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Témoins - Page 6

  • Monseigneur Léonard à l’Université de Liège le 28 janvier 2015 : Synode sur la famille. Echos et perpectives

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    Madame, Monsieur, Chers amis,

    Vous êtes cordialement invités à prendre part au cycle de lunch-débats 2015 organisé à l’Université de Liège sur le thème « La famille : solution ou problème ? », par le Groupe de réflexion sur l’éthique sociale et le Cercle interfacultaire de l’Union des étudiants catholiques de Liège, avec le concours du Forum de conférences Calpurnia.

    Cette année, nous nous posons la question de savoir si les liens familiaux constituent un problème pour la société actuelle caractérisée par une culture relativiste qui porte aux extrêmes l’individualisme totalitaire du moi ou si c’est justement la famille la solution à la crise culturelle de notre société. Nous recherchons cette solution dans la révélation que Dieu a donnée de la famille et que notre monde a un urgent besoin de connaître. Ci-joint, veuillez trouver le programme du nouveau cycle.

    Comme premier conférencier, nous avons le privilège de recevoir, Monseigneur André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles, membre du synode extraordinaire des évêques sur la famille. Cette première rencontre aura lieu le mercredi 28 janvier 2015 dans les conditions indiquées ci-dessous et aura comme thème :

    Synode sur la famille : échos et perspective

    « Un des enjeux principaux du synode est de tenir ensemble amour et vérité, avoir une proximité pastorale et en même temps une rectitude et une fidélité sur le plan doctrinal. Tous les pères synodaux veulent cela, avec des dièses ou des bémols. Je crois que l’unité se fera » (Monseigneur Léonard, in « Famille Chrétienne », 17.10.2014) 

    Leonard.jpgPAR Monseigneur André-Joseph Léonard
    Archevêque de Malines-Bruxelles, Membre du synode extraordinaire des évêques sur la famille.

    PROGRAMME
    Apéritif à 18h00
    Exposé suivi du lunch-débat de 18h15 à 20h30

    La rencontre se tient à la salle des professeurs dans le bâtiment du Rectorat de l’Université de Liège, place du XX août, 7, 1er étage (accès par la grande entrée : parcours fléché).

    Participation aux frais : 10 € (à régler sur place); 2 € pour les étudiants
    Inscription nécessaire trois jours ouvrables à l’avance (23 janvier 2015) :
    soit par téléphone : 04 344 10 89
    soit par email : info@ethiquesociale.org
    soit sur notre nouveau site internet :www.ethiquesociale.org

     

    Union des étudiants catholiques de Liège - Jean-Paul Schyns - Quai Churchill, 42 - 4020 Liège - Tel. 04.344.10.89  - jpschyns@skynet.be

    Groupe de réflexion sur l’éthique sociale - Elio Finetti - Quai Orban, 34 - 4020 Liège -  Tel. 0475 83 61 61 -finetti@ethiquesociale.org

    Calpurnia - Forum de conférences, débats - Philippe Deitz - Rue Henri Maus, 92 - 4000 Liège - Tel. 04.253. 25.15 -calpurnia.musee@gmail.com

     

  • Noël 2014: De l’archevêque de Malines-Bruxelles à la messe de minuit

    TEMOINS

     

    media_xll_6392425.jpg2014, peut-être le dernier Noël de Mgr Léonard comme archevêque de Malines-Bruxelles : la cathédrale des saints Michel et Gudule était archi-comble. Voici son message :

    « Il se passe toujours d’étonnantes merveilles la nuit et le jour de Noël. En lisant les chroniques de la Grande Guerre, j’ai lu, comme vous, comment, un soir de Noël, par-dessus les tranchées qui les séparaient, des combattants anglais et allemands ont alterné des chants de Noël et en sont venus à fraterniser entre eux. Car, ce soir-là, ils n’étaient plus des belligérants, mais des frères en humanité et, souvent, dans la même foi chrétienne. Le lendemain, hélas, les « ordres » reçus d’en-haut leur imposaient à nouveau de se tirer dessus au nom d’intérêts dits supérieurs. 

    Mais, pour quelques heures, ce fut un moment d’intense humanité au milieu d’un océan de barbarie collective. Pour un instant s’était vérifiée la prophétie d’Isaïe entendue à la messe de minuit : « Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés ! » (Is 9, 4).  Et cela simplement parce que « Oui ! Un enfant nous est né, un fils nous été donné ! » (Is9, 5). Tout nouveau-né soutire de ses parents des merveilles de générosité et de tendresse. Ah ! Les trésors d’amour et de patience qu’un nourrisson peut susciter même au milieu des bombes et de la violence !

     Il en va de même quand l’amour de Dieu fait homme est déposé dans une mangeoire pour animaux dans la nuit du premier Noël. Que de cœurs s’attendrissent devant une crèche ! Certes, beaucoup fêtent « Noël », c’est-à-dire la « naissance » de Jésus, sans même lui souhaiter « bon anniversaire » et sans même penser à le rejoindre dans l’Eucharistie et la communion, alors que, dans sa « mangeoire », l’Enfant-Jésus leur dit déjà, sans paroles : « Prenez et mangez, ceci est mon corps qui est livré pour toi ».

    Mais beaucoup se laissent attirer. Mes confrères et moi avons été impressionnés de constater qu’en plein milieu des « plaisirs d’hiver » (Winterpret) à Bruxelles, des milliers de personnes entrent dans l’église Sainte-Catherine sur le Vismet, pour regarder, visiter, mais aussi allumer un cierge, prier un instant devant le Saint-Sacrement, et même se confesser. Et cela se passe en bien d’autres lieux encore.

    Oui ! Ce n’est pas pour rien qu’en ce jour « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tite 2, 11). Quand le Verbe éternel de Dieu se fait chair dans le temps et vient habiter parmi nous, plein de grâce et de vérité (cf. Jn 1, 14), cela touche le cœur humain et suscite des sursauts d’amour et d’oubli de soi. Je pense aux équipes qui, en ce jour, sillonnent les rues des grandes villes pour y offrir accueil, chaleur et douceurs de Noël aux personnes sans abri.  Je pense à la détenue qui, lors de mon premier Noël en prison, à Namur, m’a confié : « Moi aussi, je suis née à nouveau, en prison. Je suis entrée ici en odieuse criminelle. Mais, grâce à des visiteurs de prison, j’ai rencontré Jésus. Et, même si je dois demeurer enfermée ici jusqu’à la fin de ma vie – et je le mérite – je suis désormais une femme libre. Jésus m’a permis de renaître en prison ». Je garde aussi le souvenir ému d’un Noël à la prison d’Ittre. Au moment de la prière universelle, un détenu s’est exprimé ainsi : « Je devrais être heureux aujourd’hui. C’est le soir de Noël et demain je verrai ma famille. Mais je ne peux pas être pleinement heureux. Je pense aux gens qui, à Bruxelles, vont dormir dans la rue, sur un carton, dans le froid. Moi, je loge dans une cellule chauffée et je dispose d’un lit. Seigneur, je te prie de veiller sur eux ». Quelle splendide prière de Noël !

    Et, à titre tout à fait personnel, je te remercie, Jésus, pour ce jour de Noël 1946. J’avais 6 ans et demi. Ce fut ma toute première communion. Après la messe, au pied de la crèche, tu as obtenu de moi ce mot d’enfant, devenu ensuite l’idéal et la réalité de toute ma vie d’homme : « Jésus, pour toi je serai prêtre ! ». Merci, Seigneur, pour tout ce que tu obtiens de notre cœur à chacun. De mes frères détenus. Et même de moi, aussi. Surtout en ce jour de Noël !

    + ANDRÉ-JOSEPH LÉONARD,

  • Une Reine rentre à la maison

    Mieux que les communiqués convenus des autorités civiles et religieuses, ce petit mot du chanoine Eric de Beukelaer, Curé-Doyen de Liège (rive gauche), dit les choses avec a-propos et sobriété sur son « minisite » :

    koningin-fabiola-en-pieter-de-crem-met-de-dood-bedreigd-id1873999-1000x800-n.jpg« Même si elle gardait un sourire chaleureux et ce sens de l’humour à toute épreuve – rappelons-nous la pomme qu’elle sortit de son sac en plein défilé de la fête nationale, pour défier la menace d’un attentat à l’arbalète  – la reine Fabiola vivait un exil intime depuis la mort de son cher Baudouin. Elle était le double solaire de ce timide, qui fut bien plus qu’un Roi pour son peuple . C’est à travers son cœur et ses yeux qu’elle avait épousé la Belgique. Depuis, si Fabiola poursuivait son œuvre – c’était dans l’ombre omniprésente du royal disparu.

    Ce soir, une Reine rentre à la maison. La maison du Père pour cette chrétienne fervente. Mais aussi la maison du cœur pour cette veuve qui n’avait jamais cessé d’aimer sa moitié invisible. Je me rappelle une visite à la crypte royale. Sur la tombe du roi Baudouin, une petite couronne de roses. Avec cette simple mention : « A l’homme de mon cœur ».

    Ref. Une Reine rentre à la maison

  • « Moyen orient et persécution religieuse » : plus que deux jours pour s’inscrire au lunch débat à l’ULg

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    Pour rappel, ce lunch débat avec Vanessa Matz et Pierre Piccinin da Prata, c'est le lundi 24 novembre à 18h, à l’Université de  Liège (Salle des professeurs, Bâtiment du Rectorat, Place du XX aout, 7, 1er étage) . Il faut s’inscrire le 20 novembre au plus tard : tel. 04.344.10.89 ou en ligne sur le site  http://www.ethiquesociale.org/

     

    De l'humanisme à la famille232.jpg

  • Le Père Zanotti-Sorkine répond aux questions de La Libre

    Témoins

    Interview du Père Zanotti-Sorkine

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    Par Dorian de Meeûs

     

    Sur le site de la Libre.be :

    Il y a dix ans à Marseille, en haut de La Canebière, l’église Saint Vincent de Paul, dite "des Réformés", était menacée de fermeture, car très peu fréquentée. L’évêque tente une dernière chance et en confie la charge au père Michel-Marie Zanotti-Sorkine (55 ans). Rapidement, dans ce quartier où les catholiques sont minoritaires, l’église est archi-pleine tous les dimanches. Plus de 1.000 baptêmes seront célébrés en dix ans dont 262 baptêmes d’adultes au cours des fêtes pascales. Depuis plusieurs semaines, trois prêtres de la Fraternité des Saints Apôtres – inspirée par le Père Zanotti-Sorkine - sont installés à l’Eglise Sainte-Catherine de Bruxelles.

    Entretien avec un prêtre médiatisé, voire encombrant pour certains...

    Vous êtes un ancien chanteur de cabaret. Comment s’est faite cette transition ?

    Tout naturellement. Je portais en moi depuis l'enfance le désir de la prêtrise, mais avec la volonté de rejoindre ceux qui étaient éloignés de la foi. Pendant une dizaine d'années, j'ai chanté tous les soirs de cabarets en pianos-bars la poésie française, j'ai vu les amours se faire et se défaire, la misère morale mais aussi la beauté intrinsèque de l'homme cachée dans des lieux d'enfer. Ce furent des années magnifiques où le Christ m'apprit que chaque être, quels que soient ses choix, son histoire, ses déviances, reste son enfant et continue mystérieusement d'être habité par son amour.

    Pourquoi avez-vous abandonné l’ordre des Dominicains, puis celui des Franciscains ?

    Je n'ai rien à reprocher à ces deux familles religieuses. Je les ai quittées pour des raisons diverses. Permettez-moi de penser qu'il me fallait en partir. Personne ne maitrise le cours de sa propre existence. Sans doute était-ce nécessaire que j'exprime d'une manière plus personnelle ce que je portais en moi d'idéal apostolique. Quelle est votre recette pour attirer les fidèles à la messe ? Les églises se rempliront si elles ouvrent leurs portes douze heures par jour, afin que l'on y perçoive avec ses sens la présence du Christ et de sa mère, que le silence y soit respecté pour permettre à l'âme de rejoindre l'amour qui est Dieu, que la liturgie eucharistique ne soit ni plate ni insipide ni bavarde, qu'elle soit célébrée sans pompe excessive mais avec soin et beauté. Il faut que le prêtre soit présent dans son église plusieurs heures par jour, qu'il n'ait rien du fonctionnaire, qu'il reçoive sans rendez-vous, qu'il parcoure les rues de son quartier et de la ville, parlant avec les uns et les autres…

    Et en soutane, comme vous ?

    Si possible en soutane ou en clergyman pour donner une chance à ceux qui ne pratiquent pas de voir un prêtre, de le reconnaître et de lui parler. Le prêtre ne doit pas être un homme de structure, de plans, dans lesquels les personnes se doivent absolument d'entrer, que l'on sente en lui qu'il n'est qu'un intendant des mystères de Dieu, un gérant et non le propriétaire des richesses divines.

    Malgré votre succès pastoral et en librairie, vous êtes fortement critiqué au sein de l’Eglise. Jugé encombrant et trop médiatique, comment percevez-vous ces critiques ?

    Ces critiques viennent en effet de l'intérieur de l'Eglise et dans la plupart des cas, de personnes qui ne m'ont jamais rencontré et qui fondent leur jugement sur leur propre sensibilité religieuse ou à partir de "on-dit". Comment voulez-vous alors que je les considère ? Je les laisse courir. Ce qui m'intéresse, c'est la foule des petits et des humbles qui ont besoin de Dieu et qui eux ne vous jugent pas parce qu'ils ne sont jamais idéologiques.

    Votre site internet est très impressionnant. Vous comprenez que vos détracteurs dénoncent ce côté bling-bling ?

    Très franchement, je n'ai pas l'impression que mon site soit bling-bling ! Il contient tout au plus des centaines d'homélies et quelque articles de presse... mais dites-moi, puisque nous en sommes à cette question, le prêtre doit-il rester dans son coin, effacé, couleur gris muraille, loin de la modernité, adepte du minima dans tout ce qu'il propose ? Je ne le crois pas. Nous sommes les représentants d'un Christ solaire et rayonnant qui, avant de monter sur la croix, a été suivi par des milliers de personnes à qui il a adressé sa parole de feu ! Et nous devons l'imiter... avant l'incontournable croix !

    Il est de notoriété publique que vos relations avec votre archevêque, Mgr Pontier, étaient mauvaises. Est-ce là la raison de votre départ de Marseille ?

    Rien de plus faux. Mes relations avec Mgr Pontier sont excellentes. Je dois notamment à Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef au journal de La Croix, d'avoir insinué dans un de ses articles que je n’obéissais pas à mon évêque ! Cette dame que j’entends cependant respecter, elle non plus, ne m'a jamais rencontré ! Je constate encore que c'est de "l'intérieur" que le mal s'accomplit et se répand, et c'est ainsi que les chrétiens se divisent et que l'évangélisation piétine. Mais là encore, je passe sous les aboiements qui ne gênent en rien l'œuvre de Dieu…

    Même en Belgique, l’ordination des 3 prêtres qui suivent votre courant est perçue par certains comme une mauvaise nouvelle. Envisagez-vous de venir vous installer en Belgique ?

    Je demande à tous ceux qui formulent des critiques à leur sujet d'avoir la bonté d'aller les rencontrer et de se rendre compte de ce qu'ils sont, et de ce qu'ils font. De passage à Bruxelles pour une journée la semaine dernière, je suis allé les visiter, et j'ai été émerveillé de voir à quel point ils étaient déjà insérés dans le tissu social de leur quartier et combien les commerçants les apprécient et les entourent d'une grande gentillesse. Par pitié, arrêtons de critiquer, de détruire, de juger gravement des personnes qui ont donné leur vie au Christ ! La Belgique est-elle si riche en vocations pour ne pas se réjouir de l'arrivée de ces jeunes frères qui ont pour idéal de vie de rejoindre ceux qui se sont éloignés, ceux qui, bien que baptisés, ne pratiquent plus ? Un prêtre de plus dans une ville, ça vaut de l'or ! Alors plusieurs, quel don ! Réjouissons-nous ! Et surtout ne jugeons pas sur l'apparence, sur leur soutane, sur leur liturgie qui n'est rien d'autre que catholique ! L’amour de la différence si souvent prôné par les uns et les autres doit aussi se manifester au sein même de l'église où toutes les sensibilités sont les bienvenues.

    A vos yeux, un prêtre doit-il aujourd’hui être médiatique et visible, à l’instar des évangélistes américains ?

    Uniquement ceux qui doivent l'être. Le but n'est pas d'être médiatique mais de travailler ardemment jusqu'à susciter l’intérêt du grand nombre et son questionnement. "Allez de toutes les nations, faites des disciples !" Quant à être visible, c'est vital ! Un prêtre doit être reconnaissable. Le dernier des athées doit pouvoir lui cracher dessus ou lui parler. Il n'est pas l'homme d'un sérail, de sa petite chapelle, fut-elle ardente et sympathique.

    Vous dénoncez les artistes qui s’attaquent au Christ et vous appelez les chrétiens à s’indigner face à cela. Les religions ne doivent-elles pas accepter les critiques, comme elles dénoncent parfois elles-mêmes certains comportements humains ou évolutions sociétales ?

    Vous faites sans doute allusion au spectacle de Monsieur Castellucci qui eut lieu à Paris au Châtelet il y a quelques années et où l'un des protagonistes jetait des excréments sur le visage du Christ ! Tout en sauvegardant une saine liberté d'expression, je ne crois pas qu'il soit bon de rire de tout ou encore de porter atteinte à certaines réalités qui, pour des êtres, sont sacrées. Et il est bon que de temps en temps, instinctivement, le sang monte au visage face à l'insulte. A l'heure la plus tragique de l’expansion du SIDA dans les années 80, je me souviens qu'un mot d'ordre avait été donné : il était alors interdit de se moquer de ce fléau et des personnes atteintes. Je partage ce point de vue. Il y a des réalités intouchables : la souffrance des êtres, et les croyances les plus sacrées. Quant aux artistes, qu'ils écoutent encore ce que François Mauriac disaient d'eux : « l'artiste est celui qui sauve le monde de la douleur en lui donnant les formes les plus belles de l’amour. »

    Le pape François appelle les prêtres à éviter de faire "comme on a toujours fait", c’est pourtant ce que vous faites en restant très traditionnaliste, non ?

    Pourquoi me rangez-vous dans une catégorie ? Je suis un homme et un ami du Christ et cela suffit. Depuis deux mille ans, les prêtres célèbrent l'eucharistie et accordent le pardon de Dieu, depuis deux mille ans, ils cherchent à aimer avec démesure tous les êtres qu'ils rencontrent, à commencer par les plus abjects, depuis deux mille ans, ils tiennent à ne juger personne, depuis deux mille ans, ils cherchent des voies nouvelles pour annoncer l'évangile, et à ce sujet, je fais ce que je peux avec mes livres et mes chansons. Le drame c'est que si vous sortez des sentiers battus comme je le fais là, on vous accuse de mettre le système en péril, de sortir de l'institution, de ne plus faire corps avec l'establishment, d'exprimer librement ce que vous portez en vous. Et si vous êtes complètement « dedans », on vous accuse d'être ringard ! Il faudrait tout de même se mettre d'accord ! Et par rapport au pape ? Je reçois la pensée du pape comme une invitation à sortir de nos plans pastoraux souvent dépassés. Regardez par exemple, pour le baptême : tout le monde est obligé de faire deux à trois ans de préparation pour le recevoir, alors qu'il faudrait faire du sur-mesure, en tenant compte de ce que sont les personnes ! Nous absolutisons les moyens. Sur ce point, le pape François, lorsqu'il était archevêque de Buenos Aires, avait réglé la question en simplifiant au maximum la procédure ! En ce sens, il faut entrer dans des perspectives nouvelles et abandonner nos systèmes étroits et caducs.

    Quelles sont vos relations avec les musulmans ? Est-ce vrai que vous avez baptisé des musulmans ?

    J'ai trouvé chez mes frères musulmans que je croisais tous les jours dans les cafés et dans la rue une gentillesse et un accueil que je n'ai pas toujours trouvés dans le monde chrétien. Ils m'ont toujours respecté et considéré comme un serviteur de Dieu. L’amitié était au rendez-vous. Et, en effet, j'ai baptisé plusieurs d'entre eux tout simplement parce qu'ils désiraient être immergés dans sa grâce !

    Entretien : Dorian de Meeûs"

  • « La vérité sans la charité peut parfois tuer, la charité sans la vérité conduit à l’erreur ».

    Témoins

    Interview de Monseigneur Léonard

     

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    à propos du Synode "extraordinaire" sur la famille :

     

    De Marie Malzac (I.MEDIA) et Antoine Pasquier sur le site de Famille Chrétienne :

    Mgr Léonard : « Les pères synodaux veulent tenir proximité pastorale et rectitude doctrinale »

    Au terme des travaux du Synode des évêques sur la famille en petits groupes linguistiques, Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles (Belgique), rappelle que « tout l’art de la pastorale » est de « relier » charité et vérité.

    Comment se sont déroulés les travaux en petits groupes ?

    Dans mon groupe, tout s’est passé très fraternellement, même lorsque il y avait des désaccords sur l’un ou l’autre point, cela se réglait à l’amiable. Je rédigeais les propositions d’amendements ; si quelque chose ne plaisait pas, je modifiais, en tenant compte de l’avis de chacun, sur le modèle du compromis « à la belge ». Cela s’est donc bien passé, mais je mets quand même un petit bémol, car l’actualité nous a contraints à accorder plus de temps que nous ne l’eussions souhaité à certains thèmes, relevés avec insistance dans la presse, alors que nous aurions préféré développer positivement d’autres choses et faire des amendements sur d’autres chapitres. Le temps étant extrêmement limité, il a fallu se concentrer sur les sujets qui fâchent à la suite de la diffusion tout à fait normale et légitime du document intermédiaire. C’est un instrument de travail et certaines expressions donnaient lieu à des interprétations qui n’étaient pas approuvées par la majorité des pères synodaux.

    Pas de changement de doctrine, mais quelle évolution de l’enseignement pastoral de l’Église ?

    Il faut insister sur l’accompagnement. Sur la question de l’accès aux sacrements des couples divorcés remariés, il ne faut pas les laisser sur un slogan « Interdit de communier » mais les aider à comprendre l’importance, par exemple, de la communion spirituelle. La grâce va au-delà de la communion sacramentelle. Le Seigneur serait-il prisonnier de ses sacrements ? De manière générale, beaucoup sont attachés à la discipline en vigueur dans l’Église mais souhaitent des interprétations de la doctrine dans le sens d’une vision plus positive. On peut vivre la discipline actuelle, étroitement liée aux aspects doctrinaux, de façon beaucoup plus chaleureuse qu’un simple « niet ». La miséricorde de Dieu ne peut pas justifier tous les états de vie comme s’ils étaient équivalents, mais elle rejoint chacun.



    Pensez-vous que le synode se soit trop focalisé sur certains sujets au détriment d’autres ?

    La place prise par certains sujets a été démesurée. D’autres questions auraient dû être traitées prioritairement. Quelques-unes l’ont été dans les cercles mineurs. Ainsi, certains ont proposé une lecture plus positive d’Humanae vitae, non pas pour en diminuer l’impact mais pour mieux faire comprendre cette encyclique. Nous voyons, cinquante ans après sa publication par Paul VI, comment la déconnexion entre procréation et sexualité est pleine de risques. Le cœur de l’encyclique ne formule pas d’abord un interdit, mais rappelle le lien entre l’union spirituelle et charnelle des époux et l’ouverture au don de la vie. Mais on aurait également pu s’attarder davantage sur la nécessité du développement de la préparation au mariage. Beaucoup s’engagent avec une conscience très faible de ce que cela signifie. L’Église porte en cela une grande responsabilité. Un autre point important, c’est le « service après-vente », c’est-à-dire l’accompagnement des époux après le mariage.

    Le lien entre charité et vérité a été une des questions soulevées par le synode. La charité découle-t-elle de la vérité ou devance-t-elle la vérité ?

    Je privilégierais la seconde attitude. On ne peut pas arriver vers les personnes en commençant par leur exposer ce que dit l’Église. Il faut d’abord être proche. Même dans nos rapports quotidiens, nous ne pouvons dire une vérité difficile à une autre personne que si un climat pour la rencontre a été instauré. Pastoralement, c’est aussi comme cela qu’il faut procéder. Rencontrer les gens, leur donner des occasions de dialogue, d’écoute mutuelle puis, ensuite, leur dire les choses exigeantes. La vérité sans la charité peut parfois tuer, la charité sans la vérité conduit à l’erreur. Tout l’art de la pastorale est de relier les deux. Mais s’il faut donner un ordre de priorité dans la démarche, je pense qu’il convient de commencer par la charité qui ouvre le cœur pour semer dans ce cœur une parole, même très exigeante.

    Des catholiques fidèles à l’enseignement de l’Église sont inquiets de l’issue de ce synode. Ils craignent qu’une brèche soit ouverte. Que leur diriez-vous ?

    Je ne crains pas trop cela. En fréquentant les quelque deux cent confrères du synode, je suis frappé par le bon sens, la piété et la solidité dans leur foi. Je ne pense pas que l’on s’achemine vers des dérives. Le sensus fidei va prévaloir. En Occident, les évêques ont très peur de décourager les personnes en manquant d’ouverture. Dans d’autres épiscopats, comme en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, on affirme au contraire que c’est rendre service aux fidèles que de tenir un langage clair. Un des enjeux principaux du synode est de tenir ensemble amour et vérité, avoir une proximité pastorale et en même temps une rectitude et une fidélité sur le plan doctrinal. Tous les pères synodaux veulent cela, avec des dièses ou des bémols. Je crois que l’unité se fera.

    Marie Malzac (I.MEDIA) et Antoine Pasquier