Présentation de la « Via lucis »
« Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (S. Luc. 24, 26)
Cette affirmation de Jésus aux pèlerins d’Emmaüs constitue le nœud de toutes nos difficultés à être disciple du Christ.
Ce que nous professons quand il s’agit du Christ, notre « tête » (Eph. 4, 15 ; Col. 1, 18), nous avons peine à l’accepter pour ses « membres », son Corps mystique, l’Église.
Nous ne verrions point d’inconvénients à laisser à Jésus le poids de la Croix et à partager déjà sa gloire sans passer par ce qui nous semble détour inutile et obstacle repoussant !
Or, relève saint Jean de la Croix, « pour entrer dans les trésors de la sagesse, il faut passer par la porte : cette porte est la Croix, et elle est étroite. »[1]
Voilà pourquoi saint Paul peut affirmer en toute vérité : « J’achève en ma chair ce qui reste à accomplir des souffrances du Christ pour son corps qu’est l’Église » (Col. 1, 24).
Le Chemin de Croix est ainsi le chemin habituel, normal et salutaire du disciple du Christ ici-bas.
Sans rien renier du Chemin de Croix, le Chemin de Lumière fait parcourir pendant le Temps pascal le deuxième versant du mystère de notre Rédemption.
A ceux que le baptême a fait passer des ténèbres du péché à la lumière de la grâce (cf. Col. 1, 13 ; Eph. 5, 8), il propose la méditation des apparitions de Jésus ressuscité.
Il ancre chez eux la certitude que la mort de Jésus en croix et sa résurrection sont la victoire définitive sur le mal (cf. 1 S. Jean. 5, 4).
L’Esprit Saint promis par Jésus à ses disciples (cf. S. Jean. 14, 26 ; 16, 13-15 ; S. Luc. 24, 29) fait entrer dans l’intelligence des Écritures (cf. S. Luc. 24, 26-27.44).
Dans le témoignage que Dieu rend à son Fils, nous mettons notre foi : « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils.
Celui qui a le Fils possède la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu ne possède pas la vie. » (1 S. Jean. 5, 11-12)
Lorsque les épreuves nous broient comme sous une meule, « espérant contre toute espérance » (Rom. 4, 18), nous pouvons laisser se démanteler le bastion qui retient notre cœur prisonnier et l’empêche de recevoir les grâces du Christ.
Nous cessons alors de vivre pour nous-mêmes, nous nous recentrons sur le Christ (cf. 2 Cor. 5, 15) et nous reproduisons en nous les dispositions de Jésus (cf. Phil. 2, 5).
« Demeurez en moi, comme moi en vous – disait Jésus à ses disciples –. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. » (S. Jean. 15, 4)
« Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. » (Rom. 6, 8)
« Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. » (2 S. Timothé. 2, 11-12).
Telle est l’assise spirituelle du Chemin de Lumière.
[1] Cantique spirituel B, strophe 36, n. 13 (Œuvres complètes, Cerf, p. 1412).