Célébrant : Abbé M.-A Dor, Recteur
Chants grégoriens : propre de la messe « Laetare, Jerusalem »; Kyriale de la messe XVII (XIVe s.); Credo III (XVIIe s.);
Orgue : Patrick Wilwerth
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A l’instar des églises byzantines qui, le IVe dimanche de Carême, célèbrent une fête en l’honneur du saint Bois de la Croix, la liturgie romaine dédie ce dimanche, appelé jadis in vigesima, à la célébration des gloires de l’étendard triomphal de la rédemption. Une partie considérable du Bois de la sainte Croix est gardée depuis le temps de sainte Hélène dans la basilique in aedibus sessoriis : d’où le choix de la station romaine de ce jour à la basilique romaine Sainte-Croix de Jérusalem.
L’introït est tiré d’Isaïe (LXVI, 10-11), là où le Prophète, entrevoyant les destinées futures de l’Église, exhorte Jérusalem à se réjouir, et invite aussi à faire fête avec elle ceux qui furent jadis dans le deuil à cause d’elle, alors que le Seigneur veut l’inonder de consolation. Le psaume qui suit est le 121e, choisi en raison de la mention fréquente qui y est faite de Jérusalem.
La lecture est prise de l’épître aux Galates (IV, 22-31). Il convient qu’en un jour de fête comme celui-ci, l’Église, devant l’étendard triomphal de la rédemption, proclame son propre affranchissement du péché, représenté par la Synagogue, et revendique cette noble liberté à laquelle le Christ l’appela du haut de sa Croix. Comme autrefois Ismaël persécuta le Fils de la promesse, ainsi le monde persécuta le Sauveur et le cloua sur un gibet. Mais le déicide, loin de nuire à la victime, en prépara le triomphe, tandis que les bourreaux, tout comme le fils d’Agar, sont sous le coup de la malédiction divine. La victoire des méchants n’est qu’éphémère et apparente : l’avenir est au Christ et à l’Église, à qui les âmes appartiennent.
Le répons-graduel vient du psaume 121, et loue Jérusalem. La seule annonce du retour de l’exil de Babylone à la Cité sainte remplit de joie l’âme fidèle, qui se sent déjà délivrée des liens du corps et libre de prendre son vol vers le ciel.
Le psaume du trait est le 124e, d’inspiration et de conception presque identique au 121e. La disposition chorographique de la capitale de la Judée devient le type et le symbole de l’âme qui se confie dans le Seigneur. Semblable à la colline de Sion qui est inébranlable, l’espérance en Dieu empêche la foi du juste de vaciller ; de même que les collines environnent Jérusalem, ainsi la grâce du Seigneur forme une muraille de bronze autour de son peuple, afin que ses ennemis ne l’attaquent pas.
L’ extrait de l’évangile selon saint Jean qu’i s’en suit nous rappelle que la Pâque est proche : comme les Hébreux en marche vers la Terre promise reçurent la manne, les chrétiens qui feront leur communion pascale recevront du Christ le vrai Pain de route, le viatique du Ciel.
L’antienne de l’offertoire est tirée du psaume 134 : « Louez le Seigneur parce qu’il est bon ; chantez en son honneur, parce qu’il est doux. Il a fait ce qu’il a voulu au ciel et sur la terre. » Dieu est terriblement puissant, mais cette puissance infinie s’identifie en Lui avec un amour et une suavité infinies ; aussi ne devons-nous jamais séparer dans nos considérations un attribut de Dieu d’avec l’autre. Une justice infinie nous épouvante, mais quand cette justice est la bonté elle-même et la miséricorde, elle nous inspire le respect filial qui est un mélange harmonieux de sainte crainte et d’amour.
Et, pour terminer, le psaume (121) de la communion recommence à chanter les gloires de la mystique cité de Dieu, la Jérusalem céleste. Elle s’élève sur la montagne de la foi, à l’égal d’une ville munie de tours ; ses artères communiquent entre elles moyennant le lien de la charité, par quoi les saints sont unis entre eux. A travers ses douze portes apostoliques, toutes les tribus du Seigneur entrent pour glorifier le nom de Dieu.
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