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Eglise du Saint-Sacrement à Liège - Page 228

  • conférence et messe de rentrée à l'église du Saint-Sacrement

     

    DEUX CENTS FIDÈLES RÉUNIS À LIÈGE

    POUR EVOQUER LA PENSEE DE BENOÎT XVI 

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    Près de deux cents fidèles ont pris part à la manifestation  organisée le 25 septembre par l'Union des Etudiants Catholiques, à l’église du Saint-Sacrement de Liège. Au cours de celle-ci l’abbé Éric Iborra, vicaire à l’église Saint-Eugène (Paris IXe), a exposé les linéaments de la pensée de Benoît XVI et les a illustrés en célébrant ensuite la messe dans le même esprit. Il était secondé à l'autel par les abbés Jean-Pierre-Herman, membre du secrétariat de l’archevêque de Malines-Bruxelles Mgr André-Joseph Léonard et Claude Germeau, directeur du foyer d’accueil de Herstal, chargé de la pastorale à l’église du Saint-Sacrement, qui officiaient respectivement comme diacre et sous-diacre. Cette messe bénéficiait aussi du concours de l’Ensemble vocal Praeludium et de la Schola du Saint-Sacrement, qui ont alterné l’interprétation des chants liturgiques, en grégorien, déchant et polyphonie ancienne puisée dans le répertoire liégeois. 

    eric%20iborra.jpgLe texte intégral de la conférence prononcée par l’abbé Iborra et celui de son homélie lors de la messe, seront publiés dès que nous les recevrons. Entre-temps voici, notées au vol, quelques indications résumant la teneur de ses propos : 

    1. D’un professeur universitaire de qualité, Benoît XVI possède les meilleures caractéristiques : maîtrise et précision, profondeur et clarté, sagesse et simplicité d’expression. 

    2. Parce qu’il a du renoncer à sa carrière académique dès 1977, pour devenir cardinal-archevêque de Munich (1977-1981), préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi ensuite (1981-2005) et, depuis 2005, souverain pontife de l’Église catholique romaine, Joseph Ratzinger n’a pu développer de grands traités, ni de manuels exposant de manière systématique le cœur de sa pensée (à l’exception, peut-être, de La mort et l’Au-delà, court traité d’espérance chrétienne, paru chez Fayard en 2006).

    3. Sa pensée doit beaucoup à celle du docteur séraphique, saint Bonaventure (1224-1274), auquel il a consacré une thèse d’habilitation (1) et surtout celle de saint Augustin (354-430), objet de sa première thèse (2). Ces deux docteurs de l’Église l’inspirent  plus qu’un troisième : le docteur angélique, saint Thomas d’Aquin (1224-1274) et surtout ses avatars néo-thomistes.

    4. La spiritualité de Joseph Ratzinger n’est pas fondée sur la règle de vie particulière de l’un ou l’autre ordre religieux (celle de Jean-Paul II était carmélitaine, celle de Pie XII plutôt jésuite) mais saint Augustin inspire sa piété au même titre que son intelligence de la foi.

    5.  Son œuvre abondante est faite de touches impressionnistes et de fulgurances magistrales mais elle reste décousue et liée aux aléas de ses fonctions pastorales. Il est néanmoins possible d’en dégager quelques lignes de force.

    6. Premier axe : l’homme d’aujourd’hui a besoin d’une conception renouvelée de la raison. La théologie de Joseph Ratzinger est centrée sur le Christ comme Logos : raison et Verbe incarné, communiquant le vrai et le beau à son Église. La raison est d’abord extérieure au sujet connaissant. C’est le Logos divin, créateur du cosmos et donc de l’homme. Par la raison participée de ce dernier, l’univers intelligible sait qu’il existe et peut découvrir les lois naturelles qui régissent son être. En réduisant l’usage de la raison aux techniques mesurables et quantifiables, la modernité abandonne la métaphysique  et l’anthropologie à la subjectivité et au relativisme. Comme le montrent les impasses totalitaires ou consuméristes contemporaines, sans Dieu la raison positiviste ou le rationalisme scientifique égarent la société et déconstruisent l’homme, au même titre que la religion lorsqu’elle est privée d’une raison ouverte sur la totalité de l’être.

    7. Deuxième axe : l’Eglise. Comme Augustin, le Docteur Ratzinger s’est fait ensuite pasteur, avec le souci de préserver la foi authentique des petits et des humbles. Dans son enseignement, il insiste sur la théologie du Verbe divin. Ce Logos qui fait l’Église nous est accessible, par-delà l’épaisseur de l’histoire, dans l’Eucharistie qui actualise sa présence et nous inclus de la sorte dans le dialogue intra-trinitaire lui-même. Dans l’acte liturgique, les verba multa de l’Écriture deviennent le Verbum Unum, le lieu même de l’alliance entre l’intelligence et la vie. Cette découverte est à la racine de la conversion d’un John-Henry Newman (1801-1890) que le Saint-Père vient de béatifier à Birmingham, le 19 septembre dernier. 

    8. Des deux axes précédents découle un troisième : une théologie du culte chrétien qui consiste à rendre à Dieu une logikè latreia, un culte raisonnable. La beauté du geste du Père qui offre son Fils et celle du geste du Christ qui s’offre, avec nous, à son Père doivent transparaître dans la beauté du culte : celle-ci n’est pas subjective, elle participe du fondement rationnel de l’être. C’est pourquoi Joseph Ratzinger déplore la créativité liturgique qui hypertrophie la dimension anthropologique du culte au détriment de ses dimensions cosmologiques et théologiques. A cet égard, il dénonce la danse des nouveaux Hébreux (clercs et laïcs) autour du veau d’or, favorisée par une certaine permissivité des livres liturgiques réformés. Il milite aussi pour une redécouverte de la célébration orientée face au Christ ressuscité et une participation des fidèles moins agitée par les bruits du monde et favorisant un silence intérieur propice à l’union et à la conversion des cœurs. 

    9. Devenu Benoît XVI,  l’ancien préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi a apporté quelques inflexions dans la permanence de sa pensée, en insistant sur : 

    -  le primat de la charité dans la vérité (encycliques Deus Caritas est et Caritas in Veritate) ;

    -   l’herméneutique de la continuité dans l’interprétation des actes du concile Vatican II (discours de Noël 2005 à la Curie romaine) ; 

    -   l’ouverture nécessaire de la modernité à la question du sens : elle ne peut se contenter des sous-produits de la raison constitués par les performances techniques (discours de Ratisbonne du 12 septembre 2006) ; 

    -   la place exacte de l’homme (anthropologie) dans l’univers (cosmologie) : pour une écologie environnementale et humaine qui redécouvre la loi morale naturelle (dans la ligne de ses sermons de carême publiés chez Fayard sous le titre « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ») ; 

    -    des développements originaux sur l’eschatologie (dans l’encyclique Spe salvi) ; 

    -    les excès de l’exégèse historico-critique (dans le 1er tome de son œuvre « Jésus de Nazareth »)

    -    le patient racommodage, enfin, de la tunique déchirée du Christ, entrepris au sein de l’Église et avec les communautés qui en sont séparées. 

     

    Jean-Paul SCHYNS

     

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    (1)   Acceptée non sans controverse en 1957, cette thèse portait sur le concept de révélation chez saint Bonaventure.

    (2)   En 1953, sur le concept d’Église chez saint Augustin.

  • Une initiative de l'Union des Etudiants Catholiques de Liège

     

    A L'EGLISE DU SAINT-SACREMENT

    Boulevard d'Avroy, 132, à Liège

    (face à la statue de Charlemagne)

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    SAMEDI 25 SEPTEMBRE A 16 HEURES

    CONFERENCE ET MESSE DE RENTREE 

    L’Union des Étudiants Catholiques de Liège organise sa traditionnelle manifestation de rentrée. Elle aura lieu le samedi 25 septembre prochain, en l’église du Saint-Sacrement, Boulevard d’Avroy, 132 à Liège.

     

    Au programme :

      

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    Recto flyer Messe Iborra 1001.jpg

     

     A eric%20iborra.jpg16 heures, conférence du Père Éric IBORRA, professeur à l’École cathédrale de Paris, au Collège des Bernardins : « Benoît XVI, une pensée théologique pour notre temps ». Thème des débats : faut-il brûler Vatican II ? la liturgie a-t-elle un sens aujourd’hui ? Existe-t-il encore des raisons de croire ? Vers une religion séculière ?

     

    À 17 heures, messe du Saint-Esprit, chantée en grégorien, organum et  polyphonie ancienne, avec Erna Verlinden (soprano solo), la schola du Saint-Sacrement et l’Ensemble vocal Praeludium (direction et orgue : Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verviers). Plain-chant De Spiritu Sancto, Kyriale Cunctipotens genitor Deus, Œuvres de Pierre Bonhomme (Liège, XVIe siècle) et Henry Du Mont (Liège-Paris, XVIIe siècle) . La messe sera célébrée par l'abbé Iborra, suivant le missel de 1962. Les abbés Jean-Pierre Herman (secrétaire adjoint de Mgr Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles) et Claude Germeau (directeur du foyer des jeunes à Herstal) l'assisteront, comme diacre et sous-diacre.

     

      

     

    BENOÎT XVI :

    UNE PENSÉE THÉOLOGIQUE POUR NOTRE TEMPS

     

    Comme chaque année après les vacances d’été, l’Union des Étudiants Catholiques de Liège organise à l’église du Saint-Sacrement (Boulevard d’Avroy, 132 à Liège) une conférence de rentrée, suivie de la messe du Saint-Esprit.

     

    Le samedi 25 septembre à 16 heures, le Père Éric IBORRA présentera les principaux axes de pensée selon lesquels le pape Benoît XVI s’efforce aujourd’hui de recentrer la vie de l’Église sur des bases plus classiques :

     

    -         pertinence d’une réforme de la liturgie postconciliaire afin qu’elle exprime mieux le mystère de Dieu et celui de sa rencontre intime avec l’homme ;

    -         valorisation de la portée métaphysique de la raison, face au réductionnisme scientiste qui la cantonne à la technique et lui dénie toute autorité définitive au-delà ;

    -         vision postmoderne et à cet égard critique de l’optimisme postconciliaire face au nihilisme qui menace la société occidentale ;

    -         interprétation du concile Vatican II selon une herméneutique de continuité et de développement organique de la Tradition.

     

    Le Père Éric IBORRA est un spécialiste de l’œuvre de Joseph Ratzinger, dont il a traduit en français de nombreuses publications ainsi que l’importante « Introduction à la théologie de Benoît XVI » que le dominicain britannique Aidan Nichols, professeur à Oxford, Cambridge et à l’Angelicum de Rome, a fait paraître aux éditions Ad Solem.

     

    Le Père IBORRA lui-même dispense à l'école cathédrale de Paris, au collège des Bernardins, un cours sur la pensée de Joseph Ratzinger, dont il fait bénéficier également les paroissiens de l'église Saint-Eugène-Sainte Cécile (Paris IXe) où il est vicaire.

     

     

     

     LA MESSE DU SAINT-ESPRIT 

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    L’ouverture d’un nouveau cycle académique, scolaire et professionnel après la trêve estivale se place traditionnellement sous l’invocation du Saint-Esprit. Pour l’occurrence, c’est donc la missa votiva de Spiritu Sancto qui sera célébrée, suivant le missel de 1962, à l’église du Saint-Sacrement le samedi 25 septembre 2010 à 17 heures.

    Le propre de la messe et le kyriale cunctipotens genitor Deus seront chantés, en grégorien et en organum, par la Schola du Saint-Sacrement, avec le concours d’Erna Verlinden (soprano) et Patricia Moulan (alto).

    L’Ensemble polyphonique Praeludium, placé sous la direction de Patrick Wilwerth, interprétera aussi des motets de deux compositeurs liégeois : Pierre Bonhomme (1555-1617), qui fut chanoine à la collégiale Sainte-Croix, et Henry Du Mont (1610-1684), qui devint maître de chapelle de Louis XIV à Versailles.

    Erna Verlinden est professeur de l’Académie de chant grégorien à Bruxelles. Elle a étudié le plain-chant au Centrum Gregoriaans de l’abbaye de Drongen (près de Gand) et sous la direction de Frans Mariman (chef du chœur grégorien de Leuven).

    Les membres de l’Ensemble vocal Praeludium sont, pour la plupart, issus des académies de musique de la région liégeoise. Cette phalange, fondée en 1994 par Patrick Wilwerth,  se produit régulièrement sous sa direction, tant avec des œuvres de musique ancienne que du répertoire romantique ou contemporain.

    Patrick Wilwerth, organiste, compositeur et professeur au Conservatoire de Verviers, est un disciple d’Hubert Schoonbroodt auquel il succéda aussi à la tête du Chœur universitaire de Liège, après le décès accidentel de son maître en 1992.

     

    Renseignements : tel. 04.344.10.89 ou sursumcorda@skynet.be

     consultez aussi http://cerclegustavethibon.hautetfort.com

     

     

     

  • Ecclesia Mater et Meretrix?

     

    UN RAPPORT QUI FAIT DU BRUIT

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    le pédopsychiatre Adriaenssens

     

    Tout comme la conférence de presse de l’épiscopat le 13 septembre, celle que le professeur Adriaenssens a cru devoir donner le 10 de ce même mois pour présenter le rapport conclusif de la défunte commission « pour le traitement des plaintes pour abus sexuel dans le cadre d’une relation pastorale » n’a eu d’autre effet, jusqu'ici, que de susciter un nouveau déferlement médiatique contre l’Église. Là où aurait du prévaloir une retenue propice à la guérison des cœurs et à la conversion des consciences, on a relancé le concert des imprécations contre l’institution ecclésiale et c’est la psychothérapie du bouc émissaire qui a prévalu. Une victime expiatoire fut vite trouvée : c’est le pape. Benoît XVI n'a-t-il pas eu le malheur de déclarer, le jour de la fête de la nativité de la sainte Vierge Marie le 8 septembre dernier, que face aux abus du clergé la pénitence était plus efficace que les changements de structures ? (1) Il s’est trouvé jusqu’au porte-parole du cardinal Danneels pour le lui reprocher publiquement (2) (3) !

     

    Sans vouloir ajouter du bruit au bruit, des catholiques belges ont adressé, en réplique, à l’un des premiers violons de l’orchestre, le journal La Libre Belgique, le texte que voici :

     

    "En 2002, Jean-Paul II déclarait : « il n’y a pas de place dans la prêtrise ni dans la vie religieuse pour ceux qui font ou feraient du mal aux jeunes gens. »

     Toujours en 2002, les évêques de France déclarent qu'ils ne peuvent rester passifs, ou couvrir des actes délictueux : « les prêtres qui se sont rendus coupables d'actes à caractère pédophile doivent répondre de ces actes devant la justice. »

     En février 2010, le pape convoque les évêques irlandais au Vatican. Benoît XVI déclare que  la pédophilie est un « crime atroce » et un « péché grave qui offense Dieu et blesse la dignité de la personne humaine » et il affirme aussi qu'une préoccupation déplacée pour la réputation de l'Eglise et pour éviter les scandales a eu pour résultat de ne pas appliquer les peines canoniques en vigueur et de ne pas protéger la dignité de chaque personne. Il faut agir avec urgence pour affronter ces facteurs, qui ont eu des conséquences si tragiques pour les vies des victimes et de leurs familles et qui ont assombri la lumière de l'Evangile disait encore le Saint Père.

     Nous, catholiques, avons tous en tête la parole de l’Evangile : «  celui qui scandalisera un seul de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui pendît au cou une meule de moulin et qu'on le jetât au fond de la mer.»

     Nous sommes profondément bouleversés et attristés par ce que nous lisons dans le  rapport de la commission Adriaenssens.

    Dans un même temps, nous voulons aussi nous joindre à l’appel lancé à l’initiative de François Taillandier, Natalia Trouiller, Koz, François Milo, appel signé initialement par 70 intellectuels français, puis par trente mille autres personnes sur Internet : « … au-delà du droit à l’information, légitime et démocratique, nous ne pouvons que constater avec tristesse, … que de nombreux médias … traitent ces affaires avec partialité, méconnaissance ou délectation. De raccourcis en généralisations, le portrait de l’Église qui est fait dans la presse actuellement ne correspond pas à ce que vivent les chrétiens catholiques. »

    Dans cet ordre d’idées, aux USA, le journaliste Tom Hoopes a noté que, dans le premier semestre 2002, les 61 plus grands journaux californiens avaient consacré près de 2000 articles aux cas d'abus sexuels commis dans l'Eglise catholique, la plupart de ceux-ci s'étant produits dans un passé assez éloigné. Dans le même temps, ces journaux ont écrit 4 articles seulement sur les découvertes par le gouvernement fédéral de cas pourtant bien plus nombreux, et plus actuels, d'abus sexuels dans les Public schools.

     L’histoire de la photo trouvée sur le PC du cardinal Danneels est symptomatique de l’atmosphère ambiante.[

     En France, le cardinal André Vingt-Trois déclare en avril 2010 qu'une « trentaine de prêtres et de religieux purgent la peine à laquelle ils ont été condamnés, conformément à la loi ». Il demande que l'opprobre ne soit pas pour autant jeté sur « l'ensemble des vingt mille prêtres et religieux de France »

     Nous regrettons que cet opprobre généralisé touche aujourd’hui l’Eglise de Belgique.

    On oublie les contributions généreuses offertes à l'Eglise et à la société par des générations passées de prêtres dans notre pays. La vindicte populaire (qui abonde dans les forums des journaux) s’en prend à l’ensemble du clergé alors que l’immense majorité des prêtres remplit son sacerdoce avec enthousiasme et dévouement absolu.

     L’Eglise doit se remettre en question ; la société aussi.

     La publication du rapport de la Commission Adriaenssens est un cas d’école de ce que l’historien des religions américain Philip Jenkins appelle moral panic.

    Ce concept explique comment certains problèmes sociaux sont abordés de façon biaisée par des statistiques brutes. Philip Jenkins a mis en évidence le rôle, dans la création de paniques morales, d’entrepreneurs moraux dont l’objectif n’est pas déclaré. Les paniques morales faussent la perception des problèmes et compromettent l’efficacité des mesures qui devraient les résoudre. À une mauvaise analyse (le problème touche essentiellement l’Eglise catholique) on ne pourra apporter qu’une mauvaise solution.

    Jenkins a bien montré comment la question des prêtres pédophiles est peut-être l’exemple le plus typique d’une panique morale. Sont présents en effet les deux éléments caractéristiques : des données réelles au départ et une utilisation incorrecte de ces données par l’action d’ « entrepreneurs moraux » ambigus.

     Nous sommes en train de vivre un procès public à charge contre l’Eglise alors que c’est l’ensemble de la société qui devrait être interrogée.

     Les témoignages du rapport Adriaenssens devraient être étudiés de façon rigoureuse. Il s’agit de données brutes ; à la page 11 du communiqué de presse, le graphique ne correspond pas tout à fait aux chiffres ; dommage aussi que pour 245 cas, on ne connaisse pas l’âge des victimes et pour certaines pas même le sexe. Il faut aussi réfléchir à la valeur juridique de témoignages envoyés par e-mail avec des informations brutes. Quoi qu’il en soit ce rapport devra être le point de départ des travaux à venir.

    Il nous semble aujourd’hui impératif de savoir si le nombre de cas de pédophilie est plus nombreux parmi les prêtres et les religieux catholiques que dans les autres catégories de personnes.

    Pour Jenkins, aux USA, le nombre de pédophiles est plus élevé parmi les membres du clergé protestant que chez les prêtres catholiques. Le problème n’est donc pas le célibat : la majorité des pasteurs protestants sont mariés. Sur une même période où une centaine de prêtres américains étaient condamnés pour abus sexuel sur des enfants, le nombre de professeurs d’éducation physique et d’entraîneurs d’équipes sportives – eux aussi en grande majorité mariés – reconnus coupables du même crime par les tribunaux américains avoisinait les 6000.

    Notons enfin avec le sociologue Massimo Introvigne qu’il y a également eu aux USA de nombreux cas retentissants de prêtres accusés qui étaient innocents. Ces cas se sont en effet multipliés depuis 1990, alors que certains cabinets d’avocats ont compris qu’ils pouvaient arracher des millions sur la base de simples soupçons. La présomption d’innocence doit encore exister. Soyons prudents. 

    Le principal reproche que l’on fait à l’Eglise est d’avoir fait prévaloir la loi du silence. Cette loi du silence existait aussi dans la société.

    Que l’on fasse une commission d’enquête parlementaire sur la maltraitance des enfants au sein de l’Eglise mais aussi dans l’ensemble de la société puisque 90% des cas d’abus se passent au sein des familles. 

    L’Eglise a récemment, bon gré ou mal gré, pris conscience d’un mal qui la rongeait. Que la société en fasse autant. L'acharnement médiatique qui frappe si durement l'Eglise ne doit plus servir à cacher la triste réalité :  cette prise de conscience, elle doit maintenant devenir un exemple pour toute la société, que ce même mal touche tout autant et peut-être plus encore."

    Texte publié dans "La Libre Belgique" du 14.09.10, sous la signature de: Luc Balleux, avocat; Jean Baudry, avocat; Chantal Leroy; Anne-Michèle Perini; Jean-Paul Schyns, ancien assistant à la Faculté de Droit de l'université de Liège; Ludovic Werpin, conseiller pédagogique; Thibaut Werpin; Dimitri Wiame, catholiques belges.

     

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    (1) Lors de l’audience générale du  mercredi 8 septembre, Benoît XVI a précisé, à travers la personnalité de sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), sa vision personnelle du renouvellement de l’Église :

    « De manière particulière, Hildegarde s’opposa au mouvement des cathares allemands. Ces derniers – à la lettre cathares signifie « purs » – prônaient une réforme radicale de l’Eglise, en particulier pour combattre les abus du clergé. Elle leur reprocha sévèrement de vouloir renverser la nature même de l’Église, en leur rappelant qu’un véritable renouvellement de la communauté ecclésiale ne s’obtient pas tant avec le changement des structures, qu’avec un esprit de pénitence sincère et un chemin actif de conversion. Il s’agit là d’un message que nous ne devrions jamais oublier. »

    Tout est dit :  " arrêtez la révolution permanente, retournez à la pénitence et au pardon " .

    (2) Trois évêques flamands, dont deux récemment nommés par Benoît XVI lui-même, NN.SS. De Kesel (Bruges), Bonny (Anvers) et Hoogmartens (Hasselt) ont saisi la balle au bond pour solliciter la réouverture du débat sur la règle du célibat sacerdotal obligatoire dans l'Eglise latine, suivis, à bonne distance il est vrai, par Mgr Jousten (Liège) et l'éphémère porte-parole de la conférence épiscopale, M. Jürgen Mettepeningen.

     Dans une interview à la radio flamande VRT, reprenant une antienne déjà bien connue, Mgr De Kesel a déclaré: "Je pense que l'Eglise doit se poser la question de savoir s'il convient de conserver le caractère obligatoire du célibat" et, poursuivant sur sa lancée: " on pourrait dire qu'il y a des prêtres célibataires mais que des personnes pour lesquelles le célibat est humainement impossible à respecter devraient aussi avoir la chance de devenir prêtre" pour conclure: " la discussion sur le célibat [des prêtres] pourrait avoir une suite bien plus rapide que celle sur l'accès des femmes à la prêtrise". 

    Cette réflexion en vaut une autre: 1°) l'accès au sacerdoce n'est pas un droit de l'homme (ou de la femme) qu'il conviendrait de reconnaître: c'est l'Eglise qui appelle à la lumière de la Parole évangélique; 2°) il n'est pas démontré qu'une corrélation puisse être établie entre la pédophilie et le célibat sacerdotal; 3°) il est un fait que trop fréquemment aujourd'hui (comme à d'autres époques de l'histoire: XIIe siècle ou XVIe siècle) la règle du célibat sacerdotal est mal vécue: est-ce une raison suffisante pour l'abandonner ou, au contraire, l'approfondir et la renforcer? C'est précisément pour lutter contre la dissolution des moeurs ecclésiastiques et protéger l'antique obligation de continence imposée au clergé qu'elle fut codifiée par le 1er concile de Latran (1123).

    (3) Cerise sur le gâteau: dans une interview publiée le 2 octobre par le journal "De Morgen", le professeur Adriaenssens estime que le pape Benoît XVI aurait du démissionner, comme l'avait fait le ministre belge de la Justice, Stefaan De Clerk, lors de l'évasion de Marc Dutroux en 1998. Etrange comparaison. Pour mémoire, l'actuel ministre de la Justice s'appelle...Stefaan De Clerk.