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Comme toute fête de l’année au calendrier chrétien, le mercredi des cendres, par lequel débute le carême, se situe en référence à la fête des fêtes qu’est Pâques qui célèbre le passage de la mort à la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ. Fête tellement importante qu’elle est célébrée durant cinquante jours (de là vient le mot Pentecôte), et qu’elle est précédée d’une préparation de quarante jours. Le mot "carême" est la contraction du mot latin quadragesima, qui signifie quarantième -sous-entendu : jour, le quarantième jour étant le jour de Pâques.
Cette préparation est un temps de cheminement spirituel, tout entier orienté vers Pâques, pour ceux qui se préparent à être baptisés à la veillée pascale et pour tous les fidèles. Il est marqué par le jeûne (privation), la prière et le partage (charité, solidarité), et pas seulement comme pratique à observer - d’ailleurs le plus discrètement possible (voir Matthieu 6, 5-18 "Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu… mais parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes") - mais véritable démarche spirituelle. La durée de quarante jours est d’ailleurs à mettre en relation avec les 40 jours de Jésus au désert précédant sa vie publique, eux-mêmes en relation symbolique avec les quarante ans de traversée du désert par les Hébreux avant l’entrée en Terre promise.
C’est pour tenir les quarante jours de jeûne et de privation, en dehors des dimanches qui sont toujours jour de fête et de résurrection - même en temps de Carême - que le début de celui-ci fut avancé au mercredi avant le 1er dimanche de carême. La cendre évoque la faiblesse de l’homme (cf. Genèse 3, 19 "Souviens-toi que tu es poussière…"), elle évoque aussi le péché et la fragilité de l’homme (cf. Sagesse 15, 10 ; Ézéchiel 28, 18 ; Malachie 3, 21) et son regret du péché (cf. Judith 4, 11-15 ; Ézéchiel 27, 30). Pour les chrétiens, l’imposition des cendres est avant tout, un rite pénitentiel dont la signification est portée par la phrase que prononce le prêtre en faisant le geste : "Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle." (Marc 1, 15).
"Ne tarde pas, dit le Seigneur, convertis-toi à Dieu, et ne diffère pas de jour en jour." Ce sont les paroles de Dieu et non les miennes; vous ne les avez pas entendues de moi, mais moi je les entends avec vous : "Ne tarde pas, dit-il, convertis-toi au Seigneur." Mais toi tu réponds : "Demain! demain!" (dans le latin du texte : "Cras! cras!") Quel croassement de corbeau! Comme le corbeau envoyé de l'arche n'y est pas revenu et, maintenant qu'il est vieux, dit encore : Demain! demain! C'est le cri du corbeau : tête blanche et coeur noir. Demain! demain! c'est le cri du corbeau : le corbeau n'est pas revenu à l'arche, la colombe est revenue. Qu'il se perde donc, le croassement du corbeau, et que se fasse entendre le gémissement de la colombe." Saint Césaire d'Arles, 470-542
14h30, église : conférence « les métamorphoses du plain-chant » : un regard sur l’interprétation des répertoires, par Marcel Pérès, fondateur de l’Ensemble Organum (abbaye de Sénanque) et du Centre itinérant de recherche sur les musiques anciennes (abbaye de Moissac)
15h30, grand parloir : pause café
15h45, église : chant d’ensemble en atelier, sur des partitions extraites du codex Calixtinus (Saint-Jacques de Compostelle) et du graduel neumé de l’abbaye de Solesmes, sous la direction de Marcel Pérès
17h30, grand parloir : réception de clôture
Les participants peuvent aussi assister aux vêpres de la solennité de sainte Scholastique, chantées (en français) par la communauté bénédictine dans l’église à 17h45
Participation: 15 euros à payer sur place. Inscription auprès de Jean-Paul Schyns (secrétariat de l’académie de chant grégorien à Liège) : tél. 04.344.10.89 ou e-mail jpschyns@skynet.be
ill. Kyrie "Orbis factor" interprété par l'Ensemble "Organum"
dir. M. Pérès:
Rappelons que l’Académie de Chant grégorien à Liège, initiatrice de cette rencontre du 9 févrieravec Marcel Pérès, organise aussi à l’église du Saint-Sacrement (Boulevard d’Avroy,132) chaque année depuis dix ans, un cycle complet de cours d’initiation au chant grégorien. Ce cycle est ouvert à tous, sans pré-requis.
Au programme cette année : « plain-chant et déchant sur les chemins de Compostelle et autres lieux de pèlerinage au temps des cathédrales (XIIe-XVe siècles) » : douze leçons dirigées par Stéphan Junker, professeur au conservatoire de Verviers, deux samedis après-midi par mois de novembre 2012 à mai 2013. Une quarantaine d’élèves sont inscrits à ce cycle.
La journée de clôture de celui-ci aura lieu le samedi 11 mai prochain avec une messe festive (église du Saint-Sacrement, 18 heures) et un grand concert (église des Bénédictines, 16 heures). Au cours de cette journée, l’excellent Ensemble « Psallentes ♀ » (direction : Hendrik Vanden Abeele, professeur aux conservatoires de Leuven, Rotterdam et La Haye) se produira en alternance avec les élèves et l'organiste Patrick Wilwerth (professeur au conservatoire de Verviers). Au programme : orgue baroque, plain-chant et déchant (extraits du Codex Calixtinus de Saint-Jacques de Compostelle, du Livre Vermeil de Montserrat, du Graduel et de l’Antiphonaire de Solesmes ainsi que de l’Office liégeois primitif de la Fête-Dieu.
Contacts : secrétariat de l’académie de chant grégorien à Liège. Tél 04.344.10.89 ou e-mail jpschyns@skynet.be
Fondateur de l’ensemble Organum mondialement connu pour sa remise à l’honneur du chant sacré médiéval, Marcel Pérès défend avec passion cette musique à laquelle il a consacré sa vie. Une interview parue dans le mensuel « La Nef » n° 183-2007, sous le titre « reconstruire la mémoire liturgique » nous livre son analyse pour un renouveau du chant liturgique catholique, analyse qui prêtera sans doute à discussion, mais qui a le mérite d’ouvrir un débat nécessaire
La Nef – Pourriez-vous d’abord rapidement nous expliquer votre parcours ?
Marcel Pérès – Enfant, je chantais à la maîtrise de la cathédrale de Nice, une des rares cathédrales françaises à avoir conservé, après le concile, les vêpres du dimanche en latin. J’ai donc terminé mon enfance, au début des années 70, à la lumière des dernières lueurs de la liturgie traditionnelle. À l’âge de 14 ans, j’ai trouvé un poste d’organiste à l’église anglicane de Nice. Je ne connaissais rien à la liturgie anglicane, mais le vieux chanoine qui gérait cette paroisse m’a envoyé étudier en Angleterre. Là, ce fut un choc. J’eus le bonheur de suivre une formation pendant trois ans à la Royal School of Church Music et de faire des stages dans quelques-unes des grandes cathédrales anglaises, les derniers lieux où existe encore, en Europe occidentale, une tradition ininterrompue de chant liturgique. La principale chose que j’y ai apprise est l’amour de la psalmodie. Alors que chez les Latins la psalmodie est souvent bâclée, proférée sur le débit d’un moulin à prière, sans aucune nuance, les anglicans continuent à la pratiquer comme le sommet de la prière liturgique et à s’y appliquer avec la plus grande attention. Puis j’ai étudié à Montréal, mais continuais à faire de fréquents séjours en Algérie, d’où ma famille est originaire. J’eus la chance de fréquenter Mgr Tessier, alors évêque d’Oran. Auprès de lui j’ai appris à connaître et apprécier l’Islam, mais surtout à cultiver, dans un milieu hostile, cette flamme intérieure – transmise depuis la résurrection du Christ et la Pentecôte – qui discrètement irrigue nos actions. De retour an France, j’avais 22 ans, j’ai été frappé par les mutilations dont sont victimes les catholiques par rapport à leur héritage. Mutilés de leurs racines orientales, ce qui les rend étrangers aux cultes et aux comportements religieux des origines et démunis face à l’Islam. Mutilés de leur histoire européenne, ce qui les rend également étrangers aux arts roman, gothique, renaissance, baroque qui ne sont plus que des références d’historiens de l’art. Dans leur culte moderne, tout est fait pour les détourner de ces réalités. J’ai commencé alors à sérieusement étudier les musiques liturgiques du passé.
Comment avez-vous été amené à fonder l’ensemble Organum et pourquoi cette passion du chant ancien ?
J’ai vite compris que l’Église – avec ses pesanteurs et l’imbroglio historiographique qui brouille l’image que les catholiques ont de leur patrimoine – ne pouvait être le terrain de recherches sur le chant ecclésiastique. Il fallait déterminer ailleurs le champ de ces investigations. Je décidai de créer un outil pour expérimenter ces choses. C’est ainsi qu’est né l’ensemble Organum (organon veut dire outil en grec et en latin). C’était en 1982 à l’abbaye de Sénanque. Depuis, l’ensemble Organum a toujours résidé dans des lieux chargés d’histoire, l’abbaye de Royaumont, de 1984 à 2000, l’abbaye de Moissac depuis 2001. Sa mission, telle qu’elle s’est progressivement définie, est d’habiter un monument historique pour en faire un lieu de travail et de recherche propre à générer de nouveaux espaces relationnels entre les artistes, les publics et les chercheurs, et progressivement insuffler de nouvelles idées, transformer les comportements culturels, ouvrir les esprits aux mondes qui nous entourent, dans l’espace et dans le temps.
Pourriez-vous nous dire un mot de vos recherches musicologiques ?
Les concerts et les disques de l’ensemble Organum représentent la partie visible d’activités de recherches interdisciplinaires développées au sein de structures conçues pour générer la réflexion sur l’esthétique, comme expression des mentalités, à l’œuvre dans les rituels sociaux. À Royaumont, il s’agissait du CERIMM, Centre Européen de Recherche sur l’Interprétation des Musiques Médiévales qui cessa ses activités lors du transfert de l’ensemble Organum à Moissac en 2001, où fut créée une nouvelle structure, le CIRMA, Centre Itinérant de Recherche sur les Musiques Anciennes. Nos recherches ont porté sur l’ensemble des répertoires liturgiques. Les grégorianistes sont trop centrés sur ce qu’ils appellent le chant grégorien, ce qui les coupe des autres répertoires dont l’étude est essentielle pour comprendre le phénomène du chant ecclésiastique dans sa globalité. Chaque disque est l’occasion d’apporter un éclairage ou des approches nouveaux sur des répertoires qui, malheureusement, sont négligés et donc ne vivent pas dans la mémoire des acteurs liturgiques d’aujourd’hui. Ce qui est préjudiciable à la construction d’une politique patrimoniale conséquente.
Comment en est-on arrivé à ce désintérêt de l’Église latine pour son propre patrimoine de chants liturgiques ?
Le monde change rapidement, tous les trente ou quarante ans il est nécessaire de revoir radicalement les stratégies en cours pour les adapter aux enjeux qui se profilent. Le désintérêt pour les répertoires latins est la conséquence de l’immobilisme généré par les réformes officialisées par Pie X dans son Motu proprio de 1903. À cette époque, l’Église devait s’organiser pour faire face aux défis d’alors que je résume : contrer l’influence du style de l’opéra à l’église ; unifier des chants et des pratiques liturgiques très diversifiées afin de présenter un front uni aux violentes attaques dont elle était l’objet, et pour cela, définir une esthétique du chant liturgique qui la dissocie de celle de l’ancien régime. Cette stratégie, adaptée au contexte de la fin du XIXe siècle, fut mise en place dans les années 1920. Cependant, trente ans plus tard, elle n’était plus adaptée à celui de l’après-guerre. On avait soif alors d’un retour aux sources, mais la réforme de Pie X avait été tellement profonde que le changement a fatalement pris la forme d’une rupture. Ce qui n’était pas, primitivement, l’objectif des Pères du concile.
N’est-ce pas la réforme liturgique de 1969 qui a poussé à l’abandon du chant grégorien, bien que le concile Vatican II l’ait confirmé comme son « chant propre » devant occuper « la première place » (« L’Église reconnaît le chant grégorien comme le chant propre de la liturgie romaine », Sacrosanctum concilium, n. 116) ?
J’ajouterais même que l’Église devrait être en mesure d’assumer l’ensemble de son patrimoine musical. Cela est clairement affirmé dans la Constitution conciliaire sur la liturgie n. 114 : « Le trésor de la musique sacrée sera conservé et cultivé avec la plus grande sollicitude ». La réforme a précipité l’abandon d’une forme d’interprétation du grégorien, qui était devenue étrangère à ce que la plupart des acteurs liturgiques avaient envie de vivre. C’étaient les années 60, l’Europe occidentale éprouvait le besoin de faire peau neuve pour oublier les horreurs de la dernière guerre mondiale et les drames de la décolonisation. Aujourd’hui le contexte est totalement différent.
Comment analysez-vous la situation présente dans l’Église sur ce sujet ?
Paradoxalement, tout est là pour que les choses évoluent, et rapidement. Jean-Paul II a été discret sur la liturgie, mais a quand même créé la Fraternité Saint-Pierre ou d’autres instituts attachés au rite romain traditionnel ; plusieurs fois, il s’est exprimé en termes très clairs sur ce qu’il attendait du corps épiscopal au sujet de la place que les catholiques attachés à l’ancien rite devraient avoir dans l’Église. Jean-Paul II a également plusieurs fois souligné l’importance des relations quenous devrions développer avec les Églises d’Orient. Quant à notre pape actuel, si son souci de réconcilier les catholiques avec leur patrimoine liturgique est clairement exprimé, il suscite cependant les réticences que l’on sait, surtout chez les évêques français. Toutefois, pour que les choses changent, il est nécessaire de comprendre l’urgence de renouer avec le vrai patrimoine du chant liturgique, au-delà de la réforme de Pie X. Et ensuite d’en faire un enjeu d’Église prioritaire. J’agite la sonnette d’alarme depuis plus de vingt ans, je me sens un peu seul, mais quelques frémissements récents montrent que tout n’est pas perdu, même si le chantier qui se profile est énorme.
Vous formez au chant grégorien des communautés religieuses qui font appel à vous : pourquoi et comment fait-on appel à vous ?
Nous en sommes au tout début. Je ne forme pas encore des communautés, mais certaines m’ont discrètement contacté. De jeunes religieux prennent conscience de l’abîme qui les sépare du chant traditionnel de l’Église, aussi bien dans des communautés nouvelles, qui ignorent le latin, que dans des communautés traditionnelles qui ressentent le caractère obsolète du grégorien qu’on leur a enseigné. Ils en éprouvent un malaise, certains connaissent quelques-uns de mes enregistrements et me demandent conseil. Actuellement nous en sommes seulement là. Mais pour être vraiment efficace, il faut tout revoir à la base, et en priorité la psalmodie et l’art de la lecture cantillée des textes sacrés. Deux domaines qui sont la source de l’acte liturgique.
Ce chant grégorien persiste aujourd’hui dans l’Église grâce à certaines communautés monastiques et aux fidèles attachés à l’ancienne liturgie : que pensez-vous de ces liturgies où le chant grégorien continue de vivre grâce à des chorales de simples fidèles amateurs ?
Le travail de ces communautés monastiques et de ces chorales d’amateur est essentiel et admirable, mais malheureusement nous nous trouvons dans un conflit de mémoire. L’esthétique du chant, telle qu’elle est pratiquée dans ces communautés, est encore fortement influencée par les canons définis à Solesmes, il y a un siècle. Changer cette manière de chanter apparaîtrait comme une trahison et pire, comme un abandon d’un style totalement identifié à une cause à défendre, celle de la liturgie traditionnelle. Et comment changer la manière de chanter, pour aller vers quoi, avec quels outils ? La plupart des grégorianistes ont peu d’estime pour mon travail, que pourtant ils ne connaissent pas. Je suis souvent très peiné de lire, au hasard d’un article ou d’une conférence, l’ignorance ou la caricature qui est faite de mon travail dans certains milieux traditionnels. Il ne faut pas retomber dans l’erreur du début du XXe siècle, vouloir imposer à tout le monde le même style. Cela a conduit à la mort des traditions de chant liturgique. Il faut aller vers un avenir traditionnellement diversifié. Cette idée est difficile à admettre pour ceux que l’on nomme aujourd’hui les traditionalistes, car ils ont tendance à penser la tradition du chant liturgique en terme d’uniformité. À titre personnel j’aime beaucoup le style de Solesmes, le seul problème est qu’il est devenu au cours du XXe siècle l’unique modèle et a occulté tout le reste.
Le chant grégorien est devenu une affaire de « spécialistes », laïcs pour beaucoup et déconnectés de tout souci liturgique : n’est-ce pas dénaturer ce chant sacré qui est avant tout prière, avant même d’être un chant ?
C’est une question fondamentale que l’on entend souvent, mais qui ne correspond pas à la réalité de ce qui est en jeu. En filigrane, elle semble poser comme principe que toute personne qui étudie sérieusement le chant liturgique serait plutôt incroyant tandis que l’amateurisme serait le signe probant d’une foi vivante. C’est absurde. Aujourd’hui, la valorisation extrême de l’amateurisme dans le contexte ecclésiastique a généré des comportements qui rendent étrangers aux expressions de la foi de ceux qui nous ont précédés et a érigé la mièvrerie en modèle d’humilité dans la foi. D’un point de vue théologique une messe aura toujours la même valeur, que l’on chante un kyrie sur une petite ritournelle qui dure vingt secondes, ou que l’on se prépare pendant des mois pour, le jour venu, offrir un chant qui dure vingt minutes. D’un autre point de vue, c’est l’écart qui sépare la première option de la seconde qui exprime le degré de civilisation des acteurs liturgiques. Une messe dite dans une grotte a la même valeur qu’une messe chantée dans une cathédrale gothique. Pourquoi alors les hommes de ces époques se sont-ils donnés tant de mal pour assembler ce qui en définitive n’est qu’un tas de cailloux ? C’est parce qu’ils avaient un projet de civilisation dont l’art est l’expression absolue. C’est cette question que prioritairement doivent se poser les catholiques aujourd’hui. Car si le christianisme n’est pas un modèle de civilisation, il n’est plus qu’une option morale, parmi d’autres. Et malheureusement l’état actuel de la liturgie et de l’art catholique sont les symptômes flagrants de la faiblesse du modèle de civilisation que les catholiques ont à proposer au monde.
En fait, en ce qui concerne le chant ecclésiastique, la réalité se pose plutôt dans les termes suivants : 1) il y a de plus en plus de personnes attirées par ces musiques ; elles viennent de tous les horizons ;2) les études savantes sur ces matières n’ont jamais été aussi développées ;3) l’Église, soit ne se sent pas concernée par ce patrimoine, soit a du mal à l’intégrer aussi bien dans les liturgies modernes que dans les traditionnelles ;4) il faut trouver des solutions pour faire concourir ces différents flux ;5) c’est à l’Église d’en prendre l’initiative.
L’esthétique grégorienne de Solesmes et la vôtre semblent deux univers bien différents. Pourriez-vous les définir par rapport au renouveau liturgique recherché par l’Église au long du XXe siècle ?
Notre travail s’inscrit dans une démarche d’élargissement des référents culturels qui concourent à l’acte liturgique. Cette démarche est à la fois profondément traditionnelle et totalement tournée vers le présent. Traditionnelle car elle essaie de prendre en considération les informations disponibles, depuis l’Antiquité tardive, pour se mettre à l’école de tous les siècles qui nous ont précédés. Elle est aussi contemporaine car elle nous place au cœur des enjeux d’aujourd’hui. Nous devons relever le défi de la confrontation avec des sociétés qui n’évoluent pas dans le même cycle temporel que le nôtre. Pour communiquer avec elles et anticiper leurs réactions, nous devons apprendre à ne plus uniquement privilégier une perception linéaire du temps.
Comment cela se traduit-il musicalement ?
La première étape consiste à donner au chant Vieux Romain la place qui doit être la sienne dans le remodelage de l’imaginaire catholique. Ce répertoire, découvert il y a un siècle, a été totalement mis de côté par les grégorianistes, car il est impossible de l’interpréter en suivant les règles d’interprétation de Solesmes. Au lieu de remettre en cause ces règles, on a préféré considérer ce chant comme décadent et indigne d’intérêt. Pourtant, le chant Vieux Romain occupe une position centrale dans l’histoire de la musique religieuse. Il est la clé de voûte qui donne sens, cohérence et existence à l’édifice de ce qui devrait être la conscience liturgique du christianisme, et bien au-delà. Car, en amont, il nous livre la clé de la filiation entre le chant du Temple de Jérusalem et l’héritage de la musique grecque. En aval, il nous permet de suivre et de comprendre les trésors de la cantillation coranique. En dehors de certains cercles musicologiques extrêmement restreints, ce répertoire est aujourd’hui inconnu des musiciens, des ecclésiastiques et du public. Pourtant il nous livre la plus ancienne version de la musique gréco-latine de l’antiquité tardive et représente le chaînon manquant entre le chant byzantin, le chant copte, le chant syriaque, la musique arabe et la musique occidentale. Jusqu’au XIIIe siècle ce répertoire accompagnait à Rome les liturgies pontificales. L’installation de la papauté en Avignon lui fut fatale, et il tomba dans l’oubli. Redécouvert au début du XXe siècle, il n’a toujours pas trouvé la place essentielle qui devrait être la sienne dans l’imaginaire de l’homme occidental et dans celui de toutes les civilisations qui découlent des mêmes origines sémitiques et grecques. Une connaissance réelle de cette musique ressituerait dans une tout autre perspective l’héritage commun des religions musulmane, juive et chrétienne. Aujourd’hui, le chant Vieux Romain demeure encore le grand absent de toutes les réflexions sur la musique religieuse, l’œcuménisme et les relations avec l’Islam. Nous préparons l’édition de ce répertoire.
Et aujourd’hui, quelles seraient les priorités à mettre en œuvre ?
Reconstruire une mémoire liturgique éclatée en posant le rite romain traditionnel au centre de la reconstruction liturgique, mais sans exclusive. Concrètement, il faut développer des centres de formation au sein de chaque diocèse pour initier les fidèles et les prêtres à une réappropriation du patrimoine liturgique. En somme, élargir l’imaginaire liturgique des catholiques pour qu’ils se ressourcent vraiment à l’esprit des liturgies anciennes et cesser de considérer l’attention portée au patrimoine comme une entreprise rétrograde. Bien au contraire, c’est dans cet exercice que va se construire l’avenir de l’Église et que vont s’ouvrir de nouvelles voies vers l’œcuménisme. Enfin, comprendre et transmettre le fait que la langue latine n’appartient pas au passé de l’Église, mais est son avenir car elle seule, selon la volonté de Vatican II, peut être l’outil de la communion ecclésiale. Benoît XVI est on ne peut plus clair sur ce sujet. La période du tout vernaculaire a enfermé les églises nationales dans des ghettos linguistiques. Cette période est maintenant révolue. L’ouverture au monde, la circulation de plus en plus dense des individus, appellent le retour en force du latin comme le vecteur le plus approprié pour relever le défi de la mondialisation.
Propos recueillis par Christophe Geffroy
Le CIRMA et la discographie de Marcel Pérès
Le CERIMM (Centre européen de recherche sur l’interprétation des musiques médiévales), devenu le CIRMA (Centre itinérant de recherche sur les musiques anciennes), organise tout au long de l’année des sessions de chant à Moissac ou dans d’autres lieux. Chaque année est célébrée la fête de saint Jacques, le 25 juillet. Une semaine avant, les étudiants se rassemblent à Moissac pour préparer les offices de saint Jacques et une messe polyphonique, cette année la messe Pange Lingua de Josquin Desprez. Des stages pour enfants sont également proposés à cette même période.
Quelques disques de l’ensemble Organum, dirigé par Marcel Pérès : – Les Vêpres de Saint Jacques de Compostelle, XIIe siècle (Naïve, 2006).– Les Vêpres de Saint Louis, manuscrit des Invalides XVIIe siècle (Naïve).– Le chant des Templiers, manuscrit du Saint Sépulcre XIIe siècle (Naïve, 2006). – Chants de l’Église de Rome. Période byzantine (Harmonia mundi, 2003). – Chants de l’Église milanaise (Harmonia mundi, 2003).
Le CIRMA publie également des partitions de chant liturgique en notation originale. Pour tout rens. CIRMA, 1 rue de l’Abbaye, 82200 Moissac. Tél. : 05 63 05 02 03. Pour en savoir plus www.organum-cirma.fr
EGLISE DU SAINT-SACREMENT Boulevard d’Avroy, 132 à Liège
DIMANCHE 3 FÉVRIER 2013 A 10 HEURES
Premier Dimanche du Mois
MESSE DE LA SEXAGÉSIME
Célébrée selon le missel de 1962
Évangile : lecture de la parabole du Semeur (Luc, 8, 4-15)
Propre grégorien de la messe « Exsurge, Domine»
Kyriale XI « Orbis Factor » (XIVe s.), Credo I (XIe s.)
Repons « Media Vita» (Xe s.)
Chants interprétés par la Schola du Saint-Sacrement
A l’orgue, Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verviers
Media vita, répons pour le temps de la Septuagésime, composé par Notker le Bègue, moine de Saint-Gall († 912).
Media vita in morte sumus, quem quaerimus adjutorem, nisi Te adjutorem, nisi Te, Domine, qui pro peccatis nostris juste irasceris. Vivants, nous sommes sans cesse menacés par la mort. Qui nous assistera, si ce n'est Toi, Seigneur, Toi qui es justement irrité contre nous à cause de nos péchés?
In Te speraverunt patres nostri, speraverunt, et liberasti eos. R. Sancte Deus. Nos pères ont espéré en Toi, ils ont espéré et Tu les as sauvés. R. Dieu saint
Qu'est-ce que le temps de la Septuagésime ?
Supprimé dans le rite de Paul VI, le temps de la Septuagésime est, dans la liturgie traditionnelle, une période de trois semaines qui précède l’ouverture du carême.
Le temps de la Septuagésime commence toujours la neuvième semaine avant Pâques et compte trois dimanches qui sont respectivement appelés dimanches de la Septuagésime, de la Sexagésime et de la Quinquagésime. Ces appellations proviennent du système de comptage en usage dans l’antiquité et désignent la décade dans laquelle tombe chacun de ces dimanches : si en effet l’on divise les neufs semaines qui précèdent Pâques en séries de dix jours, on constate que le premier de ces neuf dimanches tombe dans la septième dizaine, le deuxième dimanche dans la sixième dizaine, le troisième dimanche dans la cinquième dizaine ; de là viennent leurs noms respectifs de dimanches in Septuagesima, in Sexagesima et in Quinquagesima.
Avec le temps de la Septuagésime nous quittons définitivement le cycle de Noël pour entrer dans le cycle Pascal. Les rites extérieurs propres à cette nouvelle saison liturgique : suppression du Gloria à la messe, suppression du joyeux Alléluia, ornements violets, tout cela est singulièrement évocateur et suffirait à caractériser l'atmosphère où va désormais se dérouler toute la liturgie : c'est maintenant l'esprit de pénitence qui va - et de plus en plus à mesure que l'on approchera des jours saints où se célèbre le mystère de la passion du Seigneur - marquer de son sceau la prière de l'Eglise. Comme le Carême est la préparation à la Semaine Sainte, le temps de la Septuagésime est la préparation au Carême. Il en est comme une sorte d'anticipation. l'Eglise nous fait faire un examen de conscience, de notre misère foncière devant Dieu que reflète l'admirable liturgie grégorienne chantée des trois dimanches de ce temps. Mais on peut y voir également, ainsi que dans la liturgie de Carême, comment l'Eglise comprend la pénitence, faite, bien entendu, de la douleur des fautes commises, mais aussi d'une confiance invincible en la miséricorde infinie
Une initiative de l’Union des Etudiants Catholiques de Liège (*)
et du Groupe de Réflexion Ethique sociale
Cycle de Débats
LES DROITS DE L'HOMME EN PERIL
Dialogue entre Religions et Philosophies non confessionnelles
Mercredi30 janvier 2013 à 18h00
le rôledes institutions internationales
et l'émergence d'une éthique nouvelle
présentation par
Anne-Marie LIBERT
Licenciée en philosophie et en science religieuses, chargée de cours au Séminaire de Namur
La rencontre se tient à la salle des professeurs dans le bâtiment du Rectorat de l’Université de Liège, Place du XX août, 7, 1er ét. (accès par la grande entrée : parcours fléché)
Horaire : apéritif à 18h00 ; exposé suivi du lunch-débat : de 18h15 à 20h30. P.A.F : 10 € (à régler sur place).Inscription obligatoire trois jours ouvrables à l’avance par e-mail adressé à info@ethiquesociale.org
Sous couvert de promotion des droits de l'homme, l'ONU et d'autres institutions internationales promeuvent une "éthique" nouvelle que l'on voudrait normative pour la planète toute entière. Cette éthique véhicule des conceptions inacceptables au nombre desquelles la théorie du "gender" constitue un des éléments majeurs.
Licenciée en philosophie et en sciences religieuses, Anne-Marie LIBERT est chargée de cours au Séminaire de Namur et collaboratrice de Mgr Michel Schooyans, membre du Conseil pontifical pour la Vie et consulteur du Conseil pontifical pour la famille. Ensemble, ils ont publié aux éditions F.-X. de Guibert "Le terrorisme à visage humain", une analyse de la révolution culturelle de portée mondiale, fermée à toute transcendance, qui tend à imposer aujourd'hui une société interdite d'espérance
Le cardinal Sarah dénonce les modèles éthiques imposés aux pays pauvres
Le cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical « Cor Unum », a condamné l’imposition par certains organismes internationaux de modèles éthiques « destructeurs » aux pays pauvres. Il s’exprimait à Rome, le 17 janvier, inaugurant les travaux de l’assemblée plénière de son dicastère.
Le cardinal Sarah a dénoncé la vision négative et destructrice de l’homme et de la femme, véhiculée par certains organismes internationaux aux pays en voie de développement, a rapporté « L’Osservatore Romano ». A ses yeux, la mentalité contraceptive occidentale en constitue un cas typique, tout comme l’idéologie du ‘gender’. Certaines structures humanitaires imposent « des idéologies et un laïcisme agressifs, intolérants et destructeurs », a souligné le prélat guinéen. Elles contrastent avec le thème de l’assemblée, à savoir le lien entre l’évangélisation, la foi et la charité d’une part, et la comparaison entre anthropologie chrétienne et nouvelle éthique mondiale de l’autre.
Ne pas se laisser séduire par l’éthique laïque
Certains membres de l’Église qui travaillent dans le domaine de la charité se sont laissés séduire et formater par l’éthique purement laïque des agences d’aide au niveau mondial, a regretté le cardinal Sarah. Elles établissent des partenariats inconditionnels et adoptent les mêmes objectifs de déstructuration anthropologique, les mêmes langages et les mêmes slogans. La veille, dans un entretien accordé au quotidien du Vatican, le cardinal Sarah avait déjà critiqué les conditions des agences d’aide au développement, « souvent liées au contrôle des naissances ou à la promotion de ce que l’on appelle ’les nouveaux droits’ ». Il a pointé du doigt les conséquences terribles, en particulier sur les jeunes, qui sont divisés entre les modèles de vie hérités de leur contexte culturel et les modèles de vie consuméristes occidentaux.
(*) L’Union des Etudiants Catholiques de Liège est membre de l’asbl « Sursum Corda » et participe notamment, à ce titre, au programme des activités de l’église du Saint-Sacrement
Voici le calendrier 2013 des messes dominicales célébrées en latin à l’église des capucins de Malmédy, tel qu’il a été établi avec M. le Doyen des Ardennes. Les célébrations sont assumées, à tour de rôle, par les prêtres diocésains affectés à l’église du Saint-Sacrement à Liège.
Cette année toutes les messes à Malmédy, sauf deux (13 janvier et 9 juin), auront lieu le premier dimanche du mois à 18 heures. Le lieu et l'heure restent inchangés : 18h, église des capucins, ruelle des capucins (renseignements : L. Aussems, rue des arsilliers 3, 4960 Malmedy. Tél. 080.33.74.85)
Dimanche 13 janvier 2013, 18h, Octave de l'Epiphanie
Dimanche 3 février 2013, 18h, Sexagésime
Dimanche 3 mars 2013, 18h, IIIe dim. de carême
Dimanche 7 avril 2013, 18h, Ier dim. après Pâques (dim. « in albis »
Dimanche 5 mai 2013, 18h, Ve dim. après Pâques
Dimanche 9 juin 2013, 18h, IIIe dim. après la Pentecôte
Dimanche 7 juillet 2013, 18h, VIIe dim. après la Pentecôte
Dimanche 4 août 2013, 18h, XIe dim. après la Pentecôte
Dimanche 1er septembre 2013, 18h, XVe dim. après la Pentecôte
Dimanche 6 octobre 2013, 18h, 20e dim. après la Pentecôte
Dimanche 3 novembre 2013, 18h, 4e dim. après l’Epiphanie reporté
Dimanche 1er décembre 2013, 18h, 1er dimanche de l’Avent
MALMEDY
PROCHAINE MESSE TRADITIONNELLE
Célébrée par M. l’abbé Claude Germeau
DIMANCHE 13 JANVIER 2013 À 18 HEURES
ÉGLISE DES CAPUCINS
Ruelle des Capucins à 4960 Malmedy
OCTAVE DE LA FÊTE DE L’ÉPIPHANIE
Propre grégorien de la Fête
Kyriale IX « cum jubilo ». Credo III
Motet « Venite adoremus » de Pietro-Alessandro Yon (1886-1943)
chanté par Jean-Marie Taslent (ténor solo)
Motet traditionnel « Adeste fideles » à deux voix
Noël malmédien « Puer nascitur » à deux voix
d’Olivier Lebierre (1851-1914)
Cantique « Zu Bethlehem geboren » (Köln, 1637)
Extrait pour flûte (Albert Schäffer) et orgue (Léonard Aussems)
interprétée par Isabelle André, soprano et Patricia Moulan, alto
(conservatoire de Verviers)
Contribution unique (1875) du célèbre auteur de "Lakmé" à ce genre musical, composée pour choeur et voix d'enfants dans un style joyeux, aérien et intérieur à la fois (écouter ci-dessous)
MOTETS ANCIENS ET CLASSIQUES
« Nascere, nascere » de Giovanni-Battista Bassani, 1647-1716
par Patricia Moulan, alto
« O salutaris » de Gabriel Fauré, 1845-1924 et « Panis angelicus »
de César Franck, 1822-1890
par Isabelle André, soprano
À L’ORGUE
Patrick Wilwerth
(professeur au conservatoire de Verviers)
STELLA SEMPER RUTILANS
Du Christ, une vieille séquence de noël chante qu’Il est « sol occasum nesciens », le soleil qui ne connaît pas de déclin, « stella semper rutilans », l’étoile toujours resplendissante : cette image fait le lien avec l’Epiphanie fêtée ce dimanche 6 janvier 2013.
A propos de cette grande fête du mystère de l'incarnation qui, dans l’histoire de la liturgie, fut célébrée la première, avant même celle de Noël, Benoît XVI nous rappelle ceci : « L'Epiphanie, la « manifestation » de notre Seigneur Jésus Christ, est un mystère multiforme. La tradition latine l'identifie avec la visite des mages à l'Enfant Jésus à Bethléem, et l'interprète donc surtout comme une révélation du Messie d'Israël aux peuples païens. La tradition orientale en revanche privilégie le moment du baptême de Jésus dans le fleuve du Jourdain, lorsqu'il se manifesta comme Fils unique du Père céleste, consacré par l'Esprit Saint. Mais l'Evangile de Jean invite à considérer comme « épiphanie » également les noces de Cana, où Jésus, changeant l'eau en vin, « manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (Jn 2, 11) ». Et, nous-mêmes, sommes aujourd’hui encore les témoins de cette « épiphanie » du Seigneur dans la sainte Eucharistie, sacrement mystérieux dans lequel Jésus révèle et cache en même temps sa gloire…
En cette fête de l’Epiphanie, Benoît XVI nous invite à prêter une attention particulière au symbole de l'étoile, si important dans le récit évangélique des mages (cf. Mt 2, 1-12) et il explique :
«Les Pères de l'Eglise ont vu dans ce singulier épisode raconté par saint Matthieu une sorte de « révolution » cosmologique, causée par l'entrée du Fils de Dieu dans le monde. Cela signifie que les étoiles, les planètes, l'univers tout entier ne sont pas gouvernés par une force aveugle, ils n'obéissent pas aux dynamiques de la seule matière. Ce ne sont donc pas les éléments cosmiques qui doivent être divinisés, mais, bien au contraire, en toute chose et au-dessus de toute chose, il y a une volonté personnelle, l'Esprit de Dieu, qui dans le Christ s'est révélé comme Amour (cf. Enyclique Spe salvi, n. 5). La pensée chrétienne compare l'univers à un « livre » - c'est également ce que disait Galilée -, en le considérant comme l'œuvre d'un Auteur qui s'exprime à travers la « symphonie » de la création. A l'intérieur de cette symphonie, on trouve, à un certain moment, ce que l'on appellerait en langage musical un « solo », un thème confié à un seul instrument ou à une voix ; et il est tellement important que la signification de toute l'œuvre en dépend. Ce « soliste » c'est Jésus, à qui correspond, justement, un signe royal : l'apparition d'une nouvelle étoile au firmament. Jésus est comparé par les auteurs chrétiens antiques à un nouveau soleil. Selon les connaissances astrophysiques actuelles, nous devrions le comparer à une étoile encore plus centrale, non seulement pour le système solaire, mais pour tout l'univers connu. Dans ce dessein mystérieux, à la fois physique et métaphysique, qui a conduit à l'apparition de l'être humain comme couronnement des éléments de la création, Jésus est venu au monde : « né d'une femme » (Ga 4, 4), comme l'écrit saint Paul. Le Fils de l'homme résume en lui la terre et le ciel, la création et le Créateur, la chair et l'Esprit. Il est le centre de l'univers et de l'histoire, parce qu'en Lui s'unissent sans se confondrent l'Auteur et son œuvre. »
24h00, messe de la nuit de noël, en latin (missel de 1962)
chantée en grégorien
Mardi 25 décembre 212 :
Église du Saint-Sacrement
(Boulevard d’Avroy, 132)
10h00, messe du jour de noël
en latin (missel de 1962)
Propre grégorien de la messe du jour
Kyriale IX « cum jubilo »
Ancien noël polyphonique du rite liégeois
"Magnum nomen Domini Emmanuel"
(Aachener Domchor)
Hymne « Adeste fideles »
par la
Schola du Saint-Sacrement
A l’orgue : Patrick Wilwerth
11h15,messe du jour de noël, en français (missel de 1970)
Chants grégoriens et motets de noël. À l’orgue, Mutien-Omer Houziaux
17h00,Vêpres grégoriennes de Noël,
suivies du chapelet (18h00) des litanies du Sacré-Coeur de Jésus et de l’adoration du Saint-Sacrement (salut et bénédiction à 18h45).
Chapelle Saint-Augustin (dite « de Bavière »)
Rue des Bonnes Villes, en Outremeuse
11h15, messe du jour de noël, en latin (missel de 1962)
Chants grégoriens
Un «tweet» pour les gens pressés
Vous connaissez le système de « microblogage » Twitter, qui permet d’envoyer de brefs messages gratuits sur internet. Et bien c’est fait : depuis le 2 décembre dernier, Benoît XVI y a ouvert un compte. Son style à la fois limpide, lumineux et concis s’y prête et honore le mode de communication des gens pressés.
Dans un billet que publie le mensuel « La Nef » » (n° 243, décembre 2012), l’abbé Christian Guyaud l’illustre aussi en citant ses homélies pour la nativité :
Noël, c’est l’Enfant.
Benoît XVI commente Isaïe, 10, 23 : « Dieu a rendu brève sa Parole, il l’a abrégée ». La Parole de la Sainte Écriture était devenue trop longue et complexe. Toute la Loi et les Prophètes ont ainsi été abrégés dans le double commandement de l’amour. La Parole incarnée a été raccourcie à la taille d’un petit enfant avant d’être réduite aux dimensions d’un morceau de Pain. D’où cette abréviation : « le Créateur qui tient tout dans ses mains, dont nous dépendons tous, se fait petit et nécessiteux de l’amour humain ».
Joyeux noël 2012, sainte et heureuse année du Seigneur 2013 !
Dialogue entre Religions et Philosophies non confessionnelles
Sous ce titre, l’Union des Etudiants catholiques de Liège (1) et le Groupe « Ethique sociale » organisent avec le forum de conférences « Calpurnia » une nouvelle série de sept rencontres à l’Université de Liège, Place du XX août.
L’objectif de ce programme 2012-2013 est de réfléchir sur l’origine et le développement des Droits de l'Homme. Quelles ont été les grandes étapes de leur formulation? Que révèlent les changements successifs dans ces formulations? S'en dégage-t-il une vision universaliste de l'homme et de ses droits ou, au contraire, une vision relative et fluctuante?Quel est le fondement d’une société bien ordonnée et féconde ? Si nous tenons pour principe que tout être humain est une personne, c'est-à-dire une nature douée d'intelligence et de volonté libre, par là-même cette personne est sujet de droits et de devoirs, découlant les uns et les autres, ensemble et immédiatement, de sa nature: alors seulement ils sont universels, inviolables, inaliénables. (Pacem in Terris, 9)
Le mardi 4 décembre 2012, c’est le Père Xavier Dijon s.j., Docteur en Droit,Professeur émérite à la Faculté de Droit de l’Université de Namur (FUNDP), auteur de plusieurs ouvrages en théorie générale du droit, qui inaugurera le cycle en traitant le sujet suivant : « Des droits de l’homme, pour quoi faire ? Une approche philosophique. »
Comment baliser la réflexion à mener sur les droits de l’homme ? On propose ici, d’abord, un survol historique de leur évolution (fluctuante) dans le temps pour poser, ensuite, la question, -davantage philosophique-, de leur universalité (contestée) dans l’espace, confronter, enfin, cette figure juridique rationnelle aux convictions de la foi religieuse, en particulier chrétienne.
La rencontre aura lieu le mardi 4 décembre 2012 à 18h00, au bâtiment du Rectorat de l’Université de Liège, Place du XX août, 7, 1er étage: salle des professeurs (accès par la grande entrée de l'immeuble).
Horaire : apéritif à 18h00 ; exposé suivi du lunch-débat : de 18h15 à 20h00. P.A.F : 10 € (à régler sur place).
Inscription obligatoire trois jours à l’avance par tel 04.344.10.89 ou info@ethiquesociale.org
Le programme des rencontres suivantes :
Mercredi 30 janvier (18H00) : « Le rôle des institutions internationales et l’émergence d’une éthique nouvelle », par Anne-Marie LIBERT, Licenciée en philosophie, licenciée en sciences religieuses, Chargée de cours en philosophie au séminaire de Namur.
Sous couvert de promotion des droits de l'homme, l'ONU et d'autres institutions internationales promeuvent une "éthique" nouvelle que l'on voudrait normative pour la planète toute entière. Cette éthique véhicule des conceptions inacceptables au nombre desquelles la théorie du "gender" constitue un des éléments majeurs
Mercredi 27 février (18H00) : « Les Droits de l’Homme et la Famille » par Michel Ghins, Professeur de Philosophie à l’Université Catholique de Louvain - Institut Supérieur de Philosophie.
Les droits de l'homme sont aujourd'hui invoqués pour modifier la notion traditionnelle de la famille : "droits reproductifs", mariage homosexuel, adoption par des couples homosexuels... Doit-on considérer que ces applications nouvelles entrent dans la cohérence des droits de l'homme ou que, au contraire, elles les dénaturent?
Mardi 19 mars (18H00) : « Les Droits de l’Homme au défi des progrès scientifiques et médicaux » ; table ronde avec Vincenzo d’ORIO, Doyen de la Faculté de Médecine de l’Université de Liège, et Bernard ARS, Président de la Société Médicale Belge de Saint Luc. Modérateur : Paolo SIMONI de la Faculté de Médecine de l’Université de Liège.
Les progrès scientifiques (nouvelles technologies) et médicaux (avancées biomédicales) ont-ils modifié la donne au point de nécessiter un réajustement des droits de l'homme? Quels sont ces progrès et en quoi constituent-ils des changements dont il faudrait tenir compte au niveau de la formulation des droits de l'homme?
Mercredi 24 avril : « Les Dix Commandements et les Droits de l’Homme », un entretien à deux voix de Mgr André-Joseph Léonard, Archevêque de Malines-Bruxelles avec Monsieur Albert Guigui, Grand Rabbin de Belgique.
Mercredi 29 mai (18H00) : « Les droits de l’homme à l’épreuve de la diversité culturelle » par Chantal DELSOL, Professeur de Philosophie Politique à l’Université de Paris-Est, et Membre de l’Institut.
Une certaine sacralisation des Droits de l’homme en Occident a provoqué des Déclarations aussi des pays musulmans, africains et de l’Église orthodoxe russe.
téléphone : 04.344.10.89 ou 04.253.25.15, portable : 0475.83.61.61
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(1) L'Union des Etudiants Catholiques de Liège est membre de l'asbl "Sursum Corda", association de fidèles responsable de l'église du Saint-Sacrement au Boulevard d'Avroy, aux activités de laquelle elle est intimement associée.
Doyen de la Faculté de Philosophie, Arts et Lettres de l’Université Catholique de Louvain , Paul-Augustin Deproost y enseigne la littérature latine et l’explication d’auteurs latins de l’antiquité à la Renaissance. Il est aussi un amateur et un praticien du chant grégorien puisqu’il préside l’Association Una Cum et dirige le chœur du même nom qui chante chaque dimanche la messe dans la forme extraordinaire du rite romain dans la chapelle du Sacré-Cœur de Lindthout à Bruxelles. Le professeur Deproost est interviewé ici par Jacques Zeegers, président de l’Académie belge de Chant grégorien (http://www.gregorien.be) pour la revue « Canticum Novum » (année 2012, n° 60)
Qu’est-ce qui vous attire dans le chant grégorien ?
Je suis attiré à la fois par l’aspect spirituel et l’aspect esthétique du chant grégorien.
Sur le plan spirituel, le grégorien est la prière chantée de l’Eglise. Pour les croyants, la liturgie est le plus grand hommage que l’on puisse rendre à Dieu. Le grégorien fait partie de cette liturgie et s’y intègre parfaitement. Il confère un développement musical à la prière et à la louange. Dans toutes les religions, le culte que l’on rend à la divinité se fait à travers la prière chantée. Dans l’Eglise catholique, le grégorien est sans doute la forme la plus aboutie de cette prière qui monte vers Dieu. Ce qui m’attire aussi beaucoup dans le chant grégorien, c’est qu’il s’agit d’un texte chanté, celui dela Parolede Dieu. Il existe un lien ontologique entre la musique et ce texte. En tant que philologue, c’est évidemment une particularité à laquelle je suis spécialement attaché.
Sur le plan de l’esthétique, ce qui m’a toujours attiré dans le chant grégorien est son lien avec la tradition. C’est un chant qui hérite de tout un passé, de toute une culture qu’elle soit musicale ou poétique. On y trouve des éléments propres au chant synagogal, mais aussi des éléments de l’antiquité tardive ou du chant byzantin. Il est le résultat de la fusion de toute une série de formes de chant notamment le romano-franc. C’est aussi un chant de tradition car il est fondateur de toute notre musique occidentale, tant religieuse que profane. Ainsi, la première chanson populaire française connue, celle du Roi Renaud (Le Roi Renaud de guerre revint) est basée sur l’Ave Maris Stella. C’est un exemple que je donne souvent à mes étudiants lorsque j’évoque devant eux le lien entre la poésie liturgique et le développement des langues vernaculaires au moyen âge.
Comment, en tant que professeur à l’UCL en langues classiques, percevez-vous l’attitude des jeunes par rapport au chant grégorien ? Pensez-vous qu’il y a un “fossé culturel ? Même chez les étudiants en langues classiques ?
Je dois malheureusement répondre par l’affirmative. Dans le cadre de mon enseignement, je n’ai pas beaucoup l’occasion de leur parler du chant grégorien, sauf dans un cours intitulé « Explication d’auteurs latins de l’antiquité tardive et du haut moyen âge » et dans ce cadre, je lis souvent des textes poétiques. Comme à cette époque là, c’est évidemment la poésie chrétienne latine qui est la plus représentée, cela me permet de leur faire entendre de temps en temps des pièces grégoriennes fondées sur cette poésie, comme par exemple des hymnes de saint Ambroise ou de Venance Fortunat. Ils écoutent toujours avec beaucoup d’attention et aussi d’étonnement car cela ne correspond pas du tout aux standards musicaux qu’ils connaissent ou pratiquent. Ils perçoivent cela comme quelque chose de curieux. Ce qu’ils en font après, je l’ignore.
Quant au fossé culturel, il est évident. Un jour, j’ai présenté un texte qui évoquait l’Ascension du Christ et je leur ai demandé ce que cela leur disait. Personne ne savait de quoi il s’agissait. La seule réponse que j’ai eue était : «l’année passée, il me semble que c’était un jeudi ... ». En réalité, ce fossé est beaucoup plus large que la simple méconnaissance du chant grégorien. Il est lié à la pratique même de la religion et à son contenu culturel. Je collabore avec une université française qui a mis en place un Master de formation au fait religieux. Il vise à enseigner aux jeunes le contenu culturel de la religion dans la mesure où ils ne parviennent plus à comprendre toute une partie de la culture occidentale. Lorsqu’ils se trouvent par exemple devant un personnage ailé à genoux devant une jeune femme, ils ne savent pas que cela représente l’Annonciation. On doit leur expliquer le beaba de la culture religieuse. A la limite, cela n’a rien à voir avec la foi.
Ce sont donc les musicologues qui vont sauver le chant grégorien ....
C’est un peu paradoxal, mais c’est exact. Le chant grégorien n’a peut-être jamais été aussi populaire qu’aujourd’hui, mais malheureusement pas dans l’Eglise. Il l’est peut-être dans les églises, mais dans le cadre de concerts, pas dans celui de la liturgie. Ou alors, il s’agit d’une sorte de pseudo-liturgie archéologique, un chant qui attire du monde mais pas dans le cadre de la liturgie vivante.
Le chant grégorien est construit sur la langue latine. De quel latin s’agit-il ?
Il faut distinguer le chant qui paraphrase le texte biblique et le chant qui accompagne des créations musicales comme les hymnes. Pour les textes bibliques, il s’agit généralement, mais pas toujours, de ce qu’on appelle la Vulgate, c'est-à-dire la traduction latine effectuée par Saint Jérôme entre la fin du 4e et le début du 5ème siècle et qui a été imposée en Occident par Charlemagne pour les lectures de la liturgie au 9ème siècle. Entre ces deux périodes, les textes de la Vulgate ont coexisté avec ce qu’on appelle les versions vielles-latines. Au début, c’est plutôt le vieux latin qui a prédominé. Saint Augustin a notamment critiqué l’initiative de Saint Jérôme. En particulier, pour l’Ancien Testament, la version « vieille latine » était en fait la version latine de la traduction grecque dite des Septante, considérée comme l’Ancien Testament de l’Eglise ancienne, et bénéficiant donc d’une autorité inspirée qui en faisait un substitut de la Bible hébraïque[1]. Elle a été progressivement supplantée parla Vulgate.
Même si le répertoire grégorien s’est surtout développé à partir de l’époque carolingienne dans la fusion des répertoires romano-francs, et donc à une période où la Vulgate était devenue la référence textuelle de la Bible, on retrouve cependant aussi dans le grégorien un certain nombre de textes en vieux-latin parce qu’ils ont été composés sur cette base. C’est notamment le cas de l’Introït de la messe du jour de Noël « Puer natus est », qui ne correspond pas au texte vulgate d’Is 9, 6. S’il avait fallu modifier le texte, il aurait aussi fallu modifier la musique.
Pour les textes non bibliques, notamment les hymnes, le latin utilisé est celui de l’antiquité tardive (du 3ème au 5ème siècle). C’est du latin classique à la base, mais qui est très fleuri, avec des recherches rhétoriques ou linguistiques, des formes paradoxales, des litotes etc. Il s’agit d’une poésie très élaborée qui s’inspire des principes rhétoriques de l’antiquité. D’où, bien sûr la difficulté de les traduire pour les non spécialistes. Les hymnes de Saint Ambroise, par exemple, paraissent à première vue très épurés, très classiques, très équilibrés, mais quand il s’agit de les traduire, il faut ajouter des mots et aussi en comprendre le sens théologique. Il s’agit vraiment de rhétorique, c’est-à-dire de l’art d’exprimer les choses, de les mettre en valeur de manière littéraire.
Il y a aussi des pièces beaucoup plus tardives, comme celles écrites par Saint Thomas, mais là, il s’agit de savoir jusqu’où va le chant dit grégorien. Des pièces ont encore été écrites à la renaissance ou même au 19ème siècle. Dans de telles pièces, on retrouve le latin de l’époque où elles étaient composées. Chez Saint Thomas, il s’agit d’un latin plus théologique, comme dans le « Lauda Sion » où on retrouve une poésie très abstraite.
Il ne faut pas confondre la Vulgate avec la Néo-vulgate née d’une initiative du Pape Paul VI dans la foulée de la réforme liturgique. Il a voulu réviser le texte latin dela Bible à partir de la Vulgate de Saint-Jérôme, en s’appuyant sur des éditions critiques des textes grec, hébreu, latin et accessoirement orientaux, en vue de proposer une nouvelle édition normative dela Bible latine à usage liturgique. Le problème de cette nouvelle version latine dela Bible est qu’elle n’est en rien portée par une Tradition textuelle et liturgique ; il s’agit d’une entreprise de restauration artificielle d’un texte qui n’a jamais existé en l’état ; par ailleurs, le tout au vernaculaire aidant, cette version n’a jamais été utilisée, si ce n’est dans les lieux où l’on pratique le rite ordinaire en latin, comme, par exemple à Solesmes, où la Néo-Vulgate est le texte du lectionnaire et de la psalmodie dans la liturgie des heures.
Propos recueillis par Jacques Zeegers
[1]Traduction grecque du texte hébreu de la Torah effectuée au 3ème siècle avant Jésus-Christ. La légende veut que les traductions effectuées séparément par 72 savants se soient révélée en tous points identiques.