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  • Déconfinement des lieux de culte : deux cents jeunes catholiques interpellent le Conseil d’État de Belgique pour lever l’interdiction de rassemblements dans les églises

    Le site web « Belgicatho » et le quotidien « La Libre Belgique » rapportent ce qui suit :  

    « 20-05-2020

    En France et en Allemagne, la démarche a porté ses fruits. Qu’en sera-t-il en Belgique ? Plus de 200 jeunes catholiques ont cosigné et introduisent une requête auprès du Conseil d’État (sous la forme d’un recours en suspension) contre le confinement qui se poursuit pour les lieux de culte. Le gouvernement, qui a permis la reprise des activités dans les commerces, dans les musées ou dans les parcs zoologiques notamment, n’a en effet toujours pas levé l’interdiction de rassemblement pour les cultes.

    "La liberté de culte est dans notre pays un droit fondamental garanti par la constitution, qui ne saurait être soumise à des impératifs économiques, explique Joseph Junker, porte-parole francophone des requérants. Nous trouvons intolérable que notre gouvernement témoigne un tel mépris envers les libertés des citoyens, en particulier celles des catholiques et de leurs spécificités. Cette décision est profondément injuste, disproportionnée et paternaliste, d'autant plus que les catholiques ont prouvé être parfaitement capables de prendre eux-mêmes des mesures de protection, et d'organiser des célébrations eucharistiques de manière sûre et dans le respect des règles de sécurité. La liberté religieuse est garantie par notre Constitution et la Convention européenne des droits de l'homme. 

    En Allemagne et en France, des recours ont abouti à un sévère désaveu du gouvernement de ces pays par la Justice, qui a jugé ces interdictions du culte complètement illégales. Nous avons donc décidé de nous aussi demander justice, et d'introduire une procédure auprès du Conseil d'État. Notre objectif est de faire annuler l'interdiction telle qu'elle est en vigueur en Belgique pour violation de la Constitution. Nos avocats ont étudié les chances de succès et ont préparé une requête qui est introduite en ce moment."

    Les chefs des cultes négocient

    Aura-t-elle des chances d’aboutir ? Les requérants pourront-ils convaincre le Conseil d’État que ce maintien du confinement pour les cultes serait "disproportionné, incohérent et insuffisamment motivé" ? Les prochaines semaines le diront. Mi avril, les professeurs de théologie Louis-Léon Christians (titulaire de la chaire Droit et religions à l’UCLouvain), et Adriaan Overbeeke (UAntwerpen) estimaient "qu’était respecté un équilibre adéquat entre les mesures sanitaires et la garantie de la liberté de culte". Cela, "dans la mesure où les arrêtés semblaient se limiter à l’interdiction des cérémonies collectives tout en maintenant ouverts les lieux de cultes à des pratiques individuelles respectueuses des distances de sécurité." La situation a cependant évolué alors que le déconfinement s’élargit, estime aujourd’hui Louis-Léon Christians qui reconnaît que c’est aussi le non-respect du principe de "non-discrimination" que pourraient épingler les croyants.

    Pour rappel, si ce sont ici des laïcs qui ont entamé cette démarche, les évêques, en compagnie des chefs des autres cultes reconnus, ont entamé des négociations avec le gouvernement pour relancer les célébrations publiques. Ils ont également remis un protocole au Conseil national de sécurité pour clarifier les mesures qui seront prises dans les lieux de culte afin que les célébrations puissent reprendre dans le respect des normes sanitaires. »

    La persistance de l’état d'exception visant le secteur religieux alors que le processus du déconfinement de la société est amorcé partout ailleurs est-elle conforme aux dispositions constitutionnelles relatives aux libertés de culte et de réunion mais aussi à l’égalité des citoyens devant la loi ? Une réponse autorisée en droit serait en effet la bienvenue.

    Sursum Corda

  • HORAIRES DES CELEBRATIONS OU ACTIVITES RECURRENTES

     EGLISE DU SAINT-SACREMENT 

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    Boulevard d'Avroy, 132 à Liège

    -Tous les dimanches et jours de fête d'obligation, à 10h00 messe en latin et chants grégoriens (missel de 1962) et à 11h15 messe en français et chants grégoriens (missel de 1970). Des messes  sont aussi célébrées durant la semaine à 08h30 (mardi, jeudi, samedi) ou 18h00 (lundi, mercredi, vendredi), : consultez à cet égard le calendrier ci-dessous (*) ou téléphonez soit au n° fixe 04 344 10 89 soit au n° gsm 0470 94 70 05).


    -Tous les mardis, de 17h00 à 19h00, adoration eucharistique et confessions (vêpres grégoriennes à 17h00, chapelet à 18h00 et bénédiction du saint-sacrement à 18h45)


    -Tous les jeudis, église ouverte de 08h00 à 12h00 (8h30 messe, 9h30 confessions jusqu'à 11h30), de 14h00 à 17h00 (adoration du Saint-Sacrement) et de 20h00 à 22h00 (office de complies suivi de la répétition de la schola grégorienne: la schola chante le propre grégorien à la messe dominicale de 10h. Apprendre à chanter le répertoire: tel.04.344.10.89).

    -Le 1er samedi de chaque mois (sauf exception mentionnée dans le calendrier) , de 14h00 à 15h30:  méditation du rosaire par le groupe de prière Notre-Dame de Fatima, suivi de la célébration de la messe (de 15h30 à 16h00)

    ______ 

    (*) calendrier des célébrations

     communication importante

    Chers fidèles de l’église du Saint-Sacrement, 

    Suite aux mesures contraignantes de lutte contre l’épidémie de coronavirus prises par le conseil national de sécurité et aux décisions corollaires arrêtées par les évêques de Belgique, toutes les célébrations liturgiques publiques ont d'abord été suspendues sur l’ensemble du territoire national à partir du samedi 14 mars jusqu’au  vendredi 3 avril au moins.

    Par une nouvelle directive, datée du lundi 23 mars, les évêques de Belgique ont ensuite décidé de proroger du samedi 4 avril jusqu'au dimanche 19 avril inclusivement la suspension de toutes les célébrations religieuses publiques.

    Enfin, une décision du Conseil National de Sécurité du 15 avril a été avalisée par une communication des évêques diffusée le jeudi 16 avril: elle notifie que toutes les mesures prises par les autorités civiles et religieuses concernant les célébrations religieuses ou activités ecclésiales sont maintenues jusqu'au 3 mai au moins.

    Dès modification des mesures générales par un prochain Conseil National de Sécurité, le Conseil permanent de la Conférence des Évêques examinera avec les autorités civiles comment l'Église peut modifier ses propres mesures, en quels lieux et dans quelles conditions. Une nouvelle communication sur ce sujet suivra alors dès que possible. Entretemps toutes les célébrations religieuses publiques demeurent suspendues sine die.

    Les messes à l'église du Saint-Sacrement sont naturellement concernées par ces dispositions  prophylactiques.

    Pour tous renseignements, vous pouvez contacter le Recteur (04 70 94 70 05) ou le Secrétariat (04 344 10 89).

    Réflexion pour un temps d'épidémie:

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    LA COMMUNION SPIRITUELLE 

    Une situation d’exception que vous n’avez pas choisie et dont vous souffrez

    Vous êtes habitués à participer à la messe le dimanche, voire en semaine.

    Vous désireriez toujours assister à la messe et continuer de communier. Mais à cause de la suspension des célébrations publiques dans les églises (en vue de tenter d’enrayer la propagation de l’épidémie), cela ne vous est plus possible et vous en souffrez.

    QUE FAIRE DANS NOTRE SITUATION ?

    Il n’y a aucune faute de votre part.

    Si vous n’avez pu participer à la messe et communier, ce n’est pas par suite d’un choix de votre part. Vous subissez une situation que vous n’avez pas choisie.

    Il n’y a évidemment aucun péché de votre part. Car vous vous retrouvez dans l’impossibilité de sanctifier sacramentellement votre dimanche, jour du Seigneur.

    Cette situation d’exception nous fait rejoindre les conditions que connaissent les chrétiens en périodes de persécution (par exemple sous la Révolution française, dans les terres de mission au XIXe siècle ou sous les dictatures communistes du XXe siècle).

    En ces heures d’épreuves, essayons de garder paix de l’âme et confiance en Dieu en approfondissant ce que la Communion spirituelle met à notre disposition.

    1) D’où provient cette notion de « communion spirituelle ?

    2) Qu’est-ce que la « communion spirituelle » ?

    3) Propositions concrètes

     Annexes : suggestions de prières pour la communion spirituelle

     

    1) D’OU PROVIENT CETTE NOTION DE  "COMMUNION SPIRITUELLE ?"

    Exposée par saint Thomas d’Aquin, retenue par le concile de Trente, reprise par l’enseignement constant des papes, cette doctrine a été recommandée par plusieurs saints et maîtres de vie spirituelle.

    A. Saint Thomas d’Aquin, Docteur de l’Eglise († 1274)

    « Dans la manducation de ce sacrement, deux choses sont à considérer : le sacrement en lui-même, et son effet. Nous avons déjà parlé des deux. La manière parfaite de manger ce sacrement est celle où on le reçoit de telle façon qu’on perçoit son effet. Mais il arrive parfois, nous l’avons dit, qu’on soit empêché de percevoir l’effet de ce sacrement ; et cette manière de le manger est imparfaite. Puisque la différence entre le parfait et l’imparfait est un principe de division, la manducation sacramentelle, par laquelle on consomme le sacrement sans obtenir son effet, est distinguée, par opposition, de la manducation spirituelle par laquelle on perçoit l’effet de ce sacrement, lequel unit spirituellement au Christ par la foi et la charité. »

    Somme théologique, III, q. 80, a. 1

    B. La 13e session du concile de Trente (11 octobre 1551, chapitre 8)

    « Ceux qui mangent par le désir ce pain céleste qui leur est présenté, en perçoivent le fruit et l’utilité, grâce à leur foi vivante, que la charité rend agissante » (DS 1648).

    « Il y en a d’autres, dit le Catéchisme du concile de Trente, qui ne participent à l’Eucharistie que spirituellement : ce sont ceux qui, animés de cette foi vive qui opère par la charité, se nourrissent de ce Pain céleste par des désirs et des vœux ardents. S’ils ne retirent pas de ce sacrement tous les fruits qu’il contient, ils en reçoivent néanmoins de très considérables ».

    C. Saint Jean-Paul II († 2005)

    « L’Eucharistie apparaît donc comme le sommet de tous les Sacrements car elle porte à sa perfection la communion avec Dieu le Père, grâce à l’identification au Fils unique par l’action du Saint-Esprit. Avec une foi pénétrante, l’un des grands auteurs de la tradition byzantine [Nicolas Cabasilas, La vie en Christ, IV, n. 10] exprimait cette vérité à propos de l’Eucharistie : Ainsi ce mystère est parfait, à la différence de tout autre rite, et il conduit à la cime même des biens, puisque là se trouve aussi la fin suprême de tout effort humain. Car c’est Dieu lui-même que nous rencontrons en lui, et Dieu s’unit à nous de l’union la plus parfaite. C’est précisément pour cela qu’il est opportun de cultiver dans les cœurs le désir constant du Sacrement de l’Eucharistie. C’est ainsi qu’est née la pratique de la « communion spirituelle », heureusement répandue depuis des siècles dans l’Église et recommandée par de saints maîtres de vie spirituelle. »

    Et de citer sainte Thérèse de Jésus (cf. F, ci-dessous).

    Encyclique Ecclesia de Eucharistia (17 avril 2003), n° 34

    D) Benoît XVI

    « Quand il n’est pas possible de s’approcher de la communion sacramentelle, la participation à la Messe demeure cependant nécessaire, valable, significative et fructueuse. Dans ces circonstances, il est bon de cultiver le désir de la pleine union avec le Christ, par exemple par la pratique de la communion spirituelle, rappelée par Jean-Paul II et recommandée par de Saints maîtres de vie spirituelle [saint Thomas d’Aquin ; sainte Thérèse de Jésus] ».

    Exhortation Apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis sur l’eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise (22 février 2007), n° 55

     E) L’Imitation de Jésus-Christ

    « Tout fidèle peut aussi communier en esprit tous les jours, à toute heure, avec beaucoup de fruit. (…) Il se nourrit invisiblement de Jésus-Christ celui qui médite avec piété les mystères de l’Incarnation et de la Passion et qui s’enflamme en son amour ».

    Livre IV, ch. 10, n° 6

     F) Sainte Thérèse de Jésus (sainte Thérèse d’Avila), Docteur de l’Eglise († 1582)

    « Mais lorsque vous ne recevrez pas la Communion à la messe que vous entendrez, communiez spirituellement ; vous en retirerez de grands profits. De même, recueillez-vous ensuite au-dedans de vous ; vous imprimerez ainsi en vous un amour profond pour Notre-Seigneur. Dès lors que vous vous préparez à le recevoir, il ne manque jamais de vous faire quelque faveur par une foule de voies mystérieuses.

    Nous approcher de lui, c’est nous approcher du feu. Bien qu’un feu soit très ardent, si vous vous en tenez éloignées et vous cachez les mains, il ne vous réchauffera pas beaucoup ; cependant vous sentirez plus de chaleur que si vous étiez dans un appartement où il n’y a pas de feu. Mais c’est une chose bien différente quand nous nous approchons de l’Eucharistie. Si l’âme est bien disposée, si elle a le désir véritable de chasser le froid qu’elle ressent et reste là un instant, elle se trouvera réchauffée pour plusieurs heures. »

    Chemin de la perfection, ch. XXXVII

    (Œuvres complètes, éd. du Seuil, p. 766)

     G) Saint François de Sales, Docteur de l’Eglise († 1622)

    « Mais quand vous ne pourrez pas avoir ce bien de communier réellement à la sainte messe, communiez au moins de cœur et d’esprit, vous unissant par un ardent désir à cette chair vivifiante du Sauveur. »

    Introduction à la vie dévote, 2e partie, chap. 21

     H) Le saint Curé d’Ars saint Jean-Marie Vianney († 1859)

    « Si nous sommes privés de la communion sacramentelle, remplaçons-la, autant qu’il se peut, par la communion spirituelle que nous pouvons faire à chaque instant ; car nous devons toujours être dans un désir brûlant de recevoir le bon Dieu. La communion fait à l’âme comme un coup de soufflet à un feu qui commence à s’éteindre, mais où il y a encore beaucoup de braise : on souffle, et le foyer se rallume. Après la réception des sacrements, lorsque nous sentons l’amour de Dieu se ralentir, vite la communion spirituelle !... Lorsque nous ne pouvons venir à l’église, tournons-nous du côté du tabernacle ; le bon Dieu n’a pas de mur qui l’arrête. »

    (cf. Esprit du Curé d’Ars, M. Vianney dans ses catéchismes, ses homélies et sa conversation, 1864)

     

    2) QU’EST-CE QUE LA « COMMUNION SPIRITUELLE » ?

    Une communion spirituelle est une « communion au Christ présent dans l’Eucharistie, non pas en le recevant sacramentellement, mais par le seul désir procédant d’une foi animée par la charité ».

    Il y a donc dans cette démarche :

    a) un acte de foi vive en la présence réelle du Christ en la Sainte Eucharistie ;

    b) un acte de charité envers le Christ eucharistique ;

    c) un désir sincère de recevoir la sainte Eucharistie d’une manière sacramentelle, si c’était possible, et de s’unir ainsi intimement au Christ.

    Dans la communion spirituelle, le signe sacramentel n’est pas reçu, mais la grâce du sacrement de l’eucharistie, l’unité avec le Christ, est donnée.

    Rappelons-nous comment le Seigneur a opéré des guérisons sans se rendre physiquement présent au chevet du malade :

    Comme Jésus était entré à Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui et le supplia : « Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé, et il souffre terriblement. » Jésus lui dit : « Je vais aller moi-même le guérir. » Le centurion reprit : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »

    À ces mots, Jésus fut dans l’admiration et dit à ceux qui le suivaient : « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. Aussi je vous le dis : Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du royaume des Cieux, mais les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Et Jésus dit au centurion : « Rentre chez toi, que tout se passe pour toi selon ta foi. » Et, à l’heure même, le serviteur fut guéri.

    (Mt 8, 5-13)

    3) PROPOSITIONS CONCRETES

    - Le dimanche,

    * méditer la messe du jour dans son missel

    * suivre une messe retransmise par les médias (télévision, radio, site).

    - Tous les jours, lire l’oraison et les lectures de la messe.

     

    • Réciter avec ferveur des prières de l’Eglise que vous aimez :

    * l’Oraison dominicale (Notre Père, Pater)

    * le Magnificat

    * les prières du chapelet : Pater, Je vous salue Marie (Ave Maria), Gloire à Dieu (Gloria), Je crois en Dieu

    * les prières de la messe (Je confesse à Dieu, Kyrie, Gloire à Dieu, Credo, Notre Père, Seigneur je ne suis pas digne…)

    * les actes de foi, d’espérance, de charité

    * les prières et psaumes proposés en annexe, ci-dessous.

     

    • Demander au Seigneur de vous donner la grâce que vous auriez reçue en communiant sacramentellement.

    - Rendre grâce au Seigneur (Le remercier) de la même manière qu’à la messe.

    → Vous pouvez faire votre communion spirituelle
    quotidiennement.

    ANNEXE:

    SUGGESTIONS DE PRIERES POUR LA COMMUNION SPIRITUELLE

    Acte de communion spirituelle composé par Monseigneur Raymond Centène, évêque de Vannes

    « Seigneur Jésus, je crois fermement que Tu es présent dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie. Je T’aime plus que tout et je Te désire de toute mon âme. « Après toi languit ma chair comme une terre assoiffée » (psaume 62)

    Je voudrais Te recevoir aujourd’hui avec tout l’amour de la Vierge Marie, avec la joie et la ferveur des saints.

    Puisque je suis empêché de Te recevoir sacramentellement, viens au moins spirituellement visiter mon âme.

    En ce temps de carême, que ce « jeûne » eucharistique auquel je suis contraint me fasse communier à Tes souffrances et surtout, au sentiment d’abandon que Tu as éprouvé sur la Croix lorsque Tu t’es écrié : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ».

    Que ce jeûne sacramentel me fasse communier aux sentiments de Ta Très Sainte Mère et de Saint Joseph quand ils T’ont perdu au temple de Jérusalem, aux sentiments de Ta Sainte mère quand elle Te reçut, sans vie, au pied de la Croix.

    Que ce « jeûne » eucharistique me fasse communier aux souffrances de Ton Corps mystique, l’Église, partout dans le monde où les persécutions, ou l’absence de prêtres, font obstacle à toute vie sacramentelle.

    Que ce jeûne sacramentel me fasse comprendre que l’Eucharistie est un don surabondant de Ton amour et pas un dû en vue de mon confort spirituel.

    Que ce « jeûne » eucharistique soit une réparation pour toutes les fois où je T’ai reçu dans un cœur mal préparé, avec tiédeur, avec indifférence, sans amour et sans action de grâce.

    Que ce jeûne sacramentel creuse toujours davantage ma faim de Te recevoir réellement et substantiellement avec Ton corps, Ton sang, Ton âme et Ta divinité lorsque les circonstances me le permettront.

    Et d’ici là, Seigneur Jésus, viens nous visiter spirituellement par Ta grâce pour nous fortifier dans nos épreuves.

    Maranatha, viens Seigneur Jésus.

    Acte de saint Alphonse de Liguori, Docteur de l’Eglise († 1787) pour la communion spirituelle

    Jésus, je vous crois présent dans le Saint-Sacrement. Je vous aime par-dessus toutes choses, et je désire de toute mon âme vous recevoir. Puisque je ne puis maintenant vous recevoir dans le sacrement, descendez du moins spirituellement dans mon cœur. Je vous accueille avec toute l’affection de mon cœur et je m’unis à vous tout entier, comme si vous étiez déjà venu dans mon âme. Préservez-moi du malheur de me séparer jamais de vous.

    Les Visites au Saint-Sacrement, introduction

    Prière à Jésus Crucifié

    Me voici, ô bon et très doux Jésus, prosterné en votre présence ; je vous prie et vous conjure avec toute l’ardeur de mon âme d’imprimer dans mon cœur de vifs sentiments de foi, d’espérance et de charité, un vrai repentir de mes fautes et une très ferme volonté de m’en corriger ; tandis qu’avec un grand amour et une grande douleur, je considère et contemple en esprit vos cinq plaies, ayant devant les yeux ces paroles que déjà le prophète David vous faisait dire de vous-même, ô bon Jésus : « Ils ont percé mes mains et mes pieds ; ils ont compté tous mes os » (Ps 21, 17-18).

     

    Prière enseignée par l’ange du Portugal aux trois enfants de Fatima (1916)

    « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son Cœur Sacré et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs »,

    Psaume 41

    Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, * ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu.

    Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; * quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ?

    Je n’ai d’autre pain que mes larmes, le jour, la nuit, * moi qui chaque jour entends dire : « Où est-il ton Dieu ? »

    Je me souviens, et mon âme déborde : * en ce temps-là, je franchissais les portails !

    Je conduisais vers la maison de mon Dieu la multitude en fête, * parmi les cris de joie et les actions de grâce.

    Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? * Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu !

    Si mon âme se désole, je me souviens de toi, * depuis les terres du Jourdain et de l’Hermon, depuis mon humble montagne.

    L’abîme appelant l’abîme à la voix de tes cataractes, * la masse de tes flots et de tes vagues a passé sur moi.

    Au long du jour, le Seigneur m’envoie son amour ; * et la nuit, son chant est avec moi, prière au Dieu de ma vie.

    Je dirai à Dieu, mon rocher : « Pourquoi m’oublies-tu ? * Pourquoi vais-je assombri, pressé par l’ennemi ? »

    Outragé par mes adversaires, je suis meurtri jusqu’aux os, * moi qui chaque jour entends dire : « Où est-il ton Dieu ? »

    Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? * Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu !

     

    Psaume 62, 2-9

    Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau.

    Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire.

    Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres !

    Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom.

    Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

    Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler.

    Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes.

    Mon âme s’attache à toi, ta main droite me soutient.

     

    Psaume 83

    De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l’univers !

    Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ; * mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant !

    L’oiseau lui-même s’est trouvé une maison, et l’hirondelle, un nid pour abriter sa couvée : tes autels, Seigneur de l’univers, mon Roi et mon Dieu !

    Heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter encore !

    Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur !

    Quand ils traversent la vallée de la soif, ils la changent en source ; * de quelles bénédictions la revêtent les pluies de printemps !

    Ils vont de hauteur en hauteur, ils se présentent devant Dieu à Sion.

    Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ; écoute, Dieu de Jacob.

    Dieu, vois notre bouclier, regarde le visage de ton messie.

    Oui, un jour dans tes parvis en vaut plus que mille. J’ai choisi de me tenir sur le seuil, dans la maison de mon Dieu, * plutôt que d’habiter parmi les infidèles.

    Le Seigneur Dieu est un soleil, il est un bouclier ; * le Seigneur donne la grâce, il donne la gloire. Jamais il ne refuse le bonheur à ceux qui vont sans reproche.

    Seigneur, Dieu de l’univers, heureux qui espère en toi !

     

    Psaume 100

    Je chanterai justice et bonté : * à toi mes hymnes, Seigneur !

    J’irai par le chemin le plus parfait ; * quand viendras-tu jusqu’à moi ?

    Je marcherai d’un cœur parfait avec ceux de ma maison ; * je n’aurai pas même un regard pour les pratiques démoniaques.

    Je haïrai l’action du traître qui n’aura sur moi nulle prise ; * loin de moi, le cœur tortueux ! Le méchant, je ne veux pas le connaître.

    Qui dénigre en secret son prochain, je le réduirai au silence ; * le regard hautain, le cœur ambitieux, je ne peux les tolérer.

    Mes yeux distinguent les hommes sûrs du pays : ils siégeront à mes côtés ; * qui se conduira parfaitement celui-là me servira.

    Pas de siège, parmi ceux de ma maison, pour qui se livre à la fraude ; * impossible à qui profère le mensonge de tenir sous mon regard.

    Chaque matin, je réduirai au silence tous les coupables du pays, * pour extirper de la ville du Seigneur tous les auteurs de crimes.

     

    Psaume 142

    Seigneur, entends ma prière ; + dans ta justice écoute mes appels, * dans ta fidélité réponds-moi.

    N’entre pas en jugement avec ton serviteur : aucun vivant n’est juste devant toi.

    L’ennemi cherche ma perte, il foule au sol ma vie ; il me fait habiter les ténèbres avec les morts de jadis.

    Le souffle en moi s’épuise, mon cœur au fond de moi s’épouvante.

    Je me souviens des jours d’autrefois, je me redis toutes tes actions, * sur l’œuvre de tes mains je médite.

    Je tends les mains vers toi, me voici devant toi comme une terre assoiffée.

    Vite, réponds-moi, Seigneur : je suis à bout de souffle ! Ne me cache pas ton visage : je serais de ceux qui tombent dans la fosse.

    Fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi. Montre-moi le chemin que je dois prendre : vers toi, j’élève mon âme !

    Délivre-moi de mes ennemis, Seigneur : j’ai un abri auprès de toi.

    Apprends-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu. Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines.

    Pour l’honneur de ton nom, Seigneur, fais-moi vivre ; à cause de ta justice, tire-moi de la détresse.

    A cause de ton amour, tu détruiras mes ennemis ; tu feras périr mes adversaires, car je suis ton serviteur.

     

    Prière de saint Pie de Pietrelcina (« Padre Pio ») († 1968)

    Restez avec moi, Seigneur, car il est nécessaire de Vous avoir présent pour ne pas Vous oublier.

    Restez avec moi, Seigneur, parce que je suis faible et j’ai besoin de Votre force pour ne pas tomber si souvent.

    Restez avec moi, Seigneur, car Vous êtes toute ma vie et sans Vous, je suis sans ferveur.

    Restez avec moi, Seigneur, parce que Vous êtes ma lumière et sans Vous, je suis dans les ténèbres.

    Restez avec moi, Seigneur, pour que j’entende Votre voix et que je Vous suive.

    Restez avec moi, Seigneur, parce que je désire Vous aimer et être toujours dans Votre compagnie

    Restez avec moi, Seigneur, parce que si pauvre que soit mon âme, elle désire être pour Vous un lieu de consolation et un nid d’amour.

    Restez avec moi Jésus, parce qu’il se fait tard et que le jour décline ; la vie passe, la mort, le jugement, l’éternité approchent. Je crains les ténèbres, les tentations, les sécheresses, les croix et les peines. Oh ! combien j’ai besoin de vous dans cette nuit de l’exil ! Que la communion eucharistique soit la lumière qui dissipe les ténèbres, la force qui me soutienne et l’unique joie de mon cœur.

    Restez avec moi, Jésus, je ne demande pas les consolations divines parce que je ne les mérite pas, mais le don de VOTRE PRESENCE, ô oui, je vous le demande.

    Restez avec moi Jésus, c’est Vous seul que je cherche, Votre Amour, Votre Grâce, Votre Cœur, Votre Esprit, parce que je vous aime et ne demande d’autre récompense que de vous aimer toujours davantage.

     

    LE VERITABLE AMI

    Jésus, Vous êtes le seul et véritable ami.

    Vous prenez part à mes maux, vous vous en chargez, vous savez le secret de me les tourner en bien, vous m’écoutez avec bonté, lorsque je vous raconte mes afflictions, et vous ne manquez jamais de les adoucir.

    Je vous trouve toujours et en tout lieu ; vous ne vous éloignez jamais ; et si je suis obligé de changer de demeure, je ne laisse (manque) pas de vous trouver où je vais.

    Vous ne vous ennuyez jamais de m’entendre ; vous ne vous lassez jamais de me faire du bien. Je suis assuré d’être aimé, si je vous aime. Vous n’avez que faire de mes biens, et vous ne vous appauvrissez point en me communiquant les vôtres. Quelque misérable que je sois, un plus noble, un plus bel esprit, un plus saint même ne m’enlèvera point votre amitié ; et la mort, qui nous arrache à tous les autres amis, me doit réunir avec vous.

    Toutes les disgrâces de l’âge ou de la fortune ne peuvent vous détacher de moi ; au contraire, je ne jouis jamais de vous plus pleinement, vous ne serez jamais plus proche que lorsque tout me sera le plus contraire.

    Vous souffrez mes défauts avec une patience admirable ; mes infidélités mêmes, mes ingratitudes ne vous blessent point tellement que vous ne soyez toujours prêt à revenir si je le veux. O Jésus, accordez-moi de le vouloir, afin que je sois tout à vous, pour le temps et pour l’éternité.

    Saint Claude la Colombière († 1682)

    ACTE DE CONFIANCE EN DIEU

    Pour moi, mon Dieu, je suis si persuadé que vous veillez sur ceux qui espèrent en vous et qu’on ne peut manquer de rien, quand on attend de vous toutes choses, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci et de me décharger sur vous de toutes mes inquiétudes : Pour moi, mon Dieu, je dormirai et me reposerai dans la paix que je trouve en vous ; parce que vous m’avez, Seigneur, affermi d’une manière toute singulière dans l’espérance que j’ai en votre divine bonté (Ps 4, 9-10). Les hommes peuvent me dépouiller, et des biens, et de l’honneur ; les maladies peuvent m’ôter les forces et les moyens de vous servir ; je puis même perdre votre grâce par le péché ; mais jamais je ne perdrai mon espérance ; je la conserverai jusqu’au dernier moment de ma vie, et tous les démons de l’enfer feront à ce moment de vains efforts pour me l’arracher : Pour moi, mon Dieu, je dormirai et me reposerai dans la paix que je trouve en vous… Les autres peuvent attendre leur bonheur de leurs richesses ou de leurs talents ; d’autres s’appuient sur l’innocence de leur vie, ou sur la rigueur de leurs pénitences, ou sur le nombre de leurs aumônes, ou sur la ferveur de leurs prières ; parce que vous m’avez, Seigneur, affermi d’une manière toute singulière dans l’espérance.

    Pour moi, Seigneur, toute ma confiance c’est ma confiance même. Cette confiance ne trompa jamais personne : Sachez que personne qui a espéré dans le Seigneur n’a été confondu dans son espérance (Si 2, 11).

    Je suis donc assuré que je serai éternellement heureux, parce que j’espère fermement de l’être, et que c’est de vous, ô mon Dieu, que je l’espère : C’est en vous, Seigneur, que j’ai espéré ; ne permettez pas que je sois confondu à jamais (Ps 30, 2). Je connais, hélas ! je ne connais que trop, que je suis fragile et changeant ; je sais ce que peuvent les tentations contre les vertus les plus affermies ; j’ai vu tomber les astres du ciel et les colonnes du firmament. Mais tout cela ne peut m’effrayer tant (tandis) que j’espérerai ; je me tiens à couvert de tous les malheurs et je suis assuré d’espérer toujours, parce que j’espère encore cette invariable espérance.

    Enfin, je suis sûr que je ne puis trop espérer en vous et que je ne puis avoir moins que ce que j’aurai espéré de vous. Ainsi, j’espère que vous me tiendrez dans les penchants les plus rapides, que vous me soutiendrez contre les plus furieux assauts et que vous ferez triompher ma faiblesse de mes plus redoutables ennemis. J’espère que vous m’aimerez toujours, et que je vous aimerai aussi sans relâche ; et, pour porter tout d’un coup mon espérance aussi loin qu’elle peut aller, je vous espère vous-même de vous-même, ô mon Créateur, et pour le temps et pour l’éternité. Ainsi soit-il !

    Saint Claude la Colombière († 1682)

     

    Abbé  Marc-Antoine DOR,

    Recteur de l'église du Saint-Sacrement à Liège

    L'abbé Marc-Antoine Dor partage des feuillets quotidiens pour accompagner spirituellement les fidèles qui souhaitent en profiter durant ce temps de confinement.

    Outre la version pdf du feuillet du 15 mars publié ci-dessus, voici celles des feuillets quotidiens publiés les 16, 17,18,19, 20 ,21, 22, 23,24,25,26,27, 28, 29, 30, 31 mars, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23,24, 25, 26, 27, 28, 29, 30 avril, 1er, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 ,  10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23,24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31 mai, 1 juin (pour les lire, cliquez sur le lien):

     

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    Eglise du Saint-Sacrement à Liège

    Catéchisme année 2019-2020:

     

    Préparation à la Confirmation

    chaque samedi, de 11h à 12h,

    à l’église du Saint-Sacrement

     

    Préparation à la Profession de foi

    chaque vendredi, de 19h à 20h,

    à l’église du Saint-Sacrement

     

    Pour les autres niveaux,

    des précisions ultérieures seront données

    (abbé M.A. Dor portable 0470 94 70 05)

     

    Autres renseignements: l. 04.344.10.89 (de l'étranger: +32.4.344.10.89)

    courriel sursumcorda@skynet.be

    L'église du Saint-Sacrement à Liège est un sanctuaire appartenant à l'association de fidèles "Sursum Corda" dont les statuts ont été canoniquement reconnus par l'évêque de Liège. La desserte pastorale de ce sanctuaire est confiée à trois prêtres diocésains: l'abbé Marc-Antoine Dor (recteur du sanctuaire et conseiller spirituel de l'association), l'abbé Jean Schoonbroodt, (chapelain et président de l'association) ainsi que l'abbé Claude Germeau (vicaire et directeur du foyer d'accueil des jeunes à Herstal).

    Succédant à l’ancienne église Sainte-Anne (XVIe s.) des Augustins qui la firent ériger au XVIIIe siècle, l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy présente cette particularité d’être aujourd’hui la seule à être consacrée sous ce vocable à Liège.

  • Lettre du Préfet de la Congrégation du Culte divin Son Em. le Cardinal Robert Sarah sur « Le culte catholique en ces temps d’épreuves »

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    «  Dans de nombreux pays, l’exercice du culte chrétien est perturbé par la pandémie de covid-19. Les fidèles ne peuvent se réunir dans les églises, ils ne peuvent participer sacramentellement au sacrifice eucharistique. Cette situation est source d’une grande souffrance. Elle est aussi une occasion que Dieu nous donne pour mieux comprendre la nécessité et la valeur du culte liturgique. Comme Cardinal Préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, mais surtout en profonde communion dans l’humble service de Dieu et de son Eglise, je désire offrir cette méditation à mes frères dans l’épiscopat et le sacerdoce et au peuple de Dieu pour essayer de tirer quelques enseignements de cette situation.

    Un culte suspendu ?

    On a parfois dit que, à cause de l’épidémie et du confinement décrété par les autorités civiles, le culte public était suspendu. Ce n’est pas exact.

    Le culte public est le culte que rend à Dieu le Corps mystique tout entier, Tête et membres, comme le rappelle le concile Vatican II :

    « Effectivement, pour l’accomplissement de cette grande œuvre par laquelle Dieu est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ s’associe toujours l’Église, son Epouse bien-aimée, qui l’invoque comme son Seigneur et qui passe par lui pour rendre son culte au Père éternel. C’est donc à juste titre que la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus Christ, exercice dans lequel la sanctification de l’homme est signifiée par des signes sensibles, est réalisée d’une manière propre à chacun d’eux, et dans lequel le culte public intégral est exercé par le Corps mystique de Jésus Christ, c’est-à-dire par le Chef et par ses membres. Par conséquent, toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence dont nulle autre action de l’Église ne peut atteindre l’efficacité au même titre et au même degré » (Sacrosanctum Concilium 7).

    Ce culte est rendu à Dieu chaque fois qu’il est offert au nom de l’Église par les personnes légitimement députées et selon les actes approuvés par l’autorité de l’Église (Code de Droit Canonique, c 834).

    Ainsi, chaque fois qu’un prêtre célèbre la messe ou la liturgie des heures, même s’il est seul, il offre le culte public et officiel de l’Église en union avec son Chef, le Christ et au nom du Corps tout entier. Il est nécessaire de rappeler cette vérité pour commencer. Elle nous permettra de mieux dissiper certaines erreurs.

    Bien entendu, pour trouver son expression pleine et manifeste, il est heureux que ce culte puisse être célébré avec la participation d’une communauté de fidèles du peuple de Dieu. Mais il peut arriver que cela ne soit pas possible. L’absence physique de la communauté n’empêche pas la réalisation du culte public même si elle l’ampute d’une partie de sa réalisation. Ainsi, il serait erroné de prétendre qu’un prêtre doit s’abstenir de la célébration de la messe en l’absence de fidèles. Au contraire, dans les circonstances actuelles où le peuple de Dieu se trouve empêché de s’unir sacramentellement à ce culte, le prêtre est davantage tenu à la célébration quotidienne. En effet, dans la liturgie, le prêtre agit in personna Ecclesiae, au nom de toute l’Église et in personna Christi, au nom du Christ, Tête du corps pour rendre un culte au Père très bon, il est l’ambassadeur, le délégué de tous ceux qui ne peuvent être là.

    Aucune autorité séculière ne peut suspendre le culte public de l'Église

    On comprend dès lors qu’aucune autorité séculière ne saurait suspendre le culte public de l’Église. Ce culte est une réalité spirituelle sur laquelle l’autorité temporelle n’a aucune prise. Ce culte continue partout où une messe est célébrée, même sans l’assistance du peuple rassemblé. Il revient en revanche à cette autorité civile d’interdire les rassemblements qui seraient dangereux pour le bien commun au vue de la situation sanitaire. Il est également de la responsabilité des évêques de collaborer avec ces autorités civiles dans la plus parfaite franchise. Il était donc probablement légitime de demander aux chrétiens de s’abstenir, pour un temps court et limité, de se rassembler. Il est en revanche inacceptable que les autorités en charge du bien politique se permettent de juger du caractère urgent ou non urgent du culte religieux et interdisent l’ouverture des églises, ce qui permettrait aux fidèles de prier et de se confesser et de communier, du moment que les règles sanitaires sont respectées. Comme « promoteurs et gardiens de toute la vie liturgique », il revient aux évêques de réclamer fermement et sans retard le droit à des rassemblements dès qu’ils deviennent raisonnablement possibles. En cette matière, l’exemple de Saint Charles Borromée peut nous éclairer. Lors de la peste de Milan, il appliquait dans les processions les strictes mesures sanitaires préconisées par l’autorité civile de son temps qui ressemblaient aux mesures-barrières de notre époque. Les fidèles chrétiens ont aussi le droit et le devoir de défendre fermement et sans compromission leur liberté de culte. Une mentalité sécularisée considère les actes religieux comme des activités secondaires au service du bien-être des personnes, à l’instar des loisirs et des activités culturelles. Cette perspective est radicalement fausse. La louange et l’adoration sont objectivement dues à Dieu. Nous lui devons ce culte parce qu’il est notre Créateur et notre Sauveur. L’expression publique du culte catholique n’est pas une concession de l’État à la subjectivité des croyants. Elle est un droit objectif de Dieu. Elle est un droit inaliénable de chaque personne. « Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l'homme individuellement et socialement. » (Catéchisme de l’Église catholique, 2105) C'est là « la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l'égard de la vraie religion et de l'unique Eglise du Christ », rappelle le concile Vatican II, (Dignitatis Humanae,  1).

    Hommage aux prêtres, aux religieux et aux religieuses

    Je voudrais donc rendre hommage aux prêtres, aux religieux et aux religieuses qui ont assuré la continuité du culte public catholique dans les pays les plus touchés par la pandémie. En célébrant dans la solitude vous avez prié au nom de toute l’Église, vous avez été la voix de tous les chrétiens montant vers le Père. Je veux aussi remercier tous les fidèles laïcs qui ont eu à cœur de s’associer à ce culte public en célébrant la liturgie des heures dans leur maison ou en s’unissant spirituellement à la célébration du Saint Sacrifice de la messe.

    Certains ont critiqué la retransmission de ces liturgies par les moyens de communication tels la télévision ou internet. Il est indubitable que, comme l’a rappelé le Pape François, l’image virtuelle ne remplace pas la présence physique. Jésus est venu nous toucher en notre chair. Les sacrements prolongent sa présence jusqu’à nous. Il faut se souvenir que la logique de l’Incarnation, et donc des sacrements, ne peut se passer de la présence physique. Aucune retransmission virtuelle ne remplacera jamais la présence sacramentelle. A la longue, elle pourrait même être nuisible à la santé spirituelle du prêtre qui, au lieu de tourner son regard vers Dieu, regarde et parle à une idole : à une caméra, se détournant ainsi de Dieu qui nous a aimés jusqu’à livrer son Fils unique sur la croix pour que nous ayons la vie.

    Toutefois, je veux remercier tous ceux qui ont œuvré à ces retransmissions. Elles ont permis à de nombreux chrétiens de s’unir spirituellement au culte public ininterrompu de l’Église. Elles ont en cela été utiles et fécondes. Elles ont aussi permis à de nombreuses personnes en recherche de trouver un soutien pour leur prière. Je veux rendre hommage à l’inventivité et à l’imagination des chrétiens qui ont dû se déployer dans l’urgence.

    Je veux cependant attirer l’attention de tous sur certains risques. Les moyens de retransmission  virtuelle pourraient induire une logique de recherche du succès, de l’image, du spectacle ou de la pure émotion. Cette logique n’est pas celle du culte chrétien. Le culte ne vise pas à accrocher des spectateurs à travers une caméra. Il est dirigé et orienté vers le Dieu Trinité. Pour éviter ce risque, cette transformation du culte chrétien en spectacle, il importe de réfléchir à ce que Dieu nous dit à travers la situation actuelle.

    L'exil

    Le peuple chrétien s’est trouvé dans la situation du peuple hébreu en exil, privé de culte. Le prophète Ézéchiel nous enseigne le sens spirituel de cette suspension du culte hébraïque. Il nous faut relire ce livre de l’Ancien-Testament dont les paroles sont d’une grande actualité. Le peuple élu n’a pas su offrir à Dieu un culte vraiment spirituel, affirme le prophète. Il s’est tourné vers les idoles. « Ses prêtres ont violé ma loi et profané mes sanctuaires ; entre le sacré et le profane, ils n’ont pas fait de différence et ils n’ont pas enseigné à distinguer l’impur et le pur, … et j’ai été déshonoré parmi eux » (Ez 22, 26). Alors la gloire de Dieu a déserté temple de Jérusalem (Ez 10, 18).

    Mais Dieu ne se venge pas. S’il laisse advenir les catastrophes naturelles sur son peuple, c’est toujours pour mieux l’instruire et lui offrir une grâce d’alliance plus profonde. (Ez 33, 11) Durant l’exil, Ézéchiel enseigne au peuple les modalités d’un culte plus parfait, d’une adoration plus vraie. (Ez chap 40 à 47). Le prophète laisse entrevoir un nouveau temple d’où coule un fleuve d’eau vive (Ez 47, 1). Ce temple symbolise, préfigure et annonce le Cœur transpercé de Jésus, le véritable temple. Ce temple est desservi par des prêtres qui n’auront pas d’héritage en Israël, pas de terre en propriété privée. « Vous ne leur donnerez pas de patrimoine en Israël, c’est moi qui serais leur patrimoine » (Ez 44, 28), dit le Seigneur.

     Nous avons oublié la différence entre le sacré et le profane

    Je crois que nous pouvons appliquer ces paroles d’Ézéchiel à notre temps. Nous non plus nous n’avons pas fait la différence entre le sacré et le profane.

    Nous avons bien souvent méprisé le caractère sacré de nos églises. Nous les avons transformées en salles de concert, en restaurants ou dortoirs pour les pauvres, les réfugiés ou les sans-papiers. La Basilique Saint-Pierre et presque toutes nos cathédrales, expressions vivantes de la foi de nos ancêtres, sont devenues de grands musées, foulées aux pieds et profanées, devant nos yeux, par un lamentable défilé de touristes souvent incroyants et irrespectueux des lieux saints et du Temple saint du Dieu vivant. Aujourd’hui, à travers une maladie qu’il n’a pas positivement voulue, Dieu nous offre la grâce de sentir combien nos églises nous manquent. Dieu nous offre la grâce d’expérimenter que nous avons besoin de cette maison où il réside au milieu de nos villes et nos villages. Nous avons besoin d’un lieu, d’un édifice sacré, c’est-à-dire réservé exclusivement à Dieu. Nous avons besoin d’un lieu qui soit bien plus qu’un simple espace fonctionnel de rassemblement et de divertissement culturel. Une église est un lieu où tout est orienté vers la gloire de Dieu, le culte de sa majesté. N’est-il pas temps, en relisant le livre d’Ézéchiel, de retrouver le sens de la sacralité ? D’interdire les manifestations profanes dans nos églises ? De réserver l’accès à l’autel aux seuls ministres du culte ? De bannir les cris, les applaudissements, les conversations mondaines, la frénésie des photographies de ce lieu où Dieu vient habiter ?

    « L'église n'est pas un local dans lequel tôt le matin a lieu une fois quelque chose, tandis qu'il demeurerait vide et «sans fonction» pour le reste de la journée. Dans le local qu'est l'église, il y a toujours l'Église puisque le Seigneur se donne toujours, puisque le mystère eucharistique demeure et puisqu'en nous avançant vers ce mystère, nous sommes toujours inclus dans le culte divin de toute l'Église croyante, priante et aimante. Nous connaissons tous la différence entre une église remplie de prières et une église devenue un musée. Aujourd'hui, nous courons le grand danger que nos églises deviennent des musées. » (Joseph Ratzinger, Eucharistie. Mitte der Kirche, Munich, 1978).

    Nous pourrions répéter les mêmes mots à propos du dimanche, le jour du Seigneur, le sanctuaire de la semaine. Ne l’avons-nous pas profané en en faisant un jour de travail, un jour de pur divertissement mondain ? Aujourd’hui, il nous manque cruellement. Les jours se succèdent semblables les uns aux autres.

    Réapprendre le culte en esprit et vérité

     Nous devons entendre la parole du prophète qui nous reproche d’avoir « violé le sanctuaire ». Nous devons nous laisser réapprendre le culte en esprit et en vérité. Beaucoup de prêtres ont découvert la célébration sans présence du peuple. Ils ont ainsi expérimenté que la liturgie est principalement et avant tout « le culte de la divine majesté », selon les mots de Vatican II (SC 33). Elle n’est pas d’abord un exercice pédagogique ou missionnaire. Ou plutôt, elle ne devient vraiment missionnaire que dans la mesure où elle est tout entière ordonnée à « la parfaite glorification de Dieu » (SC 5).

     En célébrant seuls, les prêtres n’avaient plus sous les yeux le peuple chrétien, ils ont alors pris conscience que la célébration de la messe s’adresse toujours au Dieu Trinité. Ils ont tourné leur regard vers l’Orient. Car « c’est de l’Orient que vient la propitiation. C’est de là que vient l’homme dont le nom est Orient, qui est devenu médiateur entre Dieu et les hommes. Par là, vous êtes donc invités à toujours regarder vers l’Orient, où se lève pour vous le Soleil de Justice, où la lumière apparaît toujours pour vous », nous dit Origène dans une homélie sur le Lévitique. La messe n’est pas un long discours adressé au peuple mais une louange et une supplication adressées à Dieu.

     La mentalité occidentale contemporaine, façonnée par la technique et fascinée par les médias, a parfois voulu faire de la liturgie une œuvre de pédagogie efficace et rentable. Dans cet esprit, on a cherché à rendre les célébrations conviviales et attractives. Les acteurs liturgiques, animés par des motivations pastorales, ont parfois voulu faire œuvre didactique en introduisant dans les célébrations des éléments profanes ou spectaculaires. N’a-t-on pas vu fleurir témoignages, mises en scènes et autres applaudissements ? On croit ainsi favoriser la participation des fidèles, on réduit en fait la liturgie à un jeu humain. Le risque est réel de ne laisser aucune place à Dieu dans nos célébrations. Nous courons la tentation des Hébreux dans le désert. Ils cherchèrent à se créer un culte à leur mesure et à leur hauteur humaine, n'oublions pas qu'ils finirent prosternés devant l'idole du veau d'or qu’ils avaient eux-mêmes fabriqué !

     Attention à la logique du spectacle

    Nous devons prendre garde : la multiplication des messes filmées pourrait accentuer cette logique de spectacle, cette recherche d’émotions humaines. Le pape François a invité avec force les prêtres à ne pas devenir des hommes de spectacle, des showmasters. Dieu s’est incarné pour que le monde ait la vie : Dieu n’est pas venu dans notre chair pour le plaisir de nous impressionner ou de se donner en spectacle, mais bien pour nous partager la plénitude de sa vie. Jésus, qui est le Fils du Dieu vivant (Mt 16, 16) et à qui le Père a donné de posséder la vie en lui-même (Jn 5, 26) n’est donc pas venu seulement pour apaiser le courroux de son Père ou effacer une dette quelconque. Il est venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en abondance. Et il nous donne cette plénitude de vie en mourant sur la croix. C’est pourquoi au moment où le prêtre, dans une véritable identification au Christ et avec humilité, célèbre la sainte Messe, il doit pouvoir dire : « Je suis crucifié avec le christ. Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 19-20). Il doit disparaître derrière Jésus Christ et laisser le Christ être en contact direct avec le peuple chrétien. Le prêtre doit donc devenir un instrument qui laisse transparaître le Christ. Il n'a pas à rechercher la sympathie de l'assemblée en se posant face à elle comme son interlocuteur principal. Entrer dans l'esprit du Concile suppose au contraire de s'effacer, de renoncer à être le point focal. L’attention de tous doit se tourner vers le Christ, vers la croix, véritable centre de tout culte chrétien. Il s’agit de laisser le Christ nous prendre et nous associer à son sacrifice. La participatio au culte liturgique doit être comprise comme une grâce du Christ « qui s’associe l’Église » (SC 7). C’est lui qui a l’initiative et la primauté. « L’Église l’invoque comme son Seigneur et passe toujours par lui pour rendre un Culte au Père éternel » (SC 7).

     De même, il convient de prendre garde à la logique de l’efficacité engendrée par l’usage d’internet. On y a coutume de juger les publications en fonction du nombre de « vues » qu’elles suscitent. Cela induit la recherche de l’inattendu, de l’émotion, de la surprise, du « buzz ».

    Le culte liturgique est étranger à cette échelle de valeurs. La liturgie nous met réellement en présence de la Transcendance divine. Y participer en vérité suppose de renouveler en nous cette « stupor » que Saint Jean-Paul II tenait en haute estime (Ecclesia de Eucharistia, 6). Cette stupeur sacrée, cette crainte joyeuse, requiert notre silence devant la majesté divine. On oublie souvent que le silence sacré est un des moyens que le Concile indique pour favoriser la participation. La participatio actuosa à l’œuvre du Christ suppose donc de quitter le monde profane pour entrer dans « l’action sacrée par excellence » (SC 7). Nous prétendons parfois, avec une certaine arrogance, rester dans l’humain pour entrer dans le divin. Nous avons au contraire expérimenté ces dernières semaines que pour trouver Dieu, il était utile de quitter nos maisons et de nous rendre chez lui, dans sa Demeure sacrée : l’église.

    La liturgie est une réalité fondamentalement mystique et contemplative, et par conséquent hors d'atteinte de notre action humaine, aussi l’entrée en participation de son mystère est une grâce de Dieu.

    Une profonde souffrance

     Je voudrais enfin insister sur la réalité sacrée entre toutes : la sainte Eucharistie. La privation de communion a été une profonde souffrance pour nombre de fidèles. Je le sais et je veux leur dire ma profonde compassion. Leur souffrance est proportionnelle à leur désir. Nous le croyons : Dieu ne laissera pas ce désir de lui inassouvi. Il faut rappeler par ailleurs que nul prêtre ne doit se sentir empêché de confesser et de donner la communion aux fidèles à l’église ou dans les maisons particulières, avec les précautions sanitaires requises. Mais la situation de famine eucharistique peut nous conduire à une salutaire prise de conscience. N’avons-nous pas oublié le caractère sacré de l’Eucharistie ? On entend raconter des sacrilèges ahurissants : des prêtres qui enveloppent des hosties consacrées dans des sachets en plastique ou en papier, pour permettre aux fidèles de se servir librement des hosties consacrées et les emporter chez eux, ou encore d’autres qui distribuent la sainte communion en observant la distance adéquate et en utilisant, par exemple, des pinces pour éviter la contagion. Combien on est loin de Jésus qui s’approchait des lépreux et, en étendant les mains, les touchait pour les guérir, ou du Père Damien qui a consacré sa vie aux lépreux de Molokai (Hawaï). Cette façon de traiter Jésus comme un objet sans valeur est une profanation de l’Eucharistie. Ne l’avons-nous pas souvent considérée comme notre propriété ? Tant de fois nous avons communié par habitude et routine, sans préparation ni action de grâces. Communier n’est pas un droit, c’est une grâce gratuite que Dieu nous offre. Ce temps nous rappelle que nous devrions trembler de reconnaissance et tomber à genoux devant la sainte communion. Je voudrais ici rappeler les paroles de Benoît XVI :

    « On a, dans un passé récent, perçu un certain malentendu sur le message authentique de la Sainte-Ecriture. La nouveauté chrétienne concernant le culte a été influencée par une certaine mentalité sécularisée des années soixante et soixante-dix, du siècle dernier. Il est vrai, et cela reste toujours valable, que le centre du culte n’est plus désormais dans les rites et dans les sacrifices anciens mais dans le Christ lui-même, dans sa personne, dans sa vie, dans son mystère pascal. Et cependant, on ne doit pas déduire de cette nouveauté fondamentale que le sacré n’existe plus, mais qu’il a trouvé son accomplissement en Jésus-Christ, Amour divin incarné. (…) Il n’a pas aboli le sacré, mais il l’a porté à son accomplissement, en inaugurant un culte nouveau, qui est pleinement spirituel, mais qui cependant, tant que nous sommes en chemin dans le temps, se sert encore de signes et de rites, qui disparaîtront seulement à la fin, dans la Jérusalem céleste, là où il n’y aura plus aucun temple (cf. Ap 21,22). Grâce au Christ, le caractère sacré est plus vrai, plus intense, et, comme il advient pour les commandements, aussi plus exigeant ! » (Corpus Domini, 7 juin 2012) .

      Quant à nous, les prêtres, avons-nous toujours été conscient d’être mis à part, consacrés pour être les serviteurs, les ministres du culte du Dieu Très-Haut ? Comme l’affirme le prophète Ezéchiel, vivons-nous sans avoir sur cette terre aucun autre patrimoine que Dieu lui-même ? Au contraire, bien souvent nous avons été mondains. Nous avons quémandé la popularité, le succès selon les critères du monde. Nous aussi, nous avons profané le sanctuaire du Seigneur. Parmi nous, certains sont même allés jusqu’à profaner ce temple sacré de la présence de Dieu : le cœur et le corps des plus faibles, des enfants. Nous aussi, nous devons demander pardon, faire pénitence et réparer.

    Le danger de la barbarie

    Une société qui perd le sens du sacré court le risque d’une régression vers la barbarie. Le sens de la grandeur de Dieu est le cœur de toute civilisation. En effet, si tout homme mérite le respect, c’est fondamentalement parce qu’il est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. La dignité de l’homme est un écho à la transcendance de Dieu. Si nous ne tremblons plus d’une crainte joyeuse et révérencielle devant la majesté divine, comment reconnaîtrons nous en chaque personne un mystère digne de respect ? Si nous ne voulons plus nous agenouiller humblement et en signe d’amour filial devant Dieu, comment serions-nous capables de nous mettre à genoux devant l’éminente dignité de toute personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu ? Si nous n’acceptons plus de nous agenouiller respectueusement et en adoration devant la présence la plus humble, la plus faible et la plus insignifiante, mais la plus réelle et la plus vivante qu’est la sainte Eucharistie, comment hésiterions-nous à tuer l’enfant à naître, l’être le plus faible, le plus fragile, et à légaliser l’avortement, qui est un crime horrible et barbare ? Car maintenant, nous savons la vérité, grâce aux progrès de la génétique fondamentale, qui vient de l’établir scientifiquement d’une manière définitive et irréfutable : le fœtus humain est depuis l’instant de sa conception un être pleinement humain. Si nous perdons le sens de l’adoration de Dieu, les rapports humains se coloreront de vulgarité et d’agressivité. Plus nous serons déférents envers Dieu dans nos églises, plus nous saurons être délicats et courtois envers nos frères dans le reste de nos vies.

    Louer et rendre grâce publiquement

    Il faudra donc que les pasteurs, dès que les conditions sanitaires le permettront, offrent au peuple chrétien l’occasion d’adorer ensemble et solennellement la majesté divine dans le Saint-Sacrement. Le pape François nous en a récemment donné l’exemple sur la place saint Pierre. Il faudra louer, rendre grâce à travers des processions publiques. Ce sera l’occasion pour le peuple tout entier de faire corps et d’expérimenter que la communauté chrétienne naît de l’autel du sacrifice eucharistique. J’encourage, dès que cela sera possible, les manifestations de la piété populaire telles le culte des reliques des saints protecteurs des cités. Il est nécessaire que le peuple de Dieu manifeste rituellement et publiquement sa foi. Benoît XVI disait :

    «  le sacré a une fonction éducative et sa disparition appauvrit inévitablement la culture, en particulier la formation des nouvelles générations. Si, par exemple, au nom d’une foi sécularisée qui n’ait plus besoin des signes sacrés, on abolissait la procession du Corpus Domini dans la ville, le profil spirituel de Rome se trouverait « aplati » et notre conscience personnelle et communautaire en resterait affaiblie. Ou bien, nous pensons à une maman et à un papa qui, au nom de la foi désacralisée, priveraient leurs enfants de tout rituel religieux : ils finiraient en réalité par laisser le champ libre à tant de succédanés présents dans la société de consommation, à d’autres rites et à d’autres signes, qui pourraient devenir plus facilement des idoles. Dieu, notre Père, n’a pas agi ainsi avec l’humanité » (Corpus Domini, 2012).

    Ces manifestations seront l’occasion d’insister sur la valeur de supplication, d’intercession, de réparation des offenses faites à Dieu et de propitiation du culte chrétien. Il serait heureux, là où cela est possible, que les processions de supplications comprenant les litanies des Saints soient remises à l’honneur. Je voudrais insister enfin sur la prière pour les défunts. En de nombreux pays, les défunts ont dû être mis en terre sans que des obsèques convenables aient été célébrées. Il nous faut réparer cette injustice. De plus, je voudrais déplorer ici certaines pratiques récentes, qui favorisent le développement de nouvelles façons de disposer des restes mortels, dont l’hydrolyse alcaline, où le corps du défunt est placé dans un cylindre de métal et dissous dans un bain chimique qui ne laisse subsister que quelques fragments osseux analogues à ceux qui résultent de l’incinération. Les effluents sont alors évacués dans les égouts. Le procédé d’hydrolyse alcaline ne manifeste pas pour la dignité du corps humain un respect qui correspond à celui que proclame la loi de l’Eglise. Mais même si nous n’avons pas la foi, il est absolument inhumain, cruel et irrespectueux de traiter ainsi des personnes que nous aimons et nous ont aimé si tendrement. « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, celui-là Dieu le détruit. Car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous » (1 Co 3, 16-17 ; 6, 19). Par piété filiale, nous devons entourer tous les défunts d’une ardente prière d’intercession pour le salut de leur âme. J’encourage les pasteurs à célébrer des messes solennelles pour les défunts. Il est heureux en ces cas que, selon les coutumes de chaque lieux, la messe soit suivie d’une absoute célébrée en présence d’une représentation symbolique des défunts (Tumulum, catafalque), et d’une procession vers le cimetière avec bénédiction des tombeaux. Ainsi l’Église, telle une vraie mère, prendra soin de tous ses enfants vivants et défunts et présentera à Dieu au nom de tous un culte d’adoration, d’action de grâce, de propitiation et d’intercession.

    Le grand trésor de l'Eglise

      En effet, « la Tradition reçue des Apôtres comprend tout ce qui contribue à conduire saintement la vie du peuple de Dieu et à en augmenter la foi ; ainsi l’Eglise perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte, et elle transmet à chaque génération tout ce qu’elle est elle-même et tout ce qu’elle croit », dit le concile Vatican II (Dei Verbum, 8). Le culte divin est le grand trésor de l’Église. Elle ne peut le garder caché, elle y invite tous les hommes parce qu’elle sait qu’en lui « est recueillie toute la prière humaine, tout le désir humain, toute la vraie dévotion humaine, la vraie recherche de Dieu, qui se trouve finalement réalisée dans le Christ. » (Benoît XVI, rencontre avec le clergé de Rome, 2 mars 2010). Je redis à tous ma profonde compassion dans ces temps d’épreuves. Je renouvelle mes fraternelles encouragement aux prêtres qui se dévouent corps et âmes et souffrent de ne pouvoir faire davantage pour leurs troupeau. Ensemble nous mesurons que la communion des saints n’est pas un vain mot. Ensemble, bientôt, nous rendrons à nouveau au yeux de tous, le culte qui revient à Dieu et qui fait de nous son peuple. »

    Robert, cardinal Sarah

    Préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements

     Ref. Covid19 et culte chrétien