Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Samedi 10 janvier 2015 à 17 heures : Solennité de l’Epiphanie (missel de 1962) à l’église du Saint-Sacrement

    Liège : Fêtez les Rois au Saint-Sacrement  

    epiphanie.jpg 

     En l’église du Saint-Sacrement à Liège (Bd d’Avroy, 132), la Solennité de l’Epiphanie sera célébrée le samedi 10 janvier prochain à 17h par une procession à la crèche, suivie de la messe de l'épiphanie et du partage de la galette des Rois. L’entrée à cette fête familiale est totalement libre.

     

    gentile_adoration.jpg 

    Copie (2) de P1010032.JPG

     

    Les chants de la célébration seront interprétés par les jeunes de l’Ensemble vocal du Brabant wallon (dir. Charlotte Messiaen) et l’Ensemble « Praeludium » (dir. Patrick Wilwerth) issu du Chœur universitaire de Liège.

     

    P1010258.JPG

     

    Sont inscrits au programme : outre le plain-chant grégorien, des extraits de la messe d’Oksana et de la liturgie de saint Jean Chrysostome de Piotr Illitch Tchaikovski, des noëls populaires traditionnels ainsi que des œuvres d’Henry Purcell et Michaël Haller.

    A l’orgue : Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verviers, directeur du Chœur universitaire de Liège.

     

    Extraits sonores du programme musical de la Solennité 

    Alleluia « vidimus stellam », grégorien (avant l’an mil) :

    « Gaudete, gaudete », Piae Cantiones, (anonyme, 1582): 

    Extrait de la « missa tertia » de Michaël Haller (1840-1915): 

    The Lord bless you and keep you, John Rutter (1945-):

    Liturgie de saint Jean Chrysostome de Piotr-Illich Tchaïkovski (1840-1893) : 

     

     

    L' Epiphanie est une Fête de la Lumière.

    "Debout! Jérusalem! Rayonne! Car voici ta Lumière et sur toi se lève la Gloire du Seigneur" (Isaïe 60, 1).

    Avec ces paroles du prophète Isaïe, l' Eglise décrit le contenu de la Fête.

    Oui, Il est venu dans le monde Celui qui est la vraie Lumière, Celui qui rend les hommes lumière.

    Il leur donne le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Saint Jean 1, 9.12).

    Le voyage des Mages d' Orient est pour la liturgie le début seulement d' une grande procession

    qui continue tout au long de l'histoire.

    Avec ces hommes commence le pèlerinage de l'humanité vers Jésus-Christ -vers ce Dieu qui est né

    dans une étable; qui est mort sur la Croix et qui depuis Sa Résurrection demeure avec nous

    jusqu' à la fin du monde (Saint Matthieu 28, 20)...

    Les Mages d' Orient inaugurent la marche des peuples vers le Christ. Quel genre d'hommes étaient-ils?

    Les experts nous disent qu'ils appartenaient à la grande tradition de l' astronomie qui

    à travers les siècles s' était développée en Mésopotamie et y fleurissait encore...

    Seul ce petit nombre

    s'est mis en route et a suivi l' Etoile en laquelle il avait reconnu l' Etoile de la Promesse,

    celle qui indique la route vers le Vrai Roi et Sauveur... Ils étaient, pourrions-nous dire, des hommes de science,

    mais non seulement dans le sens où ils voulaient connaître beaucoup de choses : ils voulaient davantage.

    Ils voulaient comprendre ce qui compte dans l' être humain... C'étaient des personnes au coeur inquiet,

    qui ne se contentaient pas de ce qui paraît et est habituel. C'étaient des hommes

    à la recherche de la Promesse, à la recherche de Dieu. Et c' étaient des hommes attentifs,

    capables de percevoir les signes de Dieu, Son langage discret et insistant. Mais c'étaient encore des hommes

    à la fois courageux et humbles : nous pouvons imaginer qu' ils durent supporter quelques moqueries

    parce qu' ils s' étaient mis en route vers le Roi des juifs, affrontant pour cela beaucoup de fatigue.

    Pour eux, ce que pensait d'eux celui-ci ou celui-là ou encore les personnes influentes ou intelligentes,

    n' était pas déterminant. Pour eux, ce qui comptait était la Vérité elle-même, et non l'opinion des hommes...

    Ce fut leur courage humble qui leur permit de pouvoir s'incliner devant

    le Petit Enfant de gens pauvres et de reconnaître en Lui le Roi promis

    dont la recherche et la reconnaissance avait été le but de leur cheminement extérieur et intérieur...

    Le Coeur de Dieu est inquiet pour l' homme. Dieu nous attend. Il nous cherche.

    Il n' est pas tranquille lui non plus tant qu' Il ne nous a pas trouvés.

    Le Coeur de Dieu est inquiet, et c'est pour cela qu' Il S' est mis en chemin vers nous

     - vers Bethléem, vers le Calvaire, de Jérusalem à la Galilée et jusqu' aux confins du monde.

    Dieu est inquiet à notre égard, Il est à la recherche de personnes qui se laissent gagner

    par Son inquiétude, par Sa passion pour nous...

    On a beaucoup discuté sur le genre d'étoile qu' était celle qui avait guidé les Mages.

    On pense à une conjonction de planètes, à une Super nova, c' est-à-dire à une de ces étoiles

    au départ très faible en qui une explosion interne libère pendant un certain temps une immense splendeur, à une comète, etc.

    Que les savants continuent de discuter!

    La grande étoile, la véritable Super nova qui nous guide, c'est le Christ Lui-même.

    Il est pour ainsi dire, l'explosion de l'Amour de Dieu, qui fait resplendir sur le monde,

    le grand éclat de Son Coeur... Les Mages d' Orient, de même que les Saints en général, sont devenus

    eux-mêmes petit à petit des constellations de Dieu, qui nous indiquent la route.

    En toutes ces personnes, le contact avec la Parole de Dieu a, pour ainsi dire, provoqué une explosion de Lumière,

    à travers laquelle la splendeur de Dieu illumine notre monde

     et nous indique la route. Les Saints sont des étoiles de Dieu, par lesquelles nous nous laissons guider

    vers Celui auquel notre coeur aspire". 

    media-232711-2.jpg

    Pape Benoit XVI.

    Homélie du vendredi 6 janvier 2012

    à saint Pierre de Rome.

     

  • Le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle, n° 93 – Noël 2014

    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l’église du Saint-Sacrement à Liège) sort sa livraison de Noël. Tiré à 4.000 exemplaires dans une mise en page renouvelée, le magazine parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation (les titres en bleu sont disponibles en ligne: cliquez sur le titre). Au sommaire de ce numéro de décembre 2014 :

    SOMMAIRE n° 93 (4e trimestre 2014)  

    PN 93 255.jpg

    Petit bilan pour un synode extraordinaire

    La tâche missionnaire est-elle toujours d’actualité ?

    Paul VI béatifié

    Le pays du mal

    Une interview de Monseigneur Léonard

    106 candidats à la prêtrise en formation dans les séminaires belges

    PN 93 254.jpg

     

    Noël anonyme du quinzième siècle

    La quatrième demande du Pater

    Juger…ne pas juger : le piège de la miséricorde 

     

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien sont reçus au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

     

  • La quatrième demande du Pater : quel pain demandons-nous ?

    PN 93 254.jpg

     

    Extrait de notre magazine trimestriel « Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle », n° 93, Noël 2014

    LA QUATRIÈME DEMANDE DU PATER

    Cf. Mt 6, 11 ; Lc 11, 3

    COMPLEMENTS

    Les quelques considérations qui suivent prolongent celles qui étaient proposées sous le titre « Pain et Trinité » (V & E- Pâque Nouvelle n° 91), concernant le pain que nous demandons chaque jour dans l’oraison dominicale.

     

    1

    B315556101_RD16_0504_003R.jpg

    « Ne vous souciez pas, pour votre vie,

    de ce que vous mangerez... » Mt 6,25

     

    Le pain naturel, et plus généralement, représentés aussi par lui, les biens matériels dont nous avons besoin, il semble, à première vue, que sainte Thérèse d’Avila ne veuille pas qu’on les demande : « Notre Maître est et sera toujours riche et puissant. Il ne conviendrait donc pas que nous, ses serviteurs, nous lui demandions de quoi manger ; nous savons bien que notre Maître y veille et y veillera encore. » (Le chemin de la perfection, ch. 36) Mais à lire la suite, on peut comprendre que la recommandation s’adresse plus spécifiquement surtout à ses religieuses, puisqu’elle ajoute : « Ainsi donc, mes sœurs, demande qui voudra de ce pain matériel ! » (Ibidem)

    Et de fait, saint François de Sales n’enseigne-t-il pas, et avec raison, qu’il ne serait pas à propos que les mariés ajustent leur conduite en cette matière sur celle des capucins... ? (Cf. V. D., 1, 3)

    Toutefois, le ton presque caustique de la remarque (« demande qui voudra de ce pain matériel ! ») nous invite à bien peser la portée de cette légitime distinction, pour l’interpréter dans le sens qu’il faut.

    Il est une façon de demander notre pain matériel qui pourrait n’être que l’expression de notre convoitise des biens de ce monde ; ou encore, celle d’une inquiétude quant à la sollicitude du Père à veiller à l’entretien de ses enfants : quel tour prendrait alors sur nos lèvres la prière du Seigneur !

    A prier dans ces dispositions, nos Pater n’auraient pour effet que d’aiguiser notre penchant à posséder ; ou de nous entretenir dans cette sourde tendance à craindre pour notre défroque de chair ; bref, d’assécher en nous la grâce baptismale, ce qu’à Dieu ne plaise !

    Persuadons-nous bien que si nous demandons au Père notre pain de chaque jour, ce n’est pas pour l’avoir, comme s’il pouvait manquer à nous le procurer. Non, ce serait contraire au reste de l’Evangile : « Regardez les oiseaux du ciel, les lis des champs... ; cherchez le Royaume de Dieu et sa justice, le reste vous sera donné... »

    Ne lui demandons pas « de quoi manger », mais demandons-lui que ce que nous mangeons soit par nous reçu et savouré comme un don de son amour. Donnez-nous notre pain, que pour nous chaque bouchée soit sourire de Dieu sur ses enfants.

    Il s’agit ici de nous ressouvenir aussi de la Genèse, dont le récit vient éclairer le sens de notre demande. Donnez-nous notre pain. Faites-nous passer de l’état du vieil Adam, condamné à manger son pain à la sueur de son front (Gn 3, 17), à la condition du nouvel Adam, au statut de fils désormais adoptés, cohéritiers du Fils : donnez-nous notre pain.

    Sans doute travaillons-nous toujours pour le gagner, car le vieil homme, non encore tout à fait mort en nous, est en grand besoin de cette ascèse. Mais depuis notre incorporation au Christ, ce travail n’est plus celui d’un esclave. Même assuré de son pain, le fils travaille avec son père. C’est là pour eux une communion bienheureuse : « Mon Père jusqu’à présent est à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. » (Jn 5, 17)

    Donnez-nous notre pain. Que notre travail soit maintenant un travail d’amour : « Ubi amatur, non laboratur ; et si laboratur, labor amatur » « Qui aime, ne peine ; et s’il peine, sa peine, il l’aime. » Telle est l’économie de la Nouvelle Alliance, du Royaume que le Sauveur est venu instaurer au milieu de nous.

     

    2

    institution-of-the-eucharist-1442.jpg

    « Ma chair est nourriture. » Jn 6, 55/56

     

    Nous ne demandons pas seulement le pain naturel, mais aussi le Pain eucharistique : le Corps sacramentel de notre Sauveur.

    C’est de ce Pain, en effet, que lui-même a dit : « Ma chair est vraiment une nourriture. » (Jn 6, 55 [Grec] / 56 [Vulg.]) ; ou : « Ma chair est la vraie nourriture. » (Les manuscrits, aussi bien les grecs que les latins, se partagent entre les deux formulations, qui ne diffèrent pas pour l’essentiel.) Cette nourriture, il nous presse de la manger : « En vérité, en vérité, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas (selon le grec : n’avez pas) la vie en vous. » (Ibidem, 54/53)

    Donc c’est aussi de ce Pain que nous disons : « Donnez-nous aujourd’hui notre pain », et nous le disons chaque jour...

    Mais alors, autant qu’il dépend de nous, c’est chaque jour que nous devons communier à ce Pain-là, si notre cœur est bien dans nos paroles quand nous adressons à Dieu la prière par excellence. Ou bien, après avoir eu l’audace (audemus dicere !) de l’appeler « notre Père », allons-nous le mépriser, en lui débitant des mots vides ?

    Puis, dans l’acte de communier, il importe que nous apportions la même rectitude, en ayant les dispositions requises.

    En effet, si la nourriture naturelle que prend notre corps, nous l’assimilons, dans l’Eucharistie il n’en va pas de la sorte : c’est le Christ, notre nourriture, qui nous assimile. « Tu me mangeras, et ce n’est pas toi qui me changeras en toi, comme la nourriture de ta chair, mais c’est toi qui seras changé en moi. » (s. AUGUSTN, Conf., 7, 10, 16) Or, de même que notre corps rejette une nourriture avariée, le Christ ne saurait s’incorporer le chrétien qui ne porterait au moins la robe nuptiale qu’est l’état de Grâce, avec au cœur aussi l’intention droite.

    Oui, en demandant « aujourd’hui » notre Pain eucharistique, nous formulons chaque jour, prenons-en conscience, tout à la fois la volonté de communier aujourd’hui, et celle de mettre tel ordre à notre vie, que nous puissions le faire.

    Quant au reste, nous ne communions pas parce que nous serions parfaits, mais pour que nous devenions parfaits, ainsi que le fait remarquer saint François de Sales :

    Vous communiez, dit-il, « pour apprendre à aimer Dieu, pour vous purifier de vos imperfections, pour vous consoler en vos afflictions, pour vous appuyer en vos faiblesses. [...] Deux sortes de gens doivent souvent communier : les parfaits, parce qu’étant bien disposés, ils auraient grand tort de ne point s’approcher de la source et fontaine de perfection, et les imparfaits, afin de pouvoir justement prétendre à la perfection ; les forts, afin qu’ils ne deviennent faibles, et les faibles, afin qu’ils deviennent forts ; les malades afin d’être guéris ; les sains, afin qu’ils ne tombent en maladie ; [...] Ceux qui n’ont pas beaucoup d’affaires mondaines doivent souvent communier parce qu’ils en ont la commodité, et ceux qui ont beaucoup d’affaires mondaines, parce qu’ils en ont nécessité. [...] Vous recevez le Saint Sacrement pour apprendre à le bien recevoir, parce que l’on ne fait guère bien une action à laquelle on ne s’exerce pas souvent. » (V. D., 2, 21)

    ... Récemment, un tout petit garçon, incapable encore de lire le saint évêque, mais qui a reçu le même Saint-Esprit, résumait cela tout simplement : sans doute un peu trop agité pendant la messe, il se voit interdire d’aller communier ; « Mais papa, » remarque-t-il alors, « je ne peux pas être sage si je ne communie pas ! »

    « Ma chair est vraiment/vraie nourriture. » dit le Christ. Au même titre donc que la nourriture terrestre, qui nourrit notre être mortel, le Pain eucharistique nourrit notre être appelé à la Vie, pour le mener à la Vie.

    La question est bien simple : s’accommoderait-on de ne nourrir son corps physique qu’une seule fois au cours de la semaine ? Qui donc tiendrait longtemps à ce régime ? Alors comment aussi le corps spirituel (1 Cor 15, 44), l’être « appelé à la Vie », ne dépérirait-il pas à ne communier qu’une fois la semaine, voire, hélas ! beaucoup moins ?

    Veut-on vraiment prendre connaissance de ce qui est, mais ne se voit pas ? Il suffit de s’astreindre à ne pas manger les jours où l’on ne communie pas : l’état de notre corps physique nous dira l’état de notre corps spirituel.

    Notre vie dans le Christ ne peut se développer, ni même à terme subsister, si nous ne la nourrissons pas très régulièrement de ce pain vivant qui lui est donné « pour sa substance », « chaque jour ».

    Saint Augustin l’enseigne expressément : « Si les péchés ne sont pas tels qu’on soit jugé ne pouvoir communier, on ne doit pas se séparer du remède quotidien qu’est le corps du Seigneur. » (Lettre 54, 3)

    Il faut faire tout ce qui dépend de soi pour y avoir accès, à commencer par revenir, si besoin est, à l’état de grâce. Il y va de la vie éternelle. Hormis les obligations du devoir d’état de vie ― un état de vie dont on soit vraiment sûr qu’il est voulu par Dieu ―, rien n’est assez important pour nous détourner de communier ainsi jour après jour au Corps du Seigneur.

    En effet, la communion quotidienne requiert de nous que nous cherchions quotidiennement, en nos actes, à nous conformer au Christ, qui est notre vie, et elle nous procure en même temps la capacité de le faire, puisqu’elle nous assimile à sa substance.

    D’où vient-il alors que nous ne soyons pas saints alors même que nous communions peut-être chaque jour ? C’est qu’en communiant à notre Sauveur, nous oublions avec un incroyable aplomb ce peu, somme toute, qu’il attend de nous, et la part souveraine qu’il nous faut lui réserver : nous oublions la simplicité qui veut qu’il n’y ait nulle distorsion en notre cœur entre notre vouloir et le sien ; nous oublions l’humilité par laquelle nous lui laissons pleinement la place, car tout bien en nous est sien.

    Autrement dit, en termes liturgiques : il nous revient de porter au calice la gouttelette d’eau, une gouttelette qui puisse n’être plus qu’un avec le vin ; puis de reconnaître qu’elle n’aura de goût que celui du vin !

     

    3

    jd7nBXnSHa8LMjcn4B-aHbuXre8.jpg

    « Ma nourriture est de faire la volonté de celui

    qui m’a envoyé accomplir son œuvre. » Jn 4, 34

     

    Quand la simplicité nous ajustera totalement au Christ, et que l’humilité lui réservera résolument toute la place, nous serons entièrement ravis en son Corps que nous recevons, et notre agir se confondra avec le sien : « Je vis, mais ce n’est plus moi : c’est le Christ qui vit en moi. » (Gal 2, 20)

    Or, l’agir du Christ consiste à faire la volonté du Père. (Cf. Jn 5, 30) Là est la clef de sa vie : « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. » (Jn 6, 38) Il vient faire ce que le premier Adam (lui qui a préféré sa volonté à celle du Père) aurait dû faire pour accéder à la plénitude ; il vient faire ce que nous pouvons désormais, nous aussi, faire par lui, avec lui et en lui, dès lors qu’il nous a apporté le Salut en nous donnant sa propre vie.

    Si la nourriture du Christ Jésus est de faire la volonté de celui qui l’a envoyé, tel est donc aussi notre pain quotidien, que nous demandons dans le Pater.

    Comment alors la volonté du Père peut-elle se faire notre nourriture ?

     « Dieu, personne ne l’a jamais vu. » (Jn 1, 18), mais « à bien des reprises et de bien des manières, dans le passé, il a parlé à nos pères par les prophètes. » (He 1, 1) ; et « à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils, [...] expression parfaite de son être. » (He 1, 2-3)

    Voilà sous quelle forme la volonté de Dieu se fait notre nourriture : celle de sa Parole qu’il nous délivre tout d’abord progressivement, puis, parfaite, en son Verbe.

    « Donnez-nous », disons-nous, « notre pain ». Une fois encore, mesurons bien l’essentiel de ce « donnez-nous ». Il ne s’agit pas pour nous d’aller nous servir dans les Ecritures, comme le fait si bien le diable, ainsi que nous l’entendons dans l’évangile de la tentation au désert (Ier dim. du Carême, Mt 4, 1-11). Saisie par l’homme, de sa propre main, l’Ecriture devient bien vite en ses entrailles poison d’hérésie : pour avoir eu la présomption de prendre ce qu’il devait recevoir, il tombe dans l’aveuglement, quelle que soit, du reste, sa science d’exégète. Aussi l’Ecriture n’est-elle nourriture que comme parole adressée par Dieu à ses enfants. « Donnez-nous notre pain. »

    Ce n’est donc pas sans raison profonde que le lieu privilégié pour l’Ecriture est la liturgie, et très particulièrement la liturgie eucharistique. En Dieu, tout est un : sa parole est indissociable de lui-même. La Genèse nous montre Dieu créant l’univers par sa parole, et saint Jean précise dans son Prologue que « c’est par le Verbe que tout est venu à l’existence », que « rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui », le Verbe, dont il vient de dire « et le Verbe était Dieu. »

    La liturgie qui nous introduit dans l’être de Dieu nous donne en nourriture son Verbe-Parole puis son Verbe-Chair, la succession (« puis ») n’étant que dans la modalité de notre temps humain, car, quant à l’action divine, la Parole ne porte son fruit que si elle est reçue comme Verbe, et le Verbe d’eucharistie ne se reçoit avec fruit que dans un cœur qui accepte et met en pratique, pleinement, la Parole. C’est tout un.

    La lectio divina (les Pères nomment ainsi la méditation de la Parole de Dieu) est elle-même participation à l’être du Christ : on serait bien mal inspiré de la séparer de la liturgie, qu’elle prépare et dont elle prolonge le rayonnement. Il n’est en effet guère concevable que l’on puisse entrer à froid dans l’action liturgique, ni davantage la quitter sans entretenir en soi le feu de la Présence qui s’y communique. Et d’autre part, appréhendée sans lien avec la liturgie, la lectio divina perd tout à la fois son aboutissement, et son principe vital. Le Christ se fait notre pain en sa Parole et en la substance de son Corps. Il nourrit par sa Parole notre foi de recevoir son Corps, et la communion à son Corps alimente notre capacité à savourer sa Parole jusqu’à la mettre en pratique.

    « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 118, 105) N’est-ce donc pas là aussi le pain quotidien dont nous avons besoin, dès lors surtout que Saint Jacques, dans son épître, en manifeste la vertu ?

    « Il [le Père des lumières] a voulu nous engendrer par sa parole de vérité, pour faire de nous comme les prémices de toutes ses créatures. » (Jc 1, 18) « C’est pourquoi, ayant rejeté tout ce qui est sordide et tout débordement de méchanceté, accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. » (Ibidem, 21)

    J.-B. T.

  • La tâche missionnaire est-elle toujours d'actualité ? Réponse de Benoît XVI

     

    PN 93 255.jpg

    Extrait de notre magazine trimestriel "Vérité et Espérance/ Pâque Nouvelle"

    (n° 93, Noël 2014)  

    o-BENOIT-XVI-facebook.jpgBenoît XVI a exceptionnellement « repris du service », ces jours-ci, en sortant de son grand silence. Cela se passait à l’université pontificale « Urbania » consacrée à la formation du clergé missionnaire et des étudiants venus des territoires de mission. Pour la réouverture, de sa grande salle de conférences de 1800 places, qui porte désormais son nom, le pape émérite a fait lire par son secrétaire particulier Mgr Ganswein un texte passionnant à l’heure où l'on reparle de la nécessité pour l'Eglise de s'adapter aux réalités de notre temps, de dialogue interreligieux et de paix dans le monde.

    Le Saint-Père Benoît XVI écrit notamment ceci : « Aujourd'hui beaucoup sont de l'idée que les religions devraient se respecter mutuellement et dans le dialogue entre elles devenir une force commune de paix conjointe». Soit, mais : « dans ce mode de pensée, la plupart du temps on prend pour hypothèse que les différentes religions sont les variantes d'une seule et même réalité; que la "religion" est le genre commun qui prend des formes différentes selon les différentes cultures, mais exprime toujours la même réalité» et le pape émérite conclut : « cette renonciation à la vérité semble réaliste et utile à la paix entre les religions dans le monde», mais «elle est mortelle pour la foi», car « la foi perd son caractère contraignant et sa gravité si tout se résume à des symboles au fond interchangeables, capables de renvoyer seulement de loin au mystère inaccessible du divin». La tentation n’est pas neuve : dans l’antiquité romaine, aux chrétiens persécutés qui refusaient le culte impérial, les magistrats proposaient de brûler quelques grains d’encens au dieu qui est dans les cieux, l’ « éther », principe divin et tellement impersonnel et universel que chacun peut le reconnaître. Et les vilains martyrs intolérants avaient le front de refuser : incompréhensible pour l’esprit de notre  temps. 

    Un dialogue interreligieux conçu à la manière dénoncée par le pape Benoît XVI est, en effet, mortel pour la foi. En 2008, dans une lettre-préface à un livre de son ami le sénateur italien Marcello Pera, il écrivait déjà ceci : « le dialogue interreligieux au sens étroit du terme n'est pas possible, alors que le dialogue interculturel qui approfondit les conséquences culturelles de la décision religieuse de fond s'avère urgent. Tandis que sur cette décision, un vrai dialogue n'est pas possible sans mettre sa foi entre parenthèse, il est nécessaire d'affronter dans le débat public les conséquences culturelles des décisions religieuses de fond. Ici, le dialogue et une mutuelle correction sont un enrichissement réciproque et sont possibles et nécessaires. » Il ne s’agit donc pas de juger si les religions doivent se parler entre elles, mais plutôt de quoi elles doivent parler. Dans l'esprit du pape émérite, l’essentiel des échanges interreligieux n'est pas de chercher le plus petit dénominateur commun d'une théologie partagée, mais plutôt de trouver le moyen pour que des cultures façonnées par un engagement religieux fort puissent néanmoins vivre dans le respect mutuel (24 octobre 2014)

    JPS

  • Petit bilan pour un synode extraordinaire sur la famille (05-19.10.2014)

    Petit bilan

    pour un synode « extraordinaire »

    PN 93 255.jpg

    Extrait de notre magazine trimestriel "Vérité et Espérance/ Pâque Nouvelle"

    (n° 93, Noël 2014)  

    Quel bilan tirer de ce synode sur la famille qui, rappelons-le, sera suivi d’un second en octobre 2015 ? Dans le mensuel « La Nef » n°264 de novembre 2014, on peut lire cette réflexion du philosophe et écrivain français Thibaud Collin (extraits) :

    Synode-sur-la-famille_article_main.jpg[…] Ce synode a été préparé par le consistoire de février 2014 dont les débats ont été ouverts par le discours du cardinal Kasper, discours dans lequel il prônait une évolution de la discipline sacramentelle envers les fidèles divorcés et remariés civilement. Le pape François a sciemment choisi cet opposant bien connu du cardinal Ratzinger et de Jean-Paul II sur une telle question. Le lendemain de ce discours et alors qu’il avait suscité de vives réactions dans le collège cardinalice, le pape François a publiquement félicité le cardinal Kasper semblant indiquer par là que ses thèses lui convenaient […] De là, certains, et non des moindres, osèrent souligner que « l’esprit du concile » était enfin de retour. Le déroulement du synode a-t-il confirmé ces pronostics ?

    Deux réponses sont possibles en fonction de deux niveaux de lecture. Le premier niveau est, disons, humain, non pas au sens péjoratif mais au sens descriptif. Le texte de mi-parcours publié le 13 octobre apparaît comme un texte de rupture assumée comme telle vis-à-vis des deux derniers pontificats. L’importation dans le champ de la théologie du mariage et plus généralement de la théologie morale d’une grille de lecture propre aux questions œcuméniques, l’interprétation discutable de la loi de gradualité, un passage maladroit sur les personnes homosexuelles et enfin l’affirmation selon laquelle à certaines conditions les divorcés remariés pourraient recevoir la communion eucharistique, tout cela a créé de fortes critiques chez les pères synodaux. L’impression d’avoir été manipulé par une petite équipe dont tous les membres avaient été choisis par le pape a renforcé le malaise. Au nom de la miséricorde ressemblant étrangement à la tolérance l’Église n’allait-elle pas enfin accepter ce que le monde exige d’elle depuis des décennies dans le champ moral ?

    Voilà ce qui provoqua un enthousiasme chez certains et un vent de panique chez les autres. Selon ce regard humain, le pape bien qu’il n’ait encore rien dit officiellement pousse vers une solution « miséricordieuse » qui rentrerait en contradiction avec la doctrine sur le mariage. En effet, accepter à la communion eucharistique des personnes étant encore liées par un mariage sacramentellement valide mais vivant une nouvelle  relation, n’est-ce pas légitimer une vie sexuelle en dehors du mariage ? Mais alors n’est-ce pas toute l’anthropologie philosophique et théologique approfondie par Jean-Paul II qui s’effondre ? N’est-ce pas, de même, l’articulation entre les sacrements du mariage, de l’eucharistie et de la réconciliation qui se trouve perturbée et par là toute l’ecclésiologie ? Bref, cette solution « pastorale » apparaît comme un cheval de Troie qui de proche en proche modifie la cohérence et l’intelligibilité de la totalité chrétienne. Sauf à douter des paroles de Jésus à saint Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église », sauf à douter de l’assistance de l’Esprit Saint à l’Église du Christ, un tel regard ne peut être que partiel et par là conduire à une impasse. 

    L’autre regard est donc surnaturel ; contre ce que le regard humain atteste ou conjecture, il repose sur des actes de foi et d’espérance refusant le doute comme un poison ruinant la vie théologale dans l’âme du croyant. Voilà le regard que nous avons tous à adopter et qui peut être conforté par quelques faits. Le constat que le texte de mi-parcours a été fortement amendé dans le texte final, les points les plus litigieux ayant disparu. Le rappel que le pape François a été formé dans la Compagnie de Jésus dont la clef de voûte est le discernement des esprits par la méthode des Exercices spirituels, dont un des aspects est la prise en compte de l’épaisseur et la diversité des situations et des opinions humaines, en vue d’une élection conforme à la volonté divine. Bref, le Christ nous invite à être plus que jamais à son écoute et à faire confiance dans la Providence. Voilà l’épreuve de la foi qu’il s’agit de traverser dans la paix reçue de l’Esprit. » (5 novembre 2014).

  • Juger....ne pas juger: le piège de la miséricorde

     

    PN 93 255.jpg

    Juger... ne pas juger...

     le piège de la miséricorde 

    Extrait de notre magazine trimestriel "Vérité et Espérance/ Pâque Nouvelle"

    (n° 93, Noël 2014)  

    301659432.jpgDans les esprits les mieux disposés, une grave confusion règne depuis longtemps à propos de la faculté de juger. Combien de fois n’avons-nous pas entendu un plus ou moins sentencieux : “Tu ne peux pas juger !”, trancher d’autorité toute discussion autour d’un constat évident voire d’une simple appréciation. On pourrait rétorquer : “En m’accusant de juger, tu portes à ton tour un jugement sur moi ; pourquoi fais-tu toi-même ce que tu m’interdis ?” On voit ainsi que notre vie quotidienne est faite d’un nombre incalculable de ces actions de l’intelligence qu’on appelle jugements : choisir ses mots avant de parler, critiquer un livre, acheter cet objet ou pas, prendre ce chemin ou un autre... On comprend que l’interdit de juger mentionné plus haut se confond dans le sens commun avec un interdit de condamner, mais cette acception est déjà un abus de sens, car juger c’est d’abord peser, estimer, jauger et pas forcément condamner, sachant que tout jugement peut déboucher aussi sur un acquittement et une libération.

    Cette confusion – qui crée un grave obscurcissement de la pensée - est due pour une grande part aux diverses définitions du mot jugement. En effet, ce même mot recouvre en français (et dans la plupart des langues européennes) plusieurs sens différents et complémentaires qu’il convient de départir pour mieux les comprendre et circonscrire leur champ d’application. 

    Le jugement est à la fois une faculté (le pouvoir de l’entendement et du goût), un acte (un processus de décision) et le résultat d’un acte de décision (une proposition, une sentence). Or, ces activités ne sont désignées que par un seul mot : juger. Quand le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804) disserte sur la faculté de juger, il n’entend pas donner des leçons aux juges d’instruction, mais décrire comment la réalité se présente à l’intelligence au moyen de l’observation et des mots. René Descartes (1596-1650) distinguait, quant à lui, la puissance de connaître (l’intelligence) et la puissance d’élire (la volonté), c’est-à-dire la capacité à porter librement des jugements sur ce que l’entendement permet de connaître. Ces questions philosophiques sont passionnantes et ont été largement traitées dans de savants ouvrages. Nous nous contenterons de présenter ici quelques exemples concrets qui vont éclairer la toute-puissance despotique du “Tu ne peux pas juger”. 

    Jugement de fait

    Dire : “La voiture de mon voisin est rouge” est déjà un jugement, précisément un jugement de fait. Que la voiture soit rouge, nul ne peut le nier ; on pourra ergoter sur la variété de rouge (plus ou moins clair), mais la couleur rouge est aussi indiscutable que le ciel est bleu et l’herbe verte. Le jugement de fait est nécessairement vrai ou faux (il serait faux de dire que la voiture rouge est jaune), il est neutre et objectif. Ceci semble évident, mais, expérience faite, peut-on encore exprimer les jugements de fait suivants (dûment comptabilisés) sans s’attirer les foudres des censeurs : “Il y a environ 60 % de musulmans dans les prisons françaises”... ou bien “Il y a une majorité de joueurs noirs et arabes dans l’équipe nationale de football”. Devant ces faits, visibles et indiscutables, les censeurs, pour disqualifier le simple jugement de fait et couper court à toute discussion, vont immédiatement glisser du jugement de fait au jugement de valeur (“vous n’aimez pas les musulmans”) et de celui-ci au jugement judiciaire et à la condamnation sans procès. On passe arbitrairement du vrai/faux (jugement de fait) au bien/mal (jugement de valeur ou jugement moral) pour en arriver à la négation du réel, à la paralysie de l’intelligence, à l’inaction, voire à la complicité passive avec le mal.

    Jugement de goût

    “Je n’aime pas le rouge, je préfère le gris”, est un jugement de goût, comme “je déteste les chicons au gratin” ou “la musique de Mozart est quelquefois frivole”. Les goûts et les couleurs sont – quoi qu’on en dise – les choses les plus discutées... même si trouver Shakespeare pompier et détester Picasso peut valoir des haussements d’épaules ou des sourires apitoyés, sachant toutefois que les goûts peuvent évoluer avec le temps et l’expérience. L’impératif “Tu ne peux pas juger” devrait échapper en principe au domaine du goût, des modes et des arts, qui sont les domaines de la liberté et de la création, mais ce n’est pas si simple ; il y a un totalitarisme qui s’exerce également dans le domaine des “goûts et des couleurs”. Par exemple, manifester son dégoût personnel pour les excès scatologiques et blasphématoires de l’art contemporain, c’est prendre le risque de la marginalisation, de la ringardisation, de la violence peut-être, car c’est une certaine conception de l’homme qui entre en jeu, une certaine conception des valeurs qui mobilisent les pensées et les actes. Transition parfaite pour aborder les jugements de valeurs. 

    Jugement de valeur

    C’est le moment de citer Blaise Pascal : “Tout le monde fait le dieu en jugeant : cela est bon ou mauvais.” On oublie (commente l’historien Marc Bloch) qu’un jugement de valeur n’a de raison d’être que comme la préparation d’un acte et de sens seulement par rapport à un système de références morales, délibérément accepté.[1] Le jugement de valeur est comme le GPS de l’automobiliste : on l’allume pour se laisser guider. Le jugement de valeur ou jugement moral permet de discerner le bien du mal, le bon du mauvais en vue d’une action précise ; en ce sens il est non seulement permis mais exigé par la dignité humaine.

    C’est ici que les choses se compliquent en raison de la diversité des critères moraux ; par exemple, pour le chrétien, l’avortement est un homicide, pour certains il est un droit ; selon la Bible, l’homosexualité est une “abomination”[2], pour d’autres elle est légitime et normale ; pour une grande majorité de personnes, le mariage est l’union d’un homme et d’une femme et non l’appariement d’êtres vivants indifférenciés, etc. Dans une vision non chrétienne, le jugement moral est dépourvu de toute validité objective (les Commandements de Dieu, la loi d’amour des Evangiles), il est subjectif (“à chacun sa vérité”), fluctuant (au gré des majorités parlementaires ou de l’esprit du temps) et déconnecté de toute référence transcendante, il s’exerce dans une totale relativité, ce qui ouvre évidemment la porte à l’hypocrisie, à l’illusion, à l’aveuglement. Comme l’écrit avec humour La Rochefoucauld dans ses Maximes : “Tout le monde se plaint de sa mémoire ; personne ne se plaint de son jugement”. Or, tout jugement fondé sur l’opinion est fondé sur le sable et non sur le roc. Plus largement, si les règles du droit s’appuient sur le sable et non sur le stable, c’est toute la société qui vacille. Et l’écroulement menace.

    Jugement sentenciel

    Justice.jpgQuant au jugement judiciaire ou “sentenciel”, il est réservé au juge terrestre et au Juge suprême. Dans la Bible, 90 % des références au jugement concernent Dieu lui-même, qu’il s’agisse du Jugement Dernier ou du jugement personnel qui suit la mort. “L’Eternel se présente pour plaider. Il est debout pour juger les peuples” (Is 3, 13) ou encore : “Ils rendront compte à Celui qui est prêt à juger les vivants et les morts” (1 P 4, 5). 

    En résumé, et pour faire simple, sous le seul terme de jugement, nous pouvons distinguer le constat, le goût, le discernement et la sentence. Toute la perfidie de l’interdit de juger vise à brouiller cette distinction essentielle et à confondre tous les types de jugement en un seul : la condamnation. Le “Tu ne peux pas juger” est l’arme atomique qui dévaste tout. Parfois, se hasarder à constater une simple réalité qui dérange (jugement de fait), c’est risquer d’emblée la sentence fatale ; oser émettre un goût à l’encontre de l’opinion dominante, c’est déjà provoquer un jugement de valeur.

    Dire la vérité 

    Sommes-nous condamnés au silence ? Faut-il renoncer à constater la simple véracité desprocai_peint_001.jpg faits, fussent-ils dérangeants ? Faut-il éviter de discerner le bien du mal pour éviter de recevoir des coups de règles sur le bout des doigts de la part des professeurs de relativisme? Faut-il, pour notre survie sociale, louvoyer entre “peut-être” et “ça dépend”, au lieu que notre “oui” soit “oui” et notre “non” soit “non” ? Au risque de...

    Que disent les Saintes Ecritures ? Des évidences. Par exemple : “Rejetant le mensonge, dites la vérité chacun à son prochain” (Eph 4, 25) ; “Discernez ce qui est agréable au Seigneur et ne prenez aucune part aux œuvres stériles des ténèbres, mais plutôt réprouvez-les” (Eph 5, 10-11) ; “Voici ce que vous devez faire : jugez dans vos portes selon la vérité et en vue de la paix” (Za 8, 16).

    Nous sommes donc fermement invités à alimenter notre jugement moral à la Vérité du Christ pour ne pas tomber dans les pièges de l’amalgame, de l’irénisme, du simplisme : “La nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal” (He 5, 14). Voulons-nous cette nourriture solide? Ou préférons-nous le laitage des idées toutes faites?

    Ne pas juger...

    Et pourtant, il est écrit aussi : “Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés” (Mt 7, 1) ou “Pourquoi juges-tu ton frère ou toi pourquoi méprises-tu ton frère? Puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu” (Rom 4, 10) ou encore “Un seul est législateur et juge, c’est celui qui peut sauver et perdre ; mais toi, qui es-tu qui juges le prochain?” (Jc 4, 12), “On vous jugera du jugement dont vous jugez ; et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez” (Mt 7, 2). Comment comprendre dès lors ces invitations catégoriques à ne pas juger, que les mieux intentionnés nous mettent en travers de la conscience pour nous empêcher d’exercer notre devoir de discerner le bien du mal et le vrai du faux?

    Juger...

    Si le jugement était réservé à Dieu seul, Jésus n’aurait pas recommandé la correction fraternelle comme règle de la communauté ; or cette correction ne peut s’exercer qu’après avoir constaté le mal, discerné dans la vérité, et jugé objectivement. Jésus demande de prendre entre quatre yeux le frère “qui vient à pécher” et de “lui faire des reproches seul à seul”, s’il n’écoute pas, qu’on le fasse dans un cercle plus élargi et ainsi de suite jusqu’à la sentence finale et légitime, quitte à ce qu’il soit considéré “comme le païen et le collecteur d’impôt” (Mt 18 15-18). Ce langage est rude, qui peut l’entendre? C’est pourtant la Parole de Dieu. Comme le souligne le pape Benoît XVI, ce que le Maître nous enseigne, c’est de ne pas nous prendre pour Dieu en nous instituant juges du monde entier, mais il nous faut respecter aussi, en jugeant, le mystère de l’autre. Même lorsque la justice, pour maintenir l’ordre, doit juger, elle ne condamne pas la personne mais certains de ses actes en essayant de trouver la réponse adéquate ; nous devrions en tout cas respecter le mystère du non-dit dont Dieu seul est juge. Nous sommes invités à garder la juste mesure, à connaître les bonnes limites, à faire preuve du vrai respect envers l’autre. Jésus nous fournit une règle intérieure pour juger quand cela s’avère indispensable. Elle consiste à reconnaître sans cesse cette dernière instance :“On vous jugera du jugement dont vous jugez ; et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez”.[3]

    Le jugement qui nous est interdit, c’est le jugement réservé à Dieu seul, qui sonde les reins et les cœurs et connaît tout de chacun, le meilleur comme le pire. Le jugement que nous devons exercer est celui du discernement et du bon choix. Dans la parabole de l’ivraie mêlée au bon grain par l’ennemi pendant la nuit (Mt 13, 24-30), les disciples savent distinguer l’ivraie du bon grain ; Jésus ne leur reproche pas d’avoir bien jugé de la nature différente des plantes pourtant si inextricablement mélangées dans le champ du monde par le diable. Jésus interdit seulement de procéder au seul jugement réservé à Dieu : séparer les bons des méchants, engranger le froment et brûler les plantes nocives : ceci ne nous appartient pas, car nous risquerions de nous tromper dans notre jugement et d’arracher le froment en même temps que l’ivraie. Laisser croître côte à côte le bien et le mal ne nous dispense pas de distinguer l’un de l’autre, c’est même notre impérieux devoir.

    Le piège de la fausse miséricorde

    On peut comprendre qu’au nom d’une miséricorde mal comprise voire hypocrite (“Qui suis-je pour juger?”), certains cœurs généreux veuillent à tout prix sauver l’ivraie du feu en l’emmêlant généreusement dans la gerbe de froment. Il faut le dire clairement : cette miséricorde-là est une forme de lâcheté doublée de fausse humilité. Car la miséricorde n’est pas une démission devant l’obstacle du mal ; elle n’est pas un aveuglement, mais une suprême lucidité ; lucidité sur soi-même (je suis aussi un pécheur) et lucidité sur le mystère d’autrui (fût-il celui d’iniquité). Comment faire miséricorde à celui dont on ne voit pas la faute, que cette cécité soit volontaire ou accidentelle? Comment pardonner de tout cœur à quelqu’un si l’on refuse de constater son péché, si l’on en minimise la gravité? Comment la miséricorde pourrait-elle s’exercer pleinement dans la confusion des valeurs ?

    topic (5).jpgQui plus est, la miséricorde n’est pas automatique : l’évangile nous enseigne que le pécheur n’obtient la miséricorde que s’il la demande, il ne reçoit le pardon que s’il le sollicite : “Si ton frère a commis une faute contre toi, fais-lui de vifs reproches, et, s’il se repent, pardonne-lui (Lc 17, 3-4). Pas de pardon possible sans repentir préalable du pécheur et pas de repentir valable sans résolution de changer de vie, “Va et désormais ne pèche plus”, demande Jésus à la femme adultère (Jn 8, 11). En exigeant que nous soyions miséricordieux, comme notre Père du ciel est miséricordieux (Lc 6, 36-38), Jésus ne nous demande pas de nous prendre pour Dieu (ce serait contradictoire avec l’interdit de juger son prochain), mais il exige humilité et lucidité, car on ne pardonne pas à l’aveuglette, mais en connaissance de cause, en l’occurrence après avoir distingué le bien du mal, c’est-à-dire après avoir procédé à un jugement de valeur, éclairé par l’amour et la vérité (ps 84, 11). L’amour qui pardonne n’a rien à voir avec la gentillesse ou une quelconque forme d’amabilité.

    Aimer, c’est aussi juger et punir

    D’ailleurs, n’avons-nous pas l’audace de dire au Père : “Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé”? C’est du donnant/donnant : tu pardonnes à ton frère et je te pardonne. Sinon, tu seras jugé sévèrement pour tes propres fautes. La miséricorde n’exclut pas le jugement, ceci est vrai “sur la terre comme au ciel”, sinon à quoi bon les sacrements (en particulier la confession : l’aveu et la contrition sont nécessairement précédés d’un discernement des fautes, d’un examen de conscience), à quoi bon le droit canonique et les tribunaux ecclésiastiques? Comme l’écrit justement Jean-Paul Schyns sur l’excellent blog www.belgicatho.be : “La miséricorde n’exclut pas le jugement (...) Au fond, juger et punir peuvent aussi être des actes d’amour. C’est toujours Dieu, source de toute justice et de toute miséricorde qui est seul juge : celui qui aura le “dernier mot”. Sa grâce n’exclut pas sa justice. Elle ne change pas le tort en droit. Ce n’est pas une éponge qui efface tout, de sorte que tout ce qui s’est fait sur la terre finisse par avoir toujours la même valeur...”

    Et, toujours sur le même blog, M.-O. Houziaux développe : “En Dieu seul se résoud l’apparente antinomie entre la sentence et la clémence, la justice et la miséricorde. L’Eglise a besoin de l’assistance de l’Esprit Saint pour être juste et miséricordieuse, mais elle n’a pas le droit de soutenir une thèse selon laquelle la miséricorde s’opposerait à la loi, sous peine de verser dans l’hérésie. Est-ce si difficile à dire dans une homélie? L’opposition, si fréquemment formulée, entre un Benoît XVI dogmatique et un François pastoral, est absurde et dangereuse : un pape ne peut être dogmatique sans être pastoral, ni pastoral sans s’appuyer sur le dogme”.

    En conclusion, tout jugement final est réservé à Dieu, et l’interdit de juger n’est recevable que s’il entretient la confusion entre l’ordre divin et l’ordre humain. En dehors de ce cadre, la faculté de juger est non seulement permise mais obligatoire pour, sous la motion du Saint Esprit, distinguer le bien du mal, discerner les esprits et conduire notre existence éphémère dans les pas de Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

                                                                                              Pierre René Mélon


    [1] Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien,1949, p. 81.

    [2] “Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme ; ce serait une abomination” (Lévitique 12, 22).

    [3] Benoît XVI, Voici quel est notre Dieu, Entretien avec Peter Seewald, Plon/Mame, 2001, pp. 202-203.

  • NOËL ANONYME DU QUINZIÈME SIÈCLE

    Extrait de notre magazine trimestriel "Vérité et Espérance/ Pâque Nouvelle"

    (n° 93, Noël 2014) 

    PN 93 254.jpg

     

    CESTE NUICT TANT HEUREUSE

    I

    047_Ms1097_f22_nativite.jpg

    Ceste nuict tant heureuse

    Et pleine de soulas

    Chose miraculeuse

    Est advenue en bas

    Car c'est chose certaine

    Qu'en ceste saincte nuict

    Est naquist de la Vierge

    Le Sauveur Jesus-Christ.

    II

    Ceste Vierge benigne

    Par son humilité

    A esté trouvee digne

    De la divinité

    Elle a esté esleue

    Pour nostre saulvement

    Et est demeuree Vierge

    Perpetuellement.

    III 

    Nativite_Campin_SagesFemmes_Ange.jpg

    Les Saints Anges Celestes

    De Dieu sont envoyés

    Annoncer les nouvelles

    Aux pauvres desolés

    Disoient en leurs cantiques

    Gloire a Dieu exalté

    Et paix en terre aux hommes

    De bonne volonté. 

    IV

    Prenez resjouissance

    O pauvres pastoureaux

    Vivant en esperance

    Chantez Noëls nouveaux

    Allez voir vostre maistre

    Dans un petit hostel

    Ainsi a voulu naistre

    Le Doux Emmanuel.

    V 

    Nativite_Campin_Decembre_Bergers.jpg 

    Les pasteurs de Judee

    Gardoient leurs moutons

    Voyant la nuict si claire

    Tous estonnés estoient

    Se disoient l'ung a l'aultre

    Mon amy qu'est ceci ?

    Pour moy je croy sans doute

    Que c'est nostre desir.

    VI

    Voila une armonie

    Des anges glorieux

    Oncques jour de ma vie

    Je ne fus si joyeux

    Cela me resconforte

    Et me rend tout content

    D'ouyr chose si doulce

    Du Roy du Firmament. 

    VII

    2762046937.jpg 

    Allons donc je vous prie

    A Bethleem tout droit

    Ne craignons ni la pluie

    Ni le vent ni le froid

    Et la nos bergeries

    Laissons-les pasturer

    Toutes en la prairie

    Et l'allons adorer.

    VIII

    Trestons d'une alliance

    Faisons nostre devoir

    Portons-luy reverence

    Chascun a son pouvoir

    Avecques nos houlettes

    Aussi nos flageolets

    Solennisons la feste

    Du fils Dieu eternel.

    IX

    Hugo-Van-Der-Goes-The-Adoration-of-the-Shepherds-detail-13- (1).JPG

    Entrant dedans l'estable

    Ont vu une clarté

    Ung rayon de sa face

    Plus clair que le soleil

    A genoux se prosternent

    Adorant leur Seigneur

    Qui gisait en la creche

    Entre l'asne et le bœuf. 

    X

    Nous vous prions o Prince

    Prince sur toutes gens

    Prenez en gré l'humblesse

    De nos petits moyens

    Car pour vous faire offrande

    N'avons que nos jouetz

    Mais nos corps et nos ames

    Sont a vous s'il vous plaist.

    XI

    ME0000100141_3.jpg

    Trois roys d'estranges terres

    Y vinrent promptement

    Sur de grands dromadaires

    Des pays d'Orient

    En chemin se rencontrent

    Par le vouloir de Dieu

    Et d'un accord s'assemblent

    Pour venir jusqu'au lieu. 

    XII

    Ils ont trouvé la Vierge

    Tenant son cher enfant

    Auquel ont fait hommage

    D'or de myrrhe et d'encens

    Luy prient par sa clemence

    Qu'ils leur doint retourner

    En leur pays estrange

    Et sans aucun danger.

    XIII

    Or prions donc Marie

    De cœur devotement

    Que pour nous elle prie

    Jesus son doux enfant

    Qu'il nous fasse la grace

    De si bien luy servir

    Que tout soyt a sa gloire

    Et nous doint Paradis.

     

    Amen.

      

                   Vieux Noëls                  

    La Roche-sur-Yon.   

     

  • Noël 2014: De l’archevêque de Malines-Bruxelles à la messe de minuit

    TEMOINS

     

    media_xll_6392425.jpg2014, peut-être le dernier Noël de Mgr Léonard comme archevêque de Malines-Bruxelles : la cathédrale des saints Michel et Gudule était archi-comble. Voici son message :

    « Il se passe toujours d’étonnantes merveilles la nuit et le jour de Noël. En lisant les chroniques de la Grande Guerre, j’ai lu, comme vous, comment, un soir de Noël, par-dessus les tranchées qui les séparaient, des combattants anglais et allemands ont alterné des chants de Noël et en sont venus à fraterniser entre eux. Car, ce soir-là, ils n’étaient plus des belligérants, mais des frères en humanité et, souvent, dans la même foi chrétienne. Le lendemain, hélas, les « ordres » reçus d’en-haut leur imposaient à nouveau de se tirer dessus au nom d’intérêts dits supérieurs. 

    Mais, pour quelques heures, ce fut un moment d’intense humanité au milieu d’un océan de barbarie collective. Pour un instant s’était vérifiée la prophétie d’Isaïe entendue à la messe de minuit : « Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés ! » (Is 9, 4).  Et cela simplement parce que « Oui ! Un enfant nous est né, un fils nous été donné ! » (Is9, 5). Tout nouveau-né soutire de ses parents des merveilles de générosité et de tendresse. Ah ! Les trésors d’amour et de patience qu’un nourrisson peut susciter même au milieu des bombes et de la violence !

     Il en va de même quand l’amour de Dieu fait homme est déposé dans une mangeoire pour animaux dans la nuit du premier Noël. Que de cœurs s’attendrissent devant une crèche ! Certes, beaucoup fêtent « Noël », c’est-à-dire la « naissance » de Jésus, sans même lui souhaiter « bon anniversaire » et sans même penser à le rejoindre dans l’Eucharistie et la communion, alors que, dans sa « mangeoire », l’Enfant-Jésus leur dit déjà, sans paroles : « Prenez et mangez, ceci est mon corps qui est livré pour toi ».

    Mais beaucoup se laissent attirer. Mes confrères et moi avons été impressionnés de constater qu’en plein milieu des « plaisirs d’hiver » (Winterpret) à Bruxelles, des milliers de personnes entrent dans l’église Sainte-Catherine sur le Vismet, pour regarder, visiter, mais aussi allumer un cierge, prier un instant devant le Saint-Sacrement, et même se confesser. Et cela se passe en bien d’autres lieux encore.

    Oui ! Ce n’est pas pour rien qu’en ce jour « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tite 2, 11). Quand le Verbe éternel de Dieu se fait chair dans le temps et vient habiter parmi nous, plein de grâce et de vérité (cf. Jn 1, 14), cela touche le cœur humain et suscite des sursauts d’amour et d’oubli de soi. Je pense aux équipes qui, en ce jour, sillonnent les rues des grandes villes pour y offrir accueil, chaleur et douceurs de Noël aux personnes sans abri.  Je pense à la détenue qui, lors de mon premier Noël en prison, à Namur, m’a confié : « Moi aussi, je suis née à nouveau, en prison. Je suis entrée ici en odieuse criminelle. Mais, grâce à des visiteurs de prison, j’ai rencontré Jésus. Et, même si je dois demeurer enfermée ici jusqu’à la fin de ma vie – et je le mérite – je suis désormais une femme libre. Jésus m’a permis de renaître en prison ». Je garde aussi le souvenir ému d’un Noël à la prison d’Ittre. Au moment de la prière universelle, un détenu s’est exprimé ainsi : « Je devrais être heureux aujourd’hui. C’est le soir de Noël et demain je verrai ma famille. Mais je ne peux pas être pleinement heureux. Je pense aux gens qui, à Bruxelles, vont dormir dans la rue, sur un carton, dans le froid. Moi, je loge dans une cellule chauffée et je dispose d’un lit. Seigneur, je te prie de veiller sur eux ». Quelle splendide prière de Noël !

    Et, à titre tout à fait personnel, je te remercie, Jésus, pour ce jour de Noël 1946. J’avais 6 ans et demi. Ce fut ma toute première communion. Après la messe, au pied de la crèche, tu as obtenu de moi ce mot d’enfant, devenu ensuite l’idéal et la réalité de toute ma vie d’homme : « Jésus, pour toi je serai prêtre ! ». Merci, Seigneur, pour tout ce que tu obtiens de notre cœur à chacun. De mes frères détenus. Et même de moi, aussi. Surtout en ce jour de Noël !

    + ANDRÉ-JOSEPH LÉONARD,

  • Jeudi 25 décembre 2014, 10h et 11h15: messes de Noël en l'église du Saint-Sacrement à Liège

    EGLISE DU SAINT-SACREMENT

    Boulevard d’Avroy, 132 à Liège

     

    JEUDI 25 DECEMBRE 2014

    MESSES DU JOUR DE NOËL

     

    1416585457.jpg 

    Noël, c’est l’Enfant

    « Dans leur traduction grecque de l’Ancien Testament, les Pères de l’Église trouvaient une parole du prophète Isaïe, que Paul citait aussi, pour montrer que les voies nouvelles de Dieu étaient déjà annoncées dans l’Ancien Testament. On pouvait y lire: « Dieu a rendu brève sa Parole, il l’a abrégée » (cf. Is 10, 23; Rm 9, 28).  La Parole de la Sainte Écriture était devenue trop longue et complexe. Toute la Loi et les Prophètes ont ainsi été abrégés dans le double commandement de l’amour. La Parole incarnée a été raccourcie à la taille d’un petit enfant avant d’être réduite aux dimensions d’un morceau de Pain. D’où cette abréviation : le Créateur qui tient tout dans ses mains, dont nous dépendons tous, se fait petit et nécessiteux de l’amour humain. » (Extrait de Benoît XVI, homélie de la nativité 2006).

    Joyeux noël 2014, sainte et heureuse année du Seigneur 2015 !

      

    10h, célébration festive en latin (missel de 1962)

     

    Chants grégoriens, motets  traditionnels  et populaires (schola) 

    Orgue (Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verniers) 

    Propre grégorien de la Messe « Puer natus est » 

    Kyriale IX « Cum Jubilo » 

    Repons bref « Notum fecit Dominus salutare suum » 

    Conduit « Gaudens in Domino » en diaphonie 

    Carol « In dulci jubilo » (XVe siècle) 

    Hymne « Adeste fideles » (XIIIe siècle)

     

     

    11h15, célébration festive en français (missel de 1970)

     

    Chants grégoriens et traditionnels, violoncelle (Octavian  Morea) et orgue (Mutien-Omer Houziaux)

     

  • Une Reine rentre à la maison

    Mieux que les communiqués convenus des autorités civiles et religieuses, ce petit mot du chanoine Eric de Beukelaer, Curé-Doyen de Liège (rive gauche), dit les choses avec a-propos et sobriété sur son « minisite » :

    koningin-fabiola-en-pieter-de-crem-met-de-dood-bedreigd-id1873999-1000x800-n.jpg« Même si elle gardait un sourire chaleureux et ce sens de l’humour à toute épreuve – rappelons-nous la pomme qu’elle sortit de son sac en plein défilé de la fête nationale, pour défier la menace d’un attentat à l’arbalète  – la reine Fabiola vivait un exil intime depuis la mort de son cher Baudouin. Elle était le double solaire de ce timide, qui fut bien plus qu’un Roi pour son peuple . C’est à travers son cœur et ses yeux qu’elle avait épousé la Belgique. Depuis, si Fabiola poursuivait son œuvre – c’était dans l’ombre omniprésente du royal disparu.

    Ce soir, une Reine rentre à la maison. La maison du Père pour cette chrétienne fervente. Mais aussi la maison du cœur pour cette veuve qui n’avait jamais cessé d’aimer sa moitié invisible. Je me rappelle une visite à la crypte royale. Sur la tombe du roi Baudouin, une petite couronne de roses. Avec cette simple mention : « A l’homme de mon cœur ».

    Ref. Une Reine rentre à la maison