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  • Fête de la Chandeleur: dimanche 2 février 2014

    EGLISE DU SAINT-SACREMENT
    Boulevard d’Avroy, 132 à Liège
     

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    DIMANCHE 2 FEVRIER 2014

    FÊTE DE LA CHANDELEUR

    Présentation de Jésus au Temple et purification de Marie 

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    Cette fête est une des plus anciennes, sinon la plus ancienne des fêtes mariales. Célébrée à Jérusalem dès le IVsiècle, la fête de la Purification passa ensuite à Constantinople, puis à Rome, où on la trouve au VIIe siècle, associée, le 2 février, à une procession qui semble être antérieure à la fête de la Vierge. Plusieurs mélodies du graduel romain encore en usage pour cette solennité sont manifestement d’origine byzantine.

     

    10 heures, bénédiction et distribution des cierges suivies de la messe en grégorien (missel de 1962) 

    Antienne « Lumen ad revelationem gentium », Propre de la messe « Suscepimus », Kyriale IX « cum jubilo » (XIIe s.), chantés par la schola grégorienne. A l’orgue : Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verviers

     

    11h15, bénédiction et distribution des cierges suivies de la messe en français (missel de 1970) 

    Antienne « Lumen ad revelationem gentium » et chants de la « messe des anges » A l'orgue, Mutien  Omer Houziaux,  et au violoncelle Octavian Morea.

    05.jpgLes chrétiens sont toujours en fête ; ils ont pour chaque jour du calendrier un nouveau motif de se réjouir de la bonté et de la beauté de la création, chaque jour une bonne raison de fêter la puissance de la grâce du Christ. La Chandeleur est une de ces nombreuses fêtes qui émaillent le cycle de l'année liturgique. Et ces fêtes sont bien réelles ; elles ne sont pas de simples inventions de croyants, car la création est réellement très belle et les œuvres de la grâce encore plus belles.

    En cette fête de la Chandeleur, on porte un cierge en procession, symbole de la vraie lumière qui luit dans les ténèbres. Les visages se trouvent ainsi irradiés, des plus jeunes aux plus anciens, de toutes conditions, par ces flammes vacillantes qui pourtant éclairent et réchauffent.

    Le vieillard Siméon a porté, lui aussi, sa bougie ; c'était la Lumière du monde, et son âme en fut toute illuminée. Comme le chante l'alleluia de la messe de ce jour : « Le vieillard portait l'enfant, mais c'est l'enfant qui conduisait le vieillard » !  L'Esprit Saint ne lui avait-il pas promis qu'il ne mourrait pas sans avoir vu l'Oint du Seigneur ? Alors il avait attendu toute sa vie… confiant en la promesse.

    L'attente de ce fils d'Israël apparaît ainsi comme une dimension intérieure au christianisme, face au mystère qui attend sa révélation ultime. Il y a en chacun de nous un Siméon qui attend. Ah ! Si seulement nous avions pu voir quelle joie pétillait dans les yeux de ce vénérable vieillard quand il sut que l'enfant qu'il tenait dans ses bras était l'Envoyé du Seigneur ! Mais peut-être la verrons-nous, cette joie, sur un visage illuminé, pendant la procession aux flambeaux ? Une simple bougie peut-elle éclairer autant un visage ? Assurément, un mystère est là, au cœur de cette flamme, qui nous attire, nous illumine et nous réchauffe.Réf. ici  Chant grégorien au Thoronet : antienne de procession pour la Chandeleur

     

    « Daigne, Seigneur, faire briller de la lumière de la bénédiction céleste ces cierges que nous, tes serviteurs, désirons porter rutilants de lumière : en sorte que dignes nous-mêmes de t'en faire l'hommage, nous méritions d'être aussi présentés dans le temple sacré de ta gloire ». (bénédiction des cierges)

     Antienne "Lumen ad revelationem gentium":

  • Vient de paraître : Vérité et Espérance/Pâque Nouvelle, 4e trimestre 2013

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    SOMMAIRE

    Editorial : Une Parole dans la nuit 

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    Liturgie : embrouilles sur la traduction du « Notre Père »

    « Evangelii gaudium » : le pape François persiste et signe

    Europe : le Parlement rejette le « rapport Estrela »

    Belgique : la culture de mort se porte bien

    Des bourgeons sous la neige ? 

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    Projet d’amour fou : le tout-puissant se fait tout-petit

    Esotérisme et mystère chrétien

    L’Eglise et les personnes divorcées remariées

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien sont reçus au compte IBAN:  BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

     

  • L’Eglise et les personnes divorcées remariées

    divorces.jpgLe pape François a convoqué un synode sur la famille pour l’automne 2014. On y traitera notamment de la délicate question des personnes divorcées-remariées et de leur accès à l’Eucharistie.

    A ce sujet, Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a rappelé dans un article récent (Osservatore Romano du 23-10) la position de l’Eglise. Comme le signale Cathobel, il a pris cette initiative avec l’autorisation du pape. Le contraire eut été étonnant.

    Les personnes divorcées-remariées souffrent. Beaucoup veulent vivre sincèrement leur foi. Pour ce faire, elles ont droit à ce que les représentants de l’Eglise les aident à se situer dans la vérité. Celle-ci est double : d’une part, l’existence d’une blessure objective et, d’autre part, la révélation de la miséricorde inépuisable et du pouvoir infini de guérison de Dieu. Les deux vérités sont inséparables, car, pour guérir d’une blessure, il faut d’abord en reconnaître l’existence.

    Qu’a dit Mgr Müller ?

    Dans un texte à la fois nuancé et bien argumenté, l’archevêque commence par rappeler l’exégèse communément admise de l’Ecriture, la Tradition constante de l’Eglise ainsi que les prises de positions doctrinales les plus récentes sur la question. Plus loin, il évoque aussi les appels répétés des papes pour ne pas exclure les personnes divorcées-remariées de la communion de l’Eglise.

    Il rappelle bien entendu aussi le noyau du problème soulevé par l’état de divorcé-remarié (je dis bien « l’état », c’est-à-dire la situation objective, sans présumer des dispositions du cœur qui, à un moment du cheminement de la foi, peuvent se révéler bien meilleures que celles de beaucoup d’autres chrétiens). On pourrait le résumer ainsi : si l’on désire recevoir l’Eucharistie, c’est que l’on croit fermement à la parole de Jésus « Prenez et mangez, ceci est mon corps » et « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, répandu pour beaucoup en rémission des péchés » (Mt26, 26-28) ; mais alors il faut croire tout aussi fermement cette autre parole du Seigneur, à propos du mariage : « Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ! » (Mt 19, 6). Le sacrement du mariage est le signe efficace qui inscrit les conjoints dans une alliance qui les habilite à être fidèles, l’alliance « nouvelle et éternelle » du Christ et de l’Eglise, son Epouse, alliance qui est précisément célébrée dans chaque Eucharistie.

    Une réalité nouvelle

    Dans Familiaris Consortio, une exhortation apostolique de 1981, fruit d’un synode desS357.jpg évêques, Jean-Paul II, au n. 68, se posait la grave question de savoir si l’on pouvait accorder la célébration d’un mariage chrétien à qui ne vit pas la foi (et dont la demande répond par exemple à des motivations de caractère social). S’appuyant sur le droit fondamental au mariage et sur le fait que, pour un catholique, il n’y a pas de mariage en dehors du sacrement, le pape considérait que la simple demande du sacrement traduisait le minimum de foi nécessaire. Cette attitude manifeste la sollicitude maternelle de l’Eglise pour tous ses fidèles.

    Mais, chaque jour davantage, l’ignorance morale et religieuse se généralise, la notion de mariage est contredite par la pratique d’un grand nombre et battue en brèche par certaines législations.

    Dans ce contexte, de plus en plus de jeunes demandent le mariage chrétien, non seulement avec une foi déficiente, mais aussi avec une méconnaissance profonde des propriétés essentielles du mariage. En d’autres mots, ils vont au mariage sans savoir de quoi il s’agit.

    Ce constat et ses conséquences constituent, à mon sens, le point central de l’article de Mgr Müller : « La mentalité contemporaine se place largement en opposition à la compréhension chrétienne du mariage, notamment par rapport à son indissolubilité ou à l’ouverture à la vie. Étant donné que beaucoup de chrétiens sont influencés par cette mentalité, les mariages sont probablement plus souvent invalides de nos jours qu’ils ne l’étaient par le passé, parce que manque la volonté de se marier selon le sens de la doctrine matrimoniale catholique et que la socialisation dans le contexte vivant de foi est trop réduite. C’est pourquoi une vérification de la validité du mariage est importante et peut conduire à une solution de problèmes. »

    Il ne fait que relayer un souci déjà exprimé par Benoît XVI, partagé sans doute aussi par François : « Il faut œuvrer afin que s’interrompe, dans la mesure du possible, le cercle vicieux qui a souvent lieu entre une admission facile au mariage, sans une préparation adéquate et un examen sérieux des qualités prévues pour sa célébration, et une déclaration judiciaire parfois tout aussi facile, mais de sens inverse, où le même mariage est considéré nul uniquement sur la base de la constatation de son échec » (discours à la Rote Romaine, 22-1-11).

    Les voies de solution

    VanderWeydenmariageAnvers.jpgCes deux textes évoquent deux voies de solution. La première est « curative » : pour ceux qui ont eu recours au divorce, il faut, comme le dit Mgr Müller, examiner s’ils sont vraiment mariés. Si leur mariage est nul, leur divorce est inexistant et ils peuvent, dûment préparés, se marier à l’Eglise et bien évidemment recevoir l’Eucharistie. Il ne faut pas cacher que cette voie entraîne un défi, celui de prouver, devant le tribunal ecclésiastique, que manquait le discernement concernant les propriétés essentielles du mariage au moment de sa célébration. C’est sans doute l’une des questions qui sera abordée par le synode sur la famille convoqué par le pape François pour l’automne 2014.

    La deuxième voie est « préventive » et est évoquée par Benoît XVI dans le discours déjà cité. Il y rappelle la nécessité de veiller à ce que les jeunes soient pleinement conscients des caractéristiques essentielles du mariage, à savoir qu’il s’agit de l’union d’un homme et d’une femme pour toujours et ouverte à la vie, et de favoriser leur retour à une foi vivante. Pour ce faire, il signale l’importance fondamentale d’une préparation sérieuse au mariage et de l’examen prématrimonial réalisé par le curé. 

    Il y a ici un splendide défi pour les prêtres et les laïcs : « Le mariage sacramentel est un témoignage de la puissance de la grâce qui transforme l’homme et prépare toute l’Église pour la cité sainte, la nouvelle Jérusalem, l’Église, prête “comme une épouse parée pour son époux” (Ap 21, 2). L’Évangile de la sainteté du mariage doit être annoncé avec une audace prophétique. Un prophète fatigué cherche dans l’adaptation à l’esprit du temps son propre salut, mais pas le salut du monde en Jésus-Christ. (…) En vertu du sacrement du mariage, les époux participent à l’amour définitif et irrévocable de Dieu. Aussi peuvent-ils être des témoins de l’amour fidèle de Dieu, mais ils doivent nourrir constamment leur amour à travers une vie de foi et de charité. » (Mgr Müller).

    L’archevêque rappelle bien entendu aussi « les situations dans lesquelles la coexistence matrimoniale devient pratiquement impossible à cause de graves motifs » et qui peuvent justifier une séparation, sans rupture du lien conjugal.

    Loin de constituer une « ouverture doctrinale », comme préconisé par certains, les voies de solutions évoquées confirment la doctrine de toujours face à un monde changeant. Du reste, les « ouvertures doctrinales », en théologie catholique, ne naissent pas tant des idées personnelles des théologiens que de l’ouverture du cœur et de l’intelligence à la parole de Dieu, dont « la Tradition sacrée et la Sainte Écriture constituent l’unique dépôt sacré (…) qui ait été confié à l’Église » et au service duquel se place le Magistère qui « écoute pieusement la parole, la garde religieusement, l’explique fidèlement, et puise dans cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il nous propose à croire comme étant divinement révélé » (Concile Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum, 10). 

    Abbé Stéphane Seminckx

    Source : didoc.be

    ___________ 

    Le texte de l’article de Mgr Müller peut être lu sur le site web du Vatican (http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/muller/rc_con_cfaith_20131023_divorziati-risposati-casramenti_fr.html)

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    Extrait :

    …dans chaque célébration de la Messe les fidèles sont tenus de s’examiner dans leur conscience s’il est possible de recevoir la Communion, ce à quoi s’oppose toujours un péché grave non confessé. Ils ont donc l’obligation de former leur conscience et de l’orienter selon la vérité ; ce faisant, ils obéissent également au magistère de l’Église, qui les aide « à ne pas dévier de la vérité sur le bien de l’homme, mais, surtout dans les questions les plus difficiles, à atteindre sûrement la vérité et à demeurer en elle » (Jean-Paul II, Lettre encyclique Veritatis splendor, n. 64).

    Lorsque des divorcés remariés sont subjectivement convaincus dans leur conscience qu’un précédent mariage n’était pas valide, cela doit être objectivement démontré par les tribunaux compétents en matière matrimoniale. En effet, le mariage ne concerne pas seulement le rapport entre deux personnes et Dieu ; il est aussi une réalité de l’Église, un sacrement, sur la validité duquel l’individu ne décide pas pour lui-même, mais l’Église, dans laquelle il est incorporé par la foi et le baptême. « Si le mariage précédent de fidèles divorcés et remariés est valide, leur nouvelle union ne peut être considérée en aucune circonstance comme conforme au droit et donc, pour des motifs intrinsèques, la réception des sacrements n’est pas possible. La conscience de chacun est liée, sans exception, par cette norme » (Card. Joseph Ratzinger, La pastorale du mariage doit se fonder sur la vérité, L’Osservatore Romano. Édition hebdomadaire en langue française, 8 décembre 2011, p. 5).

    La doctrine de l’epicheia, selon laquelle une loi est certes valable en termes généraux, mais ne recouvre pas toujours adéquatement l’agir humain concret, ne peut pas non plus être appliquée dans ce cas, car l’indissolubilité du mariage sacramentel est une norme de droit divin, qui n’est pas à la disposition du pouvoir discrétionnaire de l’Église. Celle-ci a cependant plein pouvoir – dans la ligne du privilège paulin – pour clarifier quelles conditions doivent être remplies pour qu’un mariage indissoluble existe selon le sens qui lui est attribué par Jésus. À partir de là, l’Église a établi des empêchements de mariage, reconnu des motifs de nullité de mariage et mis au point une procédure judiciaire détaillée.Une proposition supplémentaire en faveur de l’admission des divorcés remariés aux sacrements consiste à invoquer l’argument de la miséricorde. Étant donné que Jésus lui-même s’est solidarisé avec les personnes qui souffrent en leur donnant son amour miséricordieux, la miséricorde serait un signe spécial d’une sequela authentique. Cela est vrai, mais c’est un argument insuffisant en matière théologico-sacramentaire, parce que tout l’ordre sacramentel est une œuvre de la divine miséricorde et ne peut pas être révoqué en faisant appel à cette même miséricorde. À travers ce qui est objectivement un faux appel à la miséricorde, on court de plus le risque d’une banalisation de l’image de Dieu, selon laquelle Dieu ne pourrait rien faire d’autre que pardonner. Au mystère de Dieu appartiennent, outre la miséricorde, également sa sainteté et sa justice. Si l’on occulte ces attributs de Dieu et que l’on ne prend pas au sérieux la réalité du péché, on ne peut finalement pas non plus communiquer sa miséricorde aux hommes. Jésus a rencontré la femme adultère avec une grande compassion, mais il lui a aussi dit : « Va, ne pèche plus » (Jn 8, 11). La miséricorde de Dieu n’est pas une dispense des commandements de Dieu et des instructions de l’Église. Elle accorde plutôt la force de la grâce pour leur accomplissement, pour se relever après la chute et pour une vie de perfection à l’image du Père céleste.

  • Esotérisme et mystère chrétien

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    « Rien n’est caché qui ne deviendra manifeste, rien non plus n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour » (Lc 8, 17; 12, 2). Cette affirmation catégorique de Jésus, reprise par les évangélistes Matthieu (10, 26) et Marc (4, 22), semble régler définitivement la question des rapports éventuels entre l’ésotérisme et le mystère chrétien : il n’y a pas et il ne peut pas y avoir d’hermétisme ou d’ésotérisme chrétien pour la raison évidente que le christianisme est une Révélation proposée à tous (l’Évangile est cette Bonne Nouvelle) et non une religion à mystères transmise à quelques initiés. Devant cette générosité inimaginable du Père céleste, Jésus a même exulté de joie : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25).

    On pourrait en rester là et se contenter d’une simplicité évangélique exotérique, pour ainsi dire. Mais c’est le Maître lui-même qui provoque en nous la réflexion. Pourquoi, par exemple, dit-il à ses disciples en aparté : « À vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu; mais pour les autres, c’est en paraboles, afin qu’ils voient sans voir et entendent sans comprendre » (Lc 8, 10), comme si Dieu se plaisait à brouiller les pistes, à effacer ses traces… Comme s’il voulait réserver ses mystères à quelques initiés… Peut-il se contredire Celui qui affirme que « personne, après avoir allumé une lampe, ne la recouvre d’un vase ou ne la met sous son lit : on la met au contraire sur un lampadaire, pour que ceux qui pénètrent voient la lumière » (Lc 8, 16).

    « L’homme ne peut me voir sans mourir »  (Ex 33, 20)

    Mais alors à quoi Dieu joue-t-il ? Veut-il se montrer ou veut-il se cachetéléchargement (9).jpgr ? Veut-il se révéler à tous ou à quelques privilégiés? Que signifient ces jeux d’ombre et de lumière entre Lui et nous? En réalité, Dieu se révèle en se cachant et il se cache en se révélant. S’il agit de la sorte c’est par amour pour nous, car sa lumière est trop forte pour nos yeux, sa toute-puissance trop bouleversante pour notre fragilité : « L’homme ne peut me voir sans mourir » (Ex 33, 20), dit-il à Moïse, car il y a un abîme entre la sainteté de Dieu et l’indignité de l’homme, souligne la Bible de Jérusalem en commentant ce verset. Cette prévenance divine, cette souveraine délicatesse est la modeste porte d’entrée qui nous permet d’accéder au sens chrétien du mystère. : les sacrements ne sont rien d’autre que de simples fenêtres ouvertes sur l’infini, des signes matériels tangibles qui révèlent et voilent en même temps des réalités spirituelles agissantes et concrètes quoique ineffables et indicibles. Sous d’humbles apparences matérielles (pain, vin, eau, huile, souffle…), c’est l’Esprit de Dieu qui accepte de se donner par les pauvres mains et les paroles de l’homme. Pourra-t-on jamais mesurer l’humilité d’un tel Dieu qui, par pur amour, ose s’abandonner à nous ! Quand le prêtre élève l’hostie consacrée, c’est non seulement Jésus-Christ qui se montre sous les apparences du pain, c’est aussi le cosmos et tout ce qu’il renferme qui s’offre à nous, car c’est par Lui que tout fut créé (Jn 1, 3), Lui que le Père a aimé avant la fondation du monde (Jn 17, 24). Ainsi, par la foi, nous sont offerts l’amour et la « connaissance du Christ qui surpasse tout » (Ph 3, 8). Or, cette connaissance mystique ne s’analyse pas comme une règle de physique ou de mathématique, elle ne se cherche pas à la manière de l’alchimie quêtant la pierre philosophale, dans la numérologie, dans les astres, le spiritisme ou les cartes à jouer : comme l’écrit saint Paul, elle s’offre à nous et par nous à la manière d’un « parfum » (2 Co 2, 14).

    Le merveilleux chrétien renvoie toujours au mystère

    LABYRINTHE-CATHEDRALE-DAMIENS.jpgSans le savoir, les sciences occultes ont recherché de tous temps cette « bonne odeur du Christ » (2 Co 2, 15) dans les taillis touffus de la connaissance et les âpres maquis de la gnose. Les mythes païens, la connaissance gnostique n’étaient pas inconnus de saint Paul, mais l’Apôtre des nations vouait à la destruction la « sagesse de ce monde et des princes de ce monde » (1 Co 2, 6). Selon Origène (v. 185-v. 253), Paul faisait ainsi référence à la « prétendue philosophie secrète des Égyptiens, à l’astrologie des Chaldéens et des Hindous » et aux « multiples doctrines des Grecs sur la nature du divin ». Clément d’Alexandrie (v. 150-v. 220), son contemporain, investigua longuement les sentiers de la gnose préchrétienne ; il voulait rapatrier vers le Christ les éléments épars de la connaissance que l’Esprit avait disséminé dans les civilisations[1]. Mais tout en faisant converger les éléments positifs des sciences occultes vers leur source divine, « la vieille sagesse chrétienne a lutté farouchement, dès les premiers siècles, contre toute forme de fatalisme et, notamment contre l’astrologie, au nom de la souveraineté et de la liberté de Dieu face à toutes les puissances cosmiques ». Ce faisant, « elle n’a cependant pas nié l’existence de principes terrestres secondaires que la providence met à son service pour diriger le cours des choses ». Rappelant la doctrine paulinienne, le cardinal Balthasar, souligne que les « éléments du monde » (vénérés par beaucoup comme des puissances angéliques), les « dominations », les « autorités » et les « princes de ce monde » sont reconnus dans leur réalité et dans leur compétence, mais n’en doivent pas moins, tenus sous le joug du Christ, précéder son char triomphal (Col, 2, 15). L’ésotérisme et les sciences occultes ne sont jamais que des « réalités pénultièmes, accessibles seulement lorsqu’il est possible de les rapporter au mystère absolu de l’amour divin manifesté dans le Christ »[2]. En dehors de ces rapports de subsidiarité, elles risquent de conduire les téméraires sur des chemins d’orgueil vers des culs-de-sac spirituels ou des ronds-points sans issue. Dans la foi nous comprenons que le merveilleux chrétien renvoie toujours au mystère d’où il tire sa saveur particulière et que le mystère lui-même trouve sa source dans la puissance divine. « Le Puissant fit pour moi des merveilles », s’exclame la Vierge Marie ; ces merveilles sont comme le parfum qui émane de la fleur du mystère, sachant que le mystère chrétien n’est pas un secret caché, mais une lumière tellement intense qu’elle ne peut être supportée et manifestée qu’à travers le filtre de ce que nous appelons le miraculeux ou le merveilleux.[3] Le miracle tamise la puissance divine en même temps qu’il la manifeste, car ce que nous considérons comme merveilleux ou miraculeux constitue l’ordinaire de Dieu, si l’on peut dire.

    Dieu ne se révèle pas aux orgueilleux

    Dieu ne se révèle pas aux orgueilleux. La simplicité et l’humilité du cœur sont les seulesimages15.jpg clefs de l’amour et de la connaissance. Si Moïse a été initié aux mystères de Dieu pour tenir tête aux prêtres égyptiens et à leur magie, c’est qu’il fut « l’homme le plus humble que la terre ait porté » (Nb 12, 3). Quant à la mère du Christ, épouse de l’Esprit Saint, qui forma en son sein la Sagesse éternelle, elle peut être à juste titre qualifiée de sedes sapientiae, siège de la Sagesse. Son cœur immaculé fait déborder la connaissance divine sur ceux qui la vénère d’un cœur simple et droit.

    L’homme qui cherche à établir un contact avec le monde invisible est un homme normal, même s’il s’égare dans des chemins sans issue. L’homme qui cherche la clef de la connaissance répond à un appel profond qui retentit en son cœur. N’oublions pas que nous sommes d’abord des êtres spirituels qui faisons l’expérience de l’incarnation et non l’inverse, car nous sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu qui est pur Esprit (Gn 1, 26). L’Église a reçu du Christ les clefs de la connaissance et la gestion des mystères sacrés : elle peut et elle doit enseigner à tous les hommes les voies de la connaissance qui mènent à l’union à Dieu, fussent-elles surprenantes et inattendues, car l’Esprit souffle non seulement où il veut, mais aussi comme il veut et quand il veut… « Malheur à vous, les légistes, parce que vous avez enlevé la clef de la science! Vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer vous les en avez empêchés! » (Lc 11, 52). Souhaitons que cette admonestation de la Sagesse incarnée ne s’adresse pas à nos pasteurs!

    En mangeant, à l’invitation de Satan, le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, l’homme primordial est entré par effraction dans l’enceinte de la connaissance parfaite et il en a goûté le fruit doux-amer : douceur du bien, amertume du mal. Et ce péché d’orgueil l’a conduit à la mort (Gn 2, 17). Ève chercha la connaissance dans les artifices du démon, Marie la trouva dans l’humilité et l’Esprit Saint : « Il s’est penché sur son humble servante » (Lc 1, 48).

    Seul le Ressuscité, véritable « arbre de vie », pouvait restaurer l’homme dans sa dignité première et le réintroduire dans l’enceinte sacrée de la con-naissance, le Cœur du Christ, là où « amour et vérité se ren-contrent » (Ps 84, 11).

     

     Pierre René Mélon

     

    [1]  Voir en particulier le livre VI des Stromates, Sources chrétiennes, éd. du Cerf.

    [2]  Hans Urs von Balthasar, in Méditations sur les 22 arcanes majeurs du Tarot,  Avant-Propos, pp. 14-15, Aubier, 1984.

    [3]  Voir le Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens, collectif, sous la direction de P. Sbalchiero, Fayard, 2002.

  • Belgique : la culture de mort se porte bien

     

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    Selon l’association « Alliance Vita », depuis le vote de la loi dépénalisant l’euthanasie en Belgique en 2002, deux évolutions majeures peuvent être soulignées :

    - la volonté continuelle du lobby de l’euthanasie d’élargir les cas possibles, comme aux Pays-Bas : les mineurs, les personnes âgées de plus de 70 ans, les personnes considérées comme “démentes” (par exemple en cas de maladie d’Alzheimer), les adultes dépressifs (personnes anorexiques, handicapées, en prison…).

    -l’augmentation constante du nombre d’euthanasies pratiquées officiellement, avec un doublement du total tous les 4 ans : il est passé de 349 en 2004 à 704 en 2008, et à 1432 en 2012. Entre la première année compète d’application (235 cas en 2003) et 2012, le total a été multiplié par six.

    L’euthanasie est plus couramment pratiquée en Flandre (83%) qu’en Wallonie (17%) : des chiffres étonnants qui, pour les chercheurs, peuvent s’expliquer par des « différences de pratiques médicales ». La Commission de contrôle et d’évaluation a examiné plus de 2000 déclarations depuis sa création. Aucune n’a jamais fait l’objet d’un signalement au parquet….

    Les dérives de la loi de 2002 sur l’euthanasie 

     « La loi belge votée le 28 mai 2002 et au­to­risant l'euthanasie pose comme condi­tion préalable que le patient soit atteint d'une "maladie grave et incurable".

    Onze ans après, une extension de la pra­tique s'apprête à être votée alors que de nombreuses dérives sont constatées. Cette nouvelle législation pourrait en outre re­mettre en cause la liberté de conscience des médecins. En effet, "le législateur pourrait contraindre les médecins objec­teurs d'indiquer à leurs patients deman­dant à être euthanasiés le nom d'un con­frère favorable à cette pratique". 

    L'hebdomadaire Famille Chrétienne (An­toine Pasquier, 22/11/2013) se fait l'écho des dérives flagrantes constatées en Bel­gique

     D’une part, il s'agit, de dérives dans l’interpré­tation des dispositions légales. La Commission de contrôle semble éva­cuer de plus en plus le critère d'une mala­die "grave et incurable"(1). Le grand âge et la lassitude de vivre "sont devenus des condi­tions pour être euthanasiés' " s'in­digne le Dr Dopchie (2). De même en est-il pour la condition de "souffrance physique ou psy­chique constante et insupportable", que la Commission perçoit comme une "notion subjective", et qui renvoie désor­mais à "l'anticipation d'une souffrance future" précise Etienne Montero (3). Le cas de deux jumeaux, âgés de 45 ans, "nés sourds et euthanasiés en 2012 parce qu'un glau­come allait les rendre aveugle" en est un exemple flagrant. Ces dérives légales s'ex­pliquent par le fait que le contrôle de la Commission est exercé a posteriori, que le ministère public n'engage pas de pour­suite dans les cas où la loi est transgressée, et que les médecins eux mêmes "af­firme[nt] publiquement" [...] ne pas dé­clarer les actes euthanasiques qu'ils prati­quaient". Il faut noter en outre que les membres de la Commission de contrôle sont majoritairement "adhérents ou [...] collaborateurs de l'ADMD" [association pour le droit de mourir dans la dignité], comme par exemple Jacqueline Herre­mans, prési­dente de l'ADMD Belgique. 

    D’autre part, Il s'agit des dérives profes­sionnelles qui se traduisent par des eutha­nasies clandestines, comme le précise le Dr Dopchie qui a été témoin "d'accéléra­tions thérapeutiques" consistant en "des surdosages abusifs de produits utilisés pour calmer la douleur" mais qui "provoqu[e] la mort des patients à leur insu et à celui des familles". 

    Enfin, l'ultime dérive, et non la moindre, s'entend lorsque les patients réclament le "droit" à bénéficier d'une euthanasie qui serait "devenu une alternative thérapeu­tique" pour certains. Et pour cause, "l'offre crée la demande" commente Etienne de Montero. 

    Parmi les Belges, peu nombreux sont ceux qui ont pris conscience de ces dérives. Mais des voix d'universitaires, de juristes, et de professionnels de santé ou de simples citoyens commencent à se faire entendre grâce au site internet « euthanasieStop ». Pour Michel Ghins (4), un des initiateurs du projet, "le site a permis de libérer la parole de citoyens ressentant un certain malaise vis-à-vis de cette législation ou d'une déci­sion prise par un proche". Source: genethique.org, 22.11.2013

    ______________

    (1) "certains membres de la Commission ont estimé que la souffrance et la demande d'eu­thanasie étaient plutôt liées aux conséquences naturelles liées à l'âge qu'aux affections dont [les patients] étaient atteints": Cinquième rap­port de la Commission fédéral de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie, rendu aux chambres législatives belges, pour les années 2010-2011

    (2) Oncologue et chef du service de Soins pal­liatifs au Centre Hospitalier de Wallonie picarde à Tournai.

    (3) Doyen de la Faculté de droit de Namur et auteur de l'ouvrage "Rendez-vous avec la mort. Onze ans d'euthanasie légale en Belgique".

    (4) Professeur de philosophie des sciences à l’U.C.L., président d’ « Action pour la Famille ».

       

    Etienne Montero : Rendez-vous avec la mort

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    Vient de paraître : « Rendez-vous avec la mort.10 ans d’euthanasie légale en Belgique », par Étienne Montero , professeur ordinaire à l’Université de Namur, doyen de la Faculté de droit.

    Après dix années d’application de la loi sur l’euthanasie en Belgique (2002), le moment est venu de dresser un bilan critique :

    •Peut-on soutenir que l’euthanasie est adéquatement balisée, sa pratique rigoureusement contrôlée et ses conditions légales parfaitement respectées ?

    •Est-il vrai qu’aucun effet de « pente glissante » ne se manifeste en Belgique ?

    •Peut-on parler sans fard du « modèle belge des soins palliatifs intégraux » au sens où, dans ce pays, l’euthanasie serait une composante intégrante des soins palliatifs ?

    •Peut-on affirmer que la dépénalisation de l’euthanasie n’a nullement altéré la confiance dans les médecins ?

    L’objectif de cet ouvrage est de répondre à ces questions et de permettre au lecteur d’approfondir sa réflexion en la confrontant à celle d'un expert : 140 pages - 29 €  - (5 € de frais de port pour la Bel. en sus) Vous pouvez commander cet ou­vrage :Par fax : 010 40 21 84  Par mail : commande@anthemis.be Via le site : www.anthemis.be

     

     
    Légalisation de l’euthanasie des mineurs

    4000197388815.jpgLe mercredi 27 novembre dernier, les Commis­sions réunies des Affaires sociales et de la Justice du Sénat de Belgique ont adopté par 13 voix contre 4 la proposition de loi qui vise à étendre le cadre légal autorisant l'euthanasie, dans certaines conditions, aux mineurs d'âge dont un psycho­logue aura reconnu la capacité de discernement. Seuls les mineurs faisant face à des souffrances physiques insuppor­tables et inapaisables, en phase terminale, pourront, encadrés par une équipe médi­cale, et moyennant l'ac­cord parental, bénéficier de l'euthanasie qu'ils auront sollicitée. Les socia­listes et les libéraux, francophones et néerlandophones, les Verts, ainsi que la N-VA ont voté en faveur de la proposition de loi. Les élus cdH, CD&V et Vlaams Belang ont voté contre. Le texte doit ensuite être examiné en séance plénière

    Les manifestants ont été relâchés

    Les  'veilleurs' arrêtés le mardi 26 no­vembre devant le Sénat à Bruxelles après avoir ma­nifesté contre l'élargissement de la loi sur l'euthanasie, ont été relâchés en soirée, a indiqué mercredi la police de la zone de Bruxelles Capitale-Ixelles. Les mili­tants seront poursuivis devant le tribunal correctionnel pour avoir manifesté en zone neutre. Depuis plusieurs semaines, un groupe de 'veilleurs' se réunissait en silence chaque mardi aux abords du Sénat à Bruxelles. Leur action s'inscrit dans le cadre des discussions portant sur l'extension aux mineurs du cadre légal sur l'euthanasie (« La Libre », citant Belga)

    Mais, du Sénat (le vote en séance plénière a eu lieu le 12 décembre 2013 : 50 voix pour,images (13).jpg 17 contre) à la Chambre jusqu’à la signature du Roi, il reste encore un chemin à parcourir pour conclure : sera-ce avant les élections gé­nérales de mai 2014 ? Si non, la proposition devra être relevée de caducité (dans un contexte nouveau: le sénat va perdre sa capacité législa­tive). La majorité gouver­nementale (celle-ci ou la suivante) jouera-t-elle les « ponce-pilate » en se lavant les mains, comme d’habitude, dans l’eau de la liberté de conscience ?  

    JPS 

  • Liturgie : embrouilles sur la traduction du « Notre Père »

     

    jesus_priere.jpg

    La formule théologiquement contestable de la sixième demande du Pater "Et ne nous soumets pas à la tentation" remonte à un accord obtenu entre catholiques, protestants et orthodoxes, entre 1964 et 1966, au moment du Concile et de sa volonté d'ouverture oecuménique. Elle suscite aujourd’hui plus que jamais la controverse :

    "Et ne nous soumets pas à la tentation" ?

    images (1).jpgSur le site de « La Vie » (14.10.2013, extraits) Anne-Cécile Juillet  note que  «  (…) dans la nouvelle traduction française de la Bible liturgique, diffusée en France par les éditions Mame/Fleurus à partir du 22 novembre 2013, on ne lira plus "Et ne nous soumets pas à la tentation", mais "Et ne nous laisse pas entrer en tentation". En effet, cet été, le Vatican a donné son accord à la publication d'une nouvelle traduction française complète de la bible liturgique (qui comprend l'Ancien Testament, les psaumes et le Nouveau Testament), dont la dernière version remontait à 1993 ».

    La prière récitée du Notre-Père changera-t-elle pour autant?  Pour l'instant, il est difficile de le savoir. Pour cela, il faudrait que cette nouvelle traduction soit également validée dans le Missel. Sur ce point, les sources auxquelles se réfère le site web de « La Vie », divergent. "Oui, c'est absolument certain, elle s'imposera dans le futur missel", disent les uns. "Non, ce n'est pas sûr du tout puisque la commission, au Vatican, qui s'occupe du contenu du Missel romain est distincte de celle qui a validé la nouvelle traduction", estiment d'autres. 

    Face au buzz médiatique, Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France, cité par l’agence Zenit, a tenu à préciser que « rien ne change actuellement pour la prière du Notre Père, y compris à la Messe. Un changement pourra intervenir dans quelques années lorsqu'entrera en vigueur la nouvelle traduction du Missel Romain, qui est encore en chantier ».

    Comme le rappelle le directeur du journal « L’Homme Nouveau » sur le blog de sa publication, c’est en 1966 que fut inventée l’actuelle « version œcuménique ». Celle-ci fut cependant critiquée par les plus sérieux de nos frères protestants et orthodoxes. Et ce n’est pas avant 2015 que la nouvelle version figurera dans les missels. La patience est une vertu fortement recommandée aux fidèles de l’Église catholique.

    L’exégèse de Monseigneur Léonard 
     
    Dans notre enfance préconciliaire on priait : « ne nous laissez pas succomber à latéléchargement (8).jpg tentation ». Après Vatican II, on introduisit un contresens théologique en traduisant le grec de référence « κα μ εσενέγκς μς ες πειρασμόν » par « ne nous soumets pas à la tentation ». N’eût-il pas été possible de dire plutôt : "ne nous soumets pas à l’épreuve", le substantif « peirasmos » ayant aussi parfois ce sens ? De bons linguistes classiques assurent que non.

    Sur la question, dans son livre « Que Ton Règne vienne », (Edi­tions de l’Emmanuel, 1998), Monseigneur Léonard, conserve le sens de « tentation » mais explique, un peu longuement, que la formule grammaticale grecque provient d’un hébraïsme mal tra­duit :

     « Il s’agit, écrit-il, de bien com­prendre l’usage de la négation devant un verbe dont le substantif hébreu est conju­gué à la forme causative, celle qui permet de passer de l’idée de « dormir », par exemple, à celle de « faire dormir ».

     En français, nous avons besoin de deux mots pour le dire. En hébreu, il suffit d’utiliser la forme causative ou factitive du verbe. C’est elle qui permet, dans notre texte, de passer de l’idée de « entrer dans la tenta­tion » à celle de « faire entrer dans la ten­tation ». Que se passe-t-il si l’on met une négation devant la forme causative de la sixième demande ? Faut-il comprendre « ne nous fait pas entrer dans la tentation » ou bien « fais que nous n’entrions pas dans la tentation » ? Tel est exactement le pro­blème.

    Pour un Sémite, la réponse est évi­dente d’après le contexte. La demande signifie : « Fais que nous n’entrions pas dans la tentation ». Exactement comme pour nous en français, si je dis : « je n’écris pas ce livre pour m’amuser », chacun comprend que j’écris effectivement ce livre (la preuve !), en dépit de la négation qui semble affecter  le verbe, mais que ce n’est pas pour m’amuser. Malgré les ap­parences, la négation ne porte pas sur « écrire », mais sur « pour ». Mais, dans son incommensurable bêtise, un ordinateur aurait pu comprendre que, pour pouvoir m’amuser, je n’écrivais pas ce livre… Qu’a fait ici le premier traducteur grec du « Notre Père » sémi­tique ?

    Le grec n’ayant pas de forme causative et ne connaissant pas davan­tage la tournure fran­çaise « faire en­trer », il a pris un autre verbe qu’ « entrer » , un verbe exprimant d’un seul mot, comme en hé­breu, l’idée de « faire entrer », à savoir le verbe grec « intro­duire » et il a mis une né­gation devant ! Pour les lecteurs grecs connaissant encore les tournures sémi­tiques, l’interprétation correcte allait de soi.

    22846792.jpgMais par la suite, l'expression allait forcément être mal comprise et prêter à scan­dale. Le problème est résolu si, instruit de ces petites ambiguités linguistiques, on traduit : « Fais que nous n’entrions pas dans la tentation » ou « Garde-nous de consentir à la tentation ». De ce point de vue, l’ancienne traduction française du « Notre Père » était moins heurtante que l’actuelle (sans être parfaite), puisqu’elle nous faisait dire : « Et ne nous laissez pas succomber à la tentation ». La même  difficulté existant dans de nombreuses langues euro­péennes, plusieurs onférences épisco­pales ont entrepris de modifier la traduc­tion du « Notre Père » en tenant compte du problème posé par la version actuelle. Espérons que les conférences épiscopales francophones feront un jour de même. Si nous traduisons correctement la sixième demande (« Garde nous de consentir à la tentation » !) alors tout s’éclaire. Dans la cinquième demande, nous avons prié le Père de nous remettre nos dettes passées. Dans la septième, nous allons lui deman­der de nous protéger, à l’avenir, du Tenta­teur. Dans la sixième, nous lui demandons logiquement, pour le présent, de nous pré­server du péché en nous gardant de suc­comber à la tentation ».

    JPS

  • LIEGE : EPIPHANIE POUR UN ANNIVERSAIRE

    images (13).jpgLes fêtes du mystère de la Nativité se sont clôturées ce samedi 4 janvier 2014 à l’église du Saint-Sacrement : trois cents fidèles y ont pris part à la messe solennelle de l’Epiphanie. Mozart lui-même était parmi eux, grâce à l’excellente interprétation de sa « Missa Brevis » par le chœur de Sainte-Julienne dirigé par Margaret Todd et accompagné à l’orgue par Patrick Wilwerth : une prestation alliant aussi un florilège de chants de noël et le propre grégorien du jour au service de l’esprit de la liturgie. Celle-ci était célébrée par les abbés Jean Schoonbroodt, Louis-Dominique Kegelin (diacre) et Claude Germeau (sous-diacre). Un merci amical s’adresse à eux comme aux servants de messe : Jacques, Ghislain, Raphaël et à tous les prestataires de l’église pour leur active contribution : les deux Luc, Emmanuel, Jacqueline , Anne-Marie, Alain  et les autres…

    On fêtait aussi, ce 4 janvier 2014, le dixième anniversaire du sauvetage (par l’association « Sursum Corda ») de l’église du Saint-Sacrement à Liège, alors (2003) menacée de sécularisation.

    A défaut de hauts personnages dans l’Eglise ou dans l’Etat, c’est un humble prêtre auxiliaire, certes bien connu des Liégeois, qui exprima le sentiment de la foule assemblée. Voici le texte de son homélie : 

    Copie (2) de P1010241.JPG

    «  ‘Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus l’adorer !’. Aujourd’hui, quelle est l’étoile qui nous conduit à Jésus ? Il faut bien reconnaître que nous sommes largement imprégnés par le matérialisme («  je ne crois que ce que je vois »), l’utilitarisme (« j’ai besoin de toi, je te trouve ; je n’ai plus besoin de toi, je t’oublie »), l’individualisme (« chacun pour soi »), le relativisme (« il n’y a plus de vérité »). L’étoile s’est obscurcie : on oublie la personne du Christ, on le connaît plus le Christ ni Son évangile, on ne sait plus ce qu’est la sainte Messe.

    Aujourd’hui, par la présente Eucharistie, nous célébrons le 10e anniversaire de la libération de cette église de la sécularisation : on l’a rachetée grâce aux efforts de quelques chrétiens, à la générosité de beaucoup, dont le Père-Abbé de l’abbaye de Rochefort, le Père-Abbé de l’abbaye de Clervaux ! Ces efforts furent encouragés par notre ancien évêque Mgr van Zuylen ainsi que par notre archevêque, Mgr Léonard, qui a célébré la messe ici quelques fois.

    Qu’il me soit permis d’exprimer, en votre nom à tous, notre vive gratitude et notre profonde reconnaissance aux responsables de l’asbl « Sursum Corda » pour leur courage, leur détermination, leur fidélité, leur constance à assumer les multiples démarches pour le fonctionnement de cette église, sans le concours d’aucun subside officiel.

    Ils ont voulu demeurer fidèles à la tradition religieuse de ce lieu : sa vocation au culte eucharistique. Pendant de très nombreuses années, les religieuses du couvent du Saint-Sacrement sont venues ici, quotidiennement deux par deux, adorer le Seigneur dans l’Eucharistie durant toute la journée. Ce culte eucharistique a vu le jour à Liège, grâce à sainte Julienne de Cornillon (1192-1258). On a donc voulu rester fidèle à une grande et profonde tradition religieuse, créée dans cette ville eucharistique.

    Aujourd’hui, on a trop souvent tendance à ne voir l’avenir qu’avec des projets d’innovations, sans tenir compte de nos aînés dans la foi. Or, quand on conduit sa voiture, il faut certes regarder devant soi, mais aussi parfois dans le rétroviseur.

    On oublie de regarder nos aînés, qui ont fait l’Eglise en Belgique : 

    -     le Cardinal Cardijn, qui formait avec enthousiasme des jeunes à la Foi ;

    -     le Père Vincent Lebbe, qui voulait susciter des évêques chinois : mis à la porte de la Chine par ses confrères, revenu en Belgique, il rencontre le Cardinal Mercier qui parle de lui à Rome où le pape lui-même va alors consacrer six évêques chinois ;

    -     le Père Damien, qui déclare : « c’est grâce à la prière fréquente devant le Saint-Sacrement que j’ai  trouvé la force de rester et d’aimer mes frères lépreux ! » ;

    -     Dom Columba Marmion, ancien Père-Abbé de l’abbaye de Maredsous, qui donnait de magnifiques retraites sur le Christ, à partir du témoignage de saint Paul ;

    -     L’abbé Edouard Poppe, humble vicaire à Gand : catéchiste des enfants, il meurt à trente trois ans et son exemple connaît un grand rayonnement international ;

    -     Le Frère Mutien-Marie, non moins humble Frère des Ecoles chrétiennes à Malonne constamment voué à la prière.

    Dans notre monde si souvent enténébré par les mauvaises nouvelles d’attentats, de guerres et de réfugiés mais aussi, chez nous, de tant de ménages cassés, de jeunes isolés et sans travail, de personnes âgées oubliées, ces grands aînés sont de vrais témoins qui nous donnent l’espérance, la lumière, l’amour, la vérité.

    Par leur vie, ils nous montrent deux choses :

     1. la Vérité de l’homme, c'est-à-dire les vraies valeurs : le sens du devoir, l’honnêteté, la fidélité, le service, la gratuité, la compréhension, le pardon ; toutes valeurs, perdues parce que non rentables, et cependant indispensables pour trouver le bonheur ;

     2. la prière : non pas adressée à un Dieu lointain, mais proche des événements de ma vie. A travers ces aînés exemplaires, le Christ revit Sa propre Vie. Ils sont des icônes du Christ. Ainsi, ils sont une réponse prodigieuse à tant de personnes qui, aujourd’hui, faute de repères, en ont marre de vivre et s’adonnent à l’alcool, la drogue, les médicaments ou le suicide.

    Que le dixième anniversaire de la restitution de cette église au culte du Saint-Sacrement nous apporte plus de conviction et d’enthousiasme dans notre foi au Christ.

    A cet égard, trois appels existent ici-même :

    1. chaque mardi, de 17h à 19h : silence, adoration, lecture d’évangile, confession ;

    2. le dimanche, saintes messes à 10h et 11h15 : que le sacrifice du Christ opère notre conversion pour quitter l’esprit de consommation afin de retrouver Son esprit d’immolation ;

    3. manifestons notre soutien, notre sympathie, notre générosité pour la cause de cette église du Saint-Sacrement.

    Un jour, le Cardinal Cardijn disait à des jeunes : « Si à 40 ans, je n’ai pas plus de foi et d’idéal qu’à 20 ans ; si à 60 ans, je n’ai pas plus de conviction et d’enthousiasme  qu’à 40 ans ; si à 80 ans, je n’ai pas plus de certitude pour allumer le feu dans les âmes et soulever le monde, j’ai raté ma vie ! »

    Oui, le Christ, je L’ai rencontré. Il a bouleversé ma vie.

     Abbé Claude Germeau ».