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eglise du saint-sacrement de liège; solennité de l'épiphanie

  • SOLENNITE DE L'EPIPHANIE 2009 A L'EGLISE DU SAINT-SACREMENT DE LIEGE

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     UNE MANIFESTATION ECLATANTE

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    En grec, "Epiphanie" signifie "manifestation éclatante" et cette solennité le fut assurément, le samedi 3 janvier 2009 à l'église du Saint-Sacrement de Liège.

    Près de deux cents fidèles y assistèrent, de même qu'à la procession à la crèche qui la précédait. Plus de la moitié d'entre eux vinrent aussi, après la messe, partager la galette des rois avec la chorale de Warsage: un geste qui rendit hommage à son excellente prestation (messe en ut majeur de Gounod et noëls traditionnels) durant l'office.

    La beauté des ornements anciens, le plain-chant et la forme extraordinaire du rite romain, célébré par le chanoine Michel Dangoisse avec les abbés Jean Schoonbroodt (diacre), Arnaud de Boisse (sous-diacre), Claude Germeau (chapier) et quatre acolytes, ont aussi donné un bel éclat à cette cérémonie.

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    LE SENS DE LA FÊTE

    L'Epiphanie est, à vrai dire, bien plus qu'un conte pour enfants sages émerveillés devant la crèche ou tirant de la galette la fève qui désigne les rois de la fête.

    Dans son homélie, le chanoine Dangoisse a rappelé le sens réel du message que le récit évangélique adresse au monde en ce jour. Voici le texte de sa prédication:

    " La célébration de l'Epiphanie, dans cette magnifique église que vous avez sauvée, m'inspire deux réflexions, en plus de mes souhaits de sainte année: sur la foi, puis sur le caractère universel de l'Eglise.

    Il n'y a pas de contradiction entre la raison et la foi

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    "On raconte que notre cher Roi Baudouin aimait parfois, le soir ou la nuit, se rendre dans son petit observatoire astronomique pour contempler la splendeur des étoiles et de la création:"Les cieux racontent la gloire de Dieu"(Ps.19,2). Nul doute que cette contemplation nourrissait sa P1010056.JPGvie intérieure et sa prière."La beauté sauvera le monde" (Dostoïevski).

    Les mages aussi, présentés comme de savants astronomes venus du Moyen-Orient, étaient séduits par la splendeur du ciel étoilé. Pressés, sans le savoir, par l'Esprit, ils ont été intrigués par l'apparition d'une étoile et ont pressenti la naissance d'un nouveau Roi -qui, pourtant, n'était pas de ce monde- et ils se sont mis en route jusqu'à Bethléem pour lui offrir l'or, l'encens et la myrrhe. Et nous aussi, aujourd'hui surtout, nous offrons comme eux à Dieu un encens qui va embaumer les saints mystères que nous célébrons.

    Et je conclus déjà cette première réflexion: la science de ces païens (qui n'avaient que des instruments humains) n'est nullement en contradiction avec la foi: la foi la prolonge, elle va plus vite que la science, en brûlant les étapes pour arriver à la Vérité. J'ai lu cette petite parabole d'un célèbre astrophysicien américain. Pendant des siècles, dit-il, les savants se sont mis à grimper la montagne de la Vérité et quand ils arrivent au sommet, qu'est-ce qu'ils découvrent? Une bande de théologiens, de philosophes et de saints déjà là depuis longtemps et qui leur disent en riant:"Quoi? Vous arrivez seulement ?"

    Je suis de plus en plus persuadé, avec Benoît XVI qui y revient souvent (entre autres dans son fameux discours de Ratisbonne), qu'il n'y a pas de contradiction entre la raison et la foi. Ce sont deux chemins un peu parallèles mais qui finissent par converger vers l'unique Vérité. Les savants d'aujourd'hui sont beaucoup plus humbles que ceux du XIXe siècle: ils peuvent décrire ce qui s'est passé quelques milliardièmes de milliardièmes de secondes après le "big bang", mais non ce qui s'est passé juste avant. Ils n'ont rien contre les théologiens et les philosophes qui affirment que Dieu lui-même est à l'origine de la création, mais cette réponse ne relève pas de leur domaine comme tel. Ils la respectent comme possible. C'est déjà un grand progrès! Voilà une première réflexion que cette fête de l'Epiphanie m'inspire"

    Une affirmation du caractère universel de l'Eglise

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    "Mais voici une deuxième réflexion que je vais développer davantage:

    89802 Les mages de l'Epiphanie.jpgOn serait tenté de voir dans le passage de l'évangile selon saint Matthieu relatant l'adoration des mages (2, 1-12) un conte doré, pour faire rêver les enfants, et il est possible que l'écrivain sacré ait embelli un peu le récit selon certaines traditions littéraires. Mais ce qui l'intéresse et nous touche profondément dans la démarche de ces trois personnages (parmi lesquels l'iconographie a placé un noir), c'est l'affirmation éclatante du caractère universel de l'Eglise.

    Non! La Bonne Nouvelle ne sera pas réservée au seul petit peuple juif, mais offerte à toutes les nations sans distinction. L'Epiphanie ,c'est, avec la Pentecôte, la Fête de l'Eglise. Saint Paul l'a bien perçu.

    Comme on comprend la joie et la fiereté des premiers chrétiens célébrant cette épiphanie, c'est à dire la "manifestation" (épiphaneia) du Seigneur qui est destinée aussi à d'autres pays que la Palestine (pour laquelle nous prions), à tous les paëns: Grecs et Romains, Gaulois et Belges, Chinois et Japonais, Africains, habitants du Congo, etc., et puis à ceux de l'Amérique, de la Terre de Feu ou de Papouasie: c'est l'entrée en masse dans l'Héritage du peuple de Dieu.

    Saint Paul, avec sa profondeur habituelle, a formulé admirablement cette révolution spirituelle: le mystère qui était resté caché aux générations précédentes, c'est que, grâce à l'Evangile, les païens aussi sont associés au même héritage, au même corps, à la même promesse dans le Christ Jésus (Ephésiens, 3, 5-6) qui est le seul Sauveur de tous les hommes. L'Epiphanie est un peu à Noël ce que la Pentecôte est à Pâques: c'est la manifestation publique du mystère, ici du mystère caché de Bethléem.

    Vous pouvez chercher: aucune religion -aucune!- n'a affirmé que Dieu a pris une vraie chair d'homme et qu'il est venu pour tous les hommes sans exception. Aucune n'a une telle prétention à l'universel. Catholique veut dire universel, ouvert à la terre entière. La seule véritable internationale, c'est nous, même si certains s'en offusquent. Trop souvent, les religions sont liées à un pays ou à une région (les religions de l'Asie), au sang, à la race ou encore à la culture (je pense à l'islam). Même si elle y est parfois très minoritaire (je pense aux chrétiens d'Asie), l'Eglise du Christ est présente sur la terre entière. On le voit clairement lors des rassemblements des J.M.J. (Journées Mondiales de la Jeunesse). Malgré ses faiblesses et ses imperfections, elle ne veut connaître aucune limite, aucune frontière, même si elle demeure un peu trop marquée par l'Occident qui fut son berceau historique. Eh bien, donc, dépassons aujourd'hui nos horizons trop étroits: sentons que nous sommes membres d'une Eglise qui est née avant nous, qui ne mourra pas avec nous et qui est répandue aux quatre coins du monde. Si nous chantons en latin lors des grands rassemblements, c'est précisément pour affirmer cela.

    Après saint Paul, écoutons maintenant Isaïe le Prophète (Is., 60, 1-6). Il n'exagère pas quand il s'extasie devant ce qui est pour nous la nouvelle Jérusalem, devant l'Eglise:"Lève-toi, Jérusalem, resplendis et regarde: l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres recouvrent les peuples". C'est tragiquement vrai aujourd'hui: obscurité du péché, de la violence, de la volupté, de la haine, obsurité de la crise économique mondiale, fruit de l'appât du gain, aveugle et égoïste. L'humanité patauge dans le noir, déboussolée au sens propre; l'Occident surtout est atteint d'une sorte de leucémie:la peur de donner la vie et l'autorisation officielle de la supprimer, légalement. C'est une crise fondamentale du goût de vivre qui aboutit à ce qu'on appelle l'hiver démographique.

    Eh bien, justement:"Debout, lève-toi Jérusalem" car, au sein même de cette obscurité, "sur toi se lève le Seigneur", sa Gloire brille sur toi et les nations marcheront à sa Lumière, un jour ou l'autre. "Lève les yeux et regarde: tes fils reviennent de loin", parfois de très loin; il y a et il y aura des conversions étonnantes...

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    Plus que jamais, dans le désarroi des esprits, nous avons besoin de l'enseignement de l'Eglise. Heureusement qu'il y a, à Rome, un pape courageux, humble et lucide, chargé de rappeler les exigences lumineuses d'une loi naturelle, qui est divine, et celles de l'Evangile. L'Eglise est la seule à oser sortir des tranchées, à oser élever la voix: et même des incroyants l'écoutent avec intérêt, sachant qu'elle ne ment jamais, qu'elle voit loin -très loin- et on lui rendra hommage, plus tôt qu'on ne le pense.

    Revenons donc toujours à l'Eglise. Il faudra bien qu'un jour l'humanité redécouvre le sens du détachement des biens de ce monde, seul remède à la crise actuelle, et le sens de la vie intérieure. Retrouvons la fiereté de dire, comme les trois mages:"Oui, nous avons vu l'Etoile du Christ (même si parfois elle est voilée ou bien connaît des éclipses) et nous sommes venus avec nos cadeaux pour adorer le Seigneur" (Matth., 2, 11). Quels cadeaux ? Nos corps (jeunes ou affaiblis par l'âge), nos mains, notre intelligence, notre coeur, pour que ses affections soient pures, notre mémoire, notre sensibilité: tout. Offrons-nous comme nous sommes, avec nos pauvres offrandes: "Seigneur, je Vous donne tout" (Pascal).

    Je termine. J'aime imaginer ce que devrait être une crèche au XXIe siècle, prolongeant l'adoration des mages et des bergers: les ouvriers en bleu de travail, les chômeurs et les sans-papiers; les employés avec leur mallette et les commerçants offrant un cadeau; les étudiants en blue jeans avec leur cartable sous le bras (ils préparent leurs examens!);- les drogués qui luttent pour en sortir; les mamans portant tous leurs soucis de leur foyer; les ados qui viendraient jouer de la guitare devant le Fils de Dieu; les enfants qui joueraient dans la paille de la crèche; les hommes politiques qui ne savent plus où donner de la tête; et aussi tous les chercheurs de Dieu, sans le savoir, venus par curiosité...

    Tout cela, c'est l'humanité.P1010040.JPG

    Nous aussi, Seigneur, nous sommes venus, malgré nos péchés, nos brouillards et nos doutes, avec nos pauvres offrandes. Et voilà qu'en entrant dans Ta maison (qui est Ton Eglise, Seigneur), nous voyons l'Enfant avec Marie, Sa Mère et nous nous prosternons. Et puis, chaque fois que l'Etoile réapparaît et illumine Ton Eglise, nous sommes remplis de joie comme les mages: plus jamais, Seigneur, plus jamais nous ne cacherons Ta lumière sous le boisseau, mais nous repartirons, réconfortés, tout joyeux, par un autre chemin."