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  • Trois fêtes consécutives chantées au St-Sacrement: Christ-Roi, Toussaint, Saint Hubert

    EGLISE DU SAINT-SACREMENT
    Boulevard d’Avroy, 132 à Liège

     

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    DIMANCHE 27 OCTOBRE 2013 À 10 HEURES

    Fête du Christ-Roi

     

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    La Fête du Christ Roi fut  instituée par Pie XI  en 1925 pour attirer l’attention sur le règne messianique  du Seigneur. Cette messe nous montre qu’en s’immolant sur la croix, l’Agneau de Dieu a réuni toutes les nations que le péché avait séparées, en un seul Royaume, une seule Famille, un seul Corps.

     A l’Évangile, le Christ est debout, prisonnier, devant Pilate. Le représentant officiel de l’empereur romain qui règne sur le monde est assis à son tribunal et il pose au Christ cette question : “ Es-tu roi ? ” “ Je le suis. ” La réponse ne pouvait être plus précise, plus claire ni plus vraie. Elle sortait de la bouche de celui qui allait bientôt, en signe de suprême dérision, être couronné d’épines et nanti d’un manteau et d’un sceptre de roi, et qui règne à jamais sur le trône céleste comme Roi du temps et de l’éternité. — La scène que nous venons de rappeler, extraite de l’Évangile de saint Jean, le disciple bien aimé, n’avait été chantée jusqu’ici, au cours de l’année liturgique, que dans la Passion du vendredi-saint. Elle est désormais utilisée comme Évangile dans tout le monde catholique à la grande fête royale de Notre Seigneur Jésus Christ. C’est un point culminant dans la liturgie de cette nouvelle fête solennelle

      Missel de 1962

    Evangile de la royauté spirituelle de Jésus (Jean, 18, 33-37)

    Propre grégorien de la messe « Dignus est Agnus »

    Kyriale IV « Cunctipotens Genitor Deus » (Xe s.), Credo IV (XVe s), Acclamations carolingiennes (VIIIe s.)

     

    VENDREDI 1er NOVEMBRE 2013 À 10 HEURES

    Fête de la Toussaint

     

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    Une fête collective de tous les martyrs, en relation avec le triomphe pascal du Rédempteur, apparaît en Syrie dès le IVe siècle. Les Byzantins la célébraient au contraire le dimanche après la Pentecôte, usage qui fut jadis introduit également à Rome, comme en fait foi le plus ancien Comes publié par D. Morin d’après le célèbre manuscrit de Würzbourg : Dominica in natale Sanctorum. Cette fête transplantée de Byzance sur les rives du Tibre fut toutefois de courte durée. Dans la semaine après la Pentecôte, une ancienne tradition imposait aux Romains le jeûne solennel des Trois-Temps avec la grande veillée dominicale à Saint-Pierre. Il était impossible, après la fatigue de cette nuit, de célébrer encore, dans la matinée, la solennité de tous les Saints. On renonça donc à l’usage byzantin. Cependant la pensée d’une solennité collective de tous les saints, et non pas simplement des martyrs, gagnait de plus en plus de terrain. Au VIIIe siècle, tandis qu’en Orient les Iconoclastes détruisaient images et reliques, et qu’en Italie, en plein Latium, les cimetières des martyrs gisaient dans l’abandon à cause des continuelles incursions des Lombards dans la campagne romaine, Grégoire III érigea à Saint-Pierre un oratoire expiatoire en l’honneur de tous les Saints, Martyrs ou Confesseurs, morts dans le monde entier. Comment Rome en vint-elle à célébrer aux calendes de novembre la fête de tous les Saints, cela n’est rien moins que clair. Ce changement se fit sous Grégoire IV (827-844), et l’action de Louis le Pieux et de l’épiscopat franc n’y fut pas étrangère ; mais il n’est pas absolument prouvé que l’initiative vînt du Pape plutôt que de l’empereur. Plus tard, Sixte IV ajouta une octave à la fête.

    Le jour où l’Église fête ensemble tous les Saints, la lecture évangélique ne peut être autre que celle des Béatitudes (Matth., V, 1-12). Tous y sont compris, et chacun y reçoit une bénédiction particulière. Pour l’obtenir, point n’est besoin d’une naissance illustre, d’une grande fortune, d’une science ou d’une habileté spéciale ; au contraire, celui qui possède le moins en propre obtient davantage du don céleste, et c’est pourquoi la première bénédiction est pour les humbles et les pauvres d’esprit, c’est-à-dire pour ceux qui, en vue d’acquérir le Christ, se sont dépouillés d’eux-mêmes et se sont faits petits, comme l’enfant de l’Évangile donné par Jésus en modèle à ses Disciples. L’introït de la fête, Gaudeamus... sub honore Sanctorum omnium ,est le même qui fut primitivement assigné à la fête de sainte Agathe (5 février) : cette antienne appartient au vieux fonds primitif du chant grégorien

     

    Missel de 1962

    Evangile des Béatitudes (Matth. 5, 1-12)

    Propre grégorien de la messe « Gaudeamus omnes »

    Kyriale IV « Cunctipotens Genitor Deus » (Xe s.), Credo IV (XVe s.)

    Hymne de la Toussaint « Christe Redemptor Omnium » (IXe s.) 

     

     

    DIMANCHE 3 NOVEMBRE 2013 À 10 HEURES

    Fête de saint Hubert, évêque de Liège

     

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    Patron des chasseurs

    Hubert est issu de la haute noblesse franque ; il est même probablement apparenté aux Pépinides et fut contemporain de Pépin de Herstal dont il fut proche.. À la mort de saint Lambert il fut désigné pour lui succéder à la tête du diocèse de Tongres-Maastricht. Il établit sur les lieux de l'assassinat de son prédécesseur (Liège) une institution religieuse (base de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège), et y transféra ses reliques. Ce fait contribua probablement sur ces lieux à la création d'une ville qui devint dans le courant du viiie siècle, le nouveau siège du diocèse de Tongres-Maastricht.. L'époque la plus probable pour ce transfert est celle des 15 premières années du règne de Charlemagne, période où le futur empereur séjournait régulièrement à Herstal, proche de quelques kilomètres du lieu de l'assassinat de saint Lambert.

    Hubert mourut le 30 mai 727 à Tervuren (non loin de Bruxelles) et il fut enseveli à la collégiale Saint-Pierre de Liège. Le 3 novembre 743Floribert, qui lui avait succédé comme évêque de Liège, porta ses reliques devant l’autel. C’est à l’anniversaire de cette cérémonie que fut fixée sa fête.

    Cependant, la dépouille du saint n’est pas destinée à demeurer à Liège. Un siècle après la mort du saint, l’évêque Walcaud décide, en 825, de donner une partie de ses reliques au monastère d’Andage dans les Ardennes, qui prit le nom de Saint-Hubert. C’est dans ce haut lieu de chasse qu’est la forêt des Ardennes que se développa la légende du saint, qui d’évêque fut transformé en jeune seigneur chasseur.

    Missel de 1962

    Evangile de la parabole des talents (Matth., 25, 14-23)

    Propre grégorien de la messe des confesseurs pontifes « Statuit »,  Kyriale IV (Xe siècle), Credo IV (XVe s.)

    Airs de chasse à l’orgue  

    AVEC LE CONCOURS DE LA SCHOLA DU SAINT-SACREMENT

    À L’ORGUE, PATRICK WILWERTH, professeur au Conservatoire de Verviers et Mutien-Omer HOUZIAUX, ancien organiste titulaire de la cathédrale de Liège

    Livrets à votre disposition sur la table au fond de l’église pour suivre la messe 

  • Vient de paraître: Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle 3e trimestre 2013

     

     

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    SOMMAIRE

     Editorial : qu’est-ce qui est essentiel pour la foi ? 

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    L’encyclique « Lumen Fidei » : écrite à quatre mains

    Rio : les remèdes du docteur François

    Rome et la liturgie : sur quel pied danser ?

    Belgique : un nouveau Roi  Philippe, fils spirituel de Baudouin

    Liège accueille Mgr Delville

    Fontgombault : essaimage frontalier

     

    La K.U.L. va former des imams

     

    Benoît Poelvoorde : profession de foi 

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    La vraie prière

    La troisième demande du Pater: « fiat voluntas tua »

    Quand l'Université s'intéresse au chant grégorien:

    Révisons notre catéchisme : Benoît XVI expose le dogme du péché originel…

     

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. , Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

     

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien sont reçus au compte IBAN:  BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

     

     

  • L’encyclique « Lumen Fidei » :

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    Première du pape François

    ou dernière du pape Benoît ?

     

    Signée le 29 juin par le pape François et publiée sous son nom le 5 juillet suivant, cetteimages (2).jpg ency­clique (une introduction et quatre chapitres, en tout une cinquantaine de pages) a été rédi­gée "à quatre mains" avec son prédécesseur le pape Benoît XVI.

    C’est un document didac­tique sans être ennuyeux, clair et profond à la fois, une porte ouverte sur l'acte de foi, la ré­flexion spirituelle et la prière. Tout ce qu’il faut pour plaire aux « zelanti » et déplaire aux « poli­ticanti », lesquels ne manqueront pas de le snober, car il ne comporte aucune « avancée » doctrinale sur les incessantes controverses (nature du sacerdoce presbytéral, ordination des femmes, mariage homosexuel, statut ecclésial des divorcés remariés etc.) qui agitent l'Eglise postconciliaire.

    Il s’agit « seulement » d’une méditation sur ce que comporte et implique l’acte de croire, ce que l’on appelait dans le petit catéchisme de notre enfance le « Je crois en Dieu. JPSC

    Comme l’observe l’abbé Guillaume de Tanoüarn sur son metablog (07.07.2013)  cette encyclique est, en réalité, le dernier document qui soit rédigé par le pape Benoît : « On reconnaît et son style, archi-documenté que ce soit dans l'ordre sacré ou dans l'ordre profane (Nietzsche, Rousseau,Wittgenstein), et sa manière, douce ne prenant jamais l'adversaire de front mais ne lui laissant aucune chance, et aussi sa volonté de faire le point sur tous les sujets afférents au sujet principal, comme on le fait dans un cours bien professé : salut par la foi, rapport foi et science, foi et société, foi et Eglise etc. C'est tout Benoît XVI, cela. Un peu difficile à lire ? C'est vrai, avouons-le. Comme ses trois autres encycliques d’ailleurs (ndlr : Deus caritas est, Spe  Salvi, Caritas in Veritate). Mais pour celui qui veut se donner la peine de la lire, quelle fécondité ! »

    Denis Sureau l’a commentée (23.07.2013) sur le site du bimensuel « L’Homme Nouveau », dont il est le directeur. Voici un condensé de sa lecture :

    L'encyclique s'ouvre sur un beau rappel : la foi est une lumière car le Christ est le vrai soleil. La lumière de la foi est plus brillante que la foi dans les Lumières. La foi est « une lumière pour nos ténèbres ».

     Histoire de la foi

     Le premier chapitre  (« Nous avons cru en l'amour »), exercice de théologie narrative, commence par évoquer Abraham, « notre père dans la foi : la foi d'Abraham anti­cipait la venue du Christ, la foi étant « confession que Jésus est le Seigneur », qu'il est mort par amour pour les hommes et que Dieu l'a ressuscité. Croire, ce n'est pas seulement croire en cela, mais c'est aussi participer à la manière de voir de Jésus. C'est s'ouvrir à un amour qui nous précède et nous transforme intérieurement. Le pape insiste ici sur un point important : la forme ecclésiale de la foi. « La foi n'est pas un fait privé, une concep­tion individualiste, une opinion subjective », car elle se confesse en communion, entre croyants au sein de l'Église qui, selon la belle formule de Romano Guardini, « est la porteuse historique du regard plé­nier du Christ sur le monde ».

    Foi, vérité, amour et raison

    images (10).jpgLe deuxième chapitre (« Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas ») expose le lien étroit entre foi et vérité : « La foi, sans la vérité, ne sauve pas ». Or, aujourd'hui, la vérité est « souvent réduite à une authenticité subjective de chacun, valable seulement pour la vie individuelle ». 

    Une vérité commune est identifiée avec « l'imposition intransigeante des totalitarismes ». 

    Mais, si elle est l'amour de Dieu qui lui ne s'impose pas par la violence, la vérité n'écrase personne, et le croyant ne peut être arrogant – la vérité le rend humble.

    Reprenant une formule chère à Joseph Ratzinger, l'encyclique dit que « la foi élargit les horizons de la raison » et invite la science à s'ouvrir à toute la richesse de la Création.

    Elle permet également la rencontre avec les adeptes des autres reli­gions ainsi qu'avec les incroyants qui« désirent croire et cherchent sans cesse ». La théologie inter­vient ici comme science de la foi, comme « participation à la con­naissance que Dieu a de lui-même ». 

    L'encyclique rappelle qu'elle est au service de la foi des chrétiens et ne doit pas considérer le Magistère comme une limite à sa liberté.

    Transmettre la foi

    Le troisième chapitre (« Je vous transmets ce que j'ai reçu »)  traite de la transmission de la foi. Qui s'est ouvert à l'amour de Dieu ne peut le garder pour lui. La foi se transmet « de personne à per­sonne, comme une flamme s'al­lume à une autre flamme », de gé­nération en génération, à travers une chaîne ininterrompue de té­moins, au sein de la communauté qu'est l'Eglise. « Il est impossible de croire seul ». 

    Avec le Credo, le Décalogue et le Notre Père, les sa­crements jouent un rôle particu­lier : « par eux, une mémoire incar­née est communi­quée ». 

    Le Pape  insiste sur l'unité de la foi (la foi est une car Dieu est un) et son inté­grité : « Étant donné qu'il n'y a qu'une seule foi, celle-ci doit être confessée dans toute sa pureté et son intégrité. ». Le dépôt de la foi doit être transmis dans sa totalité : avis aux catéchistes ! Retirer quoique ce soit à la foi serait le re­trancher de la vérité de commu­nion.

     La foi dans la cité

    Le quatrième chapitre (« Dieu pré­pare pour eux une cité ») affirme que la foi a uneimages (11).jpg incidence so­ciale, « au service concret de la justice, du droit et de la paix ». Elle est un  « bien commun » qui a « apporté de nombreux bienfaits à la cité des hommes ». D'abord dans la fa­mille, « union stable de l'homme et de la femme dans le mariage » (certains jour­naux n'ont retenu de l'encyclique que cette phrase pour dire que le Pape était contre le mariage homo !). Puis dans les autres rapports sociaux : la reconnais­sance d'un Père com­mun peut seule as­surer une frater­nité que la modernité tente en vain de fonder sur l'égalité.

    Quand la foi diminue, les fondements mêmes de la vie communautaires s'amoin­drissent. D'où l'impérative néces­sité de confesser Dieu publique­ment :  « Peut-être aurions-nous honte d’appeler Dieu notre Dieu ? Peut-être est-ce nous qui ne Le confessons pas comme tel dans notre vie publique, qui ne propo­sons pas la grandeur de la vie en commun qu’il rend possible ? »

    L'encyclique s'achève, après une méditation sur la foi comme « force de consolation dans la souf­france », sur une prière à Marie, Mère de Jésus, Mère de l’Église et Mère de notre foi.

  • Belgique : un nouveau Roi

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    Philippe, fils spirituel de Baudouin ?

     

     

    Le point de vue de Florencia Valdés Andino sur le site de « La Vie » :

    images (8).jpgDimanche 21 juillet 2013 :la Belgique a fêté la prestation de serment de son nouveau roi Philippe, succédant à son père Albert, qui a abdiqué le jour même. Façonné par son oncle, le très croyant roi Baudouin, il a dû attendre vingt ans pour accéder au trône.

     A sa mort en 1993, après 42 ans de règne, le pape Jean-Paul II a qualifié le Roi Bau­douin de Belgique de « roi exemplaire ». C'est ainsi que le souverain pontife a ré­sumé une riche vie spirituelle nourrie de prière, de discrets pèlerinages et œuvres de charité. (…)

     C'est ce monarque qui prépare le futur roi Philippe au trône. 

    Ne pouvant pas avoir de descendance, le roi le prend sous son aile et exprime haut et fort son désir de le voir régner après lui. Le tout jeune Philippe mène à bien de nombreuses missions à l'étranger où il montre son talent dans les affaires. Mais il reste considéré comme timide et maladroit. D'autant que, trop présent dans la politique, il ose critiquer les partis séparatistes et ne cache pas les convictions religieuses qu'il partage avec son mentor. (…)

    Philippe, 53 ans, pourra-t-il appliquer les enseignements de son oncle ? 

    Selon le Vicaire général du diocèse de LiègeAlphonse Borras, il ne sera pas sim­ple d'emboîter le pas de son maître : « La Belgique a vécu de nombreux change­ments et a traversé la pire crise politique de son histoire. Philippe sera prudent, ce serait mal venu d'afficher ses convictions. Cela ne contribuerait pas à la participa­tion du roi dans les débats de société. Le roi règne mais ne gouverne pas ». 

    Luc Tie­lemans, directeur général des Médias ca­tholiques francophones belges, reprend cette même devise. « Le devoir l'oblige à une très grande neutralité parfois contre ses propres convictions, analyse-t-il. Il doit être très prudent vis-à-vis des Flamands. Il est certain que sa foi va le guider, il y a quelque chose du roi Baudouin en lui. Mais son épouse, la reine Mathilde apparaît de plus en plus comme une pièce maîtresse dans sa spiritualité. Elle joue un rôle très important. » Le père Patrick Ballard, spé­cialiste en droit canonique, approuve : « Mathilde est une femme qui va beaucoup lui apporter. Elle rayonne ». (…)

    Notre commentaire :

    Un article intéressant (et qui change des banalités, plus ou moins  grotesques etimages (7).jpg malveillantes, lues dans « Le Monde » et autres faiseurs d’opinion de la presse inter­nationale).

    Philippe sera certainement, comme son oncle Baudouin, un Roi de conviction : ce qui suscite les mises en garde de deux personnages emblémati­ques du profil officiel des milieux cléricaux : Alphonse Borras, Vicaire Général du dio­cèse de Liège, et Luc Tielemans, directeur des médias francophones de l’Eglise ca­tholique belge. Mais que la "nomenklatura" se rassure : est-ce que le Roi Baudouin a jamais attenté à la liberté de pensée ga­rantie par la constitution belge ? Par ail­leurs, le Roi Philippe fera certainement ex­cellente équipe avec son Chef de Cabi­net, le baron Frans Van Daele, un diplo­mate chrétien flamand de haute volée, intelligent, ferme et discret. 

    JPSC

  • La vraie prière:

     

    paque.jpgDeux hommes s’en furent à l’église pour prier ; l’un était fidèle à la tradition catholique, l’autre moderne…

    Le fidèle traditionaliste, debout, priait ainsi en lui-même : « Mon Dieu, je vous rendstéléchargement (1).jpg grâce de n’être pas comme ces chrétiens postconciliaires qui trahissent le dépôt sacré, détruisent la sainte liturgie, inventent de nouveaux rites, suivent l’esprit du monde et minent la sainte Eglise de l’intérieur, il vaudrait mieux qu’ils fondent leur propre secte au lieu de subsister comme des tumeurs malignes au sein de l’institution divine ! Je vous remercie, mon Dieu, de n’être pas comme ces malappris qui ne s’agenouillent même pas pendant la consécration, communient dans la main et organisent des cocktails au fond de l’église. Dans vos églises, les chants grégoriens m’émeuvent, le son des guitares m’irrite, le bruit des tamtams me rend fou. En cinquante ans, ces renégats ont vidé les églises, détruit le scoutisme de mon enfance, répandu le relativisme et entraîné des millions d’âmes en enfer ! Dieu tout puissant, comment pouvez-vous supporter tout ce mal ? Pourquoi tardez-vous à punir ceux qui vous trahissent ? Je sais que vous êtes un Dieu patient et miséricordieux, mais là je ne vous comprends plus… Regardez vos vrais fidèles, ayez pitié de ceux qui forment la maigre cohorte de vos élus, le petit troupeau rescapé des horreurs de la modernité ! Ainsi, moi, je jeûne deux fois par semaine, je récite mon chapelet tous les jours et je donne volontiers de l’argent aux fraternités sacerdotales fidèles à Rome. Je fais l’aumône à quelques pauvres sympathiques et je soutiens financièrement un séminariste sud-américain qui porte le col romain. Chaque année, pendant mes vacances, je vais en pèlerinage dans un site marial ou dans un lieu d’apparition reconnu par l’Eglise. Mes enfants ont été scolarisés dans le réseau de l’enseignement catholique, je suis affilié à une mutuelle chrétienne et je fais du bénévolat dans une maison de retraite gérée par des religieuses voilées. Toute ma vie, je suis resté fidèle à vos préceptes. Me voici au soir de ma vie. Le monde me dégoûte, la corruption est partout, la tiédeur universelle. Je suis las et découragé. Donnez-moi, Dieu très bon, la récompense que vous avez promise à vos élus. »

    Le chrétien moderniste, debout, priait ainsi en lui-même : « Mon Dieu je te rends grâce que je ne suis pas comme ces chrétiens sclérosés, qui n’ont plus bougé depuis le concile de Trente, s’accrochent à des symboles dépassés, moralisent à tout crin et fuient la révolution permanente qu’est l’Evangile. Seigneur Jésus, merci de n’être pas comme ces tradis en loden, bon chic bon genre, accrochés à leur latin, égarés dans leur moyen âge spirituel… Ce sont de pauvres gens qui n’ont pas compris que ton évangile est vivant, comme toi tu es vivant ! Avec ces poids morts, ton Eglise regarde en arrière, s’alourdit d’un fatras de préceptes éculés, et surtout elle rate le train du présent. Je repense aux promesses extraordinaires du concile de Vatican II… J’étais jeune à l’époque… Quel enthousiasme ! Nous avons tout fait pour renouveler l’Eglise ! L’Esprit Saint a soufflé comme jamais ; il fallait une vraie rupture, elle a eu lieu et nous en sommes aujourd’hui les acteurs essoufflés. Nos intuitions étaient justes et bonnes, qu’en reste-t-il ? Certains jeunes me regardent comme un vieil anarchiste ringard, alors que j’ai sincèrement recherché ton royaume... Nous savons que l’aujourd’hui de Dieu ne s’encombre pas de colifichets, de code vestimentaire ni de théologie surannée. Père très bon, veux-tu faire de nous des esclaves obéissants ou des enfants émerveillés ? Il faut vivre au cœur du monde, parler aux masses et épouser son époque comme Jésus l’a fait ! Tu es la vie, donc tu es spontané, inventif, joyeux ! Nous, nous sommes le vrai peuple de Dieu ! Regarde-moi tous ces coincés qui pleurnichent en latin et processionnent dans les fumées d’encens, comme il a un siècle ! Ils font fuir les incroyants ! Ils choquent les gens normaux ! Est-ce vraiment ça que tu veux ? Et je ne te parle pas de la hiérarchie, toujours en retard d’une guerre ou deux... D’accord, je ne vais pas à la messe tous les dimanches, mais je prie pendant la journée, je pense souvent à toi. N’est-ce pas l’essentiel ? D’ailleurs pour moi, l’eucharistie est une prière qui n’a pas besoin de rite ni de formules rigides ; je prie avec mon cœur, quand j’en ai le temps, et je sais que tu me comprends. D’ailleurs toute ma vie est orientée vers toi : je dirige l’équipe liturgique paroissiale, ma femme donne le catéchisme deux fois par semaine, je suis visiteur de prison, membre actif d’Amnesty international et responsable local du magasin Oxfam, j’étais encore engagé dans mon syndicat jusqu’avant mon infarctus… Chaque mois, je distribue le journal paroissial dans les boîtes aux lettres de la paroisse… Je fais vraiment tout ce que je peux, tu le sais ; je me dépense sans compter mon temps ni mon argent. Me voici septuagénaire et je commence à sentir la fatigue ; je pense avoir bien mérité le repos éternel dans ta paix. »

    jesus_priere.jpgAu même moment, dans une autre église, deux fidèles priaient, chacun de son côté. L’un était en loden vert, l’autre en pull à col roulé. Le premier, agenouillé à distance du tabernacle, n’osait même pas lever les yeux au ciel, il se frappait la poitrine en disant : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis, et sauve ton Eglise! Apprends-moi à prier ! Apprends-moi à t’aimer, à aimer mes frères humains! Je fais le mal que je ne veux pas faire et je ne fais pas le bien que je voudrais faire! Pitié, sauve-moi !» Le second, assis au fond de l’église, n’osait pas non plus lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine en disant : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis, et sauve ton Eglise! Apprends-moi à prier ! Apprends-moi à t’aimer, à aimer mes frères humains! Je fais le mal que je ne veux pas faire et je ne fais pas le bien que je voudrais faire! Pitié, sauve-moi! »

     Pierre René Mélon

  • La troisième demande du Pater :

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    « fiat voluntas tua »

    images.jpg Lorsqu’on observe la logorrhée des « prières » inondant les feuilles, les ondes ou la toile informatique des médias dits chrétiens, la nausée nous saisit parfois. Le bon remède est alors de se tourner vers la source, sobre et pure de toute oraison, indiquée par Jésus lui-même :

    « Quand vous priez », dit le Seigneur au moment d’enseigner à ses disciples le Notre Père, « ne multipliez pas les paroles, comme les païens : ils s’imaginent en effet que c’est par la multitude de leurs paroles qu’ils seront exaucés. Ne leur ressemblez donc pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. » (Mt 6, 7-8).

    Aussi les Pères de l’Eglise disent-ils avec raison que, dans sa brièveté sans emphase, l’Oraison dominicale contient en soi toutes les prières. Or la troisième de ses demandes elle-même, « que votre volonté soit faite », en est comme l’abrégé. Qui ne voit en effet que l’objet de chacune des autres demandes est bien aussi objet de la volonté du Père, et que souhaiter l’accomplissement de celle-ci, c’est souhaiter encore par le fait même tout ce que le Seigneur nous y fait demander par ailleurs.

    Ce n’est pas à dire, bien sûr, que les autres demandes  -et les autres prières-  soient à déprécier : mais leur but est au fond de nous expliciter, à nous, le vrai désir de notre être, non de le faire  connaître au Père : le Seigneur vient de le rappeler et c’est évident, il sait de quoi nous avons besoin, avant que nous le lui demandions. A travers elles, c’est donc toujours à la réalisation de la volonté du Père que nous aspirons, pour peu que notre prière soit ce qu’elle doit être.

    Il apparaît mieux dès lors à quel point toute prière est puissante, et par quoi : le fiat deimages (3).jpg la troisième demande est l’écho du « Fiat » de la Genèse (1, 3) : il nous établit comme en son axe ; et dans la mesure où nous le prononçons de tout cœur, en lui attribuant la plénitude de sa signification, il participe de son efficacité.

    On en aperçoit la suprême et exemplaire mise en œuvre dans l’évangile de l’Annonciation : la Vierge en effet ne dit autre mot que fiat, et l’Incarnation du Fils de Dieu, le plus grand des mystères réservés à notre monde, s’accomplit.

    La Passion aussi, qui va nous obtenir la rédemption, s’ouvre à Gethsémani sur ce même mot fiat : « Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite. » (Mt 26, 42) On le voit, la prière que Jésus a enseignée à ses disciples est bien aussi la sienne, en ce moment décisif. En faut-il plus pour que nous la fassions nôtre ?

     

     Mais si cette demande est si capitale, il importe d’en bien mesurer la portée. Les mots « fiat voluntas tua » résonnent souvent à nos oreilles en échos d’une résignation fort sombre : nous acceptons, soit ― puisque nous sommes chrétiens ―, mais comme un pis-aller, comme une épreuve, voire comme une punition, que cette volonté divine se réalise dans notre vie... N’est-ce pas grand aveuglement que d’envisager ainsi les choses ?

    Résignation ? Sans doute, mais résignation toute lumineuse, et dont nous ferions acte avec joie débordante, si nous pesions avec un minimum de foi les premiers mots par lesquels nous avons ouvert notre prière : « Notre Père » !

    Il a bien piètre opinion de son père, celui qui craint que la volonté de ce père à son égard lui soit préjudiciable, encore qu’il se produise quelquefois, on peut en convenir, que nos pères de la terre fassent l’une ou l’autre erreur sur ce qui est vraiment bon pour nous. Ici, rien de tel : il s’agit de Dieu...

    « Si l’un de vous demande du pain à son père, celui-ci lui donnera-t-il une pierre ? Ou, s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu du poisson ? Ou, s’il demande un oeuf, lui donnera-t-il un scorpion ? Si donc vous, qui êtes méchants, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans le Ciel... » (Lc 11, 11-13)

     veronese_dieu_le_pere.jpgAinsi, prononçons ces mots « fiat voluntas tua » en plongeant nos yeux dans le regard du Père, ce regard plein de bonté et qui nous crée : alors nous pourrons les dire avec totale confiance, sachant qu’il nous réserve infiniment mieux que ce que nous pourrions imaginer de meilleur, parce qu’il nous aime, et qu’il est notre Père.

    Mais voilà, Sénèque l’avait déjà observé en dehors de toute Révélation : l’homme préfère « se dresser en avocat de son propre mal. » (De vita beata, 1, 5) Et de fait, nous avons si bien pris l’habitude de préférer notre sentiment propre à celui du prochain, que nous ne sommes plus capables de faire autrement : nous n’épargnons pas même la Sagesse tout aimante de notre Père du Ciel, le Bon Dieu !

    Prenons plutôt conscience que cette parole de l’Oraison dominicale est une parole d’Evangile, c’est-à-dire qu’elle nous annonce quelque chose de bien et de bon. C’est une parole de résignation, certes, mais notre erreur consiste à l’entendre d’une résignation négative, alors qu’il s’agit de résignation toute positive, oui, toute lumineuse, toute de joie débordante. 

    Voilà pourquoi nous prononcerons ces mots de la troisième demande avec joie. « Hilarem datorem diligit Deus. » (2 Cor 9, 7)« Dieu aime celui qui donne avec le sourire ». Ce sourire est le reflet de sa propre bonté : il montre que nous sommes vraiment ses enfants, que nous le reconnaissons vraiment pour Père, et que notre confiance est donc sans conditions ni réserves.

     

     Ce ne sera pourtant pas nier le caractère parfois éprouvant de cet abandon dans les bras du Père. Le fait est que nous passons tous, tôt ou tard, par l’épreuve. Mais un amour vrai désire cette épreuve, il en a besoin pour s’exprimer pleinement. Car enfin, il lui semblerait faire trop peu pour le Père, s’il n’avait qu’à le servir dans les aises d’une vie correspondant aux penchants de sa volonté propre.

    Et puis, parce qu’il est amour précisément, il sait aussi qu’il a des fauimages (1).jpgtes à réparer, et se souvient que les épreuves lui sont bonne occasion de faire amende honorable : « ... que tout ce que vous supporterez de pénible vous soit à rémission des péchés... » Il accepte donc généreusement les épreuves qui lui surviennent, les reconnaissant de grand coeur pour ses alliées.

    La joie de Pâques suppose l’étape préalable du Carême : plus le Carême est fervent, plus il est austère, mais d’une austérité que cette joie irradie déjà, elle aussi, plus intensément. « Et eux, ils allaient, tout joyeux d’avoir été trouvés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus. » (Act 5, 41)

    La souffrance, l’amour ne la désire pas pour elle-même : il y voit le moyen de témoigner du feu qui l’anime, voire de ranimer et d’alimenter en lui ce feu. Et comme le chrétien veut en tout se conformer au Christ, il considère comme une grande grâce― même s’il lui en coûte, et parfois beaucoup ― que la Croix vienne l’éprouver. 

    On en vient donc à ce paradoxe : « Heureux homme, celui qui supporte l’épreuve ! » (Jc 1, 12)

    Mais le paradoxe n’est-il pas partout inscrit dans les splendeurs de la foi ? Verbe fait chair ; Vierge Mère ; qui perd sa vie la gagne ; mortuus regnat vivus ; felix culpa...

    « Que votre volonté soit faite », la troisième demande, est la clef d’entrée dans le monde, plus vrai que vrai, des paradoxes de Dieu : tous impossibles pour nous, mais tous signature de la Sagesse divine. C’est par l’accomplissement de la volonté de Dieu en nous que nous sortons du cadre de nos apories pour accéder à la liberté des enfants de Dieu. 

     La volonté du Père est que nul ne se perde. (Cf. Mt 18, 14) Si ma prière, en tout et toujours, est que sa volonté se fasse, que pourra-t-il bien m’importer qu’il m’arrive ceci ou cela ? En quoi craindrais-je pour ceux qui me sont chers ? pour le bien de l’Eglise ? pour la marche du monde ?

    Unam petii (Ps 26, 4), je n’ai qu’une chose à demander : que sa volonté s’accomplisse seulement, et tous nous habiterons dans la maison du Seigneur tous les jours de notre vie, à savourer les délices du Seigneur. (cf. ibidem)

     

    Quand nous abandonnons notre volonté propre pour faire place à la volonté du Père, que ce ne soit donc pas, ainsi que le remarque plaisamment saint François de Sales « comme les malades font des melons, lesquels ils ne mangent pas parce que le médecin les menace de mort s’ils en mangent ; mais ils s’inquiètent de s’en abstenir, ils en parlent et marchandent s’il se pourrait faire, ils les veulent au moins sentir, et estiment bien heureux ceux qui en peuvent manger. » (Vie Dévote, I, 7)

    Alors qu’il n’est rien de plus savoureux que la volonté de notre Père...

     

    Jean-Baptiste Thibaux

  • Quand l'Université s'intéresse au chant grégorien:

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    De la théorie à la pratique 

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    Doyen émérite de la Faculté de Philosophie, Arts et Lettres de l’Université Catholique de Louvain , Paul-Augustin Deproost y enseigne la littérature latine et l’explication d’auteurs latins de l’antiquité à la Renaissance. Il est aussi un amateur et un praticien du chant grégorien puisqu’il préside l’Association Una Cum et dirige le chœur du même nom qui chante chaque dimanche la messe dans la forme extraordinaire du rite romain dans la chapelle du Sacré-Cœur de Lindthout à Bruxelles. Le professeur Deproost est interviewé ici par Jacques Zeegers, président de l’Académie belge de Chant grégorien (http://www.gregorien.be) pour la revue « Canticum Novum » ( n° 60)

    Qu’est-ce qui vous attire dans le chant grégorien ?

    Je suis attiré à la fois par l’aspect spirituel et l’aspect esthétique du chant grégorien.

    Sur le plan spirituel, le grégorien est la prière chantée de l’Eglise. Pour les croyants, la liturgie est le plus grand hommage que l’on  puisse rendre à Dieu. Le grégorien fait partie de cette liturgie et s’y intègre parfaitement. Il confère un développement musical à la prière et à la louange. Dans toutes les religions, le culte que l’on rend à la divinité se fait à travers la prière chantée. Dans l’Eglise catholique, le grégorien est sans doute la forme la plus aboutie de cette prière qui monte vers Dieu. Ce qui m’attire aussi beaucoup dans le chant grégorien, c’est qu’il s’agit d’un texte chanté, celui de la Parole de Dieu. Il existe un lien ontologique entre la musique et ce texte. En tant que philologue, c’est évidemment une particularité à laquelle je suis spécialement attaché.

    Sur le plan de l’esthétique, ce qui m’a toujours attiré dans le chant grégorien est son lien avec la tradition. C’est un chant qui hérite de tout un passé, de toute une culture qu’elle soit musicale ou poétique. On y trouve des éléments propres au chant synagogal, mais aussi des éléments de l’antiquité tardive ou du chant byzantin. Il est le résultat de la fusion de toute une série de formes de chant notamment le romano-franc. C’est aussi un chant de tradition car il est fondateur de toute notre musique occidentale, tant religieuse que profane. Ainsi, la première chanson populaire française connue, celle du Roi Renaud (Le Roi Renaud de guerre revint) est basée sur l’Ave Maris Stella. C’est un exemple que je donne souvent à mes étudiants lorsque j’évoque devant eux le lien entre la poésie liturgique et le développement des langues vernaculaires au moyen âge.

    Comment, en tant que professeur à l’UCL en langues classiques, percevez-vous l’attitude des jeunes par rapport au chant grégorien ? Pensez-vous qu’il y a un « fossé culturel » ? Même chez les étudiants en langues classiques ?

    Je dois malheureusement répondre par l’affirmative. Dans le cadre de mon enseignement, je n’ai pas beaucoup l’occasion de leur parler du chant grégorien, sauf dans un cours intitulé « Explication d’auteurs latins de l’antiquité tardive et du haut moyen âge » et dans ce cadre, je lis souvent des textes poétiques. Comme à cette époque-là, c’est évidemment la poésie chrétienne latine qui est la plus représentée, cela me permet de leur faire entendre de temps en temps des pièces grégoriennes fondées sur cette poésie, comme par exemple des hymnes de saint Ambroise ou de Venance Fortunat. Ils écoutent toujours avec beaucoup d’attention et aussi d’étonnement car cela ne correspond pas du tout aux standards musicaux qu’ils connaissent ou pratiquent. Ils perçoivent cela comme quelque chose de curieux. Ce qu’ils en font après, je l’ignore.

    Quant au fossé culturel, il est évident. Un jour, j’ai présenté un texte qui évoquait l’Ascension du Christ et je leur ai demandé ce que cela leur disait. Personne ne savait de quoi il s’agissait. La seule réponse que j’ai eue était : «l’année passée, il me semble que c’était un jeudi ... ». En réalité, ce fossé est beaucoup plus large que la simple méconnaissance du chant grégorien. Il est lié à la pratique même de la religion et à son contenu culturel. Je collabore avec une université française qui a mis en place un Master de formation au fait religieux. Il vise à enseigner aux jeunes le contenu culturel de la religion dans la mesure où ils ne parviennent plus à comprendre toute une partie de la culture occidentale. Lorsqu’ils se trouvent par exemple devant un personnage ailé à genoux devant une jeune femme, ils ne savent pas que cela représente l’Annonciation. On doit leur expliquer le beaba de la culture religieuse. A la limite, cela n’a rien à voir avec la foi.

    Ce sont donc les musicologues qui vont sauver le chant grégorien ....

    C’est un peu paradoxal, mais c’est exact. Le chant grégorien n’a peut-être jamais été aussi populaire qu’aujourd’hui, mais malheureusement pas dans l’Eglise. Il l’est peut-être dans les églises, mais dans le cadre de concerts, pas dans celui de la liturgie. Ou alors, il s’agit d’une sorte de pseudo-liturgie archéologique, un chant qui attire du monde mais pas dans le cadre de la liturgie vivante.

    Le chant grégorien est construit sur la langue latine. De quel latin s’agit-il ?

    téléchargement (5).jpgIl faut distinguer le chant qui paraphrase le texte biblique et le chant qui accompagne des créations musicales comme les hymnes. Pour les textes bibliques, il s’agit généralement, mais pas toujours, de ce qu’on appelle la Vulgate, c'est-à-dire la traduction latine effectuée par Saint Jérôme entre la fin du 4e et le début du 5èmesiècle et qui a été imposée en Occident par Charlemagne pour les lectures de la liturgie au 9ème siècle. Entre ces deux périodes, les textes de la Vulgate ont coexisté avec ce qu’on appelle les versions vielles-latines. Au début, c’est plutôt le vieux latin qui a prédominé. Saint Augustin a notamment critiqué l’initiative de Saint Jérôme. En particulier, pour l’Ancien Testament, la version « vieille latine » était en fait la version latine de la traduction grecque dite des Septante, considérée comme l’Ancien Testament de l’Eglise ancienne, et bénéficiant donc d’une autorité inspirée qui en faisait un substitut de la Bible hébraïque [1]. Elle a été progressivement supplantée par la Vulgate.

    Même si le répertoire grégorien s’est surtout développé à partir de l’époque carolingienne dans la fusion des répertoires romano-francs, et donc à une période où la Vulgate était devenue la référence textuelle de la Bible, on retrouve cependant aussi dans le grégorien un certain nombre de textes en vieux-latin parce qu’ils ont été composés sur cette base. C’est notamment le cas de l’Introït de la messe du jour de Noël « Puer natus est », qui ne correspond pas au texte vulgate d’Is 9, 6. S’il avait fallu modifier le texte, il aurait aussi fallu modifier la musique.

    Pour les textes non bibliques, notamment les hymnes, le latin utilisé est celui detéléchargement (4).jpg l’antiquité tardive (du 3ème au 5ème siècle). C’est du latin classique à la base, mais qui est très fleuri, avec des recherches rhétoriques ou linguistiques, des formes paradoxales, des litotes etc. Il s’agit d’une poésie très élaborée qui s’inspire des principes rhétoriques de l’antiquité. D’où, bien sûr la difficulté de les traduire pour les non spécialistes. Les hymnes de Saint Ambroise, par exemple,  paraissent à première vue très épurés, très classiques, très équilibrés, mais quand il s’agit de les traduire, il faut ajouter des mots et aussi en comprendre le sens théologique. Il s’agit vraiment de rhétorique, c’est-à-dire de l’art d’exprimer les choses, de les mettre en valeur de manière littéraire.

    Il y a aussi des pièces beaucoup plus tardives, comme celles écrites par Saint Thomas, mais là, il s’agit de savoir jusqu’où va le chant dit grégorien. Des pièces ont encore été écrites à la renaissance ou même au 19ème siècle. Dans de telles pièces, on retrouve le latin de l’époque où elles étaient composées. Chez Saint Thomas, il s’agit d’un latin plus théologique, comme dans le « Lauda Sion » où on retrouve une poésie très abstraite.

    Il ne faut pas confondre la Vulgate avec la Néo-vulgate née d’une initiative du Pape Paul VI dans la foulée de la réforme liturgique. Il a voulu réviser le texte latin de la Bible à partir de la Vulgate de Saint-Jérôme, en s’appuyant sur des éditions critiques des textes grec, hébreu, latin et accessoirement orientaux, en vue de proposer une nouvelle édition normative de la Bible latine à usage liturgique. Le problème de cette nouvelle version latine de la Bible est qu’elle n’est en rien portée par une Tradition textuelle et liturgique ; il s’agit d’une entreprise de restauration artificielle d’un texte qui n’a jamais existé en l’état ; par ailleurs, le tout au vernaculaire aidant, cette version n’a jamais été utilisée, si ce n’est dans les lieux où l’on pratique le rite ordinaire en latin, comme, par exemple à Solesmes, où la Néo-Vulgate est le texte du lectionnaire et de la psalmodie dans la liturgie des heures.

    Propos recueillis par Jacques Zeegers

     

     [1] Traduction grecque du texte hébreu de la Torah effectuée au 3ème siècle avant Jésus-Christ.  La légende veut que les traductions effectuées séparément par 72 savants se soient révélée en tous points identiques.

     

  • Révisons notre catéchisme :

     

    paque.jpgQuand Benoît XVI exposait le dogme du péché originel

     

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    Pour Benoît XVI, ce dogme du péché originel, l’un des plus négligés et niés aujourd’hui, est d’une « évidence écrasante »: sans lui, a-t-il dit, la rédemption chrétienne « perdrait sa base ».  Voici un large extrait de sa catéchèse sur ce point :


    1. D’où vient le mal ?

     « Il suffit de regarder autour de nous et surtout en nous. L’expérience du mal est si concrète qu’elle s’impose d’elle-même et nous amène à nous demander: d’où vient le mal? Pour un croyant, en particulier, la question va encore plus loin: si Dieu, qui est la Bonté absolue, a tout créé, d’où vient le mal?

    A cette question fondamentale, qui interpelle chaque génération humaine, les premières pages de la Bible (Genèse 1-3) répondent justement par le récit de la création et de la chute de nos premiers parents. Dieu a tout créé pour l’existence, il a notamment créé l’homme à son image. Il n’a pas créé la mort, elle est entrée dans le monde à cause de la jalousie du diable qui, révolté contre Dieu, a aussi entraîné les hommes dans le piège en les incitant à la révolte (cf. Sagesse 1, 13-14; 2, 23-24).

    C’est le drame de la liberté, que Dieu accepte jusqu’au bout par amour, mais en promettant que le fils d’une femme écrasera la tête à l’antique serpent (Genèse 3, 15). »  (…).   

    « On ne peut donc pas nier le pouvoir du mal dans le cœur humain et dans l'histoire humaine. La question est: comment ce mal s'explique-t-il ? » . Voici:

    2. Pour les païens antiques et modernes, le bien et le mal sont indissolublement à la racine de l’être.

    « Il y a dans l'histoire de la pensée, en dehors de la foi chrétienne, un modèle principalimages (5).jpg d'explication avec différentes variations. Selon ce modèle, l'être lui-même est contradictoire, il porte en lui le bien comme le mal.

    Dans l'antiquité, cette idée impliquait l’existence de deux principes également originels: un principe bon et un principe mauvais. Ce dualisme serait insurmontable; les deux principes étant au même niveau, il y aura toujours cette contradiction, dès l'origine de l'être. La contradiction de notre être ne refléterait donc, pour ainsi dire, que l’antagonisme des deux principes divins.

    Cette même vision revient dans la version évolutionniste, athée, du monde. Même si, dans cette conception, la vision de l'être est moniste, on suppose que l'être comme tel porte en lui, dès le début, le mal et le bien. L'être lui-même n'est pas simplement bon, il est ouvert au bien et au mal. Le mal est originel, comme le bien et l'histoire humaine ne développerait que le modèle déjà présent dans toute l'évolution précédente. Ce que les chrétiens appellent le péché originel ne serait en fait que le caractère mixte de l'être, un mélange de bien et de mal qui, selon cette théorie, appartiendrait à l'étoffe même de l'être. Au fond, c'est une vision désespérée: s'il en est ainsi, le mal est invincible. A la fin, seul l’intérêt propre compte.

    Chaque progrès se paierait nécessairement d’un fleuve de mal et celui qui voudrait servir le progrès devrait accepter de payer ce prix. Au fond, la politique est fondée précisément sur ces prémisses et nous en voyons les effets. Cette pensée moderne ne peut créer, en fin de compte, que la tristesse et le cynisme. »

    3. Pour les chrétiens : deux mystères de lumière enveloppent un mystère de nuit

    images (4).jpg « Alors nous nous demandons à nouveau: que dit la foi, témoignée par saint Paul? Tout d’abord, elle confirme le fait de la compétition entre les deux natures, le fait de ce mal dont l'ombre pèse sur toute la création. Nous avons entendu le chapitre 7 de la Lettre aux Romains, nous pourrions ajouter le chapitre 8. Le mal existe, simplement. Comme explication, la foi nous dit en opposition avec les dualismes et les monismes que nous avons examinés rapidement et trouvés désolants - qu’il y a deux mystères de lumière et un mystère de nuit, celui-ci étant toutefois enveloppé par les mystères de lumière.

     

    3.1. Un seul principe créateur sans l’ombre  du mal

    Le premier mystère de lumière est celui-ci: la foi nous dit qu'il n'y a pas deux principes, un bon et un mauvais, mais un seul principe, le Dieu créateur, et ce principe est bon, seulement bon, sans ombre de mal. L'être n'est donc pas non plus un mélange de bien et de mal; l'être comme tel est bon et c'est pourquoi il est bon d'être, il est bon de vivre.

    Voilà la joyeuse annonce de la foi: il n'y a qu'une source bonne, le Créateur. Vivre est donc un bien, il est bon d'être un homme, une femme, la vie est bonne.

    3.2. Le mal vient d’une liberté créée dont on a abusé

    Vient ensuite un mystère d'obscurité, de nuit. Le mal ne vient pas de la source de l'être43744089_p.jpg lui-même, il n'est pas également originel. Le mal vient d'une liberté créée, d'une liberté dont on a abusé.

    « Comment cela a-t-il été possible, comment est-ce arrivé? Ce point reste obscur. Le mal n'est pas logique. Seul Dieu et le bien sont logiques, sont lumière. Le mal reste mystérieux. On l'a représenté en grandes images, comme au chapitre 3 de la Genèse, avec cette vision des deux arbres, du serpent, de l'homme pécheur. Une grande image qui nous fait deviner, mais ne peut expliquer ce qui est en soi illogique. Nous pouvons deviner, pas expliquer; nous ne pouvons pas même le raconter comme un fait à côté de l’autre, parce que c'est une réalité plus profonde. Cela reste un mystère d'obscurité, de nuit.

    Mais tout de suite un mystère de lumière vient s'y ajouter. Le mal vient d'une source subordonnée. Dieu avec sa lumière est plus fort. Le mal peut donc être surmonté. C'est pourquoi la créature, l'homme, peut être guéri. Les visions dualistes et même le monisme de l'évolutionnisme ne peuvent pas dire que l'homme peut être guéri; mais si le mal ne vient que d'une source subordonnée, il reste vrai que l'homme peut être guéri. Et le Livre de la Sagesse dit: "Les créatures du monde sont salutaires" (1, 14 volg).

    3.3. Dieu s’introduit comme un fleuve de guérison dans l’histoire

    Dernier point: non seulement l'homme peut être guéri, mais il est guéri de fait. Dieu a introduit la guérison. Il est entré en personne dans l'histoire.

    A la source constante du mal il a opposé une source de bien pur. Le Christ crucifié et ressuscité, nouvel Adam, oppose au fleuve sale du mal un fleuve de lumière. Et ce fleuve est présent dans l'histoire: nous voyons les saints, les grands saints mais aussi les saints humbles, les simples fidèles. Nous voyons que le fleuve de lumière qui vient du Christ est présent, qu’il est fort. (…).La nuit obscure du mal est encore forte. C'est pourquoi, nous prions avec insistance: viens Jésus; viens, donne force à la lumière et au bien; viens là où règnent le mensonge, l'ignorance de Dieu, la violence, l'injustice; viens, Seigneur Jésus, donne force au bien dans le monde et aide-nous à être porteurs de ta lumière, artisans de paix, témoins de la vérité. Viens Seigneur Jésus! »

     (Extraits de la catéchèse du pape Benoît XVI lors des audiences générales du mercredi)

  • Liège et Malmedy: messes grégoriennes ce dimanche 6 octobre

     

    LIEGE 

     

    DIMANCHE 6 OCTOBRE 2013 À 10 HEURES

    EGLISE DU SAINT-SACREMENT

    Bd d'Avroy, 132, à Liège

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    MESSE DU PREMIER DIMANCHE DU MOIS

     

     

    Missel de 1962

    Vingtième Dimanche après la Pentecôte

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    Evangile de la guérison du fils du centurion (Jean, 4, 46-53)

    Propre grégorien de la messe «Omnia quae fecisti » 

    Parmi toutes les messes dominicales de l’automne liturgique, celle-ci est certainement la plus recueillie, toute empreinte de la nostalgie du ciel et des douleurs de l’exil, avec l’offertoire extrait du célèbre psaume 136 qui évoque l’exil du peuple juif à Babylone : « super flumina Babylonis », sur les bords des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nos harpes suspendues aux saules tandis que nous évoquions ton souvenir, Sion. L’Alléluia, particulièrement beau, évoque, en regard de la peine,  l’espérance : « paratum cor meum », mon cœur est prêt à recevoir le Seigneur à son retour ; nous touchons déjà les cordes pour célébrer l’éternel cantique de Pâques…

     

    Kyriale XI (XIVe siècle), Credo I (XIe siècle) 

    PAR LA SCHOLA DU SAINT-SACREMENT

    À L’ORGUE, PATRICK WILWERTH

    Professeur au Conservatoire de Verviers 

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    Livrets à votre disposition sur la table au fond de l’église pour suivre la messe

    Renseignements: sursum corda asbl 04.344.10.89 

    MALMEDY

    PREMIER DIMANCHE DU MOIS

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    PROCHAINE MESSE TRADITIONNELLE

    Célébrée en latin (missel de 1962) par M. l’abbé Jean SCHOONBROODT, Chapelain au Sanctuaire de Banneux et  à l’église du Saint-Sacrement à Liège

     

    DIMANCHE 6 OCTOBRE 2013 A 18 HEURES 

    EGLISE DES CAPUCINS

    Ruelle des Capucins à Malmedy

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    Ruelle des Capucins à 4960 Malmedy

     

    CELEBRATION DU VINGTIEME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE

    Evangile de la guérison du fils du centurion (Jean, 4, 46-53)

     

    Propre grégorien de la messe « Omnia qua fecisti nobis, Domine » (Seigneur, tout ce que tu as fait pour nous) et Kyriale XI « Orbis factor »

    Motets polyphoniques « Panis angelicus» (Claudio Casciolini, 1697-1760) et « Jesu, Salvator Mundi » (Menegali, circa 1700)

     Cantiques « Tandis que le monde proclame »» et «Maria zu lieben»

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    schola des capucins

    A l’orgue : Michèle Baron et Léonard Aussems

     

     

    Renseignements pour Malmedy : L. Aussems  tél. 080.33.74.85