Monseigneur Léonard : adieu, Belgique
Dans "La Libre Belgique" du lundi 7 décembre , le journaliste Christian Laporte a retenu ce passage de l'homélie prononcée par Mgr Léonard lors des messes célébrées ce week-end des 5 et 6 décembre à l’occasion de la fin de son mandat d’archevêque-primat de Belgique :
« Mes frères et mes sœurs, mes fils et filles très chers, après le 13 décembre, ne comptez plus trop me voir en Belgique. Je tourne la page de 25 ans d’épiscopat dans notre petit pays, 25 ans de bonheur. Et là où je serai bientôt en France, si Dieu le veut, chapelain auxiliaire au Sanctuaire de Notre-Dame du Laus, sanctuaire voué à la miséricorde divine et au sacrement de la réconciliation, et vicaire dominical dans la paroisse où j’habiterai et dans les paroisses avoisinantes, ne pensez pas me retrouver facilement, si tant est que cela en vaille la peine, car je serai bien occupé par mes tâches pastorales, par la prière, la lecture et l’écriture, aussi longtemps que cela sera possible. Mais nous resterons en communion par la prière et l’amitié, des réalités qui ne passent jamais, en attendant de nous retrouver dans ces cieux nouveaux et cette terre nouvelle auxquels le temps de l’Avent nous fait aspirer avec tant d’ardeur : « Oh oui, viens, Seigneur Jésus ! » Oui, viens, et le plus tôt sera le mieux ! Alléluia ! »
Mais notre archevêque a dit aussi bien d'autres choses. Nous en reproduisons ci-dessous deux autres extraits significatifs de son homélie :
La douce miséricorde du Seigneur
[…] Dans mes homélies, je ne parle pour ainsi dire jamais de moi-même, car cela n’aurait que peu d’intérêt. Mais aujourd’hui permettez-moi une confidence. Tous mes contacts avec vous, vos familles et vos divers milieux de vie m’ont comblé. Mais les moments les plus précieux de mon ministère, ce furent, à mes yeux, mes rencontres avec les prisonniers, détenus pour de lourdes peines, mais touchés par l’amour du Seigneur. Ce furent les nombreuses journées d’accueil, de partage et de prière avec les personnes séparées, divorcées ou remariées, toujours vécues dans une parfaite fidélité à l’enseignement de l’Église et dans la douce miséricorde du Seigneur pour chacun de nous. Ce furent les très nombreuses eucharisties où des femmes blessées par l’épreuve d’une fausse couche ou par le drame de l’avortement ont retrouvé, grâce à Jésus ressuscité, la ferme espérance de pouvoir un jour accueillir, enfin, cet enfant qu’elles n’ont jamais vu, qu’elles n’ont pas pu ou voulu accueillir en ce monde, mais qu’elles embrasseront pour l’éternité. Ce furent les nombreux contacts avec des chrétiens s’occupant des plus pauvres de notre société, les personnes sans revenus ou sans logement, les vieillards abandonnés, les réfugiés et les sans-papiers. Ce furent les nombreuses occasions où il me fut donné de rendre courage et espoir à des prêtres, à des diacres, à des séminaristes, à des consacrés, à des laïcs de toute condition, en leur donnant et leur redonnant ma pleine confiance, même s’il y avait de lourds échecs, voire même des fautes dans leur parcours. Car un homme, une femme, un jeune, a toujours le droit de se convertir, le droit d’avoir une nouvelle chance. Mais une personne ne peut fleurir à nouveau que par la confiance que nous lui accordons. La confiance opère plus de miracles que les coups de bâton ou les suspicions […]
De nombreuses vocations
Depuis 2011, en visitant les paroisses, je vous ai distribué à des dizaines de milliers d’exemplaires une prière pour toutes les vocations et missions dont notre Église a besoin. Votre prière a été efficace. Je ne cite que l’exemple des futurs prêtres. Quand je suis arrivé en 2010, j’eus la joie de faire la connaissance des 4 séminaristes que comptait alors le diocèse. Un beau cadeau, car ils sont devenus maintenant de bons prêtres. Aujourd’hui nos séminaristes diocésains sont au nombre de 55. Cela m’a coûté peu d’efforts. Il m’a suffi de m’ouvrir, avec vous, aux réalités nouvelles qui touchent particulièrement les jeunes chrétiens d’aujourd’hui. Parmi eux, 18 relèvent de la filière traditionnelle de notre diocèse, celle, en français, du Séminaire Notre-Dame d’Espérance, les cours étant suivis au Séminaire de Namur, et l’autre, en néerlandais, du Séminaire Jean XXIII de Leuven. Ensuite, nous en avons 2 séminaristes diocésains appartenant à la Communauté de l’Emmanuel. Nous en avons 20 au Séminaire diocésain « Redemptoris Mater » de Limelette, avec des jeunes qui ont mûri leur vocation dans des communautés néocatéchuménales. Nous comptons enfin 15 séminaristes diocésains appartenant à la Fraternité des Saints Apôtres, que j’ai créée en 2013. Cette Fraternité nous a déjà donné 6 prêtres dont 5 s’investissent dans deux paroisses de Bruxelles, la petite paroisse populaire de Saint-Joseph à Uccle-Homborch et la paroisse plus prestigieuse de Sainte-Catherine au centre de Bruxelles. Des paroisses dont l’élan missionnaire rejoint celui de tant de paroisses de Bruxelles et du Brabant wallon qui brillent par leur vitalité, grâce aux paroissiens belges, mais grâce aussi à l’apport multiculturel de frères et sœurs chrétiens venus d’ailleurs. Ce dynamisme de tant de paroisses m’a beaucoup impressionné. Et je tiens à vous en féliciter et, avec vous, j’en rends grâce au Seigneur. »
+ André LÉONARD 5 & 6 décembre 2015