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Petit bilan pour un synode extraordinaire sur la famille (05-19.10.2014)

Petit bilan

pour un synode « extraordinaire »

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Extrait de notre magazine trimestriel "Vérité et Espérance/ Pâque Nouvelle"

(n° 93, Noël 2014)  

Quel bilan tirer de ce synode sur la famille qui, rappelons-le, sera suivi d’un second en octobre 2015 ? Dans le mensuel « La Nef » n°264 de novembre 2014, on peut lire cette réflexion du philosophe et écrivain français Thibaud Collin (extraits) :

Synode-sur-la-famille_article_main.jpg[…] Ce synode a été préparé par le consistoire de février 2014 dont les débats ont été ouverts par le discours du cardinal Kasper, discours dans lequel il prônait une évolution de la discipline sacramentelle envers les fidèles divorcés et remariés civilement. Le pape François a sciemment choisi cet opposant bien connu du cardinal Ratzinger et de Jean-Paul II sur une telle question. Le lendemain de ce discours et alors qu’il avait suscité de vives réactions dans le collège cardinalice, le pape François a publiquement félicité le cardinal Kasper semblant indiquer par là que ses thèses lui convenaient […] De là, certains, et non des moindres, osèrent souligner que « l’esprit du concile » était enfin de retour. Le déroulement du synode a-t-il confirmé ces pronostics ?

Deux réponses sont possibles en fonction de deux niveaux de lecture. Le premier niveau est, disons, humain, non pas au sens péjoratif mais au sens descriptif. Le texte de mi-parcours publié le 13 octobre apparaît comme un texte de rupture assumée comme telle vis-à-vis des deux derniers pontificats. L’importation dans le champ de la théologie du mariage et plus généralement de la théologie morale d’une grille de lecture propre aux questions œcuméniques, l’interprétation discutable de la loi de gradualité, un passage maladroit sur les personnes homosexuelles et enfin l’affirmation selon laquelle à certaines conditions les divorcés remariés pourraient recevoir la communion eucharistique, tout cela a créé de fortes critiques chez les pères synodaux. L’impression d’avoir été manipulé par une petite équipe dont tous les membres avaient été choisis par le pape a renforcé le malaise. Au nom de la miséricorde ressemblant étrangement à la tolérance l’Église n’allait-elle pas enfin accepter ce que le monde exige d’elle depuis des décennies dans le champ moral ?

Voilà ce qui provoqua un enthousiasme chez certains et un vent de panique chez les autres. Selon ce regard humain, le pape bien qu’il n’ait encore rien dit officiellement pousse vers une solution « miséricordieuse » qui rentrerait en contradiction avec la doctrine sur le mariage. En effet, accepter à la communion eucharistique des personnes étant encore liées par un mariage sacramentellement valide mais vivant une nouvelle  relation, n’est-ce pas légitimer une vie sexuelle en dehors du mariage ? Mais alors n’est-ce pas toute l’anthropologie philosophique et théologique approfondie par Jean-Paul II qui s’effondre ? N’est-ce pas, de même, l’articulation entre les sacrements du mariage, de l’eucharistie et de la réconciliation qui se trouve perturbée et par là toute l’ecclésiologie ? Bref, cette solution « pastorale » apparaît comme un cheval de Troie qui de proche en proche modifie la cohérence et l’intelligibilité de la totalité chrétienne. Sauf à douter des paroles de Jésus à saint Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église », sauf à douter de l’assistance de l’Esprit Saint à l’Église du Christ, un tel regard ne peut être que partiel et par là conduire à une impasse. 

L’autre regard est donc surnaturel ; contre ce que le regard humain atteste ou conjecture, il repose sur des actes de foi et d’espérance refusant le doute comme un poison ruinant la vie théologale dans l’âme du croyant. Voilà le regard que nous avons tous à adopter et qui peut être conforté par quelques faits. Le constat que le texte de mi-parcours a été fortement amendé dans le texte final, les points les plus litigieux ayant disparu. Le rappel que le pape François a été formé dans la Compagnie de Jésus dont la clef de voûte est le discernement des esprits par la méthode des Exercices spirituels, dont un des aspects est la prise en compte de l’épaisseur et la diversité des situations et des opinions humaines, en vue d’une élection conforme à la volonté divine. Bref, le Christ nous invite à être plus que jamais à son écoute et à faire confiance dans la Providence. Voilà l’épreuve de la foi qu’il s’agit de traverser dans la paix reçue de l’Esprit. » (5 novembre 2014).

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