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Pâques est la plus grande solennité du cycle liturgique ; mais pour les Romains, il y avait comme une seconde fête de Pâques, qui, si elle ne la surpassait pas en splendeur, égalait certes la première. C’était le « dies natalis » –la naissance au Ciel- des deux Princes des apôtres, Pierre et Paul, martyrisés à Rome dans les années soixante de notre ère, ou, pour mieux dire, c’était, dans leur personne, la fête de la primauté pontificale, la fête du Pape, le Natalis urbis, le jour natal de la Rome chrétienne, le triomphe de la Croix sur Jupiter, père du tonnerre, et sur ses vicaires les Pontifices Maximi, établis dans la Regia du Forum. Il est si vrai que Rome y attachait ce sens symbolique, que les évêques de la province métropolitaine du Pape avaient l’habitude de se rendre dans la Ville éternelle, en signe de respectueuse sujétion, pour célébrer avec le Pontife une si grande solennité.
La Solennité de cette fête se célèbre le dimanche qui suit le jour de la fête (29 juin) : en cette année 2017, il s’agira du dimanche 2 juillet :
Missel de 1962
Propre grégorien de la Messe « Nunc Scio Vere »,
Kyriale IV « Cunctipotens Genitor Deus », Credo IV
"Christus vincit":acclamations carolingiennes (IXe s.)
Quatre jours durant (du 15 au 18 juin 2017) l’Eglise de Liège commémorait cette année le septième centenaire de la constitution (1317) par laquelle le pape Jean XXII inscrivit définitivement dans le droit général de l’Eglise la Fête-Dieu, cette fête d’origine liégeoise impulsée dès 1246 par Julienne de Cornillon (Retinne, 1192-Fosses la Ville 1258) et Eve de Saint-Martin († en 1266)
Dans la soirée du jeudi 15 juin, à l’issue de la messe inaugurale à la collégiale Saint-Martin une procession rejoignit la cathédrale pour une adoration nocturne, que d’autres suivirent les jours suivants, ponctuées aussi d’initiatives diverses telles que des conférences, un grand rassemblement au carmel de Cornillon ou une découverte pédestre de la vallée de la Julienne, ce ruisseau champêtre qui rappelle le nom et les origines de la sainte Liégeoise.
Un succès de foule
C’est dans ce contexte que, le samedi 17 juin à 18h00, l'évêque de Liège, Mgr Jean-Pierre Delville, a célébré à l’église du Saint-Sacrement une messe solennelle selon la forme extraordinaire du rite romain dans l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy : un beau succès de foule qui rassembla 350 personnes, soit le maximum que puisse accueillir ce sanctuaire.
La petite exposition d’art sacré illustrant le culte de Julienne de Cornillon et surtout la vénération de la relique de la sainte, exposée après la messe, se partagèrent les faveurs du public avec une réception conviviale où l’évêque s’attarda pour saluer tous et chacun.
Une célébration de qualité
Remarquable, cette célébration le fut aussi par la qualité chorale de la messe. Deux groupes de chanteurs exceptionnels ont prêté leur concours à cette célébration :
Venue expressément de la capitale espagnole, la Schola Antiqua de Madrid dirigée par Juan Carlos Asensio a fait entendre le riche répertoire médiéval consacré à la fête du « Corpus Christi ».Tous les membres de cette schola ont été formés à la manécanterie du célèbre monastère bénédictin de la Vallée de Los Caïdos, situé sur la route de Madrid vers l’Escurial.
Les Belges n’ont pas été en reste, avec la participation du Quatuor Genesis constitué par un ensemble de jeunes talents inscrits cette année à l’académie du chœur de l’opéra de la Monnaie. Ils ont interprété la messa a quattro voci de Claudio Monteverdi ainsi que des motets d’Olivier Messiaen et Ola Gjeilo. Les couleurs de Liège dans cette prestation étaient représentées par Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verviers et titulaire des orgues de l’église du Saint-Sacrement.
On trouvera, à la fin de cet article plusieurs extraits des chants de la messe, dont la totalité fut enregistrée « en live » au cours de la cérémonie :
→ pour les parties polyphoniques, le kyrie, le gloria et le sanctus de la messe à quatre voix de Monteverdi et l’hymne célèbre « Ubi caritas » revisitée par Ola Gjeilo (un compositeur norvégien né en 1978).
→ pour les parties en plain-chant : l’introït, le graduel, l’alleluia et l’offertoire du propre la messe ainsi que le conduit « congaudeant catholici » (déchant extrait du Codex Calixtinus, conservé à Saint-Jacques de Compostelle, XIIe s.)
L’évêque de Liège a rappelé le sens profond de l’Eucharistie
Cette célébration fut aussi, pour l’évêque de Liège, l’occasion de rappeler le sens profond de l’Eucharistie, ce Sacrement des sacrements qu’exalte la Fête-Dieu. Voici le texte de l’homélie qu’il a prononcée en cette belle circonstance :
« Chers Frères et Sœurs,
La Fête-Dieu, c’est la Pâque aujourd’hui, la Pâques pour moi, pour nous, dans la communion au corps du Christ. Pâque, c’est la vie du Christ. C’est la Fête-Dieu, c’est notre vie dans le Christ. Comme le dit Jésus : « celui qui me mange vivra par moi ; celui qui mange ce pain vivra éternellement » (Jn 6,56-58).
Ce mystère de vie est aussi un mystère d’amour, l’amour de Dieu pour nous, qui se manifeste dans le don que Jésus nous fait de son corps et de son sang, c’est-à-dire le don de toute sa vie. Nous découvrons que nous sommes des gens qui sont aimés, et non pas des gens lancés dans la vie par le hasard des choses. Chacun de nous est aimé par le Christ et nous sommes invités à répondre à cet amour en communiant avec lui et en recevant son corps. Jésus nous a aimés le premier. Il est mort pour nous, c’est-à-dire qu’il est allé jusqu’au bout de sa vie d’amour, il n’a pas reculé au dernier moment. Mais il a voulu donner un signe du fait qu’il offrait sa vie pour nous.
Répondre à cet amour, c’est communier dignement. « Celui qui mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le Corps et le Sang du Seigneur », dit S. Paul. « Que l’homme s’éprouve donc soi même » (1 Cor 11,23-30). Communier signifie donc se convertir constamment. C’est une invitation à lutter contre la corruption. Dans le monde d’aujourd’hui, où tant de corruption apparaît dans le monde politique et où les idéologies sont contournées, la foi chrétienne apparaît comme le roc incorruptible, comme le trésor inoxydable. Pourquoi ? Parce que la foi n’est pas une idéologie, mais une conversion quotidienne. Comme l’écrivait dans son testament une maman qui vient de mourir : « Le Christ me fait comprendre que ma vie doit être simple, sans éclats, attentive aux autres, fidèle à ce que je crois être vrai, juste. Il me dit surtout que l’Esprit Saint doit être mon guide, celui qui éclaire toutes mes pensées et mes actes tout au long des jours. » Repasser chaque jour sa vie à la lumière de l’Esprit Saint, c’est un don inaltérable, une piste de bonheur pour tous.
Le partage du pain, devenu corps du Christ, nous fait communier avec lui et nous incite à communier avec nos frères et sœurs. Chaque communauté chrétienne est appelée à vivre cette communion fraternelle. Je vois qu’on vit cela en particulier dans cette église du Saint-Sacrement. On y pratique la liturgie ancienne, sous la forme extraordinaire. C’est un retour aux sources, aux textes, aux chants et aux gestes originaux de la liturgie, qui nous font découvrir avec soin la grandeur du mystère de vie et de mort qui se dévoilent dans la liturgie. Je remercie cette communauté pour cette mission qu’elle a assumée. C’est primordial d’être en communion les uns avec les autres, pour être des témoins authentiques de l’amour de Jésus dans notre monde. Si nous ne nous aimons pas les uns les autres, qui nous croira ? , qui nous fera confiance ?
Jésus insiste sur la vie comme don de soi. Jésus veut tirer de l’oubli ceux qui meurent seuls et abandonnés et nous ouvrir les yeux sur eux, comme il nous a ouvert les yeux sur le sens de sa mort. En cette Fête-Dieu, nous sommes donc sollicités à être solidaires de ceux qui meurent aujourd’hui de manière injuste, comme Jésus est mort de manière injuste. Et nous sommes sollicités à faire de notre vie un don pour travailler à un monde meilleur. Nous sommes invités à éviter tout narcissisme, à éviter la tendance à s’engager pour recevoir des compliments et des félicitations. Nous sommes invités à rejeter ces arrière-pensées narcissiques et à cibler toujours le bien de l’autre et pas notre gloire personnelle. Ainsi nous pourrons consacrer notre vie, en faire une offrande au Seigneur, en communion avec lui.
Oui, Frères et Sœurs, nous allons célébrer maintenant avec joie le sacrifice du Christ, c’est-à-dire le don de soi du Christ, qui se consacre à nous pour que nous nous consacrions à lui et à nos frères dans la joie. Amen. Alleluia ! »
Succédant à l’ancienne église Sainte-Anne (XVIe s.) des Augustins qui la firent ériger au XVIIIe siècle, l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy présente cette particularité d’être aujourd’hui la seule à être consacrée sous ce vocable à Liège.
Elle le doit aux Religieuses du même nom qui firent restaurer et re-consacrer en 1866 l’édifice désaffecté depuis la dispersion (1796) des chanoines augustins, lors la Révolution française. Pendant 127 ans, les religieuses se vouèrent dans cette église à l’adoration perpétuelle de l’Eucharistie. Leur communauté disparut en 1993, faute de vocations mais en 2003 une association de fidèles intitulée « Sursum Corda » prit le relai en rachetant le sanctuaire -alors menacé de sécularisation- afin d’y perpétuer l’œuvre des religieuses disparues. « Sursum Corda », qui projette une réhabilitation intégrale du bâtiment ne vit que de dons.
Une fête emblématique à Liège
Entre autres activités, chaque année depuis 2003, l’église du Saint-Sacrement contribue à solenniser la Fête-Dieu en ses murs.
Quatre jours durant (15-18 juin 2017) l’Eglise de Liège commémore cette année le septième centenaire de la constitution (1317) par laquelle le pape Jean XXII inscrivit définitivement cette fête d’origine liégeoise dans le droit général de l’Eglise.
C’est dans ce contexte que, le samedi 17 juin à 18h00, Mgr Jean-Pierre Delville célébrera à l’église du Saint-Sacrement une messe solennelle selon la forme extraordinaire du rite romain.
Une célébration de qualité
Deux groupes de chanteurs exceptionnels prêteront leur concours à cette célébration : venue expressément de la capitale espagnole, la Schola Antiqua de Madrid dirigée par Juan Carlos Asensio fera entendre le riche répertoire médiéval de la péninsule ibérique consacré à la fête du « Corpus Christi ».
Tous les membres de cette schola ont été formés à la manécanterie du célèbre monastère bénédictin de la Vallée de Los caïdos, situé sur la route de Madrid vers l’Escurial.
Les Belges ne seront pas en reste avec la participation du Quatuor Genesis constitué par un ensemble de jeunes talents inscrits cette année à l’académie du chœur de l’opéra de la Monnaie. Ils interpréteront la messa a quattro voci de Monteverdi ainsi que des motets d’Oliver Messiaen et Ola Gjeilo. Les couleurs de Liège dans cette prestation seront représentées par Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verviers et titulaire des orgues de l’église du Saint-Sacrement.
Le plain-chant de la Schola Antiqua de Madrid:
La messa a quattro voci de Claudio Monteverdi:
A la fin de la cérémonie, le public pourra se partager entre la visite d’une exposition présentant des pièces du patrimoine muséal liégeois sur le thème de la Fête-Dieu et la réception (en libre accès) offerte en présence de l’évêque de Liège.