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Réflexion faite - Page 75

  • Famille Chrétienne ? A Liège, une conférence du Président du Conseil pontifical pour la famille

     

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    En route vers le synode sur la famille 

    Zanotti 176.jpgLe 26 mai dernier, à l’église Saint-Jacques à Liège, Mgr Vincenzo Paglia, président du Conseil pontifical pour la famille  a donné une conférence et répondu à plusieurs questions concernant le prochain Synode des évêques sur la pastorale du mariage et la situation de la famille dans la société actuelle. C’est Mgr Jean-Pierre Delville qui a accueilli le prélat devant un parterre d'invités et une très nombreuse assistance. La soirée s’est terminée par le chant du Regina Caeli, repris en choeur par toute l’assemblée. Le texte de la  conférence de Mgr Paglia se trouve sur le site web de l’évêché de Liège. Extraits :

     « Devant nos yeux, la crise profonde que la famille traverse partout dans le monde est évidente, en particulier là où le niveau de vie augmente. L’hégémonie d’une culture de l’individualisme et du consumérisme –qui va de pair avec la mondialisation du marché pur et simple– semble avoir pour premier effet l’affaiblissement d’abord, et la destruction de la famille ensuite, et avec la famille, la destruction de toutes les formes de vie associée stables. (…).Dans cette perspective, la famille n’est pas niée, mais elle est placée à côté des nouvelles formes d’expérience relationnelle qui sont apparemment compatibles avec elle, même si en vérité, elles la démontent ".

    "La mondialisation et l’ « individualisation » de la société

    Le thème du mariage et de la famille doit être placé dans la perspective du processus d’ « individualisation » de la société contemporaine. Au cours des derniers siècles, nous avons vu s’affirmer la subjectivité, une étape positive car elle a permis l’affirmation de la dignité des individus. Mais l’exaspération de ce processus est en train de porter la société vers une dérive pathologique. (…) En confirmation de cette tendance, il est assez inquiétant de relever, en Europe, une augmentation des familles « unipersonnelles ». Si d’un côté, nous assistons à l’effondrement des familles dites traditionnelles (père, mère, enfants, grands-parents, petits-enfants), de l’autre nous voyons augmenter les familles formées par une seule personne. Cela signifie que la diminution des mariages, tant religieux que civils, ne correspond pas à une augmentation d’autres formes de cohabitation, comme par exemple les couples dits de fait ou les couples homosexuels, mais bien à l’augmentation du nombre de personnes qui choisissent au contraire de vivre seules. Quelle en est la raison fondamentale ? Le choix de rester seul signifie que toute liaison liée à un engagement est ressentie comme insupportable, trop lourde. Et la conséquence qui en découle est la tendance à une société qui devient toujours plus dé-familiarisée, composée d’individus qui, s’ils décident de s’unir, le font sans aucun engagement durable (…)

    La nécessité d’une « famille »

    Pourtant, l’aspiration à des relations affectives durables et capables de nous aider lors des situations difficiles de la vie est inscrite au fond de notre cœur. Toutes les études sociologiques le relèvent. Cela signifie que, lorsque la culture contemporaine promeut l’objectif de l’autonomie absolue des individus, en réalité elle ne fait que tromper, car elle propose un objectif qui n’est pas bon. Et de toute façon –et cela est encore pire– elle ne prépare pas à affronter les épreuves et les sacrifices que toute relation durable et véritable exige. Cette tromperie est le résultat d’idéologies faciles dont la dernière, celle qui est prêchée par la révolution sexuelle, reste parmi les plus pernicieuses. (…). Si nous voulons rendre solide la société, il faut faire de même avec la famille : c’est dans la famille que l’on commence à construire et à promouvoir le « nous » de l’humanité. (…). Affaiblir la famille signifie être à la merci des sentiments, de leur instabilité et de l’incertitude. Ainsi, la réflexion de Benoît XVI, qui reliait l’éclipse de la famille dans la société contemporaine à l’éclipse de Dieu, est tout à fait significative. Sans une référence à l’Au-delà (avec une majuscule), il est difficile qu’elle puisse comprendre l’autre que soi.

    L’Évangile de la famille

    (…) Il ne s’agit pas tant d’une doctrine que plutôt d’un don à accueillir. Il est décisif que les chrétiens, en particulier les époux chrétiens et les familles chrétiennes, vivent ce trésor et le fassent resplendir comme une belle et passionnante réalité. Dans un monde marqué par la solitude et la violence, la famille et le mariage chrétiens doivent être une « bonne nouvelle » qui aide ce nouvel humanisme dont la société contemporaine a extrêmement besoin. (…)

    Il y a aussi un bon nombre de questions d’ordre culturel et politique que nous ne pouvons pas ne pas étudier. Je pense, par exemple, à la question de l’identité de genre, à savoir de ce que signifie aujourd’hui être un homme et être une femme. La destruction de la spécificité sexuelle, telle que proposée par la nouvelle culture du genre, qui triomphe aujourd’hui dans tous les contextes internationaux, doit trouver des réponses claires et convaincantes de notre part. Comme est en outre cruciale la question de la transmission culturelle entre les générations, et donc également de la transmission de la foi. (…). D’autres sujets devraient être inclus dans une pastorale de la famille attentive à la réalité contemporaine : les droits des individus; le droit des enfants à naître, à grandir et à vivre dans l’amour et dans la dignité toute leur vie; le droit de mourir sans être tué; le droit des malades à être soignés d’une manière attentive; le droit d’avoir un travail digne et sûr; le droit de la famille de ne pas être exploitée par la dictature du profit financier; le droit d’avoir du repos et de ne pas être réduit en esclavage par le rythme du travail afin de produire sans aucune halte, et ainsi de suite.

    Il s’agit d’un domaine vaste et complexe qui nécessite des interventions culturelles et politiques aussi bien que spirituelles. Il doit en jaillir une nouvelle sagesse, une nouvelle force, aptes à promouvoir et à défendre le mariage, la famille et la vie. (…). Il s’agit d’une action difficile et complexe, mais qui ne peut pas être reportée. Il faut une nouvelle alliance entre la famille et l’Église pour montrer la beauté du « nous » à une société attristée dans son orgueil myope (...)" Ref . sur le site web du diocèse de Liège : Famille chrétienne ? L’Évangile de la famille dans un monde globalisé – JPS

     

  • Rwanda : le pays où Dieu pleure peut-être encore

     

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    Le pays où Dieu pleure peut-être encore : un rappel historique

     

    Zanotti 173.jpg1994-2014 : on commémore, ces mois-ci,  le vingtième anniversaire de la tragédie rwandaise de 1994. Sans que la communauté internationale veuille ou puisse faire grand’chose, on a compté alors près huit cent mille morts, dans une guerre civile tournant au génocide déclenché en avril de cette année-là par le pouvoir hutu,  mais finalement gagnée trois mois plus tard par les Tutsis du front patriotique de Paul Kagame. Vingt ans après, les choses en sont toujours là : l’ordre règne à Kigali, sans qu’on puisse présumer d’une « revanche » possible. Mais nous sommes ici dans une séquence de l’histoire longue.

    Le mythe fondateur d’un ordre social

    Dans un livre paru chez Fayard en 1983 (« Afrique, Afrique »), Omer Marchal, un ancien de l’Afrique belge, raconte cette légende : lorsqu’Imana, le Dieu qui fit le ciel et la terre, eût créé les mille collines rwandaises et les grands lacs qui les baignent, il en fut séduit au point de revenir doucement dans la nuit bleue constellée, caresser ce paysage d’éternel printemps qu’il avait si bien façonné.

    Un soir, alors que brillaient le croissant de la lune et Nyamuhiribona, l’Etoile du Berger, dans le silence à peine troublé par les grillons et les meuglements assourdis des vaches Inyambo aux longues cornes-lyres, Imana descendit de l’empyrée céleste pour confier une jarre de lait à chacun des trois ancêtres des « races » qui peuplent son pays préféré : Gatwa était le père des Batwa, Gahutu, celui des Bahutu et Gatutsi celui des Batutsi. A l’aube de cette nuit des temps, Il revint s’enquérir de son dépôt. Or, Gatura avait renversé le lait, dans son sommeil. Gahutu avait eu soif et l’avait bu. Seul Gatutsi veillait auprès de la jarre qui lui avait été confiée. « Tu n’aimes pas mon lait ? » lui dit Imana. « Si, Seigneur, mais je l’ai conservé pour Toi, répond-il, prends et bois ! ». Alors Dieu dit à Gatutsi : « Ganza ! », Règne !

    De la légende à l’histoire

    La légende des jours anciens simplifie l’histoire. Celle-ci commence voici mille ans lorsque, venus des confins du Nil, les premiers pasteurs batutsis, longues silhouettes félines drapées dans des toges blanches, installèrent leurs troupeaux de vaches pharaoniques sur les hauts-plateaux du Rwanda. « Seigneurs de l’Herbe », ils y construisirent une hiérarchie féodale, se mélangeant plus ou moins avec les Hutus et les Twas dans les lignages de douze ou treize clans génériques. Car, à leur arrivée, le pays n’était pas vide : les pygmoïdes batwa y vivaient déjà de la chasse et de la cueillette à l’âge à l'âge néolithique, suivis, bien avant l’an mil, par les ancêtres du « Peuple de la Houe », les agriculteurs bahutu. Une société s’organise ensuite autour de ce lieu fondamental : l’Umurenge -la Colline- avec son armée, l’Ingabo et ses guerriers Intore, dont les célèbres danses ressemblaient à des parades amoureuses, avec son artisanat, ses métiers, les abacuzi, les abashumba, les abagaragu… Protégé par son lignage, son chef d’armée, le chef des pâtures et celui des terres, le paysan mène ses bêtes ou cultive l’Isambu, son champ. La plus petite Umurenge vit aussi sous un autre regard, celui du prince des nobles tutsis, le « Maître des Tambours », le mwami-roi représenté par les chefs locaux mais qui, lui-même, est loin d’être inaccessible. Le petit homme des collines peut monter jusqu’à lui. Et il en fut largement ainsi  jusqu’au sanglant avènement de « Démokarasi », un dieu au sexe indéterminé dont les blancs inspirèrent le culte au tournant des années soixante du siècle dernier.

    Comment en est on arrivé là ?

    En 1896, un explorateur allemand, le comte von Götzen, fit tirer quelques coups de feu par ses ascaris zanzibarites puis plaça le pays sous protectorat du Reich, sans le dire au Mwami Rwabagiri, qui le reçut après mille ruses.

    Au lendemain de la Grande Guerre, la Société des Nations transféra le mandat à la Belgique, qui s’était d’ailleurs emparé de Kigali dès 1916. L’administration belge, suivant en cela les principes du maréchal Lyautey au Maroc, ne détruisit pas l’organisation traditionnelle de la société : elle s’y superposa (comme au Congo) pour combattre les pratiques barbares et les abus féodaux, développer un réseau économique moderne mais aussi social, hospitalier, éducatif. Elle fut secondée en cela par l’Eglise et, singulièrement, les Pères Blancs d’Afrique qui convertirent alors le royaume au Dieu de Jésus-Christ : «  Que ton Tambour résonne » sur la terre comme au ciel, chantait autrefois le « Notre Père « rwandais.

    En 1931, la reine-mère Kanjogera et le mwami Musinga Yuhi V, dont l’immoralité n’avait d’égal que les outrages qu’il fit subir aux missionnaires, furent relégués à Kamembe (Cyangugu), proche de la ville congolaise de Bukavu sur l’autre rive du lac Kivu et de la Ruzizi (aujourd’hui Rusizi) : les « tambours sacrés ont alors été remis à l’un de ses soixante fils, Charles Mutara III Rudahingwa,  dont l’éducation avait été prise en main par les « abapadri ». Une image me revient à l’esprit : en 1955, sur une route bordée d’eucalyptus, un géant noir aux yeux en amandes, le nez fin et droit, s’avance appuyé sur sa houlette au milieu de ses vassaux. Un grand pagne blanc drape son corps comme une toge et, de haut en bas, sa coiffe en crinière est rehaussée de poils de singe. C’est Charles Mutara, quarante cinq ans, qui accueille le jeune Roi Baudouin.

    Péché mortel 

    Charles n’a pas d’enfants et il meurt quatre ans plus tard, en juillet 1959, dans les bras de son médecin blanc qui vient de lui administrer une piqûre : « mortelle » diront alors de mauvaises langues tutsies pressées de mettre fin à la tutelle coloniale  avant que celle-ci ne remette le pouvoir, au nom de la démocratie, au parti des hutus largement majoritaire. Sur les lieux mêmes de l’inhumation du Mwami Mutara, les féodaux écartent  son frère Rwigmera, partisan modéré des réformes, et, sous les yeux médusés  du Résident Général Harroy, proclament mwami Kigeri V, un demi-frère, fils parfaitement obscur de Musinga. La réaction ne se fit pas attendre : le « Parmehutu » de Grégoire Kayibanda monte en graine, soutenu par le lobby de la démocratie chrétienne, les Pères Blancs de Monseigneur Perraudin et le Colonel Logiest, résident militaire spécial de 1959 à 1962

    Car, tout a commencé à la Toussaint rouge de 1959. Les Hutus brandissent l’Umhoro. Sur à la noblesse. Les tutsis répliquent à coup de flèches. Premier bain de sang. La Tutelle impose les élections. « Pour manger le royaume » accusent les Tutsis regroupés au sein de l’Unar. De fait, ils ne sont pas 25% de la population et, au petit jeu « one man, one vote », ils n’ont aucune chance : ils le refusent. La cause est alors entendue. Le « Parmehutu » s’installe au pouvoir communal en juillet 1960, puis national en septembre 1961. Le Mwami est déchu. Le Rwanda sera donc une république dont l’indépendance est fêtée le 1er juillet 1962 : Kayibanda préside à ses destinées. A ses côté un nouvel ambassadeur : l’ancien résident belge Guy Logiest.

    L’apocalypse et après  

    Le décor est ainsi planté pour l’exil ou la mort atroce, au gré des vagues sanglantes qui se succéderont pendant trente ans, pour aboutir au génocide déclenché par le meurtre du successeur de Kayibanda, Juvénal Habyiarimana, et la percée décisive du Front patriotique en 1994 : Interhamwe hutus contre Inkotanyi tutsis mais aussi tout un peuple sans défense. Deux millions de réfugiés, et plus d’un demi-million de morts au moins,  en quelques mois. Dans cette tragédie, l’Eglise elle-même fut  alors réduite au silence et sa hiérarchie décapitée avec le régime dont elle fut si (trop) proche, même si quelques étoiles scintillèrent dans la nuit.

    Quoi qu’on dise aujourd’hui, le Rwanda, terre catholique, a toujours (bien plus que de rééducations « à la chinoise ») un immense besoin sacramentel : celui du pardon et de la vraie réconciliation des âmes. A ce prix seulement, il deviendra une nation, l’Imbuga y’Inyiabutatu, le peuple des trois « races » qui ont fondé autrefois la terre des mille collines. En 1982 déjà, la Vierge Marie apparue de façon prémonitoire à Kibeho, lieu même d’épouvantables massacres en avril 1994, avait appelé au repentir et à la conversion des cœurs : un message que l’Eglise a authentifié en 2001. Il n’a nullement perdu son actualité. 

  • Comment conjuguer justice et miséricorde ?

     

     

    comment conjuguer justice et miséricorde?

    La méta-tentation de la miséricorde

    Zanotti 175.jpgDe Thibaud Collin (photo), sur le site web du bimensuel "L’Homme Nouveau ", le 10 avril 2014, sous le titre « la méta-tentation de la miséricorde » :

    La question des divorcés-remariés

    La question de l’accès aux sacrements de l’Eucharistie et de la réconciliation des fidèles divorcés et remariés civilement est revenue au cœur de l’actualité ecclésiale et médiatique. À cette occasion beaucoup ont de nouveau réclamé une approche pastorale et non plus juridique de ce problème majeur. La première serait attentive aux personnes accueillies dans leur unicité ; la seconde serait objective et impersonnelle. Ces deux approches s’incarneraient dans deux pratiques opposées de la vie sacramentelle. La miséricorde est alors invoquée pour souligner à quel point seule la première correspond au cœur de Dieu. La loi n’est-elle pas liée à la justice dont la miséricorde est le dépassement ? Rester sur une approche légaliste de l’accès aux sacrements serait une nouvelle forme de pharisaïsme. Le magistère ecclésial aurait jusqu’alors toujours privilégié la loi et le dogme, ressemblant étrangement à ces pharisiens disposant de lourds fardeaux sur les épaules de leurs disciples. Le temps serait enfin venu de vivre pleinement les valeurs évangéliques dont la miséricorde est la quintessence. Au terme d’un temps de pénitence, dont les conditions seraient à préciser, les divorcés remariés devraient être admis à la réconciliation sacramentelle et à l’Eucharistie. Leur refuser serait faire preuve d’obstination aux antipodes de l’empressement de Jésus à guérir les blessés de la vie et à pardonner aux pécheurs.

    Le pardon de Dieu

    Si Dieu n’est que pardon pourquoi l’Église s’entêterait-elle à mettre des conditions au don de Dieu ? La médiatrice de la grâce divine deviendrait-elle son principal obstacle dans une sorte d’avarice insupportable ? Une telle Église serait davantage un organe de pouvoir (nostalgique d’un temps de chrétienté ?) qu’une servante de l’humanité souffrante. Depuis quand le Bon Samaritain ou n’importe quel médecin digne de ce nom ­pose-t-il des conditions objectives au soin qu’il dispense ?

    J’utilise à dessein le préfixe « méta » car celui-ci renvoie en grec à une dimension plus fondamentale et englobante : la méta-tentation assume toutes les autres et donc les rend vaines.

    Comme le dit Jean-Paul II, la mentalité contemporaine a du mal avec la miséricorde car celle-ci semble impliquer la misère, et du coup être synonyme de pitié. Être l’objet de la miséricorde, c’est perdre sa dignité d’homme capable et autonome. Est-ce paradoxal avec ce que je viens de dire plus haut ?

    Miséricorde sans conversion

    Non car ce refus de la miséricorde, chez beaucoup de chrétiens imprégnés de la mentalité actuelle, se drape justement dans l’appel à la miséricorde. En effet, le présupposé de tout ce que j’ai exposé consiste à déconnecter la miséricorde de la conversion. Les divorcés remariés sont bien sûr l’objet de la miséricorde de Dieu comme n’importe quel pécheur mais seuls la contrition de son péché reconnu comme tel et le ferme propos de le rejeter peuvent permettre de recevoir la miséricorde. Vouloir être pardonné sans reconnaître son péché est une contradiction dont l’apparente solution consiste à dénaturer ce que l’on entend par miséricorde. En fait, c’est tout simplement le péché qui est nié en tant que tel. Ainsi les divorcés remariés ayant de nouveau accès à la vie sacramentelle ne seraient ni mariés ni adultères, ils seraient dans un entre-deux qui en tout cas ne serait pas peccamineux. Or s’il n’y a pas de péché, vaine et inutile est la miséricorde, puisque celle-ci est la réponse de Dieu à la misère de l’homme. Avec l’évacuation du péché disparaissent aussi la conscience de la liberté et sa capacité à se tourner vers Dieu en réponse à l’appel à la sainteté qu’Il adresse à tous les hommes quel que soit leur péché.

    Réf.  La méta-tentation de la miséricorde. Thibaud Collin est philosophe. Dernier ouvrage paru : Sur la morale de Monsieur Peillon, Salvator, 142 p., 14,50 €.