelles : l'église Sainte-Catherine reprise par des prêtres

     " controversés"

    Sous la plume de Christian Laporte, dans la « Libre » du 14 juillet (extrait) :

    "Mgr Léonard a décidé de les y accueillir jusqu’en juin 2015.

    Il y a une semaine, l’archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Léonard, annonçait la réouverture au culte de l’église Ste-Catherine durant l’année pastorale 2013-2014. Une ouverture provisoire question d’évaluer l’ampleur de l’espace qui devrait, dans l’hypothèse d’un projet d’occupation partagée, y être réservé au culte catholique.

    Bref rappel : depuis la fin 2011, la fermeture annoncée de l’église du "Vismet" à Bruxelles et sa réaffectation non spirituelle ont fait couler des tonnes de salive et d’encre et suscité une mobilisation certaine de fidèles demandant son maintien à l’encontre de l’avis des responsables ecclésiaux bruxellois.

    Compromis intra-ecclésial

    Entre-temps, la Ville a lancé avec l’accord de ces derniers un appel à idées en vue d’un éventuel usage partagé de l’église. Le jury devait trancher récemment mais la surprise est venue de l’archidiocèse qui veut laisser une chance à une occupation pastorale. Mgr Léonard, invoquant sa responsabilité propre et après concertation avec l’évêque de Bruxelles, Mgr Jean Kockerols, entend vérifier et déterminer par l’expérience quelle partie de l’église doit être gardée pour le culte.

    Aussi l’archevêque va y installer dès la rentrée de septembre les trois futurs prêtres de la Fraternité des Saints Apôtres chère à l’abbé Michel-Marie Zanotti Sorkine… auxquels il voulait confier l’église du Béguinage mais la paroisse et l’abbé Alliët l’ont refusé avec force.

    Accord romain conditionnel

    Déjà diacres, ils seront ordonnés prêtres le 22 août. Et cela malgré l’opposition de plusieurs évêques belges qui s’en sont ouverts à Rome, perplexes notamment sur le suivi de leur vocation et leur encadrement spirituel. Mais au Vatican, on a précisé ne pas s’opposer à ces ordinations si elles sont conformes au droit canon, ce qui est le cas jusqu’ici. Ils pourront donc s’occuper de Ste-Catherine de septembre 2014 à juin 2015.

    En attendant des questions restent ouvertes à Bruxelles : dans toute l’opération, l’archevêque a joué cavalier seul, plus que jamais convaincu que la Fraternité apportera des charismes à l’Eglise. Son Conseil épiscopal, plus perplexe, n’a pu qu’en prendre acte.(…) »

    Notre point de vue 

    17.jpgQue le projet d'installer des prêtres disciples du Père Zanotti à l'église du Béguinage ait été écarté ne suffit par à Monsieur Laporte qui annonce, avec dépit, leur installation à Sainte-Catherine dans La Libre, il faudrait qu'ils soient proscrits partout et sans doute serait-il préférable que cette église devienne un marché aux poissons ou aux légumes ou encore un temple de l'art contemporain. Mais voilà, notre archevêque en a décidé autrement sans se formaliser des cris d'orfraie qu'allaient pousser les Laporte et consorts. Quant à nous, nous nous réjouissons de voir rendue au culte cette église qui ne pouvait être confiée à de meilleures mains.Ce nouvel institut, inspiré par l’abbé Michel-Marie Zanotti-Sorkine, ancien curé des « Réformés » à Marseille, a été reconnu par Mgr André-Joseph Léonard le 6 avril 2013. À l’heure où la nouvelle évangélisation apparaît comme un besoin pressant, le primat de Belgique donne donc à son archidiocèse son pays  une communauté missionnaire nouvelle placée sous le patronage des apôtres qui convertirent les foules après la résurrection du Christ.

    « J’ai fait leur connaissance en décembre 2011 à Marseille, explique-t-il par ailleurs à Christian Laporte (interview dans La Libre du 21.08.2014). Un compatriote m’avait invité à aller découvrir la paroisse Saint-Vincent-de-Paul. Et dans la foulée, j’avais reçu un livre d’entretiens du Père Michel-Marie Zanotti avec un journaliste. Je l’avais laissé sur le côté mais quand je suis allé aux JMJ à Madrid, j’ai emporté "Homme et prêtre" pour les longs transports. Finalement ce livre m’a brûlé le cœur et j’ai voulu aller voir sur place. Pendant deux jours, j’y ai côtoyé une Eglise joyeuse, fraternelle, fervente. Sa pastorale était à la fois classique et populaire. Le hasard a voulu que je rencontre aussi un jeune se destinant au sacerdoce mais pas dans l’optique de n’être qu’un gérant de paroisse.

    Michel-Marie Zanotti était tout à fait le contraire de cette vision, prêt à rencontrer des gens du matin au soir. Ce fut comme un déclic… Comme dans l’Hexagone, il y avait un grand climat de méfiance à l’égard d’un groupe de candidats, ils se sont adressés à moi vers la fin 2012. Et m’ont demandé de les accueillir au sein d’une Fraternité car ils voulaient vivre et travailler ensemble au sein d’une communauté et devenir prêtres. J’en ai parlé à l’abbé Bonnewijn responsable de la formation aux ministères ordonnés et nous avons fait les screenings nécessaires. On les a trouvés très modernes d’autant plus qu’ils ont opté comme Michel-Marie Zanotti pour le travail sur le terrain dans une grande ville. Mieux encore : dans des quartiers à forte implantation musulmane comme à Marseille. Le Père Zanotti porte le froc pour marquer son appartenance mais n’en est pas moins en communion avec les gens du quartier : des hommes y portent aussi la robe et des femmes qui ont un voile rappellent les religieuses… »

    Lorsqu’il était évêque de Namur, Mgr Léonard avait déjà reconnu, comme association publique de fidèles 1995), la Fraternité Saint Thomas Becket  aujourd’hui implantée dans plusieurs diocèses…

     V&E

    Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle, n° 92, 3e trimestre 2014

  • Quand Scalfari remet le couvert avec le pape François

     

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    Quand Scalfari remet le couvert avec le pape François

    Des propos qui suscitent une mise au point du Saint-Siège

    scalfari199.jpgLe dimanche 13 juillet dernier, le quotidien laïc italien « la Repubblica » a publié un nouvel entretien (1) accordé par le pape François à son fondateur et ancien directeur, Eugenio Scalfari. On y peut lire notamment ce dialogue, dont nous reproduisons la traduction littérale (y compris la ponctuation, les guillemets ou leur absence) :

     « - Sainteté, vous travaillez assidument pour intégrer la catholicité avec les orthodoxes, les anglicans ... 

    Il m'interrompt et poursuit:

    - «Avec les Vaudois (l'église évangélique vaudoise), que je trouve des religieux de premier ordre, avec les pentecôtistes et naturellement, avec nos frères juifs » 

    - Eh bien, beaucoup de ces prêtres ou pasteurs sont régulièrement mariés. Comment va évoluer au fil du temps ce problème dans l'Eglise de Rome? 

    « Peut-être ne savez-vous pas que le célibat a été établi au Xe siècle, c'est-à-dire 900 ans après la mort de notre Seigneur. L'Eglise catholique orientale a à ce jour la faculté que ses prêtres se marient. Le problème existe certainement mais n'est pas d'une grande ampleur. Il faut du temps, mais il y a des solutions et je les trouverai.

    Dans un communiqué publié le même jour, le Père Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a nuancé les termes supposés de la réponse faite par le pape, en indiquant, entre autres, qu’on ne pouvait attribuer avec certitude à celui-ci l’affirmation : « les solutions, je les trouverai ». Et il a sans doute bien fait car cette question de la continence liée à la discipline sacerdotale est presqu’aussi vieille que l’Eglise et ne se résume pas à la disposition conciliaire de 1139 statuant que le mariage des prêtres est illicite et invalide. Le Père Lombardi aurait pu préciser aussi que, contrairement au propos attribué par Scalfari au pape François, aucune Eglise, orientale ou non, ne laisse présentement à ses prêtres la faculté de se marier après leur ordination.

    Le célibat ecclésiastique, une invention tardive ?

    Ceux qui voient dans le célibat des clercs majeurs une invention tardive (2) sont de moins en moins nombreux, car l’argument, tiré en fait de la disposition précitée du 2e concile de Latran, ne résiste pas à une simple lecture du texte conciliaire : le document n’établit pas l’obligation du célibat, mais frappe de nullité tout mariage contracté par un clerc déjà ordonné et les auteurs qui font autorité reconnaissent généralement que les origines de la continence exigée des clercs sont bien antérieures à cette époque. Mais les exégètes divergent sur la raison exacte qui motivait alors le prescrit et sur l’interprétation de la genèse de son développement.

    Par ailleurs, les seuls arguments historiques ou disciplinaires sont rarement décisifs pour mettre fin à une  contestation (ce n’est pas la première) dans un domaine aussi sensible : a fortiori lorsqu’elle refait surface  dans l’ambiance séculariste postconciliaire exaltant toutes les formes de liberté. C’est pourquoi, dans l’époque précédant le règne du pape François, la réflexion s’est surtout portée sur le développement théologique légitime de la doctrine du célibat ecclésiastique.

    Approfondir la doctrine

    Selon l’argumentaire avancé à ce titre, la prêtrise est un état avant d’être une fonctionordination.jpg et si -selon l’adage- le prêtre devient un autre Christ, par le sacrement qui l’ordonne à son Seigneur, il doit lui être « configuré en tout ». Ceci expliquerait que le prêtre ne puisse être une femme et demeure célibataire. C’est aussi pourquoi le clergé marié des églises orientales a un aspect théologiquement inabouti . L’auteur de cette remarque est, sauf erreur, Benoît XVI qui, parlant de l’Eglise grecque, considère avec peu de faveur le développement historique d’un tel clergé « de seconde zone » (l’expression est de lui) . C’est dans le même sens d’un approfondissement doctrinal que le cardinal Alfons Stickler, très apprécié par l’ancien pape, conclut son étude « Le célibat des clercs, Histoire de son évolution et fondements théologiques » (texte traduit de l’allemand, publié aux Editions Pierre Téqui, Paris, 1998) et c’est également ce que pense le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la congrégation du clergé sous le règne de Benoît XVI. Citant ce grand pape théologien lors d’un colloque organisé à Ars du 26 au 28 janvier 2011, il avait mis en lumière, à cet égard, la dimension eucharistique d’un célibat sacerdotal intimement lié à l’acte d’oblation totale de soi que fait l’ordinand, à l’image de Jésus, Souverain Prêtre :

    « L’offrande que le Christ fait à tout instant de Lui-même à l’Eglise doit se refléter clairement dans la vie des prêtres. Ceux-ci, écrit-il,  sont appelés à reproduire dans leur vie le Sacrifice du Christ à qui ils ont été identifiés par la grâce de l’ordination sacerdotale.

    « De la nature eucharistique du célibat découlent tous les développements théologiques possibles, qui placent le prêtre face à son office fondamental : la célébration de l’Eucharistie, dans laquelle les paroles : « Ceci est Mon Corps » et « Ceci est Mon Sang » n’opèrent pas seulement l’effet sacramentel qui est le leur, mais doivent façonner progressivement et concrètement l’offrande de la vie sacerdotale elle-même. Le prêtre célibataire est ainsi associé personnellement et publiquement à Jésus Christ ; il Le rend réellement Présent, et devient lui-même offrande, grâce à ce que Benoît XVI appelle : « la logique eucharistique de l’existence chrétienne ».

    « Plus on reviendra, dans l’Eglise, au caractère central de l’Eucharistie, célébrée dignement et adorée en tout temps, plus grandes seront la fidélité au célibat, la compréhension de sa richesse inestimable et, permettez-moi de le dire, la floraison de saintes vocations au ministère ordonné ».

    Une conversion des mentalités

    Pour être réellement compris, ce langage exige une conversion des mentalités et l’ouverture sur un monde tourné vers l’invisible : si la religion, dont c’est l’objet de nous en montrer le chemin, y renonce,  présentera-t-elle encore un réel  intérêt ?

     JPS

     (1)  une première interviewe controversée, qui fit grand bruit, avait déjà été diffusée le 2 octobre 2013.

    (2)  le pape François ou plutôt son porte-plume Scalfari la situent erronément « au Xe siècle », mais ils veulent sans doute parler du XIe (réforme grégorienne) et du XIIe siècles  (2e concile du Latran).

     

     Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle, n° 92, 3e trimestre 2014

  • Tu amasseras des charbons de feu sur sa tête…

     

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    Tu amasseras des charbons de feu sur sa tête…

     

    Rom12,20 ;

    Pr 25, 21-22

     Au répertoire des formules immuables qui fleurissent de génération en génération sur les lèvres du potache en mal d’inspiration, il en est une bien connue qu’il profère comme irrévocable sentence quand, pris de perplexité devant une version latine qu’on lui donne à traduire, il rend, piteux, les armes ― et sa feuille au professeur ―, après un combat le plus souvent aussi économe d’engagement qu’infructueux. Et le verdict tombe, sur le ton cinglant du reproche :« Monsieur, votre texte, ça ne veut rien dire ! »    

    Le reproche pourtant porte à faux, pour deux raisons de bon sens :

    1. ― Le texte n’est pas du professeur : ce n’est pas « son » texte, il ne fait que le transmettre.

    2. ― Et puis, il y a bien de la différence entre le diagnostic : « Ça ne veut rien dire », et la réalité objective : « Je ne vois pas ce que cela veut dire. » ...

    ™

     Quand il nous est donné d’entendre la lecture de l’Epître ou de l’Evangile, ne réagissons-nous pas de temps en temps de même, impatients plutôt que confiants, mettant en cause la Parole plutôt que notre entendement ? Comme si Dieu ne nous dépassait pas de toutes parts ; comme s’il ne pouvait nous dire que ce qui soit bien conforme à nos préjugés ; comme si sa Parole n’était pas avant tout créatrice de notre être ; comme si nous n’avions pas à cheminer vers lui, à nous laisser créer petit à petit, entre ses mains, aux dimensions d’ « homme nouveau ».

    A quoi bon écouter la Parole de Dieu, si nous fixons d’avance ce qu’elle a le droit, ou non, de nous dire ?

    ™

     Paulus_St_Gallen.jpgAinsi reconnaît-on de bonne grâce ― sans peut-être pour autant aller jusqu’à agir en conséquence ― la noblesse de cette recommandation de l’Ecriture : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire... » (Rom 12, 20)

    Mais qui ne retrouve ses réflexes de potache, à entendre la fin du verset : « ...car ce faisant, tu amasseras des charbons de feu sur sa tête ! »

    Allons donc, saint Paul ! que nous chantez-vous là ? Ah, vraiment, le bel apôtre que voilà, qui ne met un frein à la rancune que pour faire savourer à terme une vengeance rendue d’autant plus cuisante qu’on aura su se montrer talentueux en hypocrisie !

    Or justement, le bon sens invoqué plus haut invite à n’en pas juger si précipitamment, pour ces deux mêmes raisons :

    1. ― Il s’agit d’abord de reconnaître à qui, en définitive, est adressé le reproche. Le rédacteur du livre des Proverbes, auquel saint Paul emprunte ces lignes (Pr 25, 21-22), a écrit ce texte avec ses mots, son style, son caractère et tout son être : ce texte, certes, il l’a bien composé, et pourtant, il n’est pas de lui. Il est à travers lui, mais non pas de lui : il est de Dieu.

    Dans saint Matthieu, qui rapporte les mots d’un prophète de l’Ancien Testament, on lit en deux endroits une expression particulièrement éclairante : « quod dictum est a Domino perprophetamdicentem » (Mt 1, 22 et 2, 15) : « la chose est dite ‘par’ le Seigneur (‘a’ indique l’agent, l’auteur), ‘par l’entremise’ du prophète (‘per’ indique seulement l’intermédiaire) ; mais le mot ‘dicentem’ se rapporte bien à ‘prophetam’ : l’expression (= ‘dicentem’) est du prophète, la chose dite (= ‘dictum’) est du Seigneur. C’est ainsi que s’entend l’inspiration des Saintes Ecritures.

    « …Car ce faisant, tu amasseras des charbons de feu sur sa tête. » : l’expression est de la source de saint Paul, et assumée par saint Paul ; la chose dite est du Seigneur. Prenons-y donc bien garde : passe encore que nous fassions remontrance à l’Apôtre (et ne serait-ce pas déjà fort prétentieux ?), mais voilà, il y a ici plus que l’Apôtre.

    2. ― Et puis, ferons-nous bien de convenir alors, sommes-nous vraiment sûrs d’avoir compris ce langage du Dieu d’amour, nous qui aimons si peu ?

    ™

    Saint Augustin vient nous prendre par la main, là-même où nous achoppons (cf. saint-augustin.jpgExplication de certaines phrases de l’épître aux Romains, 63 [71] ) :

    « …‘Car ce faisant, tu amasseras des charbons de feu sur sa tête.’ Il est possible que pour beaucoup de gens cette phrase semble entrer en contradiction avec celle par laquelle le Seigneur nous enseigne à aimer nos ennemis et à prier pour ceux qui nous persécutent (Cf. Mt 5, 44) ; ou encore avec celle-ci, où le même Apôtre déclare, un peu plus haut : ‘Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez, et ne maudissez pas.’ (Rom 12, 14), puis derechef : ‘Ne rendez à personne le mal pour le mal.’ (Rom 12, 17). »

    Le saint docteur comprend ce qui nous arrête, et il le définit clairement :

    « Comment quelqu’un aime-t-il en effet celui à qui il donne nourriture et boisson dans le but d’amasser des charbons de feu sur sa tête ? »

    Voilà bien ce que pour notre part nous dirions. Et sans doute irions-nous même jusqu’à ponctuer notre « terrible » objection d’un point d’exclamation indigné, plutôt que de ce point d’interrogation, où apparaît déjà l’amorce d’une attente docile de réponse.

    Oui, la phrase d’Augustin est un rien plus longue, elle est une vraie question, et la réponse y plonge ses racines :

    « Comment quelqu’un aime-t-il en effet celui à qui il donne nourriture et boisson dans le but d’amasser des charbons de feu sur sa tête, si les charbons de feu signifient dans ce passage quelque grave peine ? »

    Notre propension à la vengeance est telle, hélas, que nous entendons spontanément l’expression au sens d’une punition vengeresse ; l’amour qui habite le cœur du Saint le met quant à lui aussitôt dans la logique du langage de l’Amour :

    « Voilà pourquoi il faut comprendre que le but de cette chose dite est celui-ci : que nous incitions celui qui nous aurait fait tort au regret de son action, tandis que nous, nous lui faisons du bien. » 

    ™

    L’exégèse de saint Augustin est du reste confirmée par la fin de ce verset, dans le livre des Proverbes. Le voici en son entier : « Tu amasseras des charbons de feu sur sa tête et le Seigneur te le rendra. » On voit à l’évidence par là qu’il est question d’un acte de vertu. Pareille conclusion resterait en effet absolument incompréhensible si le début du verset trahissait ne fût-ce que la moindre concession à notre appétit de vengeance.

    Les charbons de feu ne signifient donc nullement dans ce passage quelque grave peine, mais toutes les braises de belle charité dont notre cœur est capable, et, chez celui qui nous aurait fait tort, l’appel tout au moins à brûler du regret de sa mauvaise action.

    ™

    Et quelle est d’ailleurs cette vengeance selon l’esprit du monde, qui rend le mal pour le mal ?

    Celui qui nous veut du mal atteint plus pleinement son but en nous rendant mauvais par l’éveil en nous de la volonté de vengeance : il ne peut même l’atteindre que de cette unique façon.

    Car ne nous y trompons pas : quand nous rendons le mal pour le mal, nous ne nous vengeons pas de celui qui nous l’a fait. Nous rendons au contraire efficace en nous son œuvre de destruction, qui, sinon, ne peut que tourner à notre bien, comme on en voit l’exemple dans l’épisode de Joseph vendu par ses frères, en la Genèse : « Vous, vous avez tramé du mal contre moi : mais Dieu l’a tourné en bien. » (50, 20). Ce que l’Apôtre reconnaît comme une règle : « Nous savons que pour ceux qui aiment Dieu, tout coopère à leur bien. » (Rom 8, 28) C’est en rendant au méchant le mal qu’il nous fait que nous sommes marqués en nous de ce même mal que nous lui reprochons, et nous en devenons détestables.

     

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    Amassons donc plutôt des charbons de feu sur sa tête en lui faisant du bien. Ce feu est celui de l’amour. Attisons-le encore et encore.

    Mihi vindicta, dicit Dominus. « A moi la vengeance, dit le Seigneur », rappelait l’apôtre Paul au verset précédent. La vengeance de l’Amour.

    La vengeance de Dieu, c’est de faire un juste du pécheur (cf. Os, 1-4), et il veut nous y employer aussi, par les petits charbons que nous viendrons amasser sur sa tête, afin qu’ils s’y embrasent du feu divin.

    Remarquons d’ailleurs que, par la même occasion, nous en amassons pareillement sur la nôtre : ce dont elle a grand besoin…

    ™

    « Je suis venu apporter le feu sur la terre », a déclaré le Sauveur. (Lc 12, 49) Eh bien, les charbons de feu dont parle ici l’Apôtre sont de ce feu-là.

    Rendre le mal pour le mal, c’est être vaincu par le mal. Or saint Paul nous dit justement, au verset suivant cette fois, et en conclusion de tout le chapitre : Noli vinci a malo, sedvincein bonomalum. « Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainc le mal dans le bien. »

    ™

    Les charbons de feu signifient donc toute la charité dont notre cœur doit brûler pour ceux qui nous font tort, cette charité que, si nous vivons vraiment de l’amour divin, nous intensifions à mesure que leur méchanceté nous montre et persuade qu’ils en ont davantage besoin.

    Voilà comment agit l’amour, parce qu’il est amour. L’amour n’a en vue que d’aimer.

     

    Jean-Baptiste Thibaux

    Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle, n° 92, 3e trimestre 2014

  • “Vous pouvez nous tuer ; nous nuire, non” (S. Justin).

     

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    Vous pouvez nous tuer ; nous nuire, non” (S. Justin).

     

    91938900_o.jpgAccusés par leurs détracteurs de pratiquer des orgies au cours des assemblées dominicales, les chrétiens du IIe siècle trouvent en Justin un défenseur de qualité. Né en Samarie vers l’an 100, ce chercheur de vérité passera de nombreuses années à fréquenter, avec des fortunes diverses, les écoles de philosophie fondées par les maîtres anciens (Socrate, Platon, Pythagore, Sénèque, Epictète...). C’est par le biais du platonisme qu’il rencontre l’évidence de la révélation chrétienne, acceptant que le Beau et le Bien ne peuvent être contemplés que si Dieu lui-même se révèle à l’homme.

    Amené à défendre sa foi contre les calomniateurs, Justin rédige vers l’an 150, à l’adresse de l’empereur Antonin, une Apologie dont sont extraits deux passages sur le baptême et le déroulement de la messe. On y reconnait avec émotion les éléments essentiels de notre liturgie actuelle. C’est l’un des plus anciens témoignages de l’ancienne liturgie chrétienne. Justin fut arrêté, puis décapité à Rome en 165. “Vous pouvez nous tuer ; nous nuire, non” (Apologie 2).

     Le baptême

    Nous vous exposerons maintenant comment, renouvelés par le Christ, nous nousBaptistere.JPG consacrons à Dieu. Si nous omettions ce point dans notre exposition, nous paraîtrions être en faute.

    Ceux qui croient à la vérité de notre enseignement et de notre doctrine promettent d’abord de vivre selon cette loi. Alors nous leur apprenons à prier et à demander à Dieu, dans le jeûne, la rémission de leurs péchés, et nous-mêmes, nous prions et nous jeûnons avec eux.

    Ensuite, nous les conduisons en un endroit où il y a de l’eau et là, de la même manière que nous avons été régénérés nous-mêmes, ils sont régénérés à leur tour. Au nom de Dieu le père et le maître de toutes choses, et de Jésus-Christ notre Sauveur, et du Saint-Esprit, ils sont alors lavés dans l’eau. Car le Christ a dit : “Si vous ne renaissez pas, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux” (Jn 3, 5 et Mt 18, 3). Il est bien évident pour tout le monde que ceux qui sont nés une fois ne peuvent pas rentrer dans le sein de leur mère. Le prophète Isaïe [...] enseigne de quelle manière les pécheurs repentants effaceront leurs péchés (Is 1, 16-20). [...]

    Voilà la doctrine que les apôtres nous ont transmise sur ce sujet. Dans notre première génération, nous naissons sans le savoir et par nécessité, d’une semence humide, grâce à l’union mutuelle de nos parents. Nous vivons ensuite des habitudes mauvaises et des inclinaisons perverses. Pour que nous ne restions pas ainsi les enfants de la nécessité et de l’ignorance, mais de l’élection et de la science, pour que nous obtenions la rémission de nos fautes passées, on invoque dans l’eau, sur celui qui veut être régénéré et qui se repent de ses péchés, le nom de Dieu le père et le maître de l’univers. Cette dénomination seule est précisément celle que prononce celui qui conduit au bain le candidat qui doit être lavé. Peut-on donner en effet un nom au Dieu ineffable, et ne serait-ce pas folie orgueilleuse que d’oser dire qu’il y en a un ?

    Cette ablution s’appelle illumination, parce que ceux qui reçoivent cette doctrine ont l’esprit rempli de lumière. Et aussi au nom de Jésus-Christ, qui fut crucifié sous Ponce Pilate, et au nom de l’Esprit-Saint, qui prédit par les prophètes toute l’histoire de Jésus, est lavé celui qui est illuminé.

    [...]

     L’eucharistie

     mosaique-tabga-73899_8 (1).jpgAprès avoir lavé celui qui croit et s’est adjoint à nous, nous le conduisons dans le lieu où sont assemblés ceux que nous appelons nos frères. Nous faisons avec ferveur des prières communes pour nous, pour l’illuminé, pour tous les autres, en quelque lieu qu’ils soient, afin d’obtenir, avec la connaissance de la vérité, la grâce de pratiquer la vertu et de garder les commandements, et de mériter ainsi le salut éternel. Quand les prières sont terminées, nous nous donnons le baiser de paix.

    Ensuite, on apporte à celui qui préside l’assemblée des fidèles du pain et une coupe d’eau de vin trempé. Il les prend et loue et glorifie le Père de l’univers par le nom du Fils et du Saint-Esprit, puis il fait une longue eucharistie pour tous les biens que nous avons reçus de lui. Quand il a terminé les prières et l’eucharistie, tout le peuple présent pousse l’exclamation : Amen. Amen est un mot hébreu qui signifie : ainsi soit-il.

    Lorsque celui qui préside a fait l’eucharistie, et que tout le peuple a répondu, ceux que nous appelons diacres distribuent à tous les assistants le pain, le vin et l’eau consacrés, et ils en portent aux absents.

    Nous appelons cet aliment Eucharistie, et personne ne peut y prendre part s’il ne croit à la vérité de notre doctrine, s’il n’a reçu le bain pour la rémission des péchés et la régénération, et s’il ne vit selon les préceptes du Christ. Car nous ne prenons pas cet aliment comme un pain commun et une boisson commune. De même que par la vertu du Verbe de Dieu, Jésus-Christ notre sauveur a pris chair et sang pour notre salut (Jn 6, 54, 57), ainsi l’aliment consacré par la prière formée des paroles du Christ, cet aliment qui doit nourrir par assimilation notre sang et nos chairs, est la chair et le sang de Jésus incarné : telle est notre doctrine.

    Les apôtres, dans leurs Mémoriaux qu’on appelle Evangiles, nous rapportent que Jésus leur fit ces recommandations : il prit du pain, et ayant rendu grâces, il leur dit : “Faites ceci en mémoire de moi : ceci est mon corps.” Il prit de même le calice, et ayant rendu grâces, il leur dit : “Ceci est mon sang” (Lc 22, 19-20). Et il les leur donna à eux seuls.

    Les mauvais démons ont imité cette institution dans les mystères de Mithra : on présente du pain et une coupe d’eau dans les cérémonies de l’initiation et on prononce certaines formules que vous savez ou que vous pouvez savoir.

    Après cela, dans la suite, nous continuons à nous rappeler le souvenir de ces choses. Ceux qui ont du bien viennent en aide à tous ceux qui ont besoin, et nous nous prêtons mutuellement assistance. Dans toutes nos offrandes, nous bénissons le Créateur de l’univers par son fils Jésus-Christ et par l’Esprit-Saint. Le jour qu’on appelle le jour du soleil, tous, qu’ils habitent les villes ou les campagnes, se réunissent dans un même lieu. On lit les Mémoriaux des apôtres et les écrits des prophètes autant que le temps le permet. La lecture finie, celui qui préside prend la parole pour avertir et exhorter à imiter ces beaux enseignements. Ensuite nous nous levons tous et nous prions ensemble à haute voix. Puis, comme nous l’avons déjà dit, lorsque la prière est terminée, on apporte du pain avec du vin et de l’eau. Celui qui préside fait monter au ciel les prières et les actions de grâces autant qu’il a de force, et tout le peuple répond par l’acclamation Amen.

    Puis a lieu le partage des aliments consacrés à chacun et l’on envoie leur part aux absents par le ministère des diacres. Ceux qui sont dans l’abondance, et qui veulent donner, donnent librement chacun ce qu’il veut. Ce qui est recueilli est remis entre les mains du président, et il assiste les orphelins, les veuves, les malades, les indigents, les prisonniers, les hôtes étrangers, en un mot, il secourt tous ceux qui sont dans le besoin.

    Nous nous assemblons tous le jour du soleil, parce que c’est le premier jour où Dieu, tirant la matière des ténèbres, créa le monde, et que, ce même jour, Jésus-Christ notre Sauveur ressuscita des morts. La veille du jour de Saturne, il fut crucifié, et le lendemain de ce jour, c’est-à-dire le jour du soleil, il apparut à ses apôtres et à ses disciples et leur enseigna cette doctrine, que nous avons soumise à votre examen.

    S’il vous semble qu’elle soit conforme à la raison et à la vérité, prenez-la en considération. Si cela vous semble une bagatelle, traitez-la avec dédain, comme une bagatelle. Mais ne condamnez pas à mort, comme des ennemis, des hommes innocents. Car nous vous le prédisons, vous n’échapperez pas au jugement futur de Dieu, si vous persévérez dans l’injustice. Quant à nous, nous nous écrierons: “Que la volonté de Dieu soit faite !” (Mt 6, 10)[1].

     Pierre René Mélon

    Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle, n° 92, 3e trimestre 2014


     

    [1]Justin martyr, Ed. Migne, coll. “Bibliothèque”, 1994,  pp. 81-83, 87-91.

  • Pour l'ordination des femmes?

     

     

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    Pour l'ordination des femmes?

     

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     Le synode de l’Eglise anglicane d’Angleterre a voté le lundi 14 juillet  2014 en faveur de l’ordination épiscopale de femmes, après avoir déjà admis, il y a quelques années, leur ordination comme prêtres. Cette réforme doit revenir devant le synode général en novembre pour être entérinée. A cette occasion, nous publions un article sur la position de l’Eglise catholique à propos de l’ordination sacerdotale des femmes.

    Au cours de son histoire, l’Église a modifié — et continuera sûrement de modifier — l’organisation pratique de sa pastorale, le mode d’élection et de nomination des évêques, la façon de choisir le pape, le programme de formation des prêtres, etc. Toutefois, elle doit rester fidèle à la volonté de Jésus-Christ, parce que l’Église n’est pas une communauté née de l’initiative d’hommes et de femmes qui s’inspirent de Jésus de Nazareth, mais la communauté convoquée par Jésus de Nazareth : le terme Église provient du mot grec « ekklesia », qui signifie convocation. Par conséquent, les fidèles de l’Église adhèrent à un projet dont les lignes essentielles proviennent de Jésus-Christ. Ni le contenu de la foi, ni la structure essentielle de l’Église ne peuvent être établis ou modifiés par un vote démocratique des fidèles.

    C’est la raison pour laquelle Paul VI et Jean-Paul II ont clairement affirmé que ni eux ni personne ne disposent de l’autorité nécessaire pour permettre aux femmes d’accéder au sacerdoce. Ces papes considèrent, avec toute la Tradition de l’Église depuis les apôtres, que la lecture des Évangiles enseigne que Jésus de Nazareth n’a voulu que des hommes comme prêtres dans son Église.

    Certains se sont demandé si cette attitude de Jésus n’était pas conditionnée par la mentalité de l’époque. Toutefois, les Évangiles nous montrent un Jésus qui, également dans les relations avec les femmes, agit de manière très peu conventionnelle pour le temps et le lieu où il vivait. Il a ainsi accepté qu’un groupe de femmes l’accompagne dans ses parcours missionnaires (cf. Lc 8, 2-3), ce que n’avaient pas fait les prophètes anciens, ni ne faisaient non plus les maîtres d’Israël d’alors. Jésus prend librement ses distances avec la Loi de Moïse pour affirmer l’égalité entre les hommes et les femmes face aux liens du mariage, à l’encontre de ce qui se vivait alors dans le mode juif (cf. Mc 10, 2-11 et Mt 19, 3-9). En pardonnant à la femme adultère, il montre qu’il ne faut pas être plus sévère envers la faute d’une femme qu’envers celle d’un homme (cf. Jn 8, 11). En envoyant des femmes porter aux apôtres le message de sa résurrection, il manifeste que lui, contrairement à la mentalité juive de l’époque, donne de la valeur au témoignage des femmes.

    Comment les apôtres et les premiers chrétiens ont-ils interprété la décision de Jésus de ne pas vouloir de femmes pour le sacerdoce ? Les faits suivants nous l’apprennent : Marie, la mère de Jésus, occupe une place privilégiée dans la première communauté chrétienne, mais lorsque la décision est prise de remplacer Judas, ce n’est pas elle qui est appelée à entrer dans le collège « des Douze », mais Matthias (cf. Ac 1, 14).On peut aussi rappeler que, lorsque l’Église consomme sa rupture avec les pratiques enseignées par Moïse et s’approche du monde helléniste, où plusieurs cultes rendus à des divinités païennes étaient confiés à des femmes prêtres, les chrétiens ne se posent pas la question de conférer l’ordination à des femmes. Dans différents textes du Nouveau Testament, il est question de femmes qui travaillent à l’évangélisation — ce qui signifie une évolution par rapport au judaïsme — mais jamais de femmes prêtres (cf. Ac 18, 26 et 21, 9 ; Rm 16, 1, 3-12 ; Ph 4, 2-3). En d’autres termes, ceux qui peuvent être vus comme les meilleurs interprètes de la pensée de Jésus ont considéré que le comportement du Maître relevait du précepte.

     christ-pretre-icone (1).jpgLa théologie ajoute que cette norme de l’Église se comprend également parce que le prêtre, dans l’exercice de son ministère, représente le Christ, comme on le voit de manière particulièrement claire dans la célébration de l’Eucharistie, lorsqu’il prononce les paroles de la consécration. L’on peut dire que le prêtre est alors l’image même du Christ. Et le Christ fut et reste un homme. Étant donné que les sacrements sont des signes qui réalisent ce qu’ils signifient, le fait que le prêtre soit un homme rend plus perceptible sa qualité de signe représentant Jésus-Christ.

    La présence des femmes est actuellement plus visible que par le passé dans certains secteurs de l’Église : dans la pastorale des paroisses, où elles sont plus nombreuses que les hommes ; dans des facultés universitaires ecclésiastiques, et non seulement comme étudiantes, mais également à des postes élevés d’enseignement ; à certains postes des curies diocésaines, etc. De plus, l’autorité de l’Église a reconnu de manière significative et novatrice leur importance : par exemple, plusieurs femmes — Thérèse de Jésus, Catherine de Sienne, etc. — ont été nommées Docteurs de l’Église, au même titre qu’Augustin d’Hippone ou Thomas d’Aquin.

    Toutefois, on considère toujours comme impossible leur accession au sacerdoce. La raisonmesse_13.jpg fondamentale en est que, concernant l’essence des sacrements et ce qui est décisif dans la constitution de l’Église, ni les papes, ni les conciles œcuméniques ne se croient autorisés à modifier la volonté du Christ. Et l’Église juge que l’ordination sacerdotale des femmes changerait un point essentiel de sa propre constitution et du sacrement de l’ordre. C’est pourquoi Jean-Paul II jugea nécessaire de confirmer cette doctrine — fondée sur la Tradition constante et universelle de l’Eglise — et de déclarer qu’elle doit être définitivement tenue par tous les fidèles (Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration sur l’admission des femmes au sacerdoce ministériel [15 octobre 1976] ; Jean Paul II, Lettre apostolique «Ordinatio sacerdotalis» [22 mai 1994]). Un catholique a foi dans l’assistance prêtée par l’Esprit-Saint à l’Eglise. Il se fie donc davantage à la Parole Dieu transmise par l’Eglise qu’à une majorité de l’opinion publique qui pourrait s’exprimer en sens opposé.

    L’objectif de l’Église n’est pas de s’adapter au monde. Une pleine adaptation aux catégories du milieu, au politiquement correct, convertirait l’Église en une société antique qui transmet quelques rites, un folklore, un simple ornement, peut-être sympathique pour des nostalgiques du passé, mais complètement inutile pour nous guider sur la voie de la vie éternelle. La modernisation de l’Église exigée par certains — l’« aggiornamento », comme on disait à l’époque du concile Vatican II — ne consiste pas en une adaptation aux « diktats » de la culture contemporaine. Elle suppose plutôt l’actualisation des moyens pour s’opposer au mal, à l’injustice, au péché dans le monde, pour conduire les hommes et les femmes de notre temps vers Dieu. Dans ce but, il est impérativement nécessaire de ne pas s’écarter de la volonté de son Fondateur, Jésus-Christ, deuxième Personne de la Très Sainte Trinité.

    Monseigneur Emmanuel CABELLO 

    Docteur en théologie et en sciences de l'éducation,

    Vicaire régional de la Prélature de l'Opus Dei en Belgique

    Avec l’aimable autorisation de didoc.be


    Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle, n°92, 3e trimestre 2014

  • Liège, dimanche 12 octobre 2014 à 10h: le Collegium Mergelland chante la messe grégorienne à l'église du Saint-Sacrement

     

     

    EGLISE DU SAINT-SACREMENT 

     Boulevard d’Avroy, 132 à Liège

    DIMANCHE 12 OCTOBRE 2014 À 10 HEURES

    Mergelland au St Sacrement198.jpg 

    GRANDE MESSE GREGORIENNE “ DA PACEM”

    célébrée selon le missel de 1962

    Propre du  XVIIIe dimanche après la Pentecôte,  Kyriale “Orbis Factor”

    avec le concours du

    COLLEGIUM GREGORIANUM MERGELLAND

    0201_heuvelland_03.jpgLe Mergelland est cette région frontalière du Sud-Limbourg néerlandais qui étend son paysage de marnes, collines, vergers et pâturages entre Maastricht, Vaals et Kerkrade. 

    Le Collegium Gregorianum de ce “pays de marnes” (mergelland) a été fondé en 1977.  Il poursuit un triple but: approfondir la spiritualité chrétienne personnelle par le chant grégorien, améliorer la connaissance des fondements du chant grégorien et son interpretation authentique, pratiquer le chant gregorien dans la liturgie de nos jours.

    Actuellement le Collegium comprend de 13 membres. Il est dirigé par  Peter Schroen etcantors.blog_.jpg son assistant Robert Boersema. Plusieurs membres du collegium se sont perfectionnés au Centre grégorien de Drongen (Tronchiennes, près de Gand). Peter Schroen et Robert Boersema ont acquis leur formation chez le professeur Alfons Kurris au conservatoire de Maastricht. Les choristes participent régulièrement aux journées d’études de la ‘Stichting Musica Gregoriana’ de Roermond (NL).  

    Le Collegium n’est pas lié à une église particulière, mais il contribue régulièrement aux offices de paroisses et couvents, aux Pays Bas comme en Belgique. Sur demande il se produit aussi volontiers en concert.

    Renseignements: roboma@hetnet.nl et werrijmeisen@hetnet.nl

     Tel. sursum corda: 04.344.10.89