Célébrant : Abbé M.-A Dor, Recteur
Chants grégoriens (L. Schyns, G. Lahaye) : propre de la messe «Viri galilaei», Kyriale de la messe I (Xe s.), credo I (XIe s.), antienne mariale « Regina Caeli » (XIIe s.)
Orgue : Patrick Wilwerth
La solennité liturgique de l’Ascension :
Moins antique que celle de la Pentecôte, cette célébration est toutefois parmi les plus anciennes du cycle : bien qu’on ne la trouve pas dans les témoignages documentaires antérieurs à l’historien Eusèbe de Césarée (265-339) la fête de l'ascension était pourtant déjà si universelle que saint Augustin put en attribuer la première institution aux apôtres eux-mêmes.
La liturgie, dans l’introït, avec une mélodie qui est parmi les plus belles du recueil grégorien, nous répète les paroles des Anges aux Apôtres : « O Galiléens, que regardez-vous dans le ciel ? Ce Jésus qui y est allé sous vos yeux reviendra dans la même majesté ». Ita veniet : voilà notre consolation dans les douleurs et l’isolement de la vie. Jésus s’est éloigné, mais il reviendra certainement. Cette attente de Jésus doit déterminer, pour ainsi dire, tout le rythme de notre vie intérieure, le cœur palpitant et les yeux de la foi fixés là-haut vers le ciel.
La lecture est tirée des Actes des Apôtres (I, 1-11) ; c’est le récit de l’Ascension. Jésus s’élève au ciel du mont des Oliviers, où précisément il avait commencé la Passion, et par là il nous enseigne que la Croix est l’unique moyen d’arriver au paradis. Il promet aux Apôtres l’Esprit Saint, seulement après son entrée triomphale dans son royaume, parce qu’il convenait que la plénitude de la gloire se répandît du Chef dans les membres. Avant de se dérober à leurs regards, Jésus bénit les Apôtres, pour les assurer de sa continuelle assistance, intime et invisible, dans le secret du cœur. C’est là que Jésus, par l’opération du Saint-Esprit, établit le temple où il vient résider avec son Divin Père.
Suit le premier verset alléluiatique, tiré du psaume 46 : Dieu s’est élevé dans la jubilation et au son des trompettes des milices angéliques, qui l’acclament leur chef et sauveur, et lui rendent grâces parce qu’au moyen de la rédemption des hommes il comble dans leurs rangs les vides autrefois laissés par les Anges apostats. Le second verset, précédant l’Évangile, provient du psaume 67 : Dieu qui se montra sur le Sinaï s’élève maintenant et entraîne avec lui esclave l’esclavage lui-même, c’est-à-dire qu’il triomphe du péché et du démon dont il foule aux pieds la puissance qu’il tient enchaînée. Le chrétien ne doit donc pas craindre Satan. Il est comme un chien attaché, qui ne peut mordre que ceux qui s’approchent imprudemment de lui.
La lecture évangélique avec le récit de l’Ascension est tirée de saint Marc (XVI, 14-20), lequel, dans un unique tableau, recueille toute l’histoire des quarante jours passés par Jésus ressuscité avec ses Apôtres, et aussi l’histoire ultérieure de l’Église. Les disciples reçoivent la puissance d’opérer des miracles, pour confirmer la divinité de leur mission, et ils vont prêcher sur tous les points de la terre. Du haut du ciel, Jésus donne l’efficacité à leur parole, et ainsi l’Église, à l’image du Divin Maître dont elle continue l’œuvre bienfaisante, passe à travers le monde : pertransiit benefaciendo et sanando. À la fin de l’ Évangile, on éteint le cierge pascal : il était l’image du Christ ressuscité, « Lumière du monde », mais, après l’Ascension, les chrétiens ont mission de prolonger la présence et l’action du Christ sur la terre.
L’antienne de l’offertoire provient du psaume 46 : « Dieu monte au ciel au milieu de la jubilation des anges qui soufflent dans les trompettes. » Le jour de l’incarnation, ils annonçaient la gloire seulement au ciel : Gloria in excelsis Deo ; sur la terre, tandis que le Sauveur s’humiliait, le don le plus à propos était celui de la paix entre Dieu et les hommes : et in terra pax hominibus bonae voluntatis. Mais aujourd’hui qu’est accomplie la magnifique rédemption, la gloire du ciel se reflète aussi sur la terre. La barrière de division ayant été ôtée, des deux familles, angélique et humaine, il ne s’en fait plus qu’une : le Chef est glorieux au ciel et les membres travaillent dans le monde, ainsi l’Église milite ici-bas, mais, dans la personne de son Chef, elle a déjà commencé la vie glorieuse du Paradis.
L’antienne pour la Communion est tirée du psaume 67 : « Chantez des hymnes au Seigneur qui, du côté de l’Orient, monte au plus haut des cieux. » Le plus haut des cieux signifie ici le trône même de la divinité, qu’aujourd’hui va occuper la sainte humanité de Jésus.
Il s’élève du côté de l’Orient, parce que toutes les œuvres de Dieu sont resplendissantes, lumineuses, sans que l’Église ait jamais eu, comme les théosophes modernes, deux doctrines, l’une cachée, réservée aux initiés, et l’autre commune, pour le grand public : Dieu fait ses œuvres à la lumière du soleil. Le Christ meurt sur une colline, en présence de tout un peuple, au grand jour de la Parascève de Jérusalem ; Jésus ressuscite et se fait voir, non seulement aux Apôtres mais aux saintes Femmes et même à cinq cents personnes rassemblées. Aujourd’hui il monte au ciel, mais sur une colline, en présence de onze personnes au moins, sans compter la Bienheureuse Vierge et les membres de sa parenté.
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