Les fêtes du mystère de la Nativité se sont clôturées ce samedi 4 janvier 2014 à l’église du Saint-Sacrement : trois cents fidèles y ont pris part à la messe solennelle de l’Epiphanie. Mozart lui-même était parmi eux, grâce à l’excellente interprétation de sa « Missa Brevis » par le chœur de Sainte-Julienne dirigé par Margaret Todd et accompagné à l’orgue par Patrick Wilwerth : une prestation alliant aussi un florilège de chants de noël et le propre grégorien du jour au service de l’esprit de la liturgie. Celle-ci était célébrée par les abbés Jean Schoonbroodt, Louis-Dominique Kegelin (diacre) et Claude Germeau (sous-diacre). Un merci amical s’adresse à eux comme aux servants de messe : Jacques, Ghislain, Raphaël et à tous les prestataires de l’église pour leur active contribution : les deux Luc, Emmanuel, Jacqueline , Anne-Marie, Alain et les autres…
On fêtait aussi, ce 4 janvier 2014, le dixième anniversaire du sauvetage (par l’association « Sursum Corda ») de l’église du Saint-Sacrement à Liège, alors (2003) menacée de sécularisation.
A défaut de hauts personnages dans l’Eglise ou dans l’Etat, c’est un humble prêtre auxiliaire, certes bien connu des Liégeois, qui exprima le sentiment de la foule assemblée. Voici le texte de son homélie :
« ‘Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus l’adorer !’. Aujourd’hui, quelle est l’étoile qui nous conduit à Jésus ? Il faut bien reconnaître que nous sommes largement imprégnés par le matérialisme (« je ne crois que ce que je vois »), l’utilitarisme (« j’ai besoin de toi, je te trouve ; je n’ai plus besoin de toi, je t’oublie »), l’individualisme (« chacun pour soi »), le relativisme (« il n’y a plus de vérité »). L’étoile s’est obscurcie : on oublie la personne du Christ, on le connaît plus le Christ ni Son évangile, on ne sait plus ce qu’est la sainte Messe.
Aujourd’hui, par la présente Eucharistie, nous célébrons le 10e anniversaire de la libération de cette église de la sécularisation : on l’a rachetée grâce aux efforts de quelques chrétiens, à la générosité de beaucoup, dont le Père-Abbé de l’abbaye de Rochefort, le Père-Abbé de l’abbaye de Clervaux ! Ces efforts furent encouragés par notre ancien évêque Mgr van Zuylen ainsi que par notre archevêque, Mgr Léonard, qui a célébré la messe ici quelques fois.
Qu’il me soit permis d’exprimer, en votre nom à tous, notre vive gratitude et notre profonde reconnaissance aux responsables de l’asbl « Sursum Corda » pour leur courage, leur détermination, leur fidélité, leur constance à assumer les multiples démarches pour le fonctionnement de cette église, sans le concours d’aucun subside officiel.
Ils ont voulu demeurer fidèles à la tradition religieuse de ce lieu : sa vocation au culte eucharistique. Pendant de très nombreuses années, les religieuses du couvent du Saint-Sacrement sont venues ici, quotidiennement deux par deux, adorer le Seigneur dans l’Eucharistie durant toute la journée. Ce culte eucharistique a vu le jour à Liège, grâce à sainte Julienne de Cornillon (1192-1258). On a donc voulu rester fidèle à une grande et profonde tradition religieuse, créée dans cette ville eucharistique.
Aujourd’hui, on a trop souvent tendance à ne voir l’avenir qu’avec des projets d’innovations, sans tenir compte de nos aînés dans la foi. Or, quand on conduit sa voiture, il faut certes regarder devant soi, mais aussi parfois dans le rétroviseur.
On oublie de regarder nos aînés, qui ont fait l’Eglise en Belgique :
- le Cardinal Cardijn, qui formait avec enthousiasme des jeunes à la Foi ;
- le Père Vincent Lebbe, qui voulait susciter des évêques chinois : mis à la porte de la Chine par ses confrères, revenu en Belgique, il rencontre le Cardinal Mercier qui parle de lui à Rome où le pape lui-même va alors consacrer six évêques chinois ;
- le Père Damien, qui déclare : « c’est grâce à la prière fréquente devant le Saint-Sacrement que j’ai trouvé la force de rester et d’aimer mes frères lépreux ! » ;
- Dom Columba Marmion, ancien Père-Abbé de l’abbaye de Maredsous, qui donnait de magnifiques retraites sur le Christ, à partir du témoignage de saint Paul ;
- L’abbé Edouard Poppe, humble vicaire à Gand : catéchiste des enfants, il meurt à trente trois ans et son exemple connaît un grand rayonnement international ;
- Le Frère Mutien-Marie, non moins humble Frère des Ecoles chrétiennes à Malonne constamment voué à la prière.
Dans notre monde si souvent enténébré par les mauvaises nouvelles d’attentats, de guerres et de réfugiés mais aussi, chez nous, de tant de ménages cassés, de jeunes isolés et sans travail, de personnes âgées oubliées, ces grands aînés sont de vrais témoins qui nous donnent l’espérance, la lumière, l’amour, la vérité.
Par leur vie, ils nous montrent deux choses :
1. la Vérité de l’homme, c'est-à-dire les vraies valeurs : le sens du devoir, l’honnêteté, la fidélité, le service, la gratuité, la compréhension, le pardon ; toutes valeurs, perdues parce que non rentables, et cependant indispensables pour trouver le bonheur ;
2. la prière : non pas adressée à un Dieu lointain, mais proche des événements de ma vie. A travers ces aînés exemplaires, le Christ revit Sa propre Vie. Ils sont des icônes du Christ. Ainsi, ils sont une réponse prodigieuse à tant de personnes qui, aujourd’hui, faute de repères, en ont marre de vivre et s’adonnent à l’alcool, la drogue, les médicaments ou le suicide.
Que le dixième anniversaire de la restitution de cette église au culte du Saint-Sacrement nous apporte plus de conviction et d’enthousiasme dans notre foi au Christ.
A cet égard, trois appels existent ici-même :
1. chaque mardi, de 17h à 19h : silence, adoration, lecture d’évangile, confession ;
2. le dimanche, saintes messes à 10h et 11h15 : que le sacrifice du Christ opère notre conversion pour quitter l’esprit de consommation afin de retrouver Son esprit d’immolation ;
3. manifestons notre soutien, notre sympathie, notre générosité pour la cause de cette église du Saint-Sacrement.
Un jour, le Cardinal Cardijn disait à des jeunes : « Si à 40 ans, je n’ai pas plus de foi et d’idéal qu’à 20 ans ; si à 60 ans, je n’ai pas plus de conviction et d’enthousiasme qu’à 40 ans ; si à 80 ans, je n’ai pas plus de certitude pour allumer le feu dans les âmes et soulever le monde, j’ai raté ma vie ! »
Oui, le Christ, je L’ai rencontré. Il a bouleversé ma vie.
Abbé Claude Germeau ».