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Réflexion faite - Page 8

  • Témoignage : Visite du Cardinal Sarah en Belgique

    Lu sur le site interdiocésain « cathobel » :

    "Les 6 et 7 février, le cardinal Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, était en Belgique. Il a accordé un entretien exclusif à Cathobel*. Homme profondément spirituel, le cardinal Sarah développe une vision traditionnelle de la foi et porte un regard très critique sur l’évolution de la civilisation occidentale.

    Quels sont aujourd’hui, selon vous, les principaux défis que doit relever l’Eglise catholique, en particulier en Europe occidentale?

    Je crois que l’Eglise affronte aujourd’hui de grandes questions. D’abord, sa fidélité à Jésus, à son Evangile, sa fidélité à l’enseignement qu’elle a toujours reçu des premiers papes, des conciles. C’est le grand défi aujourd’hui. Ce n’est pas évident, parce que l’Eglise désire s’adapter à son milieu, à la culture moderne.

    Le deuxième défi, c’est la foi. La foi a chuté, non seulement au niveau du Peuple de Dieu, mais même parmi les responsables d’Eglise, on peut se demander quelquefois si nous avons vraiment la foi. A Noël, un prêtre, pendant la messe du dimanche, a dit aux chrétiens: « Aujourd’hui, nous n’allons pas réciter le ‘Je crois en Dieu’, parce que moi, je n’y crois plus. Nous allons chanter un chant qui va exprimer notre communion ensemble. » Je pense qu’aujourd’hui, il y a une grande crise de foi, une grande crise aussi de notre relation personnelle à Dieu.

    Après son élection, le pape Benoît XVI, qui percevait les grands défis de l’Eglise, a immédiatement voulu une année saint Paul. Il voulait ainsi nous amener à avoir une relation personnelle avec Jésus. La vie de cet homme, qui persécutait l’Eglise, a été totalement transformée quand il a rencontré Jésus. Il a dit: « Je vis, mais ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi. Pour moi, vivre, c’est le Christ. »

    Ensuite, Benoît XVI a voulu une année consacrée au sacerdoce. Il y a aussi une grande crise sacerdotale. Non parce qu’il n’y a pas assez de prêtres. Au VIIe siècle, le pape Grégoire le Grand disait déjà qu’il y avait trop de prêtres. Aujourd’hui, il y a 400.000 prêtres. Mais est-ce que les prêtres vivent vraiment leur vocation? Enfin, Benoît XVI a voulu une année de la foi. Ce sont là les trois grands défis de l’Eglise aujourd’hui.

    Comment les chrétiens peuvent-ils davantage découvrir Dieu, et le faire (re)découvrir par celles et ceux qui ne le connaissent pas, ou plus?

    Comment découvre-t-on une amitié? C’est dans la relation. Un ami, je le connais de plus en plus si je le fréquente réellement et en profondeur. Eh bien, Jésus, Dieu, nous le connaissons et nous avons une relation avec lui si nous prions. Or, je crois qu’on discute beaucoup, mais qu’on prie peut-être peu. Je pense qu’une des façons de redécouvrir Dieu et d’avoir une relation personnelle avec lui, c’est la prière, la prière silencieuse, la prière qui est uniquement un vis-à-vis. La prière, ce n’est pas dire des choses, c’est se taire pour écouter Dieu qui prie en nous. Saint Paul dit: « Nous ne savons pas prier. » Laissons l’Esprit Saint nous envahir et prier. Il crie en nous: « Abba, Père« . Et la plus belle prière, c’est le « Notre Père ».

    Sa Parole est également un moyen pour entrer en relation avec Dieu. Sa Parole, c’est Lui-même qui est là, c’est Dieu qui s’est exprimé, et, en lisant sa Parole, nous connaissons davantage son Cœur. Nous connaissons ses grandes ambitions pour l’homme. Il voudrait que nous soyons saints comme Lui, notre Père, est saint.

    Nous pouvons également entrer en relation avec Dieu à travers les mystères des sacrements. Les sacrements, ce sont les moyens que Dieu a inventés pour que nous soyons réellement en lien avec lui. Quand je suis baptisé, comme disait le pape Benoît XVI, je suis plongé dans la Trinité. Quand je reçois le corps du Christ, c’est vraiment le Christ qui vient en moi et je suis en lui. Par la confession, on rétablit les liens qui étaient cassés entre un homme et Dieu. Donc, tous les moyens sont là pour que l’homme puisse retrouver Dieu en vérité.

    Depuis fin 2014, vous aidez le pape à veiller sur la vie liturgique de l’Eglise. En quoi la liturgie, principalement l’eucharistie, est-elle si importante pour l’Eglise?

    L’eucharistie est le sommet et la source de la vie chrétienne. Sans eucharistie, on ne peut pas vivre. Jésus a dit: « Sans moi, vous ne pouvez pas vivre. » C’est pourquoi il faut célébrer l’eucharistie avec beaucoup de dignité. Ce n’est pas un rassemblement entre amis, ce n’est pas un repas qu’on prend de manière légère, c’est vraiment Dieu qui se donne à nous, pour qu’Il reste avec nous. Dieu est notre vie, Dieu est notre nourriture, Dieu est tout pour nous. Et il veut manifester cela dans l’eucharistie. L’eucharistie doit être quelque chose de tellement sacré, de tellement beau!

    Mon dicastère essaie de promouvoir cette beauté de la liturgie. La liturgie n’appartient à personne, elle n’appartient pas à l’évêque, ni au prêtre, qui ne peut décider de faire ceci ou cela. Il doit suivre ce qu’indiquent les rubriques, ce qu’indique la liturgie, les lois de l’Eglise. C’est une forme d’obéissance. Il y a peut-être des choses qui me gênent, qui me paraissent dépassées, mais je les fais parce que c’est le Seigneur qui le demande.

    Nous essayons de faire comprendre que la liturgie est un grand cadeau fait aux chrétiens, qui se doivent de conserver ce qui a toujours été vécu. On s’adapte au moment d’aujourd’hui, on peut s’exprimer et chanter dans nos langues. L’inculturation est possible, mais il faut bien la comprendre. Il ne s’agit pas de mettre de la poudre sur le christianisme, une poudre africaine, une poudre asiatique… L’inculturation, c’est laisser Dieu pénétrer ma culture, laisser Dieu pénétrer ma vie. Et quand Dieu pénètre ma vie, il ne me laisse pas intact, il me transforme. C’est comme l’incarnation: Dieu a pris notre humanité, non pas pour nous laisser à l’horizontale mais pour nous élever à lui. Saint Irénée a dit: « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu« . La liturgie, justement, nous fait devenir Dieu, parce que nous communions avec lui, et c’est pourquoi il est également important de soigner le silence dans la liturgie. On demandait à Romano Guardini (théologien allemand du XXe siècle, ndlr.): « Quand commence vraiment la vie liturgique?« . Il répondait: « Par l’apprentissage du silence« .

    Depuis une cinquantaine d’années, notre civilisation occidentale s’éloigne de ses racines chrétiennes, ce qui implique des changements importants dans la vision de l’homme et de la société. Est-ce que, pour vous, l’Occident est en train de perdre son âme?

    Non seulement l’Occident est en train de perdre son âme, mais il est en train de se suicider. Parce qu’un arbre qui n’a plus de racines est condamné à la mort. Je pense que l’Occident ne peut pas renoncer à ses racines qui ont créé sa culture, ses valeurs. Je pense que c’est une crise, mais toute crise finit un jour, nous l’espérons en tout cas.

    Il y a des choses ahurissantes qui se passent en Occident. Je pense qu’un parlement qui autorise la mort d’un enfant innocent, sans défense, est une grave violence faite contre la personne humaine. Quand on impose l’avortement, surtout aux pays en voie de développement, en leur disant que, s’ils ne le font pas, on ne les aidera plus, c’est une violence. Ce n’est pas étonnant. Dès qu’on a abandonné Dieu, on abandonne l’homme, on n’a plus de vision claire de l’homme. Il y a une grande crise anthropologique aujourd’hui en Occident. Et cela mène à traiter la personne comme un objet.

    Je suis certain que, si l’Occident, si l’Europe renonce absolument à son identité chrétienne, la face du monde changera tragiquement. Vous avez été amenés à apporter la civilisation chrétienne en Asie, en Afrique… et vous ne pouvez pas dire d’un seul coup que ce que vous nous avez donné n’a aucune valeur. Parmi les jeunes, on voit apparaître une certaine opposition à cette manière de de traiter l’homme. Il faut prier pour que l’Occident reste ce qu’il est.

    En 2012, l’Eglise catholique a célébré les cinquante ans de l’ouverture du Concile Vatican II. Peut-on dire aujourd’hui que le Concile Vatican II a été effectivement appliqué dans l’Eglise?

    Je ne peux que vous répéter ce que Benoît XVI a dit. Il y a deux conciles. D’une part, le vrai concile, qui a donné des textes, et d’autre part le concile des médias, qui ont commenté les textes du concile; et les gens ne connaissent que le concile des médias. Et donc, on a négligé d’aller aux textes. Je prends par exemple la liturgie. Aujourd’hui, on applique la liturgie, mais sans aller au texte, Sacrosanctum Concilium (Constitution du concile Vatican II sur la liturgie, ndlr.)

    Par exemple, au numéro 22, au paragraphe 3, il est dit qu’aucun prêtre ne peut ni changer, ni modifier, ni retrancher ce qui est écrit dans les livres sacrés. Mais aujourd’hui, on improvise, on invente des choses, donc on ne peut pas dire qu’on applique le concile. Je pense que nous avons encore beaucoup à faire pour connaître le concile. C’est-à-dire aller aux textes, et essayer de les vivre comme si c’étaient des textes révélés, parce que c’est l’Esprit Saint qui était présent durant ce concile.

    Dans le domaine de la liturgie, il y a eu beaucoup d’abus. Beaucoup ont cru qu’ils pouvaient inventer de nouvelles liturgies, alors qu’il y a une continuité à maintenir. Il n’y a aucune rupture dans l’Eglise, il y a toujours une continuité. Le concile a effectivement provoqué une autre vision de la place de l’Eglise par rapport au monde, mais je pense que si on avait respecté les textes, nous ne vivrions pas ce que nous vivons aujourd’hui.

    La réforme liturgique voulait que tous ceux qui croient au Christ soient unis en vivant bien la liturgie, et que tous ceux qui ne croient pas au Christ viennent dans l’Eglise de Dieu. Mais, en vérité, il y en a qui partent de l’Eglise, et ceux qui ne connaissent pas le Christ ne viennent pas non plus. Il y a des choses qui ont été bien appliquées, mais nous avons appliqué le concile comme nous l’avons voulu, sans aucune règle.

    Le pape François a entamé certaines réformes dans l’Eglise. Est-ce que l’Eglise doit être constamment réformée? Et si oui, en quel sens?

    Oui, parce que l’Eglise est formée des pauvres pécheurs que nous sommes. Donc, nous avons toujours besoin d’une conversion, de nous réformer. Je ne pense pas que cette réforme concerne uniquement les structures de l’Eglise. Parce que si les structures sont bien réorganisées, il faut encore qu’elles fonctionnent bien. Or, ce sont les hommes qui les font fonctionner. Et si nous-mêmes ne sommes pas réformés, changés, il n’y a pas de réforme.

    Et puis, il y a deux façons de réformer l’Eglise. Ou on réforme l’Eglise à la manière de Luther, en critiquant l’Eglise, en l’abandonnant. Ou bien, nous pouvons réformer l’Eglise à la manière de saint François d’Assise, par la radicalité de l’Evangile, la pauvreté radicale. Or, c’est cela la vraie réforme de l’Eglise: vivre pleinement l’Evangile, vivre pleinement ce que nous avons reçu de Jésus-Christ et de la tradition.

    Je pense que la vraie réforme est cet appel constant à la conversion. La vraie réforme, c’est ce que nous dit le concile, c’est l’appel universel à la sainteté. La beauté de l’Eglise, ce sont les saints. Le printemps de l’Eglise, ce sont les saints qui le réalisent. Ce n’est pas le nombre des chrétiens, ce ne sont pas les nouvelles structures que nous faisons, mais la sainteté de la vie chrétienne.

    Quel est le cœur du christianisme?

    C’est « Dieu est Amour ». Et l’amour est exigeant. L’amour vrai va jusqu’à la mort. Aimer vraiment, c’est mourir. L’exemple nous est donné par Jésus. Il nous a aimé jusqu’à la fin, jusqu’à donner sa vie. Si nous arrivions à vivre pleinement selon cet exemple de Dieu qui se révèle comme le Dieu d’amour, et qui veut que nous soyons nous-mêmes amour, parce que nous sommes Christ, nous arriverions à changer le monde. Dieu est Amour. C’est le cœur du christianisme.

    Propos recueillis par Christophe HERINCKX

    *Retrouvez l’intégralité de cette interview sur www.cathobel.be, ainsi que l’entretien que le cardinal Sarah a accordé à l’hebdomadaire Tertio

  • Eglise du Saint-Sacrement (Liège) : récollection de carême le lundi 19 mars 2018, de 19h00 à 20h30 avec l’abbé Claude Germeau

    A l’église du Saint-Sacrement au Bd d’Avroy, 132 à Liège, de 19h à 20h30,  l’abbé Claude Germeau animera de 19h00 à 20h30 une récollection de carême ouverte à tous sur le thème : « L’Eucharistie fait de nous des missionnaires » :

    INVITATION

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  • Lettre de Carême 2018 de Mgr Delville, évêque de Liège

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    Dans cette Lettre, Mgr Jean-Pierre Delville commente les visites pastorales qu’il vient d’effectuer dans son diocèse. Comme fil conducteur de son texte, l’évêque de Liège a choisi un superbe médaillon en cuivre et émaux colorés du XIIe siècle appartenant au Trésor de la Collégiale Notre-Dame de Huy. Ce médaillon  représente un arbre fruitier poussant au bord d’une rivière bleue ; l’arbre est présenté par deux anges et porte des pommes mûres. Au centre, on voit une phrase de l’Apocalypse : Qui vicerit dabo illi edere de ligno vitae » (au vainqueur, je donnerai à manger de l’arbre de la vie) Ap.2.7. Sous l’arbre, apparaît la légende « Lignum Vitae » et sur le pourtour du médaillon, on peut lire : « Universae viae Domini misericordia et veritas » (toutes les voies du Seigneur sont miséricorde et vérité) Ps 24.10.

    Il n’est pas possible de reproduire ici toutes les déclinaisons thématiques concrètes que l’évêque tire de ce médaillon pour les appliquer aux thèmes de ses pérégrinations diocésaines.  Retenons celles qu’il consacre à l’Eucharistie et au Baptême :

     « L’arbre de vie présente les fruits de la vie et ces fruits correspondent à l’hostie de l’eucharistie. Le médaillon s’inspire sans doute de Rupert de Deutz (1070-1129), ce moine de Saint-Laurent à Liège, devenu abbé de Deutz près de Cologne et grand théologien de son temps. Il a écrit de nombreux commentaires  de l’Ecriture, en particulier de l’Apocalypse , et il vivait quelques années avant la confection du médaillon de Huy. Il identifie l’arbre de la vie au Christ et la nourriture qui en provient à la communion au Corps du Christ (*) ; ‘Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour (Jn 6.54). Le Christ, en effet est l’arbre de vie, grâce auquel les saintes âmes sont restaurées, tant dans le paradis céleste, par la vision [de Dieu] que dans l’Eglise présente par le Corps [du Christ]’ (**). Il ajoute : ‘Cet arbre de vie, qui est le Christ, nous restaure par son corps et son sang ; et déjà maintenant il ressuscite notre âme de la mort du péché, et il ressuscitera notre chair au dernier jour’(***) C’est donc dès aujourd’hui que nous recevons la vie éternelle, selon l’Evangile de Jean (Jn 6, 54), que nous sommes restaurés en notre corps et que nous sommes ressuscités dans notre âme, selon Rupert, dans la ,perspective de la résurrection générale à la fin des temps. La grandeur de cette restauration de nos vies  et de cette résurrection de nos âmes est présente dans toutes les Eucharisties que nous célébrons et j’ai de merveilleux souvenirs de celles que j’ai présidées au cours de mes visites pastorales,  des plus simples dans une chapelle de semaine jusqu’aux plus solennelles dans les collégiales […].

    Et si  le sacrement de l’Eucharistie est évoqué sur notre médaillon par les fruits de l’arbre de vie, on peut dire que le sacrement du Baptême est suggéré par le cours d’eau qui coule au pied de l’arbre de vie. L’eau vive est symbole du passage de la mort à la vie. Le Baptême est une nouvelle vie. C’est aussi ce que suggère l’Apocalypse : ‘Puis l’ange me montra l’eau de la vie : un fleuve resplendissant comme du cristal […]. Entre les deux bras du fleuve, il y a un l’arbre de vie qui donne des fruits douze fois ; chaque mois il produit son fruit’ (Ap. 22, 1-2). Le texte suggère que l’eau du fleuve fait produire de nouveaux fruits à l’arbre. L’eau du baptême rend les baptisés semblables aux fruits de l’arbre de vie. Durant ce Carême, de nombreux baptêmes d’adultes sont en préparation et seront célébrés à Pâques. Ce sacrement de l’initiation chrétienne est préparés par différentes étapes, qui s’égrènent tout au long du carême  et se réalisent avec la participation de toute l’assemblée chrétienne. Le baptême est donc un passage de la mort à la vie qui concerne toute la communauté […].

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    (*) Rupert de Deutz, Commentaire sur l’Apocalypse, dans Patrologia latina, t. 169, col. 879

    (**) « Qui manducat, inquit, carnem meam et bibit meum sanguinem habet vitam aeternam et ego resuscitabo eum in novissimo die [Jn 6, 54]. Christus namque  lignum vitae est, cuius et in caelesti paradyso visione, et in praesenti Ecclesia corpore, sanctae reficiuntur animae »

    (***) « Hoc autem lignum vitae, quod est Christus, dum nos corpore et sanguine suo reficit, iam nunc resuscitat  animam a morte peccati, et carnem nostram in novissimo die resuscitabit ».

    Publié sous le titre « L’arbre de vie : symbole du Christ et emblème de l’écologie », le document  complet (français/allemand) est disponible à l’évêché  et à la librairie Siloë (40, rue des Prémontrés à Liège). Les prix dépendent du nombre d’exemplaires commandés.

    JPSC

     

  • Au temps de Noël à l’église du Saint-Sacrement à Liège : plus de 800 personnes ont fréquenté les lieux

    AnimaVoixMeuse-1770807_x.jpgQuelques chiffres…et quelques photos

    Pour ouvrir le ban, un grand concert de Noël fut donné le samedi 16 décembre à 20h par l’Ensemble vocal « Anima ». Les 120 choristes de cette formation issue de l’Académie de musique de Seraing étaient accompagnés par Lorenz Swyngedouw et Olivier Schmitt (violon), Leonor Swyngedouw (violoncelle), Cathy Pauly (accordéon de concert), Jacques Swyngedouw (piano) et Sarah Raïss (soliste du chant) . Les uns et les autres étaient placés sous la direction dynamique de Joëlle Augustin  Cette belle  initiative  a rassemblé, dans une atmosphère conviviale, un public de près de 300 personnes. A refaire l'an prochain!

    DSC_0842.JPGSecond succès de foule : la Solennité de l’Epiphanie organisée le samedi 6 janvier à 17 heures. Cette fête familiale a connu un succès grandissant, avec la procession à la crèche, le partage de la galette des rois et l’échange des vœux pour l’an nouveau au cours d’une réception clôturant la célébration de la messe animée par les membres du chœur de chambre « Praeludium », l’organiste Patrick Wilwerth ainsi que les solistes du chant grégorien Isabelle Valloton et Peter Cannière. Plus de 200 fidèles de tous âges y ont pris part.

    En ajoutant la fréquentation des messes du dimanche matin des week-ends de Noël et de l’Epiphanie (250 fidèles) et les trois concerts de chambre organisés avec le concours de l’association « Foliamusica » pour promotionner les jeunes talents professionnels, la fréquentation de ce bel édifice classé, durant le temps des fêtes dépasse largement le nombre de 800 personnes.

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    Sursum Corda asbl. Association pour la sauvegarde de l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy, 132 à Liège. Siège social : Rue Vinâve d’île, 20 bte 64. Tel. 04.344.10.89 (si on ne répond pas : GSM 0498 33 46 94).

    E-mail : sursumcorda@skynet.be.

    Web : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com

    Faire un don pour l’entretien et la restauration de l’église? Compte IBAN BE75 0016 3718 0851 de Sursum Corda asbl, Rue Vinâve d’île, 20 bte 64, 4000 Liège.

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 105, hiver 2017-2018

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison de l’hiver 2017. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation.Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

     

    Au sommaire de ce numéro n° 105 (hiver 2017-2018) : 

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    Les conditions du dialogue interconvictionnel 

    Du Livre de Job au Livre éternel

    Aux anathèmes, le Savonarole de l’Ucl répond par un livre

     

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    Rome et le monde : 

    Fêter le cinquième centenaire de la réforme protestante ?

    Liturgie : le pape François désavoue le cardinal Sarah

    Accès des divorcés-remariés à la communion sacramentelle

    Le nouvel archevêque de Paris n’a pas la faveur de l’intelligentsia progressiste

     

    Belgique:

    Un essaimage des Clarisses de Bujumbura à Liège

    Archevêché de Malines-Bruxelles : qu’as-tu fait de «Jérusalem»?

    Que faire de l’abbaye de Marche-les-Dames ?

    Pourquoi le cours de religion est important dans l’enseignement secondaire  

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Rue Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

  • Pourquoi le cours de religion est important dans l’enseignement secondaire

    mag_105-page-001.jpgRéponse dans notre magazine trimestriel "Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle", n° 105, hiver 2017-2018:

    Le blog d’information « Belgicatho » a reproduit le 20 novembre dernier une carte blanche d’Arthur Ghins parue sur le site de l’Echo, sous l’intitulé « Les cours de citoyenneté, un cache-misère ». On a en effet beaucoup glosé sur la substitution, au moins partielle, d’un tel cours aux cours de religion et de morale. Mais, au fond, quel type de citoyens entend-il former, et comment? Selon Arthur Ghins, doctorant et assistant en théorie politique à l’université de Cambridge et membre d’une plate-forme pour jeunes d’horizons divers soutenue par la Fondation Roi Baudouin, le programme de ce cours enchaîne les formules creuses: un cache misère. Comment en est-on arrivé là ?

    Le contexte des enjeux et des contraintes

    Au commencement était la Constitution de la Belgique stipulant que l’enseignement est libre. Historiquement, les établissements publics d’enseignement ont d’abord eu un rôle de suppléance. Et aujourd’hui encore, plus de la moitié des jeunes du pays sont scolarisés dans le réseau des écoles privées catholiques reconnues et subsidiées par les pouvoirs publics.

    Mais ces derniers, sous la poussée des gauches philosophiques, ont aussi développé progressivement leurs propres réseaux scolaires non confessionnels, pour offrir une éducation se réclamant du concept de  « neutralité ».

    Le Constituant les oblige toutefois à proposer aux élèves des cours de morale laïque ou de la  religion de leur choix parmi celles qui sont reconnues par l’Etat. Récemment toutefois, il a été jugé par la Cour constitutionnelle que les élèves pouvaient être dispensés de faire le choix auquel ils étaient invités. Que faire alors des abstentionnistes durant ces heures de cours ?

    En Wallonie et à Bruxelles, la Communauté française de Belgique a échafaudé un « compromis à la belge » (déjà remis en cause par une proposition de décret déposée par des parlementaires libéraux) en instaurant, pour tous les réseaux publics ou privés reconnus, une éducation à la philosophie et à la citoyenneté modalisée comme suit :

    Dans l’enseignement organisé par les pouvoirs publics, cette éducation philosophico-citoyenne fait actuellement l’objet, pour tous les élèves, d’un cours obligatoire d’une heure par semaine prélevée sur les deux heures  attribuées à l’enseignement de la religion ou de la morale et d’une deuxième heure obligatoire pour les élèves ne souhaitant pas suivre le cours de religion ou de morale. Cerise sur le gâteau du compromis : les professeurs de religion ou de morale des réseaux publics d’enseignement dépossédés d’une heure de cours seront prioritairement recyclés pour prendre en charge les cours philosophico-citoyens. Deuxième bémol : dans l’enseignement confessionnel reconnu, qui regroupe tout de même la majorité de la population scolaire, la nouvelle matière ne doit pas faire l’objet d’un cours spécifique : elle sera « dispersée » à travers les différents cours, y compris les cours de religion existants.

    Pourquoi le cours de religion est-il important dans les écoles secondaires ?

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    Répondant à la question d’un jeune posée dans le cadre d’une conférence- débat organisée à l’Ulg l’an dernier par l’Union des étudiants catholiques de Liège sur « le christianisme médiéval, creuset de l’Europe », Monseigneur Jean-Pierre Delville , évêque de Liège, déclarait ceci :

     « Oui, c'est sûr qu’une dimension comme la citoyenneté, le fait d’être membre d’une société, d’être un citoyen, d’avoir une éthique citoyenne, c'est quelque chose qui est fondamental au christianisme. Aujourd'hui, on vit cela de manière laïcisée. On a été un peu les victimes, en Belgique, d'une poussée laïcisante, demandant de supprimer une heure du cours de religion pour mettre une heure de citoyenneté à la place, il faut bien faire avec, alors que la citoyenneté est déjà éminemment présente dans les cours de religion eux-mêmes.

    Mais ce qui est important, pour nous comme chrétiens et en tout cas pour moi comme évêque, et pour mes collègues, c'est qu’il y ait au moins une heure de religion sauvegardée parce que la Constitution le demande. Qu'une des deux heures soit devenue un cours de citoyenneté, c’était constitutionnel, on n'a pas le droit de s'y opposer. Par contre si on supprimait l'heure de religion, cela deviendrait anticonstitutionnel. Cela demanderait une mobilisation générale contre une telle mesure.

    Je penser que, tout de même, l'enseignement de la religion à l'école est très important. Alors, je sais bien qu'il y a de multiples problèmes, des contenus qui sont parfois évacués. Mais, en même temps, il y a quand même une présence. Il y a des personnes qui sont formées et c'est utile qu'il y ait des personnes formées comme professeurs de religion. Et il est important aussi que ce petit morceau de spiritualité avec une base concrète - c.-à-d. avec l'Évangile, avec des textes, avec des références précises, des engagements précis – puisse nourrir notre Foi et la Foi de la population parce que je crois qu'une Foi, une spiritualité a besoin d'une culture.

    Il n'y a pas de Foi sans culture. La Foi chrétienne, c'est une énorme culture. Je vous en ai déployé tout un aspect ce soir. Des générations de saints, des générations de gens peut être inconnus ont tous laissé des témoignages qui ont façonné une culture, des bâtiments, des œuvres d'art, des textes, des attitudes de vie, qui se transmettent et tout ça.  C'est fondamental. Il n'y a pas de civilisation sans culture. L'anéantissement de la culture, c'est l'anéantissement de la Foi aussi. Et l'anéantissement de la Foi, c'est l'anéantissement de la culture. Ce qui se passe, par exemple, quand on bombarde la ville comme Alep et qu'on détruit tout - y compris dans la partie Est, y compris une partie de la célèbre mosquée des Omeyades et tout cela, c'est une dénégation de la culture. Cette frange radicaliste du monde musulman est pour l'anéantissement de la culture: ils ont détruit des œuvres d'art encore ailleurs.

    C’est triste pour l'humanité, c'est vraiment une grande perte et cela montre qu’il y a des mouvements qui sont pour l'anéantissement de la culture mais, de facto, c'est aussi l'anéantissement de la Foi par une fausse foi. Une vraie Foi, elle a une culture, elle s'incarne dans une culture. Et donc, je crois qu’il est très important que notre Foi chrétienne puisse se dire dans un cours parce qu'un cours c'est une culture, c'est-à-dire une pédagogie, un enseignement, un programme, des manuels, des activités, comme tu l'as dit. Un cours c'est un ensemble culturel et donc la Foi chrétienne n'est pas que des prières dans une église, n'est pas qu’un dévouement à la maison, c'est aussi une culture. Donc elle doit pouvoir se dire dans un cadre culturel. Dans le Christianisme, nous y sommes habitués, spécialement depuis les écoles du Moyen Âge, les universités en particulier. Donc, le Christianisme s'est, petit à petit, forgé de plus en plus dans les institutions culturelles et les écoles.

    Un danger est qu’un certain l'Islam, par exemple, se développe hors des écoles, hors des cultures et soit alors non-contrôlé et dise du n'importe quoi. C'est pourquoi il est tout aussi important que des religions comme l'Islam, par exemple, soient enseignées dans nos écoles, dans nos écoles officielles ici en Belgique, parce que là aussi alors, l'Islam doit se soumettre à un programme, à des règles, à des contrôles, à tout ce qu'on veut. Donc, c'est un véritable, stimulant, si vous voulez, pour une présentation culturelle de la Foi : c’est pourquoi je pense que le cours de religion est très important ».

    JPS

  • Un essaimage des Clarisses de Bujumbura à Liège

    mag_105-page-001.jpgA lire dans notre magazine trimestriel Vérité et Espérance-Pâque nouvelle, n° 105, hiver 2017-2018:

    Le Mont Cornillon est l’un des hauts lieux de la piété eucharistique à Liège. En 1222, la future sainte Julienne, à laquelle on doit l’institution de la Fête-Dieu, y fut élue prieure du couvent des sœurs de Saint-Augustin en charge des lépreux soignés alors sur ce Mont.

    Depuis 1860, une communauté de Carmélites y était établie : elle disparaît aujourd’hui faute de vocations mais le monastère subsistera  grâce à un essaimage des Clarisses de Bujumbura dont l’installation officielle a eu lieu le dimanche 8 octobre dernier.

    VE PN 105 article -clarisses-c3a0-cornillon.jpg

    Cette fondation monastique est le fruit d’un arbre multiséculaire qui fut planté en 1471:  à Chambéry qui fonda ensuite Grenoble, Romans et Bordeaux, puis, d’essaimage en essaimage, Mons en 1901 et enfin, en 1930, Hannut avec l’objectif  de fonder en Afrique.

    Fondation en Afrique

    L’administrateur-délégué de l’asbl du Sanctuaire de Cornillon nous rappelle la genèse de cette fondation africaine :

    En 1957, est entrée à Hannut une murundikazi qui se sent appelée à la vie des Clarisses. A sa prise d’habit, le 27 août 1958, elle avait invité son cousin, le Père Gabriel Barakana, s.j. qui vint avec l’abbé Michel Ntuyahaga, alors étudiant au centre international Lumen Vitae à Bruxelles. En la fête de la Nativité de Marie le 8 septembre 1959, Sœur Claire-Marie fit sa profession religieuse et le 11 octobre en la fête de la Maternité de Marie (à l’époque, on la fêtait à cette date) l’Abbé Michel Ntuyahaga fut sacré premier Évêque murundi.

    Le 8 décembre 1962, fidèles à leur souhait de fonder en Afrique, les sœurs liégeoises Marie-Françoise, Marie-Agnès et la sœur d’origine burundaise Claire-Marie arrivent à l’aéroport de Bujumbura. Elles furent accueillies avec grande joie par les sœurs blanches (Missionnaires de Notre Dame d’Afrique) et la famille de sœur Claire-Marie. Cette fondation au Burundi fut faite sur invitation de Mgr Michel Ntuyahaga devenu évêque de Bujumbura et correspondait au souhait de la communauté des Clarisses de Hannut.

    Crainte des persécutions

    Par crainte des persécutions, en 1988, les Clarisses du Burundi fondent à Uvira, au Congo (Sud Kivu) à 30 km de Bujumbura. La fondation fut d’abord un refuge. Monseigneur Jérôme Gapangwa accueillit un petit groupe de sœurs dans une maison du Diocèse puis à l’ermitage Sainte-Claire. Les craintes étant passées, la jeune fondation continua pour répondre aux souhaits de la population locale mais, en 1995, les troubles au Congo, obligèrent les Clarisses à quitter leur Maison pillée et en ruines.

    En 1993 une implantation se fait à Maramvya, dans les collines, à 150 km de Bujumbura. Le but était de procurer à la communauté de Bujumbura, un gîte de fraîcheur, avec une bonne terre à blé, bananes et légumes. Ce fut la Foresta, construction typique de bois et d’herbe, rappelant l’Ombrie franciscaine. Les premiers troubles d’octobre 1993 mirent fin au projet, tandis qu’un premier groupe de novices échappait miraculeusement au massacre.

    Entre 1993 et 2000 ce fut l’exil et la fondation du Monastère de l’Annonciation à Ggaba, sur une colline de Kampala. A la suite des troubles ethniques de 1993, les Clarisses durent en effet s’expatrier en Uganda, d’abord à Kisubi, chez les sœurs de Saint-Pierre-Claver, pendant un an, puis à Namagunga, grâce à Monseigneur Wamala, archevêque de Kampala qui bientôt, en 1998, les voulut aussi dans son diocèse. Ainsi débuta le 25 mars 2000, le monastère de l’Annonciation, tandis que la formation des aspirantes se poursuivait à Bujumbura et à Hannut, selon l’idéal de sainte Claire.

    Retour en Belgique et à Cornillon

    C’est en 2002 que plusieurs Clarisses burundaises sont revenues au monastère fondateur de Hannut, au numéro 23, rue de Villers-le-Peuplier, pour plusieurs motifs : y assurer la continuité de la vie contemplative, former des jeunes sœurs, accueillir des gens selon leurs besoins. Les premières occupantes furent les sœurs Marie-Françoise, Marie-Agnès et Claire-Marie auxquelles s’ajoutent les jeunes sœurs Claire-Agapè, Claire-Ancilla, Claire-Antonia, Claire-Assunta, Claire Isabelle, Claire-Pascal.

    Actuellement, il y a 11 Clarisses à Hannut et 41 au Burundi, pour une moyenne d’âge d’environ 35-40 ans. Enfin, 6 Clarisses sont venues à Liège occuper le monastère de Cornillon dès le 11 août 2017 : leur installation officielle a eu lieu le dimanche 8 octobre 2017 en présence de Mgr Jean-Pierre Delville.

    Spiritus ubi vult spirat. L’Esprit souffle où il veut parmi les tribulations de l’histoire : même à Liège, où les Religieuses venues du Burundi sont accueillies avec reconnaissance. JPSC

  • Fêter le cinquième centenaire de la Réforme protestante ?

    mag_105-page-001.jpgA lire dans notre magazine trimestriel Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle, n° 105, Hiver 2017-2018: faut-il fêter la naissance du protestantisme ?

    Toussaint 1517: Luther affiche à Wittemberg les 95 thèses de sa « Disputatio ». Cinq siècles plus tard, de Rome à Bruxelles et ailleurs, des catholiques -et non des moindres-  célèbrent eux aussi le cinquième centenaire du coup d’envoi de la Réforme protestante. Luther avait-il donc raison ? Dans la « Nuova Bussola Quotidiana » (www.lanuovabq.it ), le cardinal Gerhard Müller met les points sur les sur les « i » :

    « Il y a aujourd'hui une grande confusion dans le discours sur Luther, et il faut dire clairement que du point de vue de la théologie dogmatique, du point de vue de la doctrine de l'Église, ce ne fut absolument pas une réforme, mais une révolution, c'est-à-dire un changement total dans les fondements de la foi catholique. Il n'est pas réaliste de prétendre que son intention était seulement de lutter contre certains abus d'indulgences ou contre les péchés de l'Église de la Renaissance (…).

    Dans le livre écrit par Luther en 1520, "De captivitate Babylonica Ecclesiae", il est absolument clair queVE PN 105 article 5e centenaire Luther prêche la réforme protestante .jpg Luther a laissé derrière lui tous les principes de la foi catholique, des Saintes Écritures, de la Tradition apostolique, du Magistère du Pape et des Conciles, de l'épiscopat. En ce sens, il a bouleversé le concept de développement homogène de la doctrine chrétienne, tel qu'expliqué au Moyen Âge, au point de nier le sacrement comme signe efficace de la grâce qu'il contient; il a remplacé cette efficacité objective des sacrements par une foi subjective. Ici Luther a aboli cinq sacrements, il a aussi renié l'Eucharistie: le caractère sacrificiel du sacrement de l'Eucharistie, et la conversion réelle de la substance du pain et du vin en substance du corps et du sang de Jésus-Christ. Et encore: il a qualifié le sacrement de l'ordination épiscopale, le sacrement de l'ordination, d'invention du Pape - défini comme l'Antichrist - ne faisant pas partie de l'Église de Jésus-Christ. Nous disons au contraire que la hiérarchie sacramentelle, en communion avec le successeur de Pierre, est un élément essentiel de l'Église catholique, et pas seulement un principe d'une organisation humaine.
    Pour cette raison, nous ne pouvons accepter que la réforme de Luther soit définie comme une réforme de l'Église au sens catholique. La réforme catholique est une réforme qui est un renouveau de foi vécue dans la grâce, dans le renouveau des moeurs, de l'éthique, un renouveau spirituel et moral des chrétiens; pas une nouvelle fondation, une nouvelle Église. Il est donc inacceptable de dire que la réforme de Luther "fut un événement de l'Esprit Saint". C'est le contraire : elle fut contre l'Esprit Saint lui-même […].

    On entend beaucoup de voix qui parlent avec trop enthousiasme de Luther, ne connaissant pas exactement sa théologie, sa controverse et les effets désastreux de ce mouvement qui a représenté la destruction de l'unité de millions de chrétiens avec l'Église catholique. Nous pouvons évaluer positivement sa bonne volonté, l'explication lucide des mystères de la foi commune, mais pas ses déclarations contre la foi catholique, surtout en ce qui concerne les sacrements et la structure hiérarchique de l'Église. Il n'est pas non plus correct de dire que Luther avait initialement de bonnes intentions, entendant par là que c'est l'attitude rigide de l'Église qui l'a poussé sur la mauvaise voie. Ce n'est pas vrai: Luther avait l'intention de lutter contre le commerce des indulgences, mais l'objectif n'était pas l'indulgence en tant que telle, mais en tant que partie du sacrement de pénitence. Il n'est pas vrai non plus que l'Eglise a refusé le dialogue: Luther eut une première dispute avec Jean Eck, puis le Pape envoya le cardinal Gaetano comme légat pour dialoguer avec lui. On peut discuter sur les modalités, mais quand il s'agit de la substance de la doctrine, il faut affirmer que l'autorité de l'Église n'a pas commis d'erreurs. Sinon, il faut soutenir que l'Église a enseigné pendant mille ans des erreurs dans la foi, alors que nous savons - et c'est un élément essentiel de la doctrine - que l'Église ne peut pas commettre d'erreur dans la transmission du salut dans les sacrements (…).

    Certes, 500 ans ont passé depuis lors, ce n'est plus le temps de la polémique, mais celui de la recherche de la réconciliation: mais pas au prix de la vérité. Il ne doit pas y avoir de confusion. Si d'un côté nous devons savoir accepter l'efficacité de l'Esprit Saint chez ces autres chrétiens non-catholiques qui ont de la bonne volonté, qui n'ont pas commis personnellement ce péché de séparation d'avec l'Église, de l'autre, nous ne pouvons pas changer l'histoire, ce qui s'est passé il y a 500 ans. Une chose est le désir d'avoir de bonnes relations avec les chrétiens non catholiques d'aujourd'hui, afin de nous rapprocher d'une pleine communion avec la hiérarchie catholique et aussi avec l'acceptation de la tradition apostolique selon la doctrine catholique; une autre chose est l'incompréhension ou la falsification de ce qui s'est passé il y a 500 ans et l'effet désastreux que cela a eu. Un effet contraire à la volonté de Dieu: "... Que tous soient une seule chose; de même que Toi, Père, es en moi et moi en toi, qu'ils soient aussi en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé" (Jean 17:21) »

  • Aux anathèmes le Savonarole de l'UCL répond par un livre

    mag_105-page-001.jpgÀ propos de l’affaire Mercier :

     Il y a des pertes triomphantes à l’envi des victoires.

    (Montaigne, Essais, I, xxx, 32

     

    VE PN 105 article Houziaux La-philosophie-pour-la-vie-Grand.jpg

    Rideau !

    C’était écrit. L’ordalie louvaniste que j’évoquais naguère ici même[1] a rendu son verdict : Exeat Savonarolus propter heterodoxam doctrinam suam. Que la dissertation philosophique du professeur Mercier l’ait désigné à la vindicte d’une certaine bien-pensance laïciste, qui s’en étonnera ? En revanche, plus qu’étrange aura été la brutale réaction du pouvoir organisateur. Mais qui donc en est encore l’autorité faîtière ? Étrange tout de même ce signal envoyé à ses ouailles. Non ?

    Dans mon précédent article sur l’ « affaire Mercier », j’ai donné une « Brève chronique de l’événement ». Depuis lors, outre un ouvrage sur lequel je vais revenir, le professeur Stéphane Mercier, soucieux de bien mettre les points sur les i, a publié un article intitulé Silence - Apostasie et démission intellectuelle à l’Université louvaniste et, par la même occasion, le texte de la lettre qu’il adressa, le 26 avril 2017, au président du Conseil d’Administration et au Recteur de l’UCL. Ces documents, accessibles sur le WEB[2], méritent vraiment d’être consultés. On y apprend bien des choses : que M. Mercier n’est pas un néophyte à l’UCL[3] ;  que, durant les cinq semaines qui ont suivi l’exposé incriminé, le cours s’est poursuivi normalement, jusqu’à ce qu’un groupuscule insignifiant n’alerte les médias ; que, sur un total de six cents élèves, une dizaine seulement n’auraient pas apprécié le choix du thème ; que, parmi  les plaideurs qui, face au recteur, ont défendu M. Mercier, figure une juriste de l’Université Libre de Bruxelles, laquelle, en dépit d’un désaccord sur le fond avec l’enseignant, nota qu’une sanction équivaudrait à induire, au sein de l’Université louvaniste, un climat analogue à celui qui prévaut dans les Universités turques. Au final, après la suspension immédiate de son enseignement, et une exigence (avortée) de licenciement requise par une Philénis bien en cour[4], un blâme sera prononcé « en ayant soin de me préciser, écrit M. Mercier, que l’on ne me reproche pas la position que j’ai défendue mais la manière dont je l’ai défendue. Bel exemple de repli stratégique s’il en est ! » Quant au mandat de chargé de cours invité, il ne sera pas renouvelé.

    Quod scripsi, scripsi !

    Sans  contester la légalité de la non-reconduction de son mandat, Stéphane Mercier, loin de baisser les bras, s’est rendu non à Canossa mais chez un éditeur, qui publie le texte litigieux[5].  L’essai, à quelques retouches  près, reprend la dissertation incriminée, mais est encadré par un Avant-propos, une Postface et des Éléments de bibliographie. Autant que possible, j’éviterai de répéter ici des considérations déjà  développées dans l’article précité, d’ailleurs aisément accessible sur la Toile.

    Dans un Avant-propos sous-titré Sound and fury,  l’auteur relate et commente brièvement les faits : l’alerte lancée aux médias à la suite des révélations de quelque groupuscule féministe biberonné à l’idéologie du genre ; la réaction brutale et d’une inconséquence surréaliste de l’UCL, qui, alléguant des valeurs alignées sur un prétendu droit à l’avortement, élude d’entrée le débat de fond pour le déplacer sur le terrain de la pédagogie (sujet inopportun, étudiants immatures) ; l’impact que pourraient avoir des propos jugés par trop déplaisants sur le nombre d’inscriptions et l’avenir des cours de philosophie dans les divers départements de l’Université ; un militantisme radical.

    L’argumentaire

    Comme il l’avait indiqué dans le texte destiné à ses étudiants, l’auteur signale, ici dans une Note, que son argumentaire suit de très près celui de Peter Kreeft[6].  À titre liminaire, Stéphane Mercier, après avoir annoncé un argument philosophique, pas un argument théologique reposant sur la Révélation, indique clairement son propos : permettre le débat. Encore faut-il, pour qu’il y ait débat, que l’auditeur soit prêt à entendre un discours qui ne corresponde pas nécessairement à ses attentes, à l’air du temps, mais qui, en aucune façon, ne doit être reçu comme une agression. L’argumentaire proposé vise à défendre le droit de toute personne innocente à la vie dès le moment de sa conception. Le point  de vue « pro-vie » est aujourd’hui, largement contesté, il est vrai. Mais, pour autant, refuser d’en examiner l’argumentation équivaudrait à un aveu de faiblesse.  Pas question non plus d’interdire le débat : ce serait là un procédé typiquement totalitaire. La censure pour convenances personnelles d’un interlocuteur n’a pas sa place en philosophie. Il est tout à fait permis de discuter, je le redis : la philosophie sert précisément à cela. [...] Voilà une longue introduction. Pour sauvegarder le débat, justement, et éviter que sur un sujet délicat, l’échange ne tourne au pugilat.

    Le professeur enseigne ensuite à ses élèves le B.A.-BA du raisonnement philosophique, comment « fonctionne »  un argumentaire, ce qu’on entend par prédicat, la nécessité d’une définition précise des termes dans l’énoncé des prémisses, la rigueur requise dans leur agencement pour garantir la solidité de la conclusion. De manière toujours très claire et pédagogique, la présentation de la méthode philosophique est concomitante du développement de la thèse. L’exposé  prend appui sur deux prémisses, des propositions dont tous les termes sont très précisément définis et qui, par un enchaînement logique rigoureux, conduisent à la conclusion.  La première prémisse est d’ordre moral : Il est toujours moralement mauvais de tuer délibérément une personne innocente[7]. La seconde prémisse est factuelle : l’avortement consiste à tuer délibérément une personne innocente en l’occurrence un être humain qui se trouve encore dans le ventre de sa mère.

    L’on ne peut, dans la présente recension, reproduire, dans toute sa richesse logique, le déploiement de l’argumentation. Les points forts en ont été assez longuement évoqués dans mon article précédemment cité. Entre la conception et la mort naturelle, il n’y a, dans notre existence, aucune solution de continuité. Partant, il est absurde de se demander quand apparaît la personne : chacun de nous appartient à l’espèce humaine et son code génétique est complet dès le stade du zygote. L’argument fonctionnaliste qui s’appuie sur le critère de la viabilité est aberrant : c’est toujours le même être qui, de zygote deviendra embryon, fœtus, nourrisson, etc. Une fois l’équation « avortement = meurtre délibéré d’une personne innocente » établie comme un fait, l’auteur met en évidence l’inconséquence d’une législation qui condamne crimes et délits, mais qui, au prix d’incohérences manifestes et de façon totalement arbitraire, décrète l’âge à partir duquel s’impose la protection juridique d’un futur bébé : 13 semaines en Belgique, mais 23 aux Pays-Bas ou 24 en Angleterre. Le non-sens qui consiste à fixer pareilles limites est patent : s’il y avait un saut qualitatif, un moment clair où apparaît une personne là où il n’y avait qu’un tas de cellules, on se demande bien pourquoi vous n’êtes pas également humain en Angleterre et en Belgique au même moment. Sauf à considérer qu’un Belge est plus précoce qu’un Anglais...[8]. La traque aux sophismes du genre et à plus d’une échappatoire sceptique se poursuit dans une vingtaine de pages dont on ne peut, ici, que citer quelques thèmes : la tendance contemporaine à composer avec les principes moraux au nom d’une convenance personnelle et d’un relativisme qui s’autodétruit en s’affirmant comme un impératif absolu, les faux-fuyants du scepticisme, la dérive de l’eugénisme par le recours à des diagnostics qui, parfois, signent des arrêts de mort, la négation d’une altérité radicale de l’embryon par rapport à ses géniteurs.

    Une postface très dense

    Après avoir déploré qu’en démocratie, et a fortiori à l’Université, les échanges d’idées puissent être confisqués par des mesures discrétionnaires capables de jeter l’opprobre sur ceux qui les prennent, l’auteur rappelle d’abord quelques remarques percutantes (et fameuses) du Professeur Jérôme Lejeune (1926-1994), généticien de grand renom. Si le fœtus n’était qu’un tas de cellules, comme le sont une dent ou un carcinome, pourquoi alors légiférer sur le droit d’éliminer le premier et pas les autres ? Cette élimination, qui est bien un avortement, mais voulu et encadré techniquement, on préfère l’appeler IVG, pudique acronyme que ledit généticien décryptait en Interruption d’une Vie Gênante ? C’est en vain qu’on tente d’édulcorer la question avec des arguments antispécistes[9], qui s’appuient sur les niveaux de conscience et de sensibilité à la douleur, inexistants chez l’embryon, mais présents chez la mère qui le porte : ce n’est pas parce qu’un humain peut mourir sans souffrir qu’il est permis de le tuer en douce, s’exclame notre auteur. Suivent des considérations qui, pour nombre d’entre elles, visent, mais sans fausse concession, à corriger l’impression d’intransigeance qu’ont pu laisser la rigueur et la vigueur de la démonstration philosophique. Le respect toujours dû à une personne n’implique pas une adhésion automatique à ses idées, telle est l’éthique de la discussion. Concernant les cas de viol ou de grave malformation de l’enfant à naître, qu’agitent sans cesse les « pro-choix », Mercier note qu’il s’agit de pourcentages très faibles au regard des avortements pour la justification desquels on invoque ne varietur une « détresse personnelle »[10]. L’auteur montre encore que  les intérêts de la femme ne sont pas menacés par ceux de l’enfant, et il clôt sa postface par une amorce de plaidoyer Pour une véritable cohérence anthropologique. [...] À vrai dire, écrit le philosophe, je ne crois pas que le véritable problème soit de prouver l’humanité du fœtus ou de l’embryon. La grande majorité des gens, au fond, sont bien convaincus qu’il s’agit d’un humain ; et la rage avec laquelle certains clament le contraire est peut-être une manière pour eux d’essayer de se convaincre eux-mêmes de ce dont ils tâchent de persuader les autres avec force cris et gesticulations. La réflexion sur la question de l’avortement en appelle une autre, plus large, à savoir celle de la sexualité dont la signification anthropologique est, aujourd’hui, amputée de sa vertu d’accueil de la vie au profit d’un hédonisme omniprésent. C’est ce rapport malsain à la sexualité qui engendre et explique le recours à un lexique où dominent les notions de prudence, de protection,  d’accident. L’auteur souligne l’importance, en matière de sexualité, de reconnaître un dualisme anthropologique foncier, de respecter notre nature biologique et de renoncer au rêve narcissique de toute-puissance. Sans ces balises [...] c’est la porte ouverte aux pathologies les plus navrantes, dont l’idéologie du gender déploie actuellement les plus abracadabrantes virtualités à grand renfort de battage médiatique complaisant. Une pierre dans le jardin des féministes doctrinaires et autres conseiller‧ère‧s en « politique du genre »...

    Avant de remercier les personnes qui lui ont accordé leur soutien, l’auteur propose une douzaine de références bibliographiques destinées à prolonger la réflexion.

    Un bilan positif

    Comme tout essai digne de ce nom, le livre de Stéphane Mercier invite vraiment à se poser des questions. En voici, parmi bien d’autres, quelques-unes qui me sont venues à l’esprit.

    1. L’enseignement de la philosophie morale est-il compatible, en démocratie, avec l’étude de questions controversées mais sur lesquelles le législateur s’est prononcé ? À cette question, l’UCL a clairement répondu par la négative de manière aussi tranchante qu’inexacte[11], assurant, selon les propos de la conseillère du Recteur à la politique du genre, qu’il n’y a pas à sortir de là. Eh bien, si, précisément, il faut « sortir de là », il faut libérer la philosophie du carcan du politiquement correct. Un simple citoyen, philosophe d’appellation contrôlée ou non, a parfaitement le droit de ne pas considérer les lois comme intangibles, irréfragables et éternelles. Ne font-elles pas, d’ailleurs, l’objet d’amendements ? Parfois, ne les abolit-on pas ? Échangeant dernièrement avec un juriste frais émoulu quelques propos sur des sujets « sociétaux », j’ai trouvé assez curieuse sa manière de confondre légalité et légitimité. Soutenir que le droit tient sa légitimité d’une conformation « démocratique » à une évolution « sociétale », c’est professer, par une sorte de syncrétisme, une utopique harmonie entre mœurs, morale et loi ; c’est surtout, au mépris même de la démocratie, imposer la doxa du moment comme une vérité apodictique. On chamboule la société, on traficote la sémantique (mariage, famille), on invente une orthographe « inclusive » qui promeut les mots épicènes, on se penche sur le statut civil d’un troisième sexe, etc. Pour justifier toutes ces « avancées », qui sont autant d’offenses à la saine raison, certains juristes et autres psycho-sociologues s’en tirent à la manière de Sganarelle, le « médecin malgré lui » : Oui, cela était autrefois ainsi ; mais nous avons changé tout cela. Pendant ce temps, une masse de Candides, aux prises avec les tribulations d’un monde déboussolé, stupides thuriféraires de la modernité, cheminent répétant, après les maîtres Pangloss façon 2017, que Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Déjà en 1969, Paul VI, déplorait l’influence sur l’opinion du publique des enquêtes sociologiques : Elles sont à la mode. Elles se présentent avec la rigueur d’une méthode qui semble tout à fait positive et scientifique et avec l’autorité du nombre, de telle sorte que le résultat d’une enquête tend à devenir décisif, non seulement pour observer un fait collectif, mais pour déterminer les normes à adopter pour répondre au résultat obtenu. Le fait devient loi.[12]
    2. Avec des étudiants qui sortent tout juste du secondaire, est-il opportun de disserter sur une grave question de bioéthique ? Avant de répondre précisément à cette question, rappelons que l’exposé incriminé avait pour but premier d’enseigner aux étudiants, non pas en théorie mais par l’exemple, ce qu’est un argumentaire et comment il « fonctionne ». Avec des étudiants qui ne sont pas rompus aux arcanes de la syllogistique, le professeur, s’en tenant à une terminologie minimale, a préféré philosopher sur une question qui touche la dignité humaine et dont la bien-pensance essaie vainement de montrer,  sur le ton compassionnel mais aussi juridique, qu’elle n’est plus une question. De manière complètement inconséquente, l’UCL, qui venait de rejoindre un réseau[13] visant à garantir la liberté académique, a voué aux gémonies son « invité » parce qu’il avait mis en cause des « valeurs » protégées par un tabou consensualiste. Dans sa lettre aux autorités, Mercier observe : Si d’aventure, j’avais [...] argumenté en faveur de l’évasion fiscale, du mensonge ou de l’excision, je comprendrais devoir rendre des comptes pour avoir abusé de ma liberté académique. Quant à la prétendue immaturité de ses élèves, le maître observe que, primo, l’on feint d’ignorer dans quel monde ils ont grandi et que, secundo, ce sont des citoyens électeurs.
    3. Le professeur a-t-il, dans la manière de traiter la question, manqué de psychologie ? C’est ce qu’ont laissé entendre de nombreuses critiques, évidemment amplifiées par des médias qui professent, à l’égard des « avancées » sociétales, une adhésion quasi systématique. On l’a vu : l’argumentaire est solide, et il est à noter que, faute d’avoir pu relever le gant sur le plan de la logique pour en pointer quelque faille, les contempteurs ont dû se résigner à jouer sur d’autres registres – émotion, droits acquis, modernité –, au demeurant redoutablement efficaces. En dépit des précautions oratoires liminaires, l’exposé magistral aura ainsi suscité des réactions virulentes. Pourquoi cette virulence ? C’est peut-être là que le bât a blessé chez le pédagogue. S’est-il rendu compte que, parmi son auditoire (puis dans le public), il se trouvait probablement une énorme majorité de consciences anesthésiées en matière de bioéthique en général, et d’avortement en particulier ? Pour une part importante de l’opinion publique, s’en prendre à l’avortement, ce n’est pas seulement remettre, philosophiquement, en cause des « droits acquis », c’est, dans un monde où l’avortement est tellement admis qu’il est médicalisé et objet de protection sociale, pis encore, c’est agresser, directement ou indirectement, ses auditeurs. N’aurait-il pas été préférable d’inscrire l’argumentaire dans une perspective historique ? Le réveil (ou l’éveil) des consciences, suivant le fil de l’évolution sociétale, n’aurait-il pas été à la fois moins brutal et plus éclairant sur la dynamique mortifère où la société s’est engagée, par exemple en Belgique depuis l’affaire Peers (1973). Les étudiants auraient vu d’où l’on venait sur le plan juridique et comment s’était continûment élargi le spectre des « indications » de l’IVG. Sous ce rapport, une relecture, en 2017, du discours que Simone Veil[14] prononça en 1974 devant l’Assemblée nationale française permet de mesurer l’ampleur et la tendance constante d’une évolution de l’opinion publique dans un domaine essentiel de la bioéthique. À l’époque, il était surtout question de justice sociale, de situation de détresse, de drame, de tâche de dissuasion, d’acte qui doit rester exceptionnel et, sauf exception thérapeutique, n’a pas à être pris en charge par la Sécurité sociale, bref d’une loi qui, si elle n’interdit plus, ne crée aucun droit à l’avortement. Après cela, il est aisé de dégager un trait essentiel de l’évolution des législateurs en matière de bioéthique et de montrer, par exemple, comment la laïcité française a pu en arriver à panthéoniser une de ses icônes : en somme, un santa subito ! à la mode d’outre-Quiévrain.

    *

       Qu’est-ce qu’un philosophe ?  s’interrogeait Chamfort. C’est un homme qui oppose la nature à la loi, la raison à l’usage, sa conscience à l’opinion, et son jugement à l’erreur[15]. Stéphane Mercier est bien un philosophe ! Quod non erat demonstrandum.

    Mutien-Omer Houziaux

    [1] « À propos de l’affaire Mercier : Savonarole réanimé à Louvain-la-Neuve », Vérité et Espérance. Pâque nouvelle, n° 103, 2e trimestre 2017, pp.15-18. Le texte de cet article est disponible sur la Toile. Sur Google, il suffit de taper, par exemple : « Savonarole Mercier ».

    [2]  https://www.ultramontain.be/apostasieucl/ 

    [3] A l’UCL : 2000-2004, étudiant ; 2004-2010, assistant et doctorant ; 2010-2014, docteur, chargé de recherches du FNRS ; 2014-2017, chargé de cours.

    [4] La conseillère du recteur à la politique du genre, Mme Tania Van Hemelrijck.

    [5] Stéphane MERCIER, La philosophie pour la vie - Contre un prétendu « droit de choisir » l’avortement, Quentin Moreau, édit., sept. 2017, XIX + 78 p.

    [6]  Peter KREEFT, Pro-Life philosophy, conférence disponible en plusieurs versions sur le WEB. Professeur de philosophie au Boston’s College et au King’s College (New York), , brillant conférencier (à écouter sur Youtube), Kreeft,(né en 1937), a publié de nombreux ouvrages de philosophie, de théologie et d’apologétique.

    [7] C’est la formulation qui est retenue en page 10, et qui légitime le développement un peu byzantin (mais plaisant ?) sur des acceptions aberrantes du mot personne, absent du premier énoncé, qui se termine par : ... délibérément un innocent.

    [8] L’embryon, tas de cellules, c’est là, ajouterai-je, le genre de couleuvres que la doxa tend à faire avaler pour que l’avortement soit retiré du code pénal et que, par le vote d’une loi liberticide, on pénalise toute « désinformation » dissuasive concernant l’IVG.

    [9] L’antispécisme est un mouvement né dans les années 1970. Il conteste les critères qui divisent le règne animal en espèces. Ainsi, Peter Singer, philosophe australien, comparant  l’homme et l’animal sous les angles du degré de la conscience et du seuil de la douleur ose écrire : Human babies are note born self-aware [... ] They are no persons [...] The life of a newborn is of less value than the life of a pig, a dog, or a chimpanzee [...] En conséquence, il estime que la société n’a pas à sacrifier des ressources by increasing the severely disabled children, et il pousse encore l’audace jusqu’à légitimer l’infanticide : a period of 28 days after birth might be allowed before an infant is accepted as having the same right to live as others. (Practical Ethics, Cambridge University Press ; disponible sur la Toile). On n’arrête pas le progrès !

    [10] Viols : 0,16% ; problèmes de santé de la mère ou de l’enfant à naître : 3%. Statistiques officielles 2011 pour la Belgique.

    [11] Cf. mon précédent article, pp. 15 et 16.

    [12] PAUL VI, Face à la contestation, Fayard, 1970, p. 60.

    [13] Scholars and Risk.

    [14] Simone VEIL, Une vie, Stock, 2007, pp.341-365.– Cf. mon article précédent.

    [15] Sébastien-Roch Nicolas de CHAMFORT, Œuvres, II, 14, Paris, 1812.

  • Deux, trois pas au Livre de Job

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    "Vir erat in terra Hus, nomine Job: simplex et rectus, ac timens Deum: quem Satan petiit, ut tentaret: et data est ei potestas a Domino in facultates et in carnem ejus...

    "Il y avait, au pays de Hus, un homme appelé Job, simple, droit et craignant Dieu. Satan demanda de le mettre à l'épreuve et reçut du Seigneur pouvoir  sur ses biens et  sur son corps..."

    Job, 1 (offertoire du 21e dimanche après la Pentecôte)

     

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    Il était un homme, appelé Job...

     

    Un homme simple et droit,

    qui vénérait Dieu

    et veillait à garder ses enfants en son amour.

    ~

    Job était entouré d’estime

    et comblé de biens.

    ~

    Il n’est pas entouré d’estime

    et comblé de biens

    parce qu’il vénère Dieu.

     

    Il ne vénère pas Dieu

    parce qu’il est entouré d’estime

    et comblé de biens.

     

    Simplement Job est Job

    et Dieu, Dieu.

    ~

    Là,

    ni « parce que », ni « pour que ».

    Simplement Job est Job

    et Dieu, Dieu.

    C’est tout.

     

    C’est Tout.

    Il ne faut pas chercher plus loin.

    ~

    Dieu garde l’homme en bienveillante main ;

    il « ne dort ni ne somnole » :

    il veille.

     

    « Regardez les oiseaux du ciel...

    Regardez les lis des champs... »

    Dieu pourvoit à tout

    et au-delà.

     

    Job le sait : Job est Job

    et Dieu, Dieu.

    ~

    Il ne faut pas chercher plus loin.

    Job est un homme simple et droit.

    Job vénère Dieu :

    Il est Job ; Dieu est Dieu.

    ~

    Dieu pourvoit.

    A tout.

    Pour rien.

    Dieu est Dieu.

    ~

    « Il fait lever son soleil

    sur les bons, et sur les méchants ;

    et sa pluie, il la prodigue

    aux justes et aux injustes.»

     

    Dieu est Dieu.

    Il donne à chacun

    comme il lui plaît.

    Dieu donc comble Job ;

    Job se tient simple sous le regard de Dieu.

    Tout cela sans calcul.

     

    Ainsi vont selon Dieu les choses.

    En leur principe.

    « In principio... »

    ~

    Sous le regard de Dieu,

    Job est auprès de Dieu.

     

    A l’image du modèle...

    mais de cela, il n’a point révélation

    ― bien plus tard viendra

    la plénitude des temps ―

    ... à l’image du Verbe-modèle.

     

    « Au principe, le Verbe était auprès de Dieu. »

    ~

    La clé de l’Ecriture,

    de toute l’Ecriture,

    c’est le Verbe de Dieu.

     

    Abraham, Isaac, Jacob, Joseph,

    Job et les autres,

    chacun à sa façon le préfigure.

     

    Chaque trait de l’Ecriture

    est touche de pinceau

    où librement s’exprime

    la liberté de l’homme.

     

    Chaque trait, sa liberté ;

    et le tableau pourtant,

    les personnages,

    les récits :

    tout y aboutit au Verbe de Dieu.

    ~

    Pleine vraiment est la liberté de l’homme.

    Et voici : quelque usage qu’il en fasse,

    jamais elle ne met en échec

    le dessein de Dieu.

     

    Par oui, par non,

    c’est le dessein de Dieu qu’elle avantage,

    toujours.

     

    Moïse y concourt,

    Pharaon y concourt.

     

    La bourrasque se lève-t-elle contraire ?

    vent debout cingle le vaisseau.

    ~

    Avance donc, Satan, viens,

    allez, viens

    parmi les fils de Dieu,

    toi qui te présentes devant le Seigneur

    pour dénigrer son Juste.

    Un jour, comme les fils de Dieu

    venaient se présenter devant le Seigneur,

    Satan aussi s’avança

    parmi eux.

     

    «  D’où viens-tu ?

    ― De parcourir la terre. »

    ~

    « ... tel un lion rugissant

    cherchant qui dévorer... »

    précisera le bon saint Pierre.

     

    Le Nouveau le dit

    tout ainsi que l’Ancien.

    C’est l’Ecriture.

    Satan rôde, et jamais ne se lasse,

    il rôde et il dévore.

    ~

    Qui ne reçoit

    humblement

    l’avertissement

    ne sait

    ni le danger

    ni le recours.

    ~

    «  D’où viens-tu ?

    ― De parcourir la terre.

    ― As-tu remarqué mon serviteur Job ?

    Il n’a point son pareil sur la terre :

    un homme intègre et droit.

    ― Est-ce pour rien que Job vénère Dieu... »

    Voilà le propos assassin !

    C’est à bon droit qu’on te nomme le Menteur,

    le Calomniateur,

    toi qui ne vois que mal

    là où il n’est que bien.

     

    Parce que ton œil est ténèbres

    tout ce que tu vois est ténèbres.

    ~

    Et moi, hélas,

    ne suis-je pas disciple complaisant

    à ta détestable école,

    qui tant de fois me prends

     à prêter à autrui

    un noir penser,

    que tu m’instilles ?

     

    « Que si une action pouvait avoir cent visages,

    il la faut regarder

    en celui qui est le plus beau. »

    C’est bien le Tentateur

    qui réclame de nous passer au crible.

    Il ne le peut toutefois

    sans l’agrément de Dieu.

     

    Dieu ne nous soumet pas à la tentation

    Dieu ne nous fait nul mal.

    Mais c’est de sa main,

    de la main de Dieu,

    de Dieu sans qui rien ne se peut,

    que nous recevons

    tentation et mal.

     

    A la requête de l’Ennemi.

    ~

    L’Ennemi frappe Job

    encore, encore et encore.

     

    Et Job dit :

    « Le Seigneur a donné

    le Seigneur a ôté :

    comme il a plu au Seigneur

    ainsi en a-t-il été fait :

    que le nom du Seigneur soit béni ! »

     

    L’Ennemi frappe Job

    « peau pour peau »

    encore, encore et encore.

     

    Et Job dit :

    « Si nous accueillons le bonheur

    comme un don de Dieu,

    comment

    ne pas accueillir de même le malheur ? »

    ~

    L’Ennemi frappe

    mais Job ne s’y trompe pas.

    C’est de la main du Seigneur

    qu’il accueille le coup.

    Et Job bénit le Seigneur.

    Dieu accède à la requête de Satan,

    de Satan qui plus tard,

    à nouveau,

    réclamera les Apôtres cette fois,

    pour les « cribler comme du froment. »

     

    Satan s’acharne

    et de la fournaise qu’il embrase

    coule, or pur,

    l’amour de l’homme pour Dieu.

     

    L’amour désintéressé.

     

    Simplement

    Job est Job

    et Dieu, Dieu.

    C’est tout.

    L’amour désintéressé,

    celui auquel aspire le cœur

    vraiment épris,

    celui qui fait fils de Dieu

    à l’image du Verbe,

    celui qui donne plénitude à l’homme,

    par participation

    au Sacrifice du Verbe fait homme

    crucifié :

    l’officine de Satan en est la forge,

    la pierre de touche

    et le creuset.

    ~

    Satan met en œuvre la souffrance

    et Dieu y produit son Saint.

    En haute estime,

    en grande confiance.

     

    Il sait son cœur,

    car il l’habite.

    Le Seigneur sait le cœur de Job.

    Dieu est Dieu :

    il sonde reins et cœurs.

    Job ne sait pas les voies du Seigneur

    Job est Job :

    il ne peut comprendre Dieu.

     

    Il n’a qu’un recours,

    s’en remettre au Seigneur.

    En pleine confiance,

    plein de nuit.

    ~

    Dieu est Dieu,

    et Job, Job.

    ~

    Immense est sa nuit.

    Et Job maudit le jour qui l’a vu naître.

    Immense est sa nuit.

    Elle est immense comme Dieu la fait.

    ~

    Il n’en peut plus.

    « Mon Dieu, mon Dieu,

    pourquoi

    m’avoir abandonné ? »

     

    Job est à présent

    en le Verbe enlevé.

     

    En le Verbe élevé.

    ~

    Immense est sa nuit,

    immense son « pourquoi ? »

    Immense apparaît

    la fidélité de son cœur,

    la fidélité

    en l’Unique Recours :

    « Mon Dieu, mon Dieu. »

    Dieu est l’Unique.

     

    « Seigneur, à qui irions nous ? »

     

    Quelle que soit la détresse,

    à lui le cri revient.

    Il ne peut en être autrement :

    Dieu est l’Unique,

    il n’y a pas d’autrement.

     

    La fidélité de Job

    la voilà.

     

    Elle n’est pas conditionnelle :

    elle est.

     

    Dieu est,

    alors elle est.

    A Dieu unique

    réponse unique.

    ~

    Pourquoi est-il dit

    que les amis de Job

    n’ont pas bien parlé de Dieu ?

    ― Leurs discours pourtant étaient sages ! ―

     

    Pourquoi le courroux de Dieu

    s’est-il enflammé

    contre Eliphaz de Téman,

    contre Bildad de Shuah,

    contre Çophar de Naamat ?

     

    Leurs discours n’étaient-ils point sages ?

     

    Leurs discours

    cherchaient à Dieu justification.

     

    Folie.

    Dieu est.

    Jean-Baptiste Thibaux.

     Extrait de "Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle" n° 104, automne 2017.

    Editeur: sursumcorda@skynet.be