Belgique
Pleins feux sur Bruxelles
15 juin 2016 : l’archidiocèse de Malines-Bruxelles congédie
la Fraternité des Saints Apôtres
La décision a été rendue publique par l’archevêché le 15 juin, le délai d’exécution expire le 30 juin. Explication par Bertille Perrin sur le site web de l’hebdomadaire « Famille Chrétienne » :
« Confirmant les rumeurs qui circulaient depuis quelques semaines, l’archidiocèse de Malines-Bruxelles a annoncé le 15 juin qu’il ne souhaitait plus accueillir en son sein la Fraternité des Saints Apôtres. Fondée par Monseigneur Léonard sous l'inspiration du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine et érigée en ‘association publique de fidèles cléricale’ en 2013, elle relevait depuis lors de l’autorité de l’archevêque bruxellois. Ayant à cœur de ‘sensibiliser des jeunes gens à la beauté de la vocation et du ministère de prêtre diocésain’, elle leur proposait de vivre en petite communauté.
L’initiative d’une telle Fraternité ‘pose problème, lorsqu’on constate que la plupart des séminaristes de la Fraternité des Saints Apôtres viennent pour l’instant de France où de nombreuses régions connaissent un manque cruel de prêtres’ explique le communiqué. Evoquant la possibilité d’une augmentation du nombre de séminaristes belges au fil du temps, l’archidiocèse affirme que ‘cette perspective n’est pas à promouvoir dans les circonstances actuelles car elle manifeste un grave manquement à la solidarité entre évêques, tant avec ceux de notre pays qu’avec nos voisins français’.
A partir de fin juin, la Fraternité ne sera plus accueillie par l'archidiocèse. Que deviendra-t-elle ? La question reste sans réponse pour l'heure. Les prêtres et diacres ordonnés pour l’archidiocèse de Malines-Bruxelles continueront à y officier, tandis que les séminaristes pourront s’ils le souhaitent -et s’ils répondent aux conditions fixées pour la formation des prêtres dans l’archidiocèse- poursuivre leur formation au Séminaire diocésain’.
Concernant la paroisse Sainte Catherine de Bruxelles, confiée jusqu’à présent à cinq prêtres de la Fraternité, le communiqué reste vague : ‘c’est le souhait de l’Archevêque que l’expérience à Ste Catherine puisse se poursuivre’ indique-t-il seulement.
Ces décisions devraient faire des remous parmi les fidèles bruxellois, qui se mobilisaient depuis plusieurs semaines contre la possible fermeture de la paroisse Sainte Catherine et la dissolution de la Fraternité des Saints Apôtres. Celle-ci comptait jusqu’à présent 27 membres, dont 6 prêtres, un diacre et 20 séminaristes. » (Famille Chrétienne, 15 juin 2016)
Les premières réactions ne se sont pas fait attendre. Dans un communiqué que reproduit notamment le blog « Belgicatho », un groupe de laïcs chrétiens écrit entre autres ceci : « le principe de solidarité invoqué est on ne peut plus curieux. En effet, sur 80 séminaristes en formation à Namur aujourd’hui seulement 25 sont belges. Va-t-on tous les renvoyer dans leur pays ? Va-t-on renvoyer tous les prêtres africains, polonais qui viennent nous aider à porter le message du Christ en Belgique ? L’Eglise catholique n’est-t-elle plus universelle ? L’argument invoqué ne tient évidemment pas la route et nous espérons qu’il n’y a pas derrière des raisons en réalité purement idéologiques »…
La facticité de l’argumentation utilisée par l’archidiocèse (une concurrence soi-disant préjudiciable au recrutement de séminaristes par les autres diocèses belges et français ), l’absence de véritable dialogue (même si les membres de la Fraternité ont été entendus par une commission spéciale chargée d’instruire le dossier, après la révélation de son existence), la brièveté des délais d’exécution de la sentence (publiée le 15 juin, elle est exécutoire dans un délai de quinze jours) : autant de (mauvais) points donnant à penser que l’affaire n’en restera pas là et laissera des traces cruelles dans la communauté catholique bruxelloise.
Ndlr: le 30 juin, le porte-parole de Mgr De Kesel, Tommy Scholtès, a fait savoir qu'en réalité le décret annoncé le 15 juin... n'avait pas encore été signé par l'archevêque de Malines-Bruxelles, ce qui paralyse présentement les procédures canoniques de recours contre lui. Vers une solution à l'amiable ? La suite au prochain numéro.